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POULE1, subst. fém.
I.− [Poule désigne un oiseau]
A.−
1. Volatile de basse-cour (de la famille des Gallinacés), femelle du coq, élevé pour ses œufs et sa chair. Poule de Bresse; poule huppée. Les volées de colombes qui s'abattent sur la cour et qui disputent le grain aux coqs et aux poules (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 393).L'instituteur n'élevait plus de poules depuis que les Allemands réquisitionnaient les œufs (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 261):
1. ... la jeune mère cherche à l'endormir en chantant une berceuse : Une poule blanche Couchée dans la grange Qui fait un petit coco Pour l'enfant qui fait dodo Dodo, ma poulette, Dodo, mon poulot. Menon, Lecotté, Vill. Fr.,t. 2, 1954, p. 59.
Cage à poules. Habitacle portatif à claire-voie dans lequel on enferme les poules. On voyait (...) des cages à poules avec leurs volatiles encore vivants (Verne, Île myst.,1874, p. 451).
P. anal. V. cage I A 2 a, I B et II A 1 a.
ART CULIN. Bouillon de poule. Eau de cuisson d'une poule. Si l'accident est grave, on ne (...) nourrira [le malade] que de bouillons de veau ou de poule (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 350).
Lait de poule. V. lait II B.
[P. allus. hist. à Henri IV : Pouvoir mettre la poule au pot le dimanche] Poule au pot. Poule bouillie. Le plus beau mot de ce roi patriote [Henri IV] : « Je voudrais que le plus pauvre paysan de mon royaume pût du moins avoir la poule au pot le dimanche » (Stendhal, Racine et Shakspeare,t. 1, 1823, p. 42).Ce peuple ne demandait certainement ni la gloire ni la liberté, mais la poule au pot et le droit d'être vert galant à la manière de cet Henri IV qu'il chantait (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 391).
Proverbe. Les poules pondent avec le bec. Les poules pondent plus si elles sont bien nourries. (Dict. xixeet xxes.).
SYNT. Belle, grosse, petite, vieille poule; poule couveuse, pondeuse; poules et chapons; poules et lapins; poule au riz; chant, cri, croupion, gloussement, œuf de poule; bande de poules; appeler, élever, nourrir, plumer, voler les/des poules; manger une poule; la poule caquette, glousse, picore, pond; entendre caqueter les poules.
2. [Compar. ou expr. fam. appliquées à une pers. p. anal. avec]
a) [une particularité phys. de la poule]
Bouche en cul-de-poule. V. bouche I D 2.
Chair de poule. V. chair I A 3 a.
b) [les attributs habituels de la poule (sa bêtise, sa couardise, son air apeuré)]
Poule laitée. V. laité dér. s.v. laite.
Poule mouillée (souvent en parlant d'un homme). Personne lâche et peureuse, qui se plaint souvent. Hier, il le méprisait, le traitait de poule mouillée. Aujourd'hui il l'observe en égal et le considère (Renard, Poil Carotte,1894, p. 278).
Être comme une poule qui a couvé un canard. V. couver I A 1.
Être comme une poule qui a trouvé un couteau. ,,Être embarrassé`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
c) [les habitudes, les mœurs des poules]
Mère poule. V. mère I A 1 d.
P. anal. Père poule, papa poule. C'est Karen qui gagne l'argent du loyer et des petits pots en faisant des photos de mode. Mais il [Guy Bedos] assume très bien le rôle de papa-poule (Elle,25 avr. 1983, p. 109, col. 1).
Se coucher avec/comme les poules. V. coucher1II A 1.
Une poule n'y retrouverait pas ses poussins. ,,Se dit d'un désordre, d'un fouillis inextricable`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
3. Expr., p. anal. (de forme). [Appliquées à un inanimé]
Nid(-)de(-)poule. ,,Cavité de forme arrondie et à bords francs pouvant se produire à la surface de la chaussée par enlèvement de matériaux`` (Choppy 1975). Marie-Jeanne me fait la charité de prendre le volant pour me laisser admirer le paysage, pendant qu'elle serpente entre les « nids de poules » dont la route est semée comme un billard japonais (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 40).
Pied-de-poule*.
4. Expr. fig.
Quand les poules auront des dents. V. dent C 4.
