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POINTU, -UE, adj. et subst. masc.
I. − Adjectif
A. −
1. Qui se termine en pointe, par une pointe. Un toit pointu; des dents pointues; un menton pointu; une flamme pointue. C'était le faubourg Saint-Jacques avec la belle croix sculptée de son carrefour, l'église de Saint-Jacques du Haut-Pas, qui était alors gothique, pointue et charmante (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p.147).Sa robe de soie collante, d'un ton clair et rose, tranche vivement sur les ténèbres de sa peau et moule exactement sa taille longue, son dos creux et sa gorge pointue (Baudel.,Poèmes prose, 1867, p.117).V. aigu ex. 5, aiguille ex. 15, aiguillon ex. 2.
Pop., vx. Bouillon pointu. Lavement. Virginie ayant dit qu'elle ne mangeait plus depuis deux jours, pour se faire un trou, cette grande sale de Clémence en raconta une plus raide: elle s'était creusée, en prenant le matin un bouillon pointu, comme les Anglais (Zola,Assommoir, 1877, p.567).
2. Qui présente des aspérités, qui est sans rondeurs. Synon. anguleux.
a) [En parlant de l'aspect physique d'une pers.] Un homme à cheveux rouges en descendit, donnant le bras à une Anglaise maigre et pointue, comme on en rencontre en Suisse et aux Pyrénées (Ponson du Terr.,Rocambole, t.3. 1859, p.417).
b) [En parlant de gestes, de la démarche] Saccadé. Il aiguillonne la colère ambiante avec ses petits gestes pointus (Barbusse,Feu, 1916, p.26).Il n'avançait plus Ortolan qu'à pas nerveux et pointus comme sur des triques (Céline,Voyage, 1932, p.42).
c) [En parlant d'un dessin, d'une écriture] Julien parut soudain et lui présenta sur un plateau la plus large lettre que nous eussions encore vue, couverte d'une écriture immense et pointue, évidemment féminine (Mauriac,Robe prétexte, 1914, p.108).
3. Littér., rare. Qui a des piquants. Quand fleurissait le chardon pointu (Flaub.,Tentation, 1849, p.458).
B. −
1.
a) [En parlant d'un son] Aigu, perçant, criard. Autour d'elle, on ne remuait pas, on ronflait; elle entendait le bourdon sonore de Julie, tandis que, chez Lisa, il y avait un sifflement, une musique pointue de fifre (Zola,Pot-Bouille, 1882, p.369).
Empl. adv. De petits obus coléreux, sifflant pointu, jettent par-dessus nous leurs trajectoires rigides (Genevoix,Nuits de guerre, 1917, p.62).
b) [En parlant de la voix, d'un cri, d'un rire] Entrée libre! jeta une voix pointue, une voix de mouette (H. Bazin,Mort pt cheval, 1949, p.26).
Empl. adv. Un groupe de Françaises, −corsets droits qui écrasent les hanches, jupes trop longues rejetées en arrière et plaquées en avant −parle haut et pointu (Colette,Cl. s'en va, 1903, p.206).
c) Accent pointu. Pour les Méridionaux, manière de parler des habitants du nord de la France, et particulièrement des Parisiens. Le tout aggravé de cet accent pointu qu'elle avait pris au couvent d'Hyères, où elle avait été élevée (Aragon,Beaux quart., 1936, p.87):
1. [Certains locuteurs], soucieux de parler «élégamment», vont jusqu'à remplacer par un è, prononciation «pointue», jugée plus distinguée, de la bourgeoisie des grandes villes du nord de la France et en particulier de Paris, les é des participes passés des verbes du premier groupe et le -ez de la deuxième personne du pluriel au présent. Cl. Hagège, L'Homme de paroles, Paris, Fayard, 1985, p.281.
Empl. adv. De nos jours, celui qui parle pointu c'est (...) le Français du Nord, qui n'a pas l'accent méridional. En face de lui, le vrai Méridional parle plat (J.-Cl. Bouvier, Anthologie des expr. en Provence, Marseille, Rivager, 1982, p.114).
2. Dont la saveur est piquante. Synon. âcre, aigre, acide.Vin pointu. Dans la fumée qui piqua les yeux encore pendant longtemps, l'odeur pointue de la poudre et du soufre nous restait (Céline,op.cit., p.23).
3. Qui provoque une sensation de piqûre. [Les Chevaliers-Gardes] faisaient jusqu'à 53 verstes par jour (...) par un froid de 12o, un froid pointu et un vent qui arrachait les casques (J. de Maistre,Corresp., 1807, p.368).
[En parlant d'un regard] Aigu, perçant. Mais quelqu'un de la bande, qui avait l'oeil plus pointu, laissa rouler les autres et vint à elle (Pourrat,Gaspard, 1931, p.117).Espivant la couvrit du regard qu'elle appelait en elle-même «le petit regard», serré entre les cils, pointu et expert (Colette,J. de Carneilhan, 1941, p.53).
