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PEIGNER, verbe trans.
A. −
1. Démêler, lisser (les cheveux, les poils de la barbe d'une personne, les poils d'un animal) généralement avec un peigne; p.méton., coiffer. Peigner sa chevelure; peigner ses cheveux avec les doigts; p.méton. de l'obj., peigner qqn, se faire peigner. Il alla, à l'extrémité du couloir, devant une haute glace, peigner sa belle barbe noire, avec un petit peigne de poche (Zola,E. Rougon, 1876, p.355).Une femme de chambre (...) doit savoir peigner, coiffer, habiller et ajuster une dame (Goncourt,Journal, 1894, p.549).Elle (...) reprit sa brosse et peigna ses cheveux d'un geste sans cesse répété et un peu endormant (Chardonne,Épithal., 1921, p.426):
1. Hélène gâtait Georges avec les meilleures intentions du monde. Elle le peignait elle-même de vingt façons pour voir comment il serait le plus joli. A. France,Jocaste, 1879, p.57.
P. métaph. Que Nogent-sur-Seine est aimable (...) avec son fleuve et ses canaux, où transparaît une forêt d'algues éternellement peignées par le courant! (Barrès,Voy. Sparte, 1906, p.238).Une hauteur en terrasse plantée de hêtres bas, dont le vent de mer avait peigné l'épaisse frondaison, la rejetant du côté de la terre (Larbaud,Amants, 1923, p.110).
Empl. pronom. réfl. Démêler ses cheveux. Cosette s'habilla bien vite, se peigna, se coiffa (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.447).Pour n'avoir plus à se peigner, il se fit couper les cheveux à la tondeuse, ou quasiment (Montherl.,Célibataires, 1934, p.759).
indir. Il passait des heures à se peigner la barbe (Céline,Voyage, 1932, p.80).
2. Au fig.
a) Expr. fam.
Avoir d'autres chiens/chats à peigner (vieilli). Avoir des préoccupations, des occupations plus importantes. Synon. avoir d'autres chats*/chiens* à fouetter.L'auteur n'en lira pas une ligne, ayant actuellement bien d'autres chats à peigner (Mérimée,Lettres à une autre inconnue, 1870, p.22).Pleurer les camarades qui partent? Au régiment on a d'autres chiens à peigner! (Courteline,Gaîtés esc., Coupe nouv., 1885, iv, p.225).
Peigner la girafe. V. girafe A.
b) Empl. pronom. réciproque, pop., vieilli. Se battre. La politique est de les laisser se peigner [les Italiens] à moins qu'on ne veuille ôter la Lombardie à Victor-Emmanuel (Mérimée,Lettres E. Ellice, 1860ds R. universelle, t.38, 1929, p.544).Ils se peignaient, fallait voir! (...) Quand on allait chez eux, on la trouvait un bandeau sur l'oeil, lui la figure sabrée de griffes (A. Daudet,Sapho, 1884, p.59).
B. − P. anal.
1. TEXT. Démêler, épurer, paralléliser (les fibres textiles) avec le peigne ou la peigneuse. Peigner le chanvre. Pour la filature de la laine, on distingue les laines longues destinées à être peignées et les laines courtes destinées à être cardées (Blanquet,Technol. mét. habill., 1948, p.93):
2. Les brebis tondues, le lin broyé, des hommes venaient laver et peigner poils et filasses à demeure, à tant la livre... Pesquidoux,Livre raison, 1932, p.20.
2. Dans le domaine agric.
a) Passer un râteau
Passer un râteau sur un chargement de foin, de blé, pour en faire tomber les tiges mal assujetties. [P. méton.] Peigner un char. On commençait de charger les chars. Peignés à coups de rateau, ils s'ébranlaient, laissant encore des perruques aux buissons (Pourrat,Gaspard, 1925, p.35).Les chars furent chargés sans lui. Il ne peigna même point du râteau ceux de foin, afin d'en égaliser les côtés et d'en parfaire l'équilibre (Pesquidoux,op.cit., 1928, p.102).
