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PRÉVÔT, subst. masc.
I. − HISTOIRE
A. − HIST. DU DR.
1. [Sous l'Ancien Régime]
a) Prévôt (royal). Officier de justice subalterne qui avait compétence pour juger en première instance les causes ne relevant pas de la juridiction des baillis et des sénéchaux. Dans quelques provinces, le prévôt royal avait le titre de Châtelain; dans d'autres, celui de Vicomte; et dans d'autres, celui de Viguier (Ac.1835, 1878).Le Parlement, tribunal judiciaire normal, se transforme, dès le milieu du XIIIes. (...) en juridiction d'appel des sentences prononcées (...) par les tribunaux royaux (des prévôts et des baillis) (La Gde encyclop., Larousse, t.11, 1972, p.2297).
b) P. ext. Officier civil ou judiciaire, investi d'une autorité juridictionnelle, administrative ou militaire. On donnait autrefois en France le nom de prévôt à plusieurs officiers chargés en chef des diverses fonctions publiques (St-Edmet.51828).
(Grand) prévôt de la connétablie, prévôt général de la connétablie. Officier qui commandait les gardes de la connétablie et qui instruisait les procès des gens de guerre. Le prévôt de la connétablie était un magistrat placé sous les ordres du connétable (Quillet1965).
Prévôt de l'hôtel (du roi), grand prévôt (de France). ,,Officier d'épée exerçant une juridiction importante relative au bon ordre, à la sûreté et à la subsistance de la cour et des endroits où le roi résidait`` (Marion Instit. 1923). Gilles Lecornu, frère de maître Jehan Lecornu, prévôt de l'hôtel du roi (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.21).Quatre gardes de la compagnie écossaise (...) lui firent descendre l'escalier et le livrèrent à monsieur de Montrésor, le prévôt de l'hôtel (Balzac, Martyr calv., 1841, p.152).La prévôté de l'Hôtel, dirigée par le prévôt de l'Hôtel et son lieutenant, qui ont pouvoir de taxer les denrées de première nécessité, de réquisitionner les vivres, enfin de connaître toutes les causes intéressant les personnes de la Cour ou celles qui la suivent (La Gde encyclop., Larousse, t.58,1976,p.12408).
Prévôt général de l'Île de France, prévôt de l'Île. Chef d'une compagnie d'archers établie aux environs de Paris pour veiller à la sûreté de la campagne, qui avait compétence pour juger les délits qui s'y commettaient (d'apr. Pol. 1868).
Prévôt (général) de la marine (et des armées navales). Magistrat militaire chargé d'instruire les procès des marins accusés de crime. Le Prévôt de la marine était, selon l'ordonnance de 1674, un officier de justice qui connaissait des délits commis dans un arsenal, et de toutes les affaires relatives à la juridiction attribuée aux intendants de la marine; il instruisait les affaires criminelles, et il avait surveillance sur les forçats (Bonn.-Paris1859).
Prévôt marinier. Officier responsable de la police à bord de chaque bâtiment (remplacé par le capitaine d'armes après la Révolution) (d'apr. Lar. encyclop.).
Prévôt de Paris. Magistrat placé à la tête du Châtelet, qui était chargé de l'administration de Paris. L'ouvrage fut conduit par Hugues Aubriot, prévôt de Paris, qui fit aussi bâtir la Bastille Saint-Antoine (A. France, J. d'Arc, t.2, 1908, p.62).En 1418, pour conduire en prison le connétable d'Armagnac, on le fit monter en croupe derrière le prévôt de Paris (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.64).En 1398, dans une ordonnance du prévôt de Paris, le meilleur hareng est reconnu comme venant de Scanie [Scandinavie] (Boyer, Pêches mar., 1967, p.8).
