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NOMBRE, subst. masc.
A.− MATH., SC.
1. MATH., PHILOS.
a) Concept de base des mathématiques, une des notions fondamentales de l'entendement que l'on peut rapporter à d'autres idées (pluralité, ensemble, correspondances) mais qu'on ne peut définir. Tout phénomène est nombre ou proportion. Les formes, l'espace, la durée sont des effets, des produits du nombre; mais le nombre n'est produit, n'est modifié, n'est perpétué que par lui-même (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 6).Cette intuition de l'espace accompagne-t-elle toute idée de nombre (...)? Pour répondre à cette question, il suffira à chacun de passer en revue les diverses formes que l'idée de nombre a prises pour lui depuis son enfance (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 69):
1. ... on ne peut concevoir comment la science ou plutôt, comment l'esprit humain ait pu ne pas se forger bien avant Descartes un moyen d'importance (...) comme le nombre ou le langage. Mais il fallait évidemment que l'algèbre elle-même fût assez constituée pour permettre d'imaginer un système de correspondance réciproque entre le nombre et la grandeur. Valéry, Variété IV,1938, p. 220.
b) En partic. Concept caractérisant une unité, une collection d'unités ou une fraction d'unité. Allevy transforme les chiffres en figures, le nombre 1 s'exprimant par une tour, 2 par un oiseau, 3 par un chameau, ainsi du reste (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 124):
2. ... lorsque nous parlons des unités qui composent le nombre, ces dernières unités ne sont plus des sommes, pensons-nous, mais bien des unités pures et simples, irréductibles, et destinées à donner la série des nombres en se composant indéfiniment entre elles. Bergson, Essai donn. imm.,1889p. 70.
P. méton. Symbole ou représentation graphique de ce concept. Il faut inscrire dans un tableau, en regard des nombres qui expriment les températures auxquelles l'expérience s'est faite, d'autres nombres qui mesurent les tensions correspondantes (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 65).Levant les yeux par hasard, je remarquai le numéro d'une maison éclairé par un réverbère. Ce nombre était celui de mon âge (...). Je me dis : − C'est sa mort ou la mienne qui m'est annoncée (Nerval, Aurélia,1855, p. 250).Au lieu d'indiquer le prix d'un objet par un nombre rond de francs, ils [les marchands] marqueront le chiffre immédiatement inférieur, quittes à intercaler ensuite un nombre suffisant de centimes (Bergson, Essai donn. imm.,1889p. 100).
Suite (naturelle) des nombres. ,,Série des ensembles 1, 1 + 1, 1 + 1 + 1..., etc. (ou des signes abrégés qui les représentent : 1, 2, 3..., 10, 11, ..., etc.)`` (Lal. 1968). Supposons donc qu'une grandeur sujette à varier soit susceptible de prendre les valeurs exprimées par la suite des nombres, de 1 à 10 000 (Cournot, Fond. connaiss.,1851p. 52).Il était naturel de se poser la question si d'autres suites de nombres avaient ou n'avaient pas ce même caractère d'être illimitées (E. Borel, Paradoxes de l'infini,1946, p. 18).
Théorie des nombres. Branche des mathématiques qui étudie les propriétés spécifiques des nombres (divisibilité, congruence, relations entre les puissances), par opposition à leurs propriétés communes (propriétés algébriques) (d'apr. Lal. 1968). Ai-je besoin d'ailleurs de rappeler que M. Hermite a tiré un parti surprenant de l'introduction des variables continues dans la théorie des nombres? (H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 150).Les fonctions O, déjà rencontrées par Fourier dans sa théorie de la chaleur, devaient (...) se révéler un puissant outil en théorie des nombres (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 59).V. algorithme ex. 1.
2. ALG., ARITHM. [Les différentes opérations effectuées sur les nombres] Additionner, diviser, multiplier des nombres; différences, produit, somme de deux ou plusieurs nombres; puissance, racine carrée d'un nombre; élever (v. élever1I B 1) un nombre au carré (v. carré2A).
3. En partic.
a) MATHÉMATIQUES
α) [Les principales catégories distinguées selon la nature du nombre] Nombre absolu, exact, rond (d'apr. Leif 1974).