Passer un râteau sur du sable, du gravier, pour l'égaliser. On glisse (...) sur un sable assez fin, peigné d'hier (Sainte-Beuve,Portr. littér., t.2, 1837, p.75).Un râteau, dans le jardin, peignait nonchalamment le gravier (Colette,Chatte, 1933, p.29).
P. anal. V. bombillement ex.
Passer un râteau sur du gazon, pour le nettoyer. À la sortie de l'hiver, après les travaux d'aération et d'enrichissement de la pelouse, le jardinier peigne celle-ci à l'aide d'un râteau pour la nettoyer de ses scories (Bén.-Vaesk.Jard.1981, s.v. peignage).
b) Labourer, bêcher. Ce général avait besoin de quelqu'un pour retourner son jardin (...). Je lui dis (...) «−Pour rien je vous peignerai cette terre, si...» (Fabre,Chevrier, 1867, p.275).Une fois la terre peignée, la vigne plantée, je viendrai, moi l'abbé, te faire souvenir que tu dois encore (Arène,Tor d'Entrays, 1876, p.157).
C. − P. ext.
1. Entretenir (un jardin, un domaine) avec grand soin. Il en fallait de l'argent, figurez-vous bien, pour affermer, peigner, et pomponner tout ce territoire (A. Daudet,Tartarin Alpes, 1885, p.91).Le palais (...) se trouvait (...) au fond d'un parc de hauts arbres, bien entretenu, savamment peigné par une armée de jardiniers (Vialar,Clos Trois Mais., 1946, p.91).
2. Au fig., domaine littér., artist.,avec connotation péj. Soigner de façon excessive. Les paysagistes hollandais, (...) reproduisant la proprette nature de leur pays, ont une propension innée à peigner le détail outre mesure (Du Camp,Hollande, 1859, p.36):
3. ... vous pouvez regarder: pas un tableau qui choque, pas un tableau qui attire. On a débarbouillé l'art, on l'a peigné avec soin... Zola,Mes haines, 1866, p.209.
REM.
Peignures, subst. fém. plur.Cheveux qui tombent de la tête lorsqu'on se peigne. Ramasser des peignures (Ac.).
Prononc. et Orth.: [pε ɳe], [pe-], (il) peigne [pε ɳ]. Martinet-Walter 1973 [pε-], [pe-] (6/11); [-ɳ-], [-nj-] (8/9). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. Démêler à l'aide d'un peigne 1. 1176-81 réfl. soi paignier (Chrétien de Troyes, Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 1355, ms. de base, copie Guiot, 2equart xiiies.); fin xiies. [ms.] pinier sun chief (Brut, ms. de Munich, 3905 ds T.-L.); 2. 1174-87 paingnier «étriller (un cheval)» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3462, ms. de base, copie Guiot); 3. id. «carder une fibre textile» paignier dras (Id., op.cit., 5705); 1243 Champagne piniier la laine (doc. ds Gdf. Compl.); 1250 Douai (doc. ds G. Espinas et H. Pirenne, Doc. rel. industr. drap en Flandre, II, 3120d'apr. de Poerck t.2, p.153); xives. Béthune drap pigniés (id. ds Id., op. cit., I, 3335, ibid., p.152); 1671 chanvre peigné (Pomey); 1690 laine peignée (Fur.), cf. Encyclop. t.9, p.198a; 1845 peigné part. passé subst. «quantité de textile mise par un ouvrier sur son peigne» (Besch.); 1874 «tissu de laine peignée» (Lar. 19e); 4. fig. a) 1erquart xiiies. (Renclus de Molliens, Carité, 170, 5 ds T.-L.: Ne me pigniés pas a envers Ne le droit poil ne reversés); b) ca 1590 «arranger, travestir» (Montaigne, Essais, I, XXX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.200: La sagesse humaine...faict industrieusement ses artifices à nous peigner et farder les maux); 1690 «rendre propre et ajusté» jardin bien peigné (Fur.). B. Battre ca 1200 trans. pignier (Renart, éd E. Martin, XI, 1311 ms. de base A [xiiies.], et leçon du ms. H [fin xiiies.]: Az denz le pigne et house et hape); ca 1230 id. (Eustache le Moine, 1093 ds T.-L.); 1640 réfl. (Oudin Curiositez), v. aussi Quem. DDL t.2; 1808 part. passé subst. se donner une bonne peignée (Hautel). Du lat. pectinare «peigner (les cheveux)»; «herser (pectinare segetem)». Fréq. abs. littér.: 350. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 622, b) 499; xxes.: a) 473, b) 412.
