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PERFIDE, adj.
Littéraire
A.−
1. [En parlant d'une pers.] Qui agit sournoisement, traîtreusement; qui cherche à nuire (à quelqu'un qui lui fait confiance); qui manque à sa parole. Synon. déloyal, fourbe, hypocrite, traître; anton. loyal.Perfide envers, pour qqn; ami, confident perfide. Il vous a prédit que vos armées seraient conduites à la boucherie par leurs perfides généraux (Marat, Pamphlets, Aux Fr. patriotes, 1792, p. 298).Me voici exactement (...) comme ces héros de l'Aristote (...), lorsqu'ils ont à oublier qu'ils viennent de trouver leur perfide maîtresse dans les bras d'un autre chevalier (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 187):
1. [M. de Clergerie], témoignait (...), dans le choix de ses serviteurs, d'un optimisme absurde, que la méfiance ou l'avarice avaient tôt fait d'aigrir, mais pourtant si légendaire qu'un certain nombre de perfides amies s'employaient à le fournir chaque saison d'extraordinaires recrues dont elles avaient pu apprécier les mérites à leurs dépens... Bernanos, Joie,1929, p. 565.
Empl. subst. Il a inventé, le misérable, il a imaginé, le perfide, le pernicieux, le pestilentiel, il a inventé, il a imaginé d'inventer un péché; un péché nouveau (Péguy, Myst. charité,1910, p. 148).Géronte d'une autre Isabelle, À quoi t'occupes-tu D'user un reste de vertu Contre cette rebelle? La perfide se rit de toi, Plus elle t'encourage (Toulet, Contrerimes,1920, p. 26).
Loc. péj. ou plais. La perfide Albion. L'Angleterre. Et la guerre? Et les forfanteries de la perfide Albion tournant en eau de boudin? Farce! Farce! (Flaub., Corresp.,1878, p. 112).
2. [P. méton. du déterminé] Qui dénote la perfidie; trompeur. Synon. hypocrite; anton. loyal, sincère.
a) [En parlant d'une partie du corps, de l'aspect d'une pers.] Lèvres, yeux perfides. Je vois passer, je vois sourire La femme aux perfides appas Qui m'enivra d'un long délire, Dont mes lèvres baisaient les pas! (Lamart., Harm.,1830, p. 426).Il la serra contre lui et imprima un long baiser sur le front net et blanc, si candide pour lui et si perfide pour les autres (Flaub., 1ereÉduc. sent.,1845, p. 133).Je la vois [une femme] plutôt avec une muselière d'acier à son perfide petit museau, comme mes furets putoisés (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1385).
b) [En parlant d'un sentiment, d'un affect] À la pensée que je lui avais menti, qu'il croyait toujours le redoutable papier entre les mains du médecin, une joie perfide me gonfla (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 230).
c) [En parlant d'une action, d'un comportement, de la conduite d'une pers.] Allusions, discours, insinuations, propos perfides; éloge, louange, médisance perfide; desseins, intentions perfides. La perfidie extrême de cet article vient de ceci, qu'aucune de ces phrases je ne puis jurer que je ne l'ai point dite; mais elle est présentée de manière à en dénaturer intimement la signification (...). Et je vois dans ce camouflage, hélas, plutôt perfide habileté que maladresse (Gide, Journal,1925, p. 802).M'ayant trompé avec des paroles perfides, M'ayant trompé avec ce sourire amer et charmant, Elle s'en va où je ne puis la suivre (Claudel, Annonce,1948, iv, 2, p. 209):
2. L'armée ennemie, dispersée en petits pelotons, occupait le plus grand nombre des loges, le balcon et les baignoires. C'est là qu'elle avait placé son artillerie de sifflets; c'est de là qu'elle dirigeait ses perfides batteries de ricanemens et de murmures. Mussetds R. des Deux Mondes,1832, p. 603.