Nombre entier. V. entier I A 1 a math. ex. de H. Poincaré.
Nombre (entier) naturel (Thinès-Lemp. 1975). Chacun des nombres entiers positifs de la suite 1, 2, 3...
Nombre positif (Uv.-Chapman 1956). Nombre supérieur à zéro. Anton. nombre négatif.
Nombre négatif. b est dit nombre négatif s'il existe un nombre positif a tel que a + b = 0. Anton. nombre positif.Les Hindous sont déjà conscients de l'interprétation que doivent recevoir les nombres négatifs dans certains cas (une dette dans un problème commercial, par exemple) (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 71).
Nombre rationnel. Quotient de deux nombres entiers relatifs. Nombre rationnel ou irrationnel (positif, négatif ou nul) (Gds cour. pensée math.,1948, p. 81).
Nombre fractionnaire*.
Nombre irrationnel (v. ce mot B 1). Nombre irrationnel algébrique.
Nombre transcendant. ,,Nombre irrationnel qui n'est racine d'aucune équation algébrique entière à coefficients entiers`` (Uv.-Chapman 1956). Le nombre π(3,1415926...) est un nombre transcendant.
Nombre réel. ,,Nombre exprimant toute quantité positive ou négative`` (Bureau 1972). Théorie des nombres réels (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 63).
Nombre complexe. Tout nombre de la forme a + ib où a et b sont des nombres réels et i = . La division d'un nombre complexe par un autre requiert six multiplications, deux additions, une soustraction et deux divisions de nombres ordinaires (Berkeley, Cerveaux géants,1957, p. 147).
Nombre commensurable*. Nombre hypercomplexe. V. hyper- B 1 b.
Nombre imaginaire (v. ce mot I A). ,,Nombre complexe dont la partie réelle est nulle. Tout nombre imaginaire ou imaginaire pur peut être considéré comme l'une des racines carrées d'un nombre réel négatif`` (Uv.-Chapman 1956).
Nombre incommensurable. V. ce mot A.
β) [Distinctions établies selon l'utilisation de la notion de nombre] Nombre nombrant, nombre nombré (v. rem. s.v. nombrer).
Nombre abstrait. V. ce mot II A 5 d ex. 24 et 25.
Nombre algébrique (v. ce mot A rem. 1). Le théorème de Bolzano pour les polynômes est encore vrai pour le corps de tous les nombres algébriques réels (Bourbaki, Hist. math.,1960p. 119).
Nombre arithmétique (Uv.-Chapman 1956). Nombre servant à la mesure d'une grandeur indépendamment de son orientation.
Nombre concret. V. abstrait II A 5 d ex. 24.
Nombre composé. ,,Nombre entier non premier, c'est-à-dire qui admet d'autres diviseurs que lui-même et l'unité`` (Uv.-Chapman 1956). Trois réunit l'expression de l'ensemble et celle de la composition; c'est l'harmonie parfaite. La raison en est palpable; c'est un nombre composé qui ne peut être divisé que par un (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 9).
Nombre décimal. V. ce mot I A.Nombre impair. V. ce mot I A.
Nombre pair. Nombre divisible par deux. Anton. nombre impair (v. ce mot ex. 1).
Nombre parfait (Uv.-Chapman 1956). Nombre entier égal à la somme de tous ses diviseurs.
Nombre premier. Nombre entier divisible seulement par lui-même et par l'unité. Il est visible que tous les nombres restants n'ont d'autres diviseurs qu'eux-mêmes, et qu'ainsi ils sont des nombres premiers (Legendre, Théorie nombres,t. 1, 1830, p. 6).
Nombre cardinal (v. cardinal1II C 1, C 2). ,,Chacun des nombres naturels considéré comme caractérisant un ensemble, c'est-à-dire le total de ses éléments, abstraction faite de leur ordre`` (Lal. 1968).
Nombre fini. V. ce mot C.Nombre infini. V. ce mot I A 3.
