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NORME, subst. fém.
A. − [P. réf. à une moyenne statistique, gén. sans jugement de valeur: la norme se définit par rapport à une fréquence] État habituel, régulier, conforme à la majorité des cas. Je respecte le père Hugo. J'ai pour lui une admiration énorme, ce qui veut dire hors de la norme (Duhamel,Désert Bièvres,1937, p.147).V. aussi anormal ex. 9:
1. La raison de la supériorité du journal écrit sur le journal dicté est fort simple: la lenteur impliquée dans l'acte même d'écrire induit à un degré de perfection artistique qui se perd d'autant plus dans le journal dicté que la rapidité y est la norme. Du Bos,Journal,1927, p.387.
Revenir à la norme, rentrer dans la norme (loc. verb.). Revenir à un état habituel, régulier. Je suis (...) satisfait (...) de reprendre mes habitudes, de retrouver mes vêpres remises à quatre heures (...); nous rentrons enfin dans la norme à partir d'aujourd'hui, alleluia! (Huysmans,Oblat, t.2, 1903, p.76).Huit ou dix jours s'écoulèrent durant lesquels, voyant la maison toujours alimentée et Ursule rassérénée, Ida estima la crise [financière] terminée et toutes choses revenues à la norme (Estaunié,MmeClapain,1932, p.10).
En partic. Modèle courant ou moyenne dégagée statistiquement et qui représente les caractéristiques humaines d'une espèce. Intelligence, poids, taille qui correspond à la norme. [Par personnification, à propos d'un arbre] [Le chêne] ne savait pas qu'il pourrait être plus grand; il ne se faisait pas un crime de n'être pas bâti suivant la norme (Jouhandeau,M. Godeau,1926, p.189).
B. − [P. réf. à un modèle de «type idéal» et quelquefois à une moyenne statistique: le type le plus fréq. étant souvent considéré comme idéal; avec jugement de valeur] Rare. État régulier, le plus conforme à l'étalon posé comme naturel, et par rapport auquel tout ce qui dévie est considéré comme anormal. Anton. anomalie, anormalité.J'aurais aimé de l'entreprendre sur déviation de l'intelligence. Je lui aurais demandé ce qu'était sa norme, son étalon, pour juger d'une intelligence droite (Barrès,Cahiers,t.1, 1896, p.80).PSYCHOL. Santé intellectuelle ou psychique. Par moi la Norme est abolie, Et j'applique en toute saison sur la face de la Raison Le domino de la Folie (Rollinat,Névroses,1883, p.252).
C. − [P. réf. à un modèle de «type idéal»: la norme prescrit ce qui doit être en se basant sur des jugements de valeur] Règle, principe auquel on doit se référer pour juger ou agir.
1. ART, SC., TECHNOL.
a) Règle, loi dans un domaine artistique, scientifique, technique; conditions que doit respecter une réalisation; prescription qu'il convient de suivre dans l'étude d'une science, la pratique d'une activité, d'un art. Normes journalistiques, rédactionnelles; oeuvre exécutée selon la norme; conforme aux normes; les normes officielles d'un sport. L'artiste cherche hors de lui une norme dont les maîtres ont soi-disant le dépôt sacré (Écorcheville,Suites orch.,1906, p.75).[Les] principes d'identité, de non-contradiction qui sont la norme de tout discours humain (Massis,Jugements,1923, p.274):
2. Les correcteurs, jugeant selon les normes habituelles, n'avaient pas donné aux copies indigestes les notes que les richesses produites avaient fait espérer à leurs auteurs. Capelle,Éc. demain,1966, p.156.
Loc. verb.
Faire entrer dans les normes. Faire entrer dans les règles, les lois de:
3. ... cette entité se montre rebelle lorsque l'esprit humain tente de la faire entrer dans les normes qu'il a lui-même forgées pour classer les objets de l'univers qui lui est accessible, ce qui constitue, en somme, le but princeps de toute science. Ne serait-ce pas que ces normes sont en réalité trop rigides? P. Morand,Confins vie,1955, p.157.
