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ORDONNER, verbe trans.
I. − Ordonner qqc.Mettre en ordre.
A. − Disposer dans un certain ordre (des éléments dans l'espace, de façon à obtenir un ensemble régulier, harmonieux ou fonctionnel). Ordonner son intérieur. Duchêne (...) vit comment il fallait ordonner les arbres, diriger les allées, organiser les terrasses. Sur le sable, du bout de sa canne, il traça le plan du plus gracieux jardin français (Barrès, Cahiers, t.10, 1913, p.214).Dans sa boutique, il a ordonné jusqu'à l'obscurité sur ses étagères (Giono, Hussard, 1951, p.172).
Empl. pronom. L'Apennin est franchi, et les collines modérées, les riches plaines bien encadrées commencent à se déployer et à s'ordonner comme sur l'autre versant (Taine, Voy. Ital., t.2, 1866, p.8).D'un bout à l'autre de mon terrain, tout s'arrange et s'ordonne en une série de plans et de lignes simples, droites, qui donnent à l'esprit une impression parfaite d'équilibre et de repos (Barrès, Cahiers, t.10, 1913, p.215).
En partic.
♦ Dans le domaine de l'art.Disposer les éléments d'une composition. Qu'on relise, dans son Étude première, la composition qu'il [Bernardin de St-Pierre] fait d'un paysage à l'embouchure d'un fleuve: comme il le dessine! comme il l'ordonne! (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t.6, 1852, p.438).Les vitraux du portail méridional [de la cathédrale de Chartres] (...) n'égalent pas les trois merveilles de la façade occidentale. Mais ils ont une manière à eux, violente et impérieuse, d'ordonner le poème de la couleur (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p.34).La fresque [le Jugement dernier de Michel-Ange] est moins ordonnée autour du Christ (...) que savamment désordonnée par le grand vide où s'écroule sans l'emplir l'avalanche des damnés (Malraux, Voix sil., 1951, p.325).
Régler les différentes phases, organiser le déroulement (d'une cérémonie, d'une fête, d'un repas, etc.). Tout est immuable dans un ministère, excepté le ministre (...). Le cuisinier préparera le dîner pour le nouveau comme pour l'ancien; le maître d'hôtel ordonnera le service sans s'inquiéter de la révolution des portefeuilles (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.375).Le prince ordonna la journée; car il en est d'une chasse comme d'une bataille (Balzac, Modeste Mignon, 1844, p.295):
1. Mon oncle le prieur connaissait, dans leurs petits détails, le cérémonial de ces fêtes, et mettait tous ses soins à le faire observer. Ces jours-là, il se constituait, de sa pleine autorité, maître de maison; il ordonnait le repas, présidait aux invitations, désignait les places à table, et veillait à ce que tout se passât dans les règles. Jouy, Hermite, t.5, 1814, p.30.
B. − Classer méthodiquement, ranger dans un ordre logique, satisfaisant pour l'esprit. Ordonner ses idées, ses pensées. Le tableau du progrès des sciences mathématiques et physiques nous présente un horizon immense, dont il faut distribuer et ordonner les diverses parties, si l'on veut en bien saisir l'ensemble, en bien observer les rapports (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.173).Je me décidai à ordonner tous mes papiers dans l'ordre rigoureusement chronologique, en sorte que toute ma science entrât dans ma vie (Michelet, Journal, 1842, p.380).Je ne pouvais espérer garder en moi assez de faits pour saisir d'un coup et dans toute sa durée la vie de mon héros, et en ordonner le récit d'après un plan une fois arrêté (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p.11).
Empl. pronom. Le mieux est de laisser l'oeuvre se composer et s'ordonner elle-même, et surtout ne pas la forcer (Gide, Journal, Feuillets, 1921, p.716).Au mépris de leur enchaînement fortuit, les moments de toute une vie s'ordonnent par rapport à leur signification commune (Béguin, Âme romant., 1939, p.360).
MATHÉMATIQUES
Conférer un ordre aux éléments d'un ensemble. Un ensemble est totalement ordonné s'il est muni d'une relation d'ordre total (Chamb.1972).