4. [En parlant d'une oeuvre de création] Aiguisé, fin, pénétrant. La petite touche, c'est le charme et la petitesse de la conversation de Sainte-Beuve (...). Cela est aiguisé, menu, pointu. C'est une pluie de petites phrases qui peignent, mais à la longue, et qui entrent, mais goutte à goutte (Goncourt,Journal, 1862, p.1163):
2. Tortillé et précieux, doctoral et complexe, Hello, par les pénétrantes arguties de son analyse, rappelait à Des Esseintes les études fouillées et pointues de quelques-uns des psychologues incrédules du précédent et du présent siècle. Huysmans,À rebours, 1884, p.205.
Une recherche très pointue. Recherche approfondie, très spécialisée. Domaine pointu. Domaine qui relève de secteurs de pointe. Les progrès sont encore plus naturels dans les domaines plus «pointus». Spécialiste des grands froids, L'Air liquide a une bonne expérience, mais ne rencontre pas souvent l'occasion d'installer un système pouvant amener 7000 litres d'hélium liquide à la température de 1,8 kelvin et à l'état superfluide (Le Monde, 30 avr. 1986, p.20, col. 6).
5. [En parlant d'oeuvres, de style] Affecté, maniéré, chargé de traits d'esprit:
3. Après la pureté angélique de Virgile, on eut à Rome l'esprit de Sénèque. Nous avons aussi nos Sénèques à Paris, qui, tout en vantant la simplicité et le naturel de Fénelon et du siècle de Louis XIV, s'en éloignent le plus possible par un style pointu et plein d'affectation. Stendhal,Haydn, Mozart et Métastase, 1817, p.200.
C. −
1. [En parlant d'une pers., de son caractère] Qui est de caractère difficile, mesquin ou revêche. Synon. grincheux, revêche.Les bourgeois, les petits rentiers pointus (...) n'avaient pas voulu les recevoir [les soldats] (Zola,Nouv. Contes Ninon, 1874, p.205).
[En parlant de l'apparence physique, du comportement d'une pers.] Qui manifeste ce caractère. Lucien ne vit partout que des figures d'usuriers, des physionomies mesquines, pointues, hargneuses (Stendhal,L. Leuwen, t.1, 1835, p.58).Et la silhouette du petit docteur se dressait devant elle, maligne, pointue; elle le voyait blême, sans âge, les yeux vifs et fuyants (Daniel-Rops,Mort, 1934, p.212).
2. [En parlant d'écrits, de propos] Acerbe, incisif, piquant. Il riait avec amertume, et (...) il lançait quelquefois des mots pointus très méchants contre l'Assemblée nationale, la garde citoyenne et tous ceux qui tenaient avec la nation (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.1, 1870, p.369):
4. ... Forgues, un Méridional gelé, qui ressemblait à une glace frite par les Chinois et qui apportait d'un air diplomatique de petits articles pointus, faits avec des aiguilles... Goncourt,Journal, 1853, p.86.
II. − Subst. masc.
A. −
1. Personne affectée, pédante. L'esprit français épigrammatique, combiné avec un élément de pédanterie (...) devait engendrer une école (...) que je nommerai, si vous le voulez bien, l'école des pointus (Baudel.,Curios. esthét., 1859, p.243).Ce Degas, ce pointu fatigant avec ses grimaces d'esprit et ses mots fins du café de la Nouvelle Athènes (Goncourt,Journal, 1883, p.245).
2. Pop., fam. ou péj. [P. réf. à la mitre] Évêque. Une lettre du ministère (...) m'invitait à aller voir l'évêque de Moulins. Il se trouve que ce pointu est en retraite (Mérimée,Lettres Viollet-le-Duc, 1852, p.15).
3. Pop., fam. ou péj. [P. réf. au bonnet de police] Policier. C'est que vous avez tout-à-fait bonne façon comme cela, Ors' Anton', disait la vieille servante, et le plus beau pointu de Bocognano ou de Bastelica n'est pas plus brave! (Mérimée,Colomba, 1840, p.79).Une nuée stridente!... Toute une escouade de «polices», des bleus, des pointus alors, des éteignoirs noirs sur la pêche!... (Céline,Mort à crédit, 1936, p.251).
B. − ,,Embarcation de Toulon, pointue des deux bouts, gréée d'une voile latine`` (Soé-Dup. 1906). [La mer] tarabustait de son mieux toutes les embarcations, les chaloupes, les barges, les remorqueurs, les yachts blancs et noirs, les pointus (Vialar,Bal sauv., 1946, p.181).
Prononc. et Orth.: [pwε ̃ty]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-82 «ce qui se termine en pointe» (Oresme, Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 170a, 7-9); 1389 «garni de piquants (d'un hérisson)» (E. Deschamps, Balades de moralitez, éd. Queux de St Hilaire, I, p.309); 2. 1680 «ce qui provoque une sensation comparable à une piqûre» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.IV, p.326); 1585 voix pointue «désagréable» (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p.105); 1931 parler pointu (A. Brun, Le Français de Marseille ds FEW t.9, p.578a); 3. ca 1465 justice [...] aigre et pointue «dure, sévère» (Georges Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t.IV, p.324, l. 6); 1651 «d'une personne susceptible, pointilleuse» (Scarron, Virgile travesti, VI, 202); 4. 1723 «style caractérisé par l'abus de pointes» (J. B. Rousseau, Ep., I, I ds Littré). Dér. de pointe*; suff. -u*. Fréq. abs. littér.: 1121. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1390, b) 2048; xxes.: a) 1894, b)1344.