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POLICHINELLE, subst. masc.
I.
A. − THÉÂTRE
1. [Avec une majuscule] Personnage bouffon de la Comédie italienne. Un homme qui fait tout, qui brouille tout, qui touche à tout, comme le Polichinelle napolitain dont nous parlait Palizzi (Goncourt, Journal,1855, p.207).Le personnage qui inspira le Polichinelle de la Comédie Italienne était certainement un acromégale particulièrement atteint (Quillet Méd.1965, p.489).
Secret de Polichinelle. V. secret2.
2. [P. réf. à Polichinelle, personnage fanfaron et grotesque du théâtre de marionnettes français, dérivé du personnage de la Comédie italienne, qui se caractérise par une voix aiguë et nasillarde, un nez crochu et une double bosse dorsale et ventrale]
a) Marionnette représentant Polichinelle. Voilà son ami qui le baisse et le hausse comme un polichinelle au bout d'un fil d'archal (Banville,Cariat.,1842, p.128).J'avais rencontré des marionnettes; je supposais qu'on voyait au théâtre des polichinelles beaucoup plus beaux que ceux de la rue (Chateaubr., Mém.,t.1, 1848, p.77).
Pratique de polichinelle. Petit instrument utilisé par le marionnettiste pour donner à la marionnette représentant Polichinelle la voix particulière du personnage (d'apr. Ac. 1935). On entend Coppée, dont le ricanement de la voix prend quelque chose d'une pratique de polichinelle (Goncourt, Journal,1894, p.531).
Voix de polichinelle. Voix aiguë et nasillarde. L'apparition (...) du chancelier grotesque de Marie-Louise, venant officiellement annoncer aux acteurs, −avec une voix de polichinelle, prisant et reniflant à chaque mot, −pour le soir, l'honneur de sa présence (Goncourt, Journal,1858, p.506).On entendait de véritables miaulements, des voix de polichinelle (Frapié, Maternelle,1904, p.19).Le philosophe peut hausser les épaules en face du grossier miracle de la T. S. F., le haut-parleur n'en apporte pas moins, de sa voix de polichinelle, à des imaginations plus dociles, un fabuleux message (Bernanos, Gde peur,1931, p.438).
b) P. méton. Jouet représentant Polichinelle. Un petit enfant sur ses genoux, et deux autres assis par terre, qui montraient au grand-papa les polichinelles, les magots chinois, les soldats d'étain qu'ils avaient reçus pour étrennes au jour de l'an (Jouy, Hermite,t.5, 1814, p.34).Elle regardait avec une attention déroutée les vitrines d'un marchand de jouets, les billes, les images d'Épinal, les polichinelles de bois (Huysmans, Marthe,1876, p.39).V. bazar ex. 8
P. anal., pop. Jeune enfant; en partic., nouveau-né. On lui donne cent francs, et il reconnaît le polichinelle (A. Scholl ds Larchey, Dict. hist. arg.,1878, p.289).M. de Laubécourt aurait la passion des enfants, et madame de Laubécourt en a l'horreur, et elle a parfaitement raison, suivant moi (...) il n'y a rien de gênant et d'encombrant comme ces polichinelles-là pour une femme qui aime le monde (Feuillet, Honn. artiste,1890, p.56).
Loc. pop. Avoir un polichinelle dans le tiroir/sous le tablier. Être enceinte. Cette pauvre Tournevis a un polichinelle dans le tiroir (Villars, Précieuses du jour,1866, p.29).Alors toi, tu trouves tout naturel qu'une fille rentre chez elle avec un polichinelle sous le tablier? (Pagnol, Fanny,1932, i, 2etabl., 6, p.95).
c) P. méton. Personne travestie en Polichinelle. Le pierrot (...) se retourne; sa figure blafarde ne rencontre que l'énorme nez d'un monstrueux polichinelle (Gozlan, Notaire,1836, p.147).V. figaro ex. de Zola:
1. Il y a aussi parmi les masques des hommes qui se promènent le plus ennuyeusement du monde dans le costume le plus ridicule, et qui, tristes arlequins et taciturnes polichinelles, ne disent pas une parole pendant toute la soirée, mais ont, pour ainsi dire, leur conscience de carnaval satisfaite quand ils n'ont rien négligé pour se divertir. Staël, Corinne,t.2, 1807, p.89.