Nombre ordinal. ,,Chacun des termes de la suite naturelle des nombres, considéré comme marquant le rang d'un élément dans un ensemble ordonné : premier, second, troisième...`` (Lal. 1968).
Nombre transfini. Nombre imaginé pour évaluer la richesse en éléments d'un ensemble infini. La notion de nombre transfini est due à Cantor. Le nombre transfini cardinal sert à dénombrer les collections infinies (Gds cour. pensée math.,1948, p. 115):
3. Cette affirmation sort de nos corps et de la place que nous tenons dans ce monde ruiné, où le progrès de la conscience ne nous fait plus désormais illusion, et non des tables de corrélation, des nombres transfinis et du calcul des matrices. Nizan, Chiens garde,1932, p. 170.
b) PHYS., CHIM.
α) Nombre atomique, p. ell. nombre. Nombre de protons que le noyau d'un élément renferme, et qui détermine le numéro attribué à chaque élément dans la classification de Mendeleef (d'apr. Neyron 1970). Synon. numéro* atomique.12 (...) 14 (...) 16 (...) 19; on remarque aussitôt que ces nombres diffèrent entre eux par des valeurs numériques progressivement croissantes, telles que 2, 2 et 3 (Berthelot,Orig. alchim.,1885,p. 307).
Nombre sans dimension (Vauge 1980). Nombre constitué par le quotient de deux grandeurs physiques ayant les mêmes unités fondamentales.
Nombre magique. ,,Nombre de protons ou nombre de neutrons conférant au noyau qui les contient une grande stabilité`` (Musset-Lloret 1964). On a des niveaux collectifs de rotation bien identifiés pour beaucoup de noyaux loin des nombres magiques (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 360).
Nombre proportionnel. ,,Nombre représentant à un facteur simple près, les rapports en poids suivant lesquels les éléments se combinent`` (Duval 1959).
Nombre quantique. Nombre essentiel servant à caractériser les électrons formant le nuage électronique qui entoure le noyau de l'atome (d'apr. Charles 1960). Molécule dans un état où le nombre quantique de vibration est nul (Daudel, Fond. chim. théor.,1956, p. 180).Sommerfeld a cherché à spécifier chaque niveau pour un ensemble de nombres quantiques (L. de Broglie, Théorie quanta,1959, p. 240).
β) Nombre de + subst.
Nombre de masse. Nombre total des protons et des neutrons constituant le noyau d'un atome (d'apr. Astron. 1973).
Nombre d'ondes. Quotient de la fréquence par la vitesse d'un onde ou, l'inverse de la longueur d'onde (d'apr. Charles 1960). Le nombre d'ondes peut être exprimé par la différence de deux termes spectraux (Schatzman, Astrophys.,1963, p. 27).
γ) Nombre de + nom propre
Nombre d'Avogadro. ,,Nombre de molécules d'une substance par molécule-gramme`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
En partic., MÉCAN. DES FLUIDES
Nombre de Froude. ,,Nombre sans dimension (...), rapport de la force d'inertie à la force de pesanteur dans un fluide en mouvement`` (Villen. 1974).
Nombre de Mach. Rapport d'une vitesse à la célérité sonore. Pour les écoulements de fluides compressibles à nombre de Mach relativement faible (M < 0,2 par exemple) on se ramène au cas d'écoulements de fluides incompressibles en charge (R. Comolet,Mécanique expérimentale des fluides,t. 2, Paris, Masson, t. 2,1976,p. 145).
Nombre de Prandtl. ,,Nombre sans dimension, relatif à l'écoulement turbulent d'un fluide`` (Vauge 1980).
Nombre de Rayleigh. Rapport du produit de la poussée d'Archimède par le flux de chaleur convecté, au produit des forces de viscosité par la conduction thermique dans un fluide donné (d'apr. Villen. 1974).
Nombre de Reynolds. Paramètre sans dimension, obtenu en multipliant la vitesse de déplacement d'un fluide par le diamètre du tube qu'il traverse, et en divisant ce produit par la viscosité cinématique du fluide (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972).
c) INFORMAT., STAT.