Poser les normes de. Fixer les règles, les lois de. Elle posait les normes du bon goût, de la délicatesse et l'on ne pouvait s'empêcher de les percevoir dans ses retraits soudains, ses silences blessés, ses expressions (Sagan,Bonjour tristesse,1954, p.23).
b) Emplois spéciaux
α) GRAMM., LING. Règles définissant ce qui doit être choisi parmi les usages d'une langue, ce à quoi doit se conformer la communauté linguistique au nom d'un certain idéal esthétique ou socio-culturel, et qui fournit son objet à la grammaire normative ou à la grammaire au sens courant du terme (d'apr. Ling. 1972 et Greimas-Courtés 1979); tout ce qui est d'usage commun et courant dans une communauté linguistique et correspond alors à l'institution sociale que constitue la langue (d'apr. Ling. 1972). Norme d'usage. La norme se confond avec la correction quand les sujets parlants considèrent la norme comme obligatoire (Mar. Lex.1933).Un argument fréquent évoqué est celui de l'«autorité» des «bons» auteurs, argument qui débouche souvent sur un cercle vicieux: on cherche la norme chez les «bons» auteurs, mais on définit aussi le «bon» auteur comme celui qui respecte la norme! (Lang.1973).La norme sociale peut contrarier la norme linguistique en considérant certains signes comme hors code (purisme) ou en imposant des signes qui n'ont pas cours (néologie officielle de commissions) (ReySémiot.1979).
β) INDUSTR., TECHNOL., subst. fém. plur.
Ensemble de données (mesures, caractéristiques, qualités, formules de composition) définissant un matériau, un produit, un objet ou un procédé permettant de rendre la production (d'un matériau), la mise en oeuvre (d'un procédé) plus simple, plus efficace, rationnelle ou économique, et de servir ainsi de référence pour résoudre les problèmes répétitifs (d'apr. Rama 1973). Normes homologuées, officielles; normes françaises, internationales; normes techniques; normes de construction, d'équipement, de fabrication, d'insonorisation; normes anti-pollution; normes en vigueur; appareil, objet conforme aux normes. La standardisation du mode de conduite élimine les cépages qui ne peuvent se plier aux nouvelles normes qui leur sont imposées (Levadoux,Vigne,1961, p.115).Personne ne s'était avisé que, pour faire plus petit sans abaisser le rendement, on devait s'écarter résolument des normes habituelles et inventer un moteur [à gaz] nouveau (P. Rousseau,Hist. transp.,1961, p.489).V. normalisation ex. de Cléret de Langavant:
4. Au stade de la production [du bois], le premier problème est également celui de la normalisation des fabrications. Il existe actuellement un nombre relativement important de normes françaises, notamment pour les produits demi-finis, les parquets, les menuiseries en bois, l'ameublement et les emballages, mais ces normes ne sont pas obligatoires et elles sont souvent ignorées... Industr. fr. bois,1955, p.7.
Norme Française homologuée ou NF. ,,Le produit normalisé peut se voir accorder la consécration de la marque nationale portant garantie de conformité aux normes: En France, marque nationale NF`` (Rama 1973).
En partic. Normes (de production, de rendement). Productivité moyenne (d'un ouvrier, d'une industrie) calculée selon les principes en usage (d'apr. Branc. Écon. 1978). Les normes de production n'ont pas été respectées. Le plan d'État, (...) prévoit un accroissement graduel, d'année en année, de la productivité, notamment par l'augmentation des «normes» de rendement imposées à la main-d'oeuvre (Le Combat,19-20 janv. 1952, p.5, col.6-7):
5. En économie capitaliste, les normes de production servent à fixer le planning de l'entreprise, à rémunérer le travailleur proportionnellement à son effort, et à calculer les prix de revient. En économie planifiée, des normes de production sont fixées non seulement aux travailleurs, mais aux entreprises: elles déterminent les quantités à produire en fonction des moyens matériels existants et des efforts possibles. Suavet1963.
2. DR. Règle juridique, disposition constitutionnelle. Synon. loi, règlement; anton. illégalité.La formule selon laquelle la nation garantit à l'individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement est trop vague pour qu'on puisse en déduire une norme juridique véritable (Vedel,Dr. constitut.,1949, p.326).Au choix individuel s'oppose la force sociale de la norme juridique (J. Vuillemin,Être et trav.,1949, p.113).