En partic. Bateleur de foire incarnant au xixes. le personnage de Polichinelle. Il y avait [à la Petite-Pologne] des tas de joueurs d'orgue, de paillasses, de polichinelles ou de montreurs de bêtes curieuses (Sue, Myst. Paris,t.8, 1843, p.179).
B. − P. anal.
1.
a) Personne qui se plaît à faire ou à dire des bouffonneries en société. Synon. bouffon, clown, pasquin (vieilli), pitre, zouave.Drôle et amusant polichinelle que ce Cernuschi, avec son baragouin franco-italien, son ton pasquinant, sa faconde gouailleuse (Goncourt, Journal,1876, p.1118).Elle blâmait ouvertement en moi le cabotinage qu'elle n'osait reprocher à son mari; j'étais un polichinelle, un pasquin, un grimacier, elle m'ordonnait de cesser mes «simagrées» (Sartre, Mots,1964, p.24).
Empl. adj. Clappique continua, beaucoup moins Polichinelle, comme si sa pitrerie eût été adoucie par le silence (Malraux, Cond. hum.,1933, p.200).
Loc. fam.
Faire le polichinelle. Se comporter de manière bouffonne; p.ext., agir déraisonnablement. Synon. faire le guignol, le pitre, le zouave.V. flagorneur I ex. de Goncourt.
Faire, mener une vie de polichinelle. Faire des frasques; mener une vie déréglée, une vie de patachon. Nous mangerons l'héritage ensemble, nous ferons une vie de polichinelle! (Kock, Compagn. Truffe,1861, p.117).Je savais seulement par la voix publique qu'il avait mené et menait encore une vie de polichinelle. Ayant mangé sa fortune avec un nombre incalculable de femmes, il n'avait conservé que deux maîtresses (Maupass., Contes et nouv.,t.2, Marquis de F., 1886, p.66):
2. −Ah! madame, lui répondis-je en riant, je mène une vie de polichinelle. −De polichinelle? Qu'est-ce que cela veut dire? −Cela veut dire que je fais des folies! Je perds mon temps et je mange mon bien. Avenel, Calicots,1866, p.92.
b) Personne ridicule par son allure physique ou son comportement; p.ext., personne laide ou difforme. Je fus reçu par le nazir (percepteur), sorte de gros polichinelle turc qui n'avait rien de remarquable qu'un nez énorme, une toux grasse et constante, une main estropiée (Du Camp, Nil,1854, p.98).Mon âge! Et il faut s'entendre dire ça par un vieux polichinelle (Pagnol, Marius,1931, i, 8, p.59).
2. Homme versatile et sans caractère. Synon. fantoche, girouette, marionnette, pantin.Tout le monde sait les facéties de ce bonhomme [Saint-Cricq] (...). Il traitait les ministres d'alors de polichinelles (Nerval, Bohême gal.,1853, p.131).Eh bien! Tonnerre de Dieu! Je vous jure que, le jour où ce Rochefontaine sera nommé, je foutrai ma démission, moi! Est-ce qu'on me prend pour un polichinelle, à dire blanc et à dire noir! (Zola, Terre,1887, p.372).−Est-ce un polichinelle ou bien un homme influent? −C'est, lui répondit-on, un polichinelle influent (Tharaud, Qd Israël est roi,1933, p.114).
II. − Pop., vieilli. Verre d'eau-de-vie. Ce tableau vous représente un marchand de vin assis dans son comptoir, et recevant les deux sous, prix du polichinelle que vient d'avaler un chaland en sabots (Balzac, OEuvres div.,t.1, 1826, p.160).Depuis la chopine jusqu'au polichinelle, autrement dit petit canon (Texier ds Larch.1861, p.213).