INFORMAT. Nombre binaire. ,,Nombre composé dans la base 2, à l'aide des chiffres 0 et 1`` (Bureau 1972). Dans la notation binaire, on ne se sert que de 2 chiffres 0 et 1 et on les écrit en combinaisons pour désigner les nombres binaires (Berkeley, Cerveaux géants,1957, p. 244).
STAT. Nombre aléatoire (v. ce mot A 2). ,,Nombre dont chaque chiffre peut prendre, avec une égale probabilité, n'importe quelle valeur de 0 à 9`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Elle ignorait en effet à quelle carte correspondait le nombre qu'elle venait de lire sur la feuille de nombres aléatoires et qu'elle venait de présenter sur une carte, à l'agent (Amadou, Parapsychol.,1954, p. 180).
PROBAB. Loi des grands nombres. Loi selon laquelle, à mesure que le nombre des expériences augmente, le nombre moyen des réussites d'un événement se rapproche de plus en plus de la valeur la plus probable fixée par le calcul. Ce monde est absurde, disent-ils. Non. Ce monde est; on n'en peut rien affirmer d'autre (...). Il paraît obéir à des lois, et même si celles-ci ne sont que statistiques, il obéit encore à la loi des grands nombres (Maurois, Journal,1946, p. 13).
d) BIOLOGIE
Nombre de base. ,,Nombre de chromosomes caractérisant les gamètes haploïdes de l'ancêtre originel diploïde`` (Métro 1975). Synon. nombre basal (Husson 1970).
Nombre diploïde*.
Nombre haploïde. ,,Nombre de chromosomes présents dans (...) les gamètes des métazoaires et les gamétophytes des plantes`` (L'Hér. Génét. 1979 [1978]).
e) [En tant que valeur mystique, symbolique] Symbolisme des nombres (Foi t. 1 1968). Écrits ésotériques, où le problème du mal, de l'âge d'or, de la chute se mêle sans cesse à l'étude de la nature, la mystique des nombres à des questions linguistiques (Béguin, Âme romant.,1939, p. 64).La généralisation de la génétique des nombres et de ses techniques ainsi définies dans l'aire culturelle de traditions données : la kabbale ou le Yi-King, par exemple (Mir.1981, p. 209).
Nombre + adj.Mes amis, nous sommes treize à table, Et devant moi le sel est répandu. Nombre fatal! Présage épouvantable! La mort accourt; je frissonne éperdu (Béranger, Chans., t. 3, 1829, p. 144).Trois est le nombre mystérieux du premier ordre : aussi y a-t-il trois règnes dans les choses terrestres (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 10).Douze. − Nombre sacré, à cause de la division du peuple de Dieu entre 12 tribus (Bible1912, p. 1695).
Nombre d'or
α) ,,Rang d'une année dans la période de dix-neuf ans à laquelle elle appartient dans le cycle de Méton, c'est-à-dire le cycle des dix-neuf années au bout desquelles le soleil, la terre et la lune reprennent peu à peu les mêmes positions relatives`` (Ac. 1935).
Vx. Cette période de dix-neuf années elle-même (d'apr. Ac. 1798).
β) BEAUX-ARTS, ARCHIT. Nombre idéal (1,618) correspondant à une proportion considérée comme particulièrement esthétique, celle de deux dimensions dont la plus grande est avec la plus petite dans le même rapport que la somme des deux avec la plus grande. Les possibilités de combinaisons offertes par le nombre d'or sont infinies et laissées à l'appréciation et à l'imagination du dessinateur (Bég.Dessin1978).
B.− P. ext. [Évaluation, caractérisation d'un ensemble, d'une pluralité d'objets, de personnes] L'idée de la beauté (...) change encore d'homme à homme; l'un, plus sensible au nombre qu'au choix de ses conquêtes, est séduit par l'expression de la facilité (Laclos, Éduc. femmes,1803, p. 466).La vérité est que chacun des pas d'Achille est un acte simple, indivisible, et qu'après un nombre donné de ces actes, Achille aura dépassé la tortue (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 93).
Absol. [En tant qu'avantage numérique] L'emporter par le nombre. Les soldats s'imaginent qu'ils auront bon marché de moi, parce qu'une fois le hasard et le nombre leur ont donné l'avantage (About, Roi mont.,1857, p. 183).
