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PAON, PAONNE, subst.
A. −
1. ORNITH. Grand oiseau de l'ordre des Gallinacés, de la famille des Phasianidés, portant sur la tête une aigrette en couronne et caractérisé, chez le mâle, par la beauté de son plumage et la longueur de sa queue, dont les plumes ocelées se redressent lorsqu'il fait la roue. Paon bleu ou paon commun; paon blanc; paon Arlequin; paon du Congo; le paon braille, criaille. C'est le dédain, la morgue, l'incivilité obstinée, de la vanité percheuse, et de la suffisance infatuée d'elle-même. On fait la roue comme le paon, on se rengorge comme le dindon (Amiel, Journal, 1866, p.289).C'était le paon de l'hospice. Peut-être avait-il pris les cris de la veuve pour ceux de sa paonne (Pourrat, Gaspard, 1922, p.167):
1. Les rêves: au perron du parc mélancolique, Au perron de notre âme, un cabrement, les soirs, Cabrement, sous le clair de lune métallique D'une troupe de paons, de grands paons radieux Ouvrant leur queue en or comme un éventail d'yeux. Rodenbach, Règne sil., 1891, p.158.
2.
a) Loc. et expr.
Bleu (de) paon, couleur de queue de paon. D'un bleu vert (qui rappelle celui du plumage du paon). Au delà des eaux devenues couleur de queue de paon, ce chaos de granit, qui est l'Arabie, n'a pas encore achevé sa fantasmagorie des soirs (Loti, Désert, 1895, p.124).Le tapis était bleu de paon et à certaines heures, Wilfred s'amusait à croire que c'était de l'eau à la surface de laquelle les comptoirs flottaient comme des épaves (Green, Chaque homme, 1960, p.124).
Pousser, jeter des cris de paon. Pousser des cris forts et perçants. Il en versa les trois quarts [d'un verre] sur les épaules d'une Rouennaise en manches courtes, qui, sentant le liquide froid lui couler dans les reins, jeta des cris de paon, comme si on l'eût assassinée (Flaub., MmeBovary, t.2, 1857, p.70).
b) [P. allus. à la vanité attribuée à cet animal]
Fier, orgueilleux, glorieux (vieilli) un paon. Il semblait se faire un point d'honneur d'être la honte de son peloton (...); toujours satisfait de lui, d'ailleurs, fier comme un paon de son ignorance crasse (Courteline, Train 8 h 47, Frédéric, 1884, ii, p.208).Sir Archibald, orgueilleux comme un paon, et baronnet jusqu'au bout des ongles (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.179).
P. anal.
Faire le paon (fam.). Prendre des airs avantageux, se pavaner, se faire valoir. Soyez franc, monsieur le préfet à poigne, qui présidez là-bas, dans votre département, l'ouverture des comices agricoles, et qui faites le paon dans votre frac brodé d'argent (Coppée, Toute une jeun., 1890, p.160).Qui était donc cette fille ravissante, (...) qui n'avait d'yeux que pour toi, et pour qui, soit dit sans t'offenser, tu faisais le paon à propos de la Grèce, de l'Italie et de toutes choses en général? (Nizan, Conspir., 1938, p.128).
Homme fat, orgueilleux, prétentieux. Vous devinerez les savantes manoeuvres du paon parisien faisant la roue au sein de sa ville natale et fourbissant dans des arrière-pensées matrimoniales les rayons d'une gloire, qui, semblables à ceux du soleil, ne sont chauds et brillants qu'à de grandes distances (Balzac, Ptes mis., 1846, p.117).L'ire persistante du capitaine Bock, paon blessé dont l'orgueil suppurait encore (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.352).
[P. allus. à la fable de La Fontaine IV, 9 Le geai paré des plumes du paon (v. geai)]. Se parer des plumes du paon. Chercher à tirer parti, se vanter d'avantages, de mérites qui reviennent à autrui. Ce cuistre officiel qui pontifiait dans les milieux académiques de Paris et se pavanait jusqu'à Versailles en se parant des plumes du paon (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.16).
c) GASTRON. (vins). Faire la queue de paon dans la bouche. Un vin (...) est (...) suave quand il produit une impression douce et dégage un charme irrésistible; on dit alors qu'il fait dans la bouche la queue de paon (Ali-Bab, Gastr. prat., 1907, p.131).Un dégustateur de Bordeaux qui dit d'un vin qu'il fait la queue de paon dans la bouche s'égale à plus d'un poète, de même que Baucher, le célèbre écuyer, touche au grand écrivain quand il parle de la mobilité moelleuse de la bouche du cheval (Valéry, Regards sur monde act., 1931, p.261).
d) HIST. (Moy. Âge). Voeu de paon. Voeu solennel, («voeu d'audace ou voeu d'amour»), prononcé lors d'un banquet au cours duquel était servi un paon rôti et reconstitué. Ces fêtes des châteaux avoient toujours quelque chose d'énigmatique; c'étoit le festin de La Licorne, le Voeu du paon, ou du Faisan (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.489).La formule sacramentelle du serment était celle-ci: Je voue à Dieu, à la sainte Vierge, aux dames et au paon de faire telle ou telle chose. Puis chacun à son tour, en recevant son morceau, faisait son voeu du paon, dont l'inexécution aurait entraîné une tache sur son écusson (Lar. 19e).