Plumer la poule (sans la faire crier) (vieilli). Dépouiller quelqu'un (sans qu'il s'en aperçoive). Le duc de Bassano choisit tous les préfets de France et ne leur demanda que de plumer la poule sans la faire crier (Stendhal, Napoléon,t. 1, 1842, p. 174).Sois tranquille, nous allons plumer la poule dans les règles. (...) à la guerre comme à la guerre... On ne peut pas se laisser dépérir! (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 167).
Tuer la poule pour avoir l'œuf ou, p. allus. littér. (à la fable de La Fontaine, v, 13), tuer la poule aux œufs d'or. Détruire une source d'abondants profits futurs pour un petit profit immédiat. Ceux qui vendent les vacances trop chères (...) risquent de tuer la « poule aux œufs d'or » du tourisme régional (Defert, Pol. tour. Fr.,1960, p. 49):
2. ... la fable de la poule aux œufs d'or ne peut-elle pas s'appliquer aux petits états indépendants que les grands sont jaloux de posséder? On détruit par la conquête les biens mêmes dont on désirait la possession. Staël, Consid. Révol. fr.,t. 1, 1817, p. 509.
Proverbes
La poule ne doit pas chanter devant le coq. Le mari doit rester le maître du ménage. (Dict. xixeet xxes.).
Un bon renard ne mange jamais les poules de son voisin. Un homme habile ne commet pas un méfait dans un endroit où il est connu (Dict. xixeet xxes.).
B.− P. ext.
1. Femelle de certains gallinacés. Poule faisane, poule perdrix, poule de bruyère, poule d'Inde. Femelle du faisan, du coq de bruyère, du coq d'Inde ou dindon :
3. Dinde. Nacre : Il est convenu que le premier est exclusivement féminin. Mais comme dinde est l'abrégé de coq d'Inde aussi bien que de poule d'Inde [it. ds le texte], la décision des grammairiens est un peu hardie. Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 150.
2. Nom de certains oiseaux (mâles ou femelles).
Poule des bois, poule des coudriers. Appellation commune de la gélinotte. V. gélinotte A.
Poule d'eau. Oiseau échassier des marais, de la taille d'un pigeon. Parfois pourtant s'envole une poule d'eau ou une sarcelle. Sans doute dans le milieu du marais hante un plus étrange gibier (Gide, Journal,1914, p. 406).
Poule(-)sultane. Oiseau voisin de la poule d'eau comprenant plusieurs espèces. Synon. vieilli porphyrion (rem. 3 s.v. porphyre).La gazelle, l'autruche (...) sautent parmi les décombres, tandis que la poule-sultane s'y tient immobile, comme un oiseau hiéroglyphique de granit et de porphyre (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 158).Notre chasse fut assez heureuse; les marécages nous fournirent de belles poules sultanes bleues au bec de corail (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 6, 1844, p. 334, note).
Poule d'Afrique, de Barbarie, de Guinée, de Numidie, de Pharaon; poule peinte. Pintade. Les perdrix rouges s'envolaient au bout de leurs fusils, − et les poules-pharaons (...), et les grandes outardes (Loti, Spahi,1881, p. 316).
II.− [Poule désigne une pers.]
A.− Fam. Ma poule. [Terme affectueux adressé à une femme, à une jeune fille, un enfant] . Synon. mon poulet (v. ce mot B 1), ma poulette (v. ce mot B I).Ne te fâche pas, ma poule, viens plutôt avec moi te reposer sur ce gazon ([L'Héritier], Suppl. Mém. Vidocq, t. 2, 1830, p. 292). − (...) embrassez-moi, vite, un baiser... Là, là, pauvre bon!... − Oui, ma bonne. − Là, voyons, encore un. − Oui, encore, ma poule. − Là, là, cher ami (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 131).
B.− Pop. Femme (considérée du point de vue de ses rapports avec les hommes). Synon. arg. et pop. gonzesse.Quand j'ai fini mon service, je reviens chez moi. J'habite avec une petite poule, tu comprends. On va au cinéma, on va dans les cafés, on va dans les bals. On rigole, quoi! (Arland, Ordre,1929, p. 103).Qui est-ce qui réclamait des augmentations? Qui est-ce qui refusait les heures supplémentaires? Les autos et les vélos hein? Les petites poules, les congés payés, les dimanches à la campagne (...)? (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 211).
En partic., péj.