3. PSYCHOL. SOC. Règles, prescriptions, principes de conduite, de pensée, imposés par la société, la morale, qui constituent l'idéal sur lequel on doit régler son existence sous peine de sanctions plus ou moins diffuses. Synon. coutume, convenance, morale.Normes fondamentales, traditionnelles; normes de la collectivité, de la morale chrétienne, du milieu, de la profession, de la société, de la vie militaire; normes d'honnêteté, d'humanisme; ériger, imposer des normes. La religion se présente au sociologue comme une puissance de stabilité, de bon ordre moral et social, comme une norme doublant d'une référence divine les règles terrestres du bien-vivre (Univers écon. et soc.,1960, p.64-9).[Le mariage et la nuptialité] sont soumis dans les diverses sociétés ou dans les divers groupes à des normes culturelles ou à des contingences économiques qui en abaissent ou en relèvent l'âge (Traité sociol.,1967, p.280):
6. L'acte bon est celui qui va dans le sens de l'histoire, l'acte mauvais celui qui s'y oppose: le progrès de l'humanité, voilà donc la norme suprême qui permet de juger de la valeur morale de l'action. Lacroix,Marxisme, existent., personn.,1949, p.20.
Rentrer dans la norme (loc. verb.). Se conformer à la norme, aux règles sociales, après un temps de libération hors norme; retomber dans la soumission à la norme, aux habitudes et aux valeurs dominantes. Je ne pense pas qu'il y ait grave inconvénient pour le surréalisme à enregistrer la perte de telle ou telle individualité [à propos de Desnos] (...) au cas où celle-ci (...) indique par tout son comportement qu'elle désire rentrer dans la norme (Breton,Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p.150).
En partic. Loi d'usage, état légal, conforme à la règle établie par la société. Synon. système.Être hors la norme; les hors la norme sociale. Une vieille Sapho, délaissée par ses amants, rentre dans la norme conjugale; désintéressée de l'amour, elle revient à l'hyménée (Proudhon,Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.336).
P. méton., rare. [À propos d'une pers., d'un comportement] Modèle, idéal parfaitement conforme aux valeurs de la société. V. critiquer ex. 3.
D. − MATH. Norme (d'un vecteur). Grandeur qui est attachée à chacun des éléments d'un espace vectoriel; dans un espace euclidien, somme des carrés des composantes de ce vecteur. Le problème capital du prolongement d'une fonctionnelle linéaire continue avec conservation de sa norme est définitivement résolu par Hahn de façon tout à fait générale, par un raisonnement de récurrence transfinie sur la dimension (Bourbaki,Hist. math.,1960, p.242).Soit E un espace vectoriel sur le corps des nombres réels ou sur le corps des nombres complexes. On appelle norme sur E une application de E dans l'ensemble R+ des nombres réels positifs (Chamb.1972).
REM.
Normaliste, subst.,hapax. Mais quoi prendre chez eux [les prophètes juifs en partic. Durkheim], à transporter aux autres. −Croyez-vous qu'on transporte jamais? −L'Église le fait, son prêtre le fait..., et puis chez vos philosophes il y a désaccord. −Pas plus qu'entre normalistes et réalistes au temps où la pensée chrétienne n'était pas constituée (Barrès,Cahiers, t.9, 1912, p.404).
Prononc. et Orth.: [nɔ ʀm̥]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 mettre norme a «régler (une affaire)» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, 3269 ds T.-L.); 2. 1284 «règle» (Brunet Latin, Trésor, ms B.N. 12581, fol. 9); 3. 1867 «état habituel, régulier» (Hugo, Paris, p.15); 4. 1932 techn. (Catal. instrum. lab. [Prolabo], p.284); 5. 1932 dessin (Lar. 20e). Empr. au lat. norma «équerre, règle, loi». Fréq. abs. littér.: 189. Bbg. Baggioni (D.), Kaminker (J.-P.). La Norme, gendarme et bouc émissaire. La Pensée. 1980, no209, pp.50-63. _Coppel (A.). La Norme. In: Manuel de ling. appl. 4. Paris, 1976. _Fr. Monde. 1982, no169 (Les Normes du français), 79 p.−Gueunier (N.), Genouvrier (É.), Khomsi (A.). Les Français devant la norme. Paris, 1978, 205 p. _ Helgorsky (F.). Norme et hist. Fr. mod. 1982, t.50, pp.15-41; La Notion de norme en ling. Id. pp.1-14. _Lang. fr. 1972, no16 (La Norme), 132 p._ Martin (R.). Normes, jugements normatifs et tests d'usage. Ét. Ling. appl. 1972, no6, pp.59-74. _Marty (R.). La Norme, l'institué de la lang. Cercle de ling. et de pédag. du fr. B. 1976, no1, pp.41-44. _Muller (Ch.). Fréq. des mots et stat. lex. Fr. mod. 1978, t.46, pp.1-5.