3. HÉRALD. Figure héraldique représentant un paon. Ordinairement de front, étalant sa queue en manière de roue; on l'appelle alors paon rouant. Parfois représenté de profil, la queue traînante. Se distingue par 3 plumes ou aigrette sur la tête (Quillet1965).
B. − P. anal.
1. Pigeon(-)paon. V. pigeon.
2. ENTOMOL. Papillon dont les ailes sont ornées d'ocelles comme la queue du paon. Paon(-)de(-)jour; paon(-) de(-)nuit. Une chenille de paon-de-nuit, qu'un oiseau avait dû blesser au ventre (Colette, Mais. cl., 1922, p.86).Les expériences de Fabre sur le Saturnide Grand Paon de nuit (Saturnia pyri) sont bien connues. La femelle attire les mâles de fort loin et ceux-ci savent la découvrir grâce à leurs antennes (Zool., t.2, 1963, p.789 [Encyclop. de la Pléiade]):
2. Le papillon! fleur sans tige Qui voltige (...) Voici l'Argus, feuille-morte (...) Et le Paon-de-Jour qui porte Sur chaque aile un oeil de feu! Nerval, Chât. Bohême, 1855, p.25.
3. ICHTYOL. Paon de mer. Poisson dont les flancs sont marqués de taches colorées. Combattant (...), appelé aussi (...) Paon de mer, (...) Du mois de mai à juillet, le mâle prend une brillante parure (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p.97).
Prononc. et Orth.: [pɑ ̃], fém. [pan]. V. faon. Ac. 1694-1798: paon; dep. 1835: paon, paonne. Homon. pan, (il) pend. Étymol. et Hist.I. A. 1. Ca 1130 (Gormont et Isembart, éd. A. Bayot, 245); ca 1140 (Pèlerinage de Charlemagne, éd. G. Favati 410: Asez unt venesun de cerf e de sengler, E unt gruës e gauntes et poüns empevrez); ca 1180 (Marie de France, Fables, éd. K. Warnke, 67, De corvo pennas pavonis inveniente, 9: Des pennes al poün s'aturne, Trestut sun cors bien en aürne) [cf. 1668 La Fontaine, Fables, IV, 9: Le geai paré des plumes du paon; 1695, 19 juin, Mmede Sévigné, Lettres, éd. É. Gérard-Gailly, t.3, p.885: leurs pauvres petits noms [des gens qui en ont pris d'illustres] à quoi l'on ne penseroit pas s'ils n'avoient point voulu prendre les plumes du paon]; ca 1265 (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, 1, 169, 1: Paons est uns biaus oisiaus... il a le chief serpentin et vois de diauble et pis de saphir, et riche coue de diverses coulour ou se delite mervilleusement); 1578 en parlant d'une personne (Boyssières, Contin. des Sec. OEuv., p.83 ds Hug.: Mais toy, plus orgueilleuse et fiere qu'un paon...); 2. 1611 ichtyol. (Cotgr.). B. Empl. adj. inv. 1897 paon (L'Illustration, 11 déc., p.486 a ds Quem. DDL t.20); 1899 bleu paon (Nouv. Lar. ill., s.v. bleu). II. Ca 1393 päonne (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p.274, 9). I du lat. pavo, -onis «paon». II forme fém. de paon*; cf. antér. l'a. fr. paue, peue: 1180-90 peue (Alexandre de Paris, Alexandre, éd. E. C. Armstrong et D. L. Buffum, III, 7325), fin xiiies. plur. pauwes (Sone de Nansai, 4475 ds T.-L.), formé sur le cas suj. lat., ainsi que l'a. fr. paonesse (suff. -esse2*): fin xiiies. [ms. 1402] (Placides et Timeo, éd. Cl. Thomasset, 304; cf. R. Arveiller ds Mél. Horrent (J.), p.10), encore relevé au xvies. Hug. et ds Trév. 1752-71; cf. également l'a. prov. paona, pavona fin xive-xves. [ms. B fin xves. (Floretus, éd. A. Blanc ds R. Lang. rom. t.35, p.76b). Fréq. abs. littér.: 368 (paonne: 3). Fréq. rel. littér. Paon: xixes.: a) 378, b) 714; xxes.: 643, b) 472.
DÉR.
Paonneau, subst. masc.Jeune paon. Manger des paonneaux (Ac. 1798-1878). P. métaph. Le cabotinage est naturel aux jeunes gens, et d'autant plus qu'ils sont plus insignifiants (...). C'est surtout pour la femme qu'ils se mettent en frais (...). Mais même pour le premier venu, ils font la roue: pour un passant qu'ils croisent, et dont ils ne peuvent attendre qu'un regard ébahi. Christophe rencontrait souvent de ces petits paonneaux: rapins, virtuoses, jeunes cabots (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p.743).[pano]. Att. ds Ac. dep. 1694. Cf. faon, faonneau. 1reattest. 1373-81 [ms. Vatican 1remoitié xves.] paonneaulx (Guillaume Tirel, Viandier, éd. J. Pichon et G. Vicaire, p.254); de paon, suff. -eau*, cf. les dér. paonnet (ca 1220, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 3263) et paoncel (xives. ds Gdf.).
BBG.Quem. DDL t.16. _Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p.316.