Rem. On relève qq. empl. de perfide en parlant d'un animal. Percé par l'aiguillon d'une perfide abeille (Balzac, Corresp., 1822, p. 146). Des femmes charmantes, douces, aux yeux clairs et faux, qui nous ont choisis pour se frotter à l'amour. Près d'elles, quand elles ouvrent les bras, les lèvres tendues, quand on les étreint (...), on sent bien qu'on tient une chatte, une chatte à griffes et à crocs, une chatte perfide, sournoise, amoureuse ennemie, qui mordra quand elle sera lasse de baisers (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1061). Des arbres noirs de tronc, presque noirs de feuilles, avec des racines tordues comme des serpents perfides (Mille, Barnavaux, 1908, p. 68).
B.− [En parlant d'une chose] Dangereux, nuisible sous des apparences inoffensives. Synon. trompeur.Mer, rivière perfide. Je dois vous dire que ce maudit haschisch est une substance bien perfide; on se croit débarrassé de l'ivresse, mais ce n'est qu'un calme menteur. Il y a des repos, et puis des reprises (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 367).Ce climat tunisien est perfide : on grelotte sitôt que le soleil vous quitte, et, au soleil, on a trop chaud (Gide, Journal,1943, p. 192):
3. ... les bords de ce petit ruisseau étaient perfides, ils semblaient d'une terre sèche qui nous supporta d'abord; mais bientôt nous nous sentîmes enfoncer subitement, comme si nous eussions été sur de la glace qui se fût brisée, nous étions menacés de disparaître. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 283.
Prononc. et Orth. : [pε ʀfid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié xes. perfides subst. c. suj. sing. « celui qui manque à sa parole » (St Léger, éd. J. Linskill, 153), attest. isolée; à nouv. en 1611 subst. (Larivey, Fidelle III, 9, t. VI, p. 403); 1584 adj. (Ronsard, Discours de l'équité des vieux Gaulois, 13 ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 18, p. 75); b) 1653 spéc. la perfide Angleterre (Bossuet, Premier sermon pour la fête de la circoncision de N. S. prêché à Metz ds Œuvres, Versailles, 1816, t. 11, p. 469); av. 1817 la perfide Albion (Ximenez, L'Ere républicaine ds Poésies révolutionnaires et contre-révolutionnaires, Paris, 1821, t. 1, p. 160); 2. 1580 adj. « qui a le caractère de la perfidie » (Montaigne, Essais, I, 6, éd. P. Villey, p. 28 : perfide subtilité). Empr. au lat. perfidus « qui viole sa foi, trompeur (pers.); dangereux, non fiable (chose) », dér. de fides (foi*) au moyen du préf. per- indiquant ici la transgression, la déviation. Fréq. abs. littér. : 873. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 147, b) 762; xxes. : a) 968, b) 889.
DÉR.
Perfidement, adv.D'une manière perfide, avec perfidie. Synon. déloyalement.Daudet s'étend longuement avec moi sur la méchanceté de l'heure actuelle, cette méchanceté perfidement assassine (Goncourt, Journal,1891, p. 63).L'avocat, perfidement peut-être − ou pour que Thérèse ne s'éloignât pas sans qu'il lui eût adressé une parole, demanda si elle rejoignait dès ce soir M. Bernard Desqueyroux (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 175).La fatalité aveugle qui sort des choses et qui entraîne les hommes à leur perte, qui conduit perfidement Œdipe à l'inceste et au parricide (Gds cour. pensée math.,1948, p. 371). [pε ʀfidmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1reattest. 1613 (A. de Nesmond, Remontrances, éd. 1617, p. 386 ds Fonds Barbier); de perfide, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 46.
BBG. − Blumenkranz (B.). Perfidia. Arch. Lat. Méd. Aev. 1952, t. 22, pp. 157-170. − Weijers (O.). Some notes on fides and related words in Medieval Latin. Arch. Lat. Med. Aev. 1977, t. 40, p. 93; pp. 101-102.