DÉR. 1.
Peignerie, subst. fém.a) ,,Action de peigner les fibres textiles`` (Littré); industrie du peignage. (Dict.xxes.). b) [Chez Balzac, pour désigner un lieu où l'on peigne les écoliers] Nous passions à une table où des femmes nous peignaient et nous poudraient. Nettoyé une seule fois par jour, avant notre réveil, notre local demeurait toujours malpropre. Puis, malgré le nombre des fenêtres et la hauteur de la porte, l'air y était incessamment vicié par les émanations du lavoir, par la peignerie (Balzac,L. Lambert, 1832, p.52). [pε ɳ ə ʀi], [pe-]. 1reattest. 1827 «industrie du peignage des matières textiles» (Ch. Dupin, Forces productives et commerciales de la France, t.1, p.152 d'apr. FEW t.8, p.106b); de peigner (la laine), suff. -erie*.
2.
Peigneur, -euse, subst. et adj.a) Subst. Celui, celle qui peigne les fibres textiles, qui travaille sur une peigneuse. Peigneur de chanvre, de lin ; peigneur à la main, à la machine. Mon pauvre frère Antoine, c'est pour lui que j'ai dérobé; je ne voulais pas qu'il fût misérable journalier peigneur de laine (Balzac,OEuvres div., t.1, 1830, p.561).Le premier étage était destiné à recevoir les métiers des tisserands de draps et d'étoffes de serge. Le rez-de-chaussée était occupé par les peigneurs, les cardeurs, fileurs, tondeurs, fouleurs, et par les teinturiers (Michelet,Chemins Europe, 1874, p.214).b) Adj. et subst. masc. (Cylindre) peigneur. ,,Troisième cylindre de la carde dont la fonction est de paralléliser les fibres au moyen d'une garniture d'aiguilles`` (Banque Mots 1973 no6, p.188). Le cardage: parallélisation et épuration des fibres, puis condensation en un voile au peigneur des cardes (Encyclop. Sc. Techn.t.71972, p.236).c) Subst. fém. ,,Appareil servant à faire un cardage très fin pour les fibres de haute qualité`` (Banque Mots, loc. cit.). Très généralement, la peigneuse utilisée est du type dit rectiligne, travaillant par cycles. L'alimentation de la peigneuse se fait à partir de rubans arrivant sous forme de nappe (Encyclop. Sc. Techn.t.51971, p.687). [pε ɳoe:ʀ], [pe-], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. a) «celui, celle qui peigne les fibres textiles» α) 1243 Champagne fém. pinerrece (doc. ds Gdf.), 1250 Douai pineresse (ds G. Espinas et H. Pirenne, Doc. rel. industr. drap en Flandre, II, 3119, d'apr. de Poerck t.2, p.152), 1812 peigneuse (Boiste), β) 1410 Beauvais masc. pigneur (doc. ds Gdf. Compl.), b) 1868 «métier servant à carder les fibres textiles» (Littré); de peigner, suff. -eur2*, -euse, -esse2*.
BBG.Quem. DDL t.2.