1. Femme, fille de conquête facile, le plus souvent entretenue. Synon. cocotte.Lorsqu'il (...) trimbalait loin des chocs [du manège des autos électriques] la belle poule qu'il venait de lever, et dont il était maintenant si épris (Queneau, Pierrot,1942, p. 77).Un couple se composant d'une poule de luxe qui sentait l'éther et d'un jeune crevé sortant de la taverne du Panthéon (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 68):
4. Une des plus belles femmes de Paris vers 1930, quand elle entrait dans une boîte tout le monde la regardait, ça faisait une sorte de silence (...). Et distinguée avec cela, pas du tout poule, une vraie femme du monde... Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 59.
2. Maîtresse ou concubine d'un homme. Si toi tu reviens, mets ça dans ta poche et, par amitié, porte-le à Paris, à l'adresse ci-dessus. − Chez ta poule? − Non... un ami (Benjamin, Gaspard,1915, p. 140).
C.− Arg. Police. Synon. poulaille (v. ce mot B).[Devenu souteneur,] ayant été inquiété par la poule, il avait eu l'idée de faire le taxi (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 117).Les sirènes de la poule et des pompiers [venant à l'auto en flammes] hululèrent (Le Breton, Rififi,1953, p. 164).
REM.
Poupoule, subst. fém.[Redoublement hypocoristique pour poule (supra II A)] . Maintenant, embrasse-moi, poupoule. Céline fut abasourdie (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 125).Chaque saison quelque chanson venue d'on ne sait où, Viens Poupoule ou Madelon, impose son obsession (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 165).
Prononc. et Orth. : [pul]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. xiiies. [ms.] « femelle du coq domestique » virges poules (Renart, éd. E. Martin, 311 [éd. M. Roques, 325 : jones puceles]); cf. ca 1340 (Livre des métiers de Bruges, éd. J. Gessler, fo4, p. 12 : une poulle et deus pouchins); d'où expr. a) 1636 comme les poulles « en suivant les horaires des poules » (Peiresc, Let., VII, 342 [Impr. nat.] ds Quem. DDL t. 19); 1813 se coucher avec les poules (Desaugiers, Brazier, Merle, Monsieur Croquemitaine, 8 [Barba], ibid.); b) 1648 poule mouillée (Scarron, Virgile travesti, éd. V. Fournel, II, 1066 ds Richardson); c) 1611 [faire le] cul de poule « réunir les extrémités des cinq doigts de la main » (Cotgr., s.v. cul); 1660 id. « moue faite en avançant et en pressant les lèvres » (Oudin Esp.-Fr.); d) 1762 chair de poule (Ac.); e) 1767 tuer la poule aux œufs d'or (Du Pont de Neymours, Physiocratie, Leyde, p. 217, p. allus. à la fable, cf. La Fontaine, Fables, V, 13); 2. p. ext. nom donné à diverses espèces d'oiseaux ou de volatiles p. ex. a) 1530-31 pouilles de bois « gélinotte » (Compte, CC 31, fo25 ro, A. Mézières ds Gdf. Compl.); 1530 poulle deau (Palsgr., p. 287); b) 1555 poulles de la Guinée « pintade » (Belon, De la Nature des Oyseaux de campagne, ch. IX, p. 246); 3. nom donné aux femelles de divers gallinacés a) 1542 [éd.] poulle de Inde « femelle du dindon » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, XXXV, p. 216, l. 69, éd. E); b) 1762 poule faisane (Ac. [1694 poule faisande (ibid.)]); c) 1776 poule de bruyère (Valm.). II. 1. Ca 1240 terme affectueux adressé à une femme m'amie et ma pole (Roman du comte de Poitiers, éd. B. Malmberg, 815); 2. 1866 pop. « femme galante » (Delvau, p. 316); 3. 1890 « maîtresse » (arg. des souteneurs ds Esn. 1966); cf. 1915 (Benjamin, Gaspard, p. 140). Du lat. pulla fem. de l'adj. pullus « tout petit » en partic. subst. « petit d'un animal » (v. poulain); pullus est att. de bonne heure au sens de « jeune coq, poulet » et c'est au sens de « jeune poule » que poule a éliminé l'a. fr. geline (v. ce mot). Bbg. Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, p. 233; pp. 252-253. − Quem. DDL t. 13, 16, 17, 19, 20 (et s.v. poupoule). − Spitzer (L.). Über einige Wörter der Liebessprache. Leipzig, 1918, pp. 32-33.