Prévôt des marchands. Premier échevin de Paris et, à partir de 1575, de Lyon. Deux des bons architectes du XVIIesiècle, François Blondel et Pierre Bullet (...) e.écuteront le plan de Paris, que le prévôt des marchands présenta à Louis XIV le 8 août 1676 (P. Lavedan, Urban., 1926, p.134).C'est sous saint Louis qu'Étienne Boileau, prévôt des marchands, accorda aux vinaigriers parisiens le droit de faire de la moutarde (Gdes heures cuis. fr.,Éluard Valette, 1964, p.242).La royauté apprend en 1357, par l'insurrection parisienne d'Étienne Marcel, que si le prévôt des marchands est plus puissant que le prévôt du roi, le pouvoir est perdu (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.405).
Prévôt des maréchaux, de la maréchaussée ou grand prévôt. Officier qui était chargé de maintenir l'ordre et la paix sur la voie publique et de juger les délits qui s'y commettaient. C'est d'ordinaire devant l'intendant ou le prévôt de la maréchaussée que sont renvoyés (...) tous les gens du peuple auxquels il arrive de troubler l'ordre par quelque acte de violence (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.124).Chargés de veiller à la discipline des troupes, ils [les maréchaux] disposent, du XVIes. à la Révolution, de prévôts des maréchaux et d'archers (La Gde encyclop., op.cit., t.37, 1974, p.7606):
. Étant à l'armée, son cuisinier fut pris comme maraudeur; on vient le lui dire: «Je suis très content de mon cuisinier, répondit-il; mais j'ai un mauvais marmiton». Il fait venir ce dernier, lui donne une lettre pour le grand prévôt. Le malheureux y va, est saisi, proteste de son innocence, et est pendu. Chamfort, Caract. et anecd., 1794, p.137.
Prévôt (général) des monnaies. Officier chargé de l'arrestation des faux-monnayeurs et de l'instruction de leur procès. Le prévôt général des monnaies était un officier établi en 1631 (...) pour instruire sommairement les procès de fausse monnaie (MarionInstit.1923).
2. [Sous l'Ancien Régime et après la Révolution] Prévôt de l'armée ou grand prévôt; prévôt du régiment. Officier chargé de juger les délits commis dans l'armée; dans un régiment (infra II B un empl. plus récent de grand prévôt dans le domaine milit.). En ne considérant le grand prévôt que comme chef de la justice d'une armée, ses attributions consistaient, sous Louis XIV et Louis XV, à taxer les denrées, réprimer les maraudes, classer, diriger, surveiller les bagages de l'armée, instruire les procès relatifs aux délits (Lar. 19e).
3. [Après la Révolution] Juge d'une cour prévôtale. V. prévôtal I B 1 ex. de Quillet 1965.
B. − HIST. RELIG. Chef ou doyen du chapitre d'une cathédrale ou d'une collégiale. Le jeune François [de Sales] fut nommé prévôt de son église; c'était la première dignité du chapitre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.1, 1840, p.266).À présent, comme jadis, la chapelle [la chapelle Palatine d'Aix-la-Chapelle] est administrée par un chapitre que préside un doyen avec le titre de prévôt (Hugo, Rhin, 1842, p.75).Il avait un oncle fort âgé à Uzès, qui y possédait un bénéfice assez considérable, étant outre cela prévôt de la cathédrale (Mauriac, Vie Racine, 1928, p.38).
II.
A. − ESCR. Prévôt (d'armes, de salle). Second d'un maître d'armes. Animé par l'éclat poli de l'acier, sentant la garde bien à la main, Sigognac se mit à tirer au mur, et vit qu'il n'avait rien oublié des leçons que Pierre, ancien prévôt de salle, lui donnait pendant ses longs loisirs au château de la misère (Gautier, Fracasse, 1863, p.224).Deux messieurs apparaissaient, cuirassés du plastron matelassé des prévôts. Ils avaient le fleuret au poing (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 5etabl., III, p.198).Une salle d'armes où Hyacinthe, maître d'escrime, avait Huguet pour prévôt (A. France, Pt Pierre, 1918, p.181).
Prévôt d'escrime. ,,Sous-officier qui enseigne l'escrime dans un corps de troupe`` (Rob. 1985).