Disposer, écrire (un polynôme) en rangeant ses termes suivant les puissances croissantes ou décroissantes d'un terme. (Dict. xixeet xxes.).
C. − [Le compl. désigne la vie, la conduite, des actions, un temps vécu, etc.] Organiser en fonction d'une certaine finalité, soumettre à une règle. Ordonner ses actes, sa vie; ordonner sa journée, son emploi du temps. C'est quand on ordonne son activité par rapport à un but précis que les fonctions mentales et organiques s'harmonisent le plus complètement (Carrel, L'Homme, 1935, p.172):
2. Sous peine de se perdre dans le plus vulgaire empirisme et de se dissoudre dans un opportunisme sans règle et sans objet, il [le parti socialiste] devra ordonner toutes ses pensées, toute son action en vue de l'idéal communiste. Ou plutôt cet idéal devra être toujours présent et toujours discernable en chacun de ses actes, en chacune de ses paroles. Jaurès, Ét. soc., 1901, p.LIII.
D. − Vx. Ordonner de qqc.Disposer, décider (de quelque chose). La plupart de ces dieux se mêlent des héros de l'Éneide, à l'exception de Jupiter, ou plutôt du destin, qui a ordonné de toutes choses (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.123).
II. − Ordonner (à qqn), ordonner que + subj., ordonner de + inf.Prescrire par un ordre.
A. −
1. Ordonner de + inf. (à qqn.).Commander (quelque chose à quelqu'un), enjoindre (à quelqu'un de faire quelque chose). Les jeunes gens de l'époque à qui la mode ordonnait d'affecter des manières brutales (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.33).L'adjudant ordonna à Fabrice de le suivre sans répliquer (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.31).
2. Ordonner que + subj.Prescrire expressément que. Le médecin a ordonné qu'on ne me laissât pas toucher une plume (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.286).Le tribunal ordonna qu'on suspendît la séance et qu'on brûlât des herbes odoriférantes, pour purifier l'air (Morand, Londres, 1933, p.108).
Rem. Ordonner que peut parfois être constr. avec l'ind. fut. ou le cond. lorsqu'on veut insister sur le fait que l'exécution de l'ordre est impérative. Le tribunal (...) ordonne qu'il sera donné lecture de la sentence devant la garde rassemblée sous les armes (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.216). Le colonel, furieux, ordonna que les vingt coupables demeureraient au garde-à-vous à la porte de son bureau tant qu'ils ne seraient pas venus à résipiscence (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.280).
3. Empl. abs. Donner des ordres. La comtesse: (...) je me rends à vos ordres. (...) je sais qu'un mari a le droit d'ordonner (Dumas père, Mariage sous Louix XV, 1841, i, 8, p.116).
Loc. fam. [Placé après Monsieur, Madame, Mademoiselle; en parlant d'une pers. autoritaire, qui aime commander] Faire sa mademoiselle j'ordonne. (Dict. xixeet xxes.).
B. − En partic. Prescrire (un traitement, un médicament). Dès la troisième année de son deuil, Noémi épaissit et le docteur Pieuchon dut lui ordonner de marcher une heure chaque jour (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p.211).Le bon docteur Bessonaz ne savait plus s'il fallait lui ordonner du bifteeck de cheval haché cru et du sirop Deschiens, ou lui soigner l'intestin par un régime (Daniel-Rops, Mort, 1934, p.430).
