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POPOTE, subst. fém. et adj. inv.
I. − Subst. fém.
A. − Fam. Cuisine, nourriture simple cuisinée par soi-même. Synon. pop. bouffe, cuistance, mangeaille.Préparer la popote. Ah ! ce que je vais vous faire un chouette pot-au-feu! D'habitude, il se chargeait de la popote (Zola, Débâcle, 1892, p.25).Le soir, quand Louis rentre, il est fourbu, on fait la popote ici: une soupe, ou bien des oeufs, du fromage, c'est vite fait (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p.1112).
P. métaph. [La femme qui a un amant] veut quelqu'un qui lui donne ce que son mari ne lui donne pas, non plus la popote du coeur et des sens, mais de la cuisine de restaurant (Bourget, Physiol. amour mod., 1890, p.75).
B. − Arg. milit. et lang. cour.
1. Réunion d'officiers et de sous-officiers, et, p.ext., de toutes autres personnes groupées pour prendre leurs repas en commun. Tout le front de Verdun allait dépendre de la IIeArmée; mais la IIeArmée et son chef ne dépendraient de personne, que du Grand Quartier Général. Cela n'avait rien d'un bobard de popote (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.97).
Loc. verb. Faire popote (ensemble); se mettre en popote; vivre en popote. S'associer, faire bourse commune pour prendre ensemble ses repas. Nous sommes une dizaine de camarades, sergents et soldats qui vivons à la ferme en popote (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p.118).Je fais popote avec Justin. Nous cuisons vaguement, sur le feu commun, de vagues lambeaux de bidoche que nous venons mastiquer dans la chambre de Justin (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p.233).
2. P. méton. Cuisine, local, restaurant où les membres de la popote prennent leurs repas. Aller, revenir à la popote. À la popote, il [le colonel] gueule comme un enfant de cochon quand ça dépasse deux cents balles par mois (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.99).−Tu gagnes à l'hôpital... −Oui, quatre-vingts balles, à titre d'indemnité de déplacement. Sans ça, je serais fait. Tiens, mon budget, il est pas compliqué: l'hôtel, soixante balles. (...) Et les repas: vingt-cinq sous à la popote (Aragon, Beaux quart., 1936, p.362):
1. −C'était en 1899. J'étais alors brigadier-fourrier, à Sfax, au 4espahis. J'étais bien noté et comme, en outre, je ne buvais pas, le capitaine adjudant-major m'avait désigné pour la popote des officiers. Vraiment, une bonne place. Le marché, les comptes, marquer les livres de la bibliothèque qui sortaient... Benoit, Atlant., 1919, p.22.
II. − Adj. gén. inv., fam. [En parlant d'une pers., en partic. d'une femme]
A. − Qui est excessivement préoccupé des choses du ménage. Synon. pot-au-feu (fam.).Richard: N'ayez pas peur; je suis là... Alors si popotte?... Tant mieux. Je voudrais une femme très popotte. Madeleine: Oh! bien! moi... Richard: Vous ferez des confitures à votre mari? Madeleine: S'il me les demande (H. Bataille, Maman Colibri, 1904, i, 7, p.8).
B. − Qui a des préoccupations matérielles, terre-à-terre, est casanier, aime le calme, le confort du foyer, est peu disposé à l'aventure, est dépourvu d'ouverture d'esprit. Synon. fam. pantouflard.[L., légionnaire valeureux, se] lasse de la garnison qu'il trouve «popote» (...) [dit] «(...) la France ne nous remue pas assez» (D'Esparbès, Légion étr., 1901, p.136).Je suis casanière, un peu maniaque, popote à ma façon (Colette, Pays. et portr., 1954, p.49):
2. Georges songeait qu'il avait assisté à des dîners plus gais, (...) les femmes restaient tranquilles; et c'était surtout là le grand étonnement de Georges. Il les trouvait «popote», il avait cru qu'on allait s'embrasser tout de suite. Zola, Nana, 1880, p.1173.
P. méton. [En parlant d'un aspect de la personnalité, du comportement] Qui traduit ce trait de caractère. N'importe! Une vie intéressante [celle de Mendès], et autrement intéressante que nos existences popotes (Léautaud, Journal littér., 2, 1909, p.369).[L'écrivain cyclothyme] est épris de bon sens, ce qui parfois l'engage à des jugements un peu «popote» devant des réalités nouvelles et déconcertantes (Mounier, Traité caract., 1946, p.348).
C. − Qui est banal, commun, médiocre, plat, vulgaire, insignifiant. Des Rillettes: Entre nous, Mmeet MrBoulingrin sont de fort aimables personnes?... Gens simples, n'est-ce pas? Félicie: Tout ce qu'il y a de plus. Des Rillettes: Un peu popote? Félicie: Un peu beaucoup (Courteline, Vie mén., Boulingrin, 1898, p.116).[La normalienne] juge inférieure et «popotte» toute institutrice qui ne sort pas de la fabrique spéciale (Frapié, Maternelle, 1904, p.199).
REM. 1.
Popoter, verbe intrans.,arg. milit. Faire table commune, manger (à la popote). Derrière la fenêtre éclairée (...) ils sont une dizaine qui popotent là, des sous-officiers du 3e(Genevoix, Éparges, 1923, p.259).P. métaph. Comme il me fallait de l'argent, j'ai popoté dans les gamelons [petites gamelles] de la littérature (D'Esparbès ds France1907).
2.
Popotier, subst. masc.,arg. milit. Personne qui a la charge de l'organisation et de la gestion d'une popote. À la popote, il chantait au dessert, on lui avait collé le rôle de popotier; et il s'en tirait pas mal (Aragon, Aurélien, 1944, p.23 ds Rob. 1985).
Prononc. et Orth.: [pɔpɔt]. Att. ds Ac. 1935. Forme -tt- (supra ex. de H. Bataille et de Frapié). Étymol. et Hist.1. 1857 arg. milit. «table commune» (d'apr. Esn.); 2. 1868 «soupe, bouillie (terme enfantin)» (Littré); 3. 1867 adj. «médiocre» (Delvau, p.389). Orig. incertaine, peut-être altér. d'une forme non att. *so(u)pote (dér. en -ote* de soupe*), par croisement avec pot1* (cf. la var. poupettes fém. plur. «potage fait de gruau d'avoine et de pain» (fin XVes. Vauchez de Roche, Rationale ds Ferroul-Montgaillard, Hist. de l'abbaye de St Claude, t.2, p.332), altér. de souppette «petite soupe» (1576, Sasbout, Dict. Flameng-Françoys, s.v. sopken ds FEW t.17, p.286a)). D'apr. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982 popote serait issu de papo, papote «bouillie (dans le lang. enf.)», dér. de paper «manger» (lat. pappare «id.». Paper se serait ici croisé avec poper «téter»). Fréq. abs. littér.: 48. Bbg. Darm. 1877, p.62. _ De Charencey. Étymol. fr. B. Soc. Ling. 1906-1908, t.14, p.clxcvj [erreur pour cxcvj]. _ Quem. DDL t.5.