P. anal. Second d'un professeur de boxe, de gymnastique, etc. Le prévôt d'un maître de danse (Ac.1835, 1878).Plus tard je voulus tâter de la boxe. Mais j'étais si batailleur, qu'un jour, trouvant l'ouverture, je touchai sérieusement le prévôt au menton (L'OEuvre, 20 avr. 1941, p.4, col. 2).Le prévôt ne peut signer de contrats professionnels qu'avec des [boxeurs] amateurs qu'il a lui-même formés (La Gde encyclop., Larousse, t.10, 1972, p.1945).
B. − Domaine milit.Officier de gendarmerie ayant sous son commandement une prévôté (v. ce mot II). Prévôt de corps, d'armée, de division, de régiment. Grand prévôt. Commandant supérieur de la gendarmerie du quartier général d'une armée. Les grands prévôts et prévôts jugent seuls, assistés d'un greffier; ils n'ont d'ailleurs à connaître que des contraventions de police commises par des militaires, des infractions aux réglements relatifs à la discipline ou des infractions dont la peine ne peut excéder six mois de prison et 200 francs d'amende (Nouv. Lar. ill.).
C. − RELIG. (Père) prévôt. Supérieur de certains ordres religieux. Dans les monastères le prévôt gardait les clefs des archives et du trésor des chartes (Lenoir, Archit. monast., 1856, p.379).
III. − Arg., vieilli. Détenu choisi parmi les autres prisonniers pour remplir des fonctions de surveillant auxiliaire ou de chef de chambrée. Il est prévôt de sa chambrée [des prévenus] (Sue, Fleur de Marie, 1857, p.141).
Prononc. et Orth.: [pʀevo]. Ac. 1694, 1718: prevost; 1740: prevôt; dep. 1762: prévôt. Étymol. et Hist. Ca 1135 prevost nom donné à divers officiers d'ordre civil ou judiciaire (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 208); spéc. ca 1260 prevost de Paris (Étienne Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, p.207); 1350 Prevost des Marchans (ds Ordonnances des rois de France, t.2, p.351); 1461 prevost des mareschaulx (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1833); de nos jours subsiste comme terme −eccl. 1288 prevoz de la salle «supérieur d'une école dépendant d'une église» (ds Doc. relatifs au comté de Champagne et de Brie, éd. A. Longnon, t.3, p.77 N); 1300 prevost «chef du chapitre d'une église collégiale» (ibid., p.131 I); −d'escr. 1616-20 prevost de sale «sous-maître d'escrime dans une salle d'armes» (D'Aub., Hist., III, 215 ds Littré); −milit. 1666 [date éd.] «officier chargé de connaître des cas criminels qui se produisent dans l'armée» (Brant., Cap. fr., t.III, p.415 ds La Curne); −d'arg. des prisons 1828 prévôt «détenu chef de chambrée» d'apr. Esn.; 1832 (Raymond: On appelle aussi, Prévôt, celui qui dans les prisons, comme le plus ancien détenu, dirige les autres prisonniers dans leur conduite intérieure). Du lat. praepositus «chef, officier», également att. en b. lat. aux sens de «chef (dans l'Église)» dep. déb. iiies. ds Blaise Lat. chrét., «chef d'une communauté de clercs ou de moines, supérieur, abbé» dep. déb. ves., ibid., «chef de monastère, mais sous l'autorité d'un abbé» dep. ves., ibid. et «officier exerçant des fonctions judiciaires» 501-523 ds St. Scoones, Les Noms de quelques officiers féodaux, p.31, en lat. médiév. «officier public» 801 ds Nierm., «magistrat communal» 1114, ibid. et «doyen d'une gilde marchande» ca 1050, ibid.; part. passé subst. de praeponere «placer devant, mettre à la tête», comp. de prae «devant» et ponere «poser, placer». Pour l'évol. sém. v. St. Scoones, op. cit., pp.29-43. Une var. propositus est à l'orig. de la forme a. fr. provost usuelle au Moy. Âge et encore att. au xviies. Fréq. abs. littér.: 340. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1181, b) 444; xxes.: a) 84, b) 148. Bbg. Scoones (S.). Les N. de qq. officiers féodaux des orig. à la fin du 12es. Paris, 1976, pp.29-45. _ Siccardo (F.). Police. Gène, 1979, p.10.