REM. 1.
Polichineller, verbe intrans.Contrefaire la voix d'un polichinelle. Gambetta lui fit un signe affirmatif et (...) imita, en polichinellant, le couic tragique des acteurs de bois (Goncourt, Journal,1875, p.1068).P. ext. Se comporter de manière bouffonne, faire le polichinelle. Il est vraiment plein d'anecdotes, ce Coppée, et rien n'est amusant comme de les entendre et voir conter, tout en polichinellant (Goncourt, Journal,1893, p.362).
2.
Polichinellerie, subst. fém.a) Pièce bouffonne où Polichinelle joue ou pourrait jouer le rôle principal. Vous êtes prêt (...) à prendre la vie pour une espèce de polichinellerie, à laquelle il serait niais de s'intéresser trop, avec des pantins qui vont et viennent, sans personnalité, et des accidents qui n'arrivent que pour meubler la scène (Goncourt, Journal,1861, p.896).Au fig. Action, parole bouffonne; p.ext., action, parole ridicule. Le matin, son lever est amusé par les polichinelleries de Giraud et de Soulié, s'efforçant de dérider l'amant morose (Goncourt, Journal,1871, p.833).Nous devons nous gaudir que la lumière se soit faite sur les polichinelleries des Seize-Mayeux (La Petite lune,1878-79, no27, p.7).b) Caractère grotesque (d'une personne, d'une chose). L'inconsistance du maître de la maison, sa polichinellerie, le rien menteur et comédien qu'il est, ça vous est dit par le regard, la voix, l'attitude de sa femme quand elle lui parle et qu'elle parle de lui (Goncourt, Journal,1888, p.741).Alphonse Allais, dirait un Belge, ce produit de la polichinellerie française (Renard, Journal,1896, p.323).
3.
Polichinellesque, adj.Digne d'un polichinelle. De sa voix polichinellesque et enrouée, de sa grosse voix de gamin cassée (Goncourt, Journal,1858, p.507).
Prononc. et Orth.: [pɔliʃinεl]. Att. ds Ac. dep. 1798. Vieilli: polichinel ds Land. 1834, Gattel 1841 (à côté de -nelle) et ds Besch. 1845. Étymol. et Hist.1. 1649 nom d'un personnage bouffon de la commedia dell'arte Le songe burlesque de Polichinel, titre d'une mazarinade (d'apr. Brunot t.3, p.222); 1654 Polichinelle (Loret, La Muze historique, t.1, p.465 ds Fonds Barbier, s.v. Scapin); 2. 1680 p.ext. nom d'une marionnette représentant le personnage de Polichinelle (Rich.); 3. 1798 au fig. nom donné à un personnage ridicule (Ac.); 4. loc. a) 1808 secret de polichinelle (Hautel); b) 1850 vie de polichinelle (Labiche, Fille bien gardée, 4, p.289); c) 1865 avoir un polichinelle dans le tiroir (Larch.); 5. 1820 arg. «verre d'eau-de-vie» (Larch.). Empr. au napolitain pulëcënella ( > ital. Pulcinella), nom d'un personnage bouffon de la commedia dell'arte, du lat. tardif pullicenus «jeune poulet», qui avait pris dans le domaine italo-rom. le sens de «homme timide, maladroit» (v. DEI et Hope, p.299). En fr., l'empr. a été facilité par l'origine napolitaine de Mazarin (v. FEW t.9, p.528). Fréq. abs. littér.: 188. Bbg. Boulan 1934, p.43. _Chautard Vie étrange Argot 1931, p.481. _Dauzat Ling. fr. 1946, p.39. _Hope 1971, p.299. _Migl. Nome propr. 1968 [1927], p.175. _Quem. DDL t.3, 18 (s.v. polichinellerie). _Sain. Arg. 1972 [1907], p.128.