C. − DR. Prescrire par une ordonnance. Ordonner une enquête, un interrogatoire. V. huis B 2 b ex. de Borel et de Gide.
III. − Ordonner qqn.Conférer (à quelqu'un) le sacrement d'un ordre de l'Église. L'évêque étoit obligé de remplir ses fonctions religieuses, comme d'enseigner la morale, d'administrer les sacremens, d'ordonner les prêtres (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.372).J'ai le droit de «faire l'évêque», d'ordonner des clercs, de consacrer des prêtres, de gouverner mon diocèse comme bon me semble (Billy, Introïbo, 1939, p.123).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʀdɔne], (il) ordonne [ɔ ʀdɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1119 «disposer dans un certain ordre» lampes... en ordre ordenees (Philippe de Thaon, Comput, 2536); 2. 1erquart xiiies. «soumettre à une règle ses actions, sa conduite» (Reclus de Molliens, Carité, éd. A. G. Van Hamel, 136, 1: Cloistriers, ordene te persone, Ke male novele n'en sone!); d'où a) 1erquart xiiies. ordené part. passé adj. «personne qui a des qualités d'ordre» (Id., ibid., 69, 6); d'où 2emoitié xvies. mal ordoné de son cerveau «esprit dérangé» (Pasquier, Recherches de la France [éd. 1665], p.59 ds IGLF); 1798 une tête bien ordonnée (Ac.); b) 1701 id. «qui est conforme à certaines règles établies» moeurs ordonnées (Mass., Carème, Prod. ds Littré); 3. ca 1380 «régler, organiser le déroulement de quelque chose» (Jean Le Fèvre, trad. La Vieille, éd. H. Cocheris, I, 1723); 4. 1765 «classer méthodiquement, ranger dans un ordre satisfaisant pour l'esprit» en partic. math. équation ordonnée (Encyclop., t.11); 1948 ensemble ordonné fini (Gds cour. pensée math., p.89). II. 1. 1remoitié xiies. «établir quelqu'un dans un état» (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, II, 6: Jo acertes ordenai men rei sur Syon); 2. en partic. ca 1140 ordener qqn «lui conférer le sacrement de l'ordre» (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1457). III. 1. a) Trans. ca 1165 «commander» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 6935 ds T.-L.); 1524-27 ordonner que (Gringore, Vie Ms S. Loys, 5146 ds OEuvres compl., éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, II, 255); 1580 ordonner de (B. Palissy, Discours admir., p.302 ds IGLF); b) intrans. 1370-74 ordonner de qqc. «prendre des dispositions au sujet de quelque chose» qui ordene de tout (N. Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, fol. 123b, p.344); 2. a) ca 1500 ordonner une loi à qqn «imposer» (Ph. de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, I, 117); b) 1538 «rendre une ordonnance judiciaire en jugement» (Est.); 3. 1558 «prescrire un remède» ici absol. (Des Périers, Nouv. récréations et joyeux devis, éd. Kr. Kasprzyk, LIX, p.220); 1560 ordonner quelque médicament (J. Grévin, L'Olympe, éd. L. Pinvert, p.282); 4. ca 1590 «donner l'ordre de payer» (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, I, XXXIV, p.222). Empr. au lat. class. ordĭnare «mettre en ordre; arranger, disposer en ordre régulier», d'où en a. fr. la forme ordiner, ca 1200 (Dialogue Grégoire, 244, 6 ds T.-L.); la forme ordener (supra) est devenue très tôt (ca 1200, Jourdain de Blaye, éd. P. F. Dembowski, 2983) ordonner sans doute sous l'infl. de donner*. Fréq. abs. littér.: 2837. Fréq. rel. littér.: xixes. a) 6228, b) 3270; xxes.: a) 2947, b) 3223.
DÉR.
Ordonnable, adj.,rare. Qui peut être ordonné. De même que les Monimes [de Chardin], ses plus beaux tableaux font apparaître le monde comme une matière première disparate, ordonnable par une peinture souveraine (Malraux, Voix sil., 1951, p.294). [ɔ ʀdɔnabl̥]. 1resattest. Ca 1300 «arrangé» ordenables (Macé de La Charité, Bible, éd. P. E. R. Verhuyck, 5691: Lesquiex tu fes bien ordenables), ca 1370 ordonable a «qui peut s'accorder avec» (Oresme, Thèse de Meunier ds Littré; le mot ne figure pas ds l'ét. de F. J. Meissner, Maistre Nicolas Oresme et la lexicol. fr. ds Cah. Lexicol. t.40 1982, no1, pp.51-66.
BBG.Jessen (H.). Pragmatische Aspekte lexikalischer Semantik. Tübingen, 1979, p.45, 55, 176, 189.