1.
a) [La quantité en tant qu'elle est plus ou moins grande] J'avais fait un livre pour un nombre très restreint de lecteurs et il se trouve que le public y mord (Flaub., Corresp.,1863, p. 73).La peste (...) désorganisa toute la vie économique et suscita ainsi un nombre considérable de chômeurs (Camus, Peste,1947, p. 1360).Un nombre minimum d'heures d'ensoleillement doit être fixé pour chaque logis (Le Corbusier, Charte Ath.,1957, p. 31).
P. exagér. Nombre incalculable, inépuisable, infini. Nombre innombrable de pauvres petites créatures imperceptibles (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 134).
Un (plus) grand nombre, un (plus) petit nombre; le plus grand, le plus petit nombre (+ de + compl.)
+ verbe au plur. Quelques musulmans le suivent, un beaucoup plus grand nombre veulent être témoin de la sépulture de leur prince (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 347).Autant de chemins, autant de schémas structurels différents dont un petit nombre encore sont superposables (Mounier, Traité caract.,1946, p. 37).
+ verbe au sing. Le petit nombre est fait de personnes suffisamment divisées. Elles abhorrent la similitude, qui semble leur ôter toute raison d'être (Valéry, Variété III,1936, p. 13).Je pensais qu'un plus grand nombre se tuerait ou se ferait tuer, suivant la consigne (Gide, Journal,1943, p. 239).
[Avec une évaluation chiffrée] Nombre qui s'élève à. Création de seize régiments de cavalerie de ligne ou de cavalerie légère, ce qui porte le nombre des régiments à soixante-dix (Davout, Réorg. milit.,1871, p. 86).Les enseignants se refuseront à prendre en charge pendant plus de huit jours les élèves d'un maître défaillant pour maladie ou en congé si cela porte à plus de quarante le nombre moyen d'enfants par classe (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 154).
SYNT. Un nombre effrayant, élevé, important, imposant, suffisant; un nombre plus petit, plus grand; un nombre très rare de cas; un assez grand nombre de cas; un bon, un certain, un grand nombre; en nombre égal, en nombre bien plus grand.
b) [La quantité en tant qu'elle varie] En nombre croissant, toujours grossissant; nombre qui diminue. Si on pouvait réprimer ses frayeurs ou ses espérances [de l'imagination], ses craintes ou ses transports, on diminuerait beaucoup le nombre des heureux; mais aussi il y aurait peu de misérables (Chênedollé, Journal,1833, p. 154).L'air vif du Liban rongeait sa poitrine, et raccourcissait le nombre de ses années (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 126).Le séjour des États du Sud ne leur a pas été défavorable, puisque, dans le demi-siècle qui vient de s'écouler, leur nombre a doublé (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 111).
2. Locutions
a)
α) Loc. prép. Au nombre de + nom de nombre.En tout, au total. Les forces qui agissent entre deux corps électrisés sont (...) au nombre de quatre (H. Poincaré, Électr. et opt.,1901, p. 4).Les touristes du voisinage et mes camarades d'été, au nombre d'une dizaine, fêtaient le temps léger et le bain tiède par contraste (Colette, Naiss. jour,1928, p. 42).
β) Loc. adv.
En nombre. En quantité, pour ce qui est de la quantité. Augmenter en nombre. Vous (...) avez défendu avec acharnement vos positions contre un ennemi dix fois supérieur en nombre et qui avait pour lui l'avantage du terrain (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 246).
Sans nombre. Innombrable. Des difficultés sans nombre (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1850, p. 146).
b) [Quantité importante, grand nombre]
α) Loc. à valeur adj. Nombre de + subst. (+ verbe au plur).Quantité de, beaucoup de (v. bon1I A 2 a). Nombre de plantes sont venimeuses et nombre d'animaux sont vénéneux, si on s'en rapporte aux définitions des dictionnaires (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 164).J'ai eu la satisfaction de voir (...) se développer chez nombre de jeunes romanciers une technique de roman qu'il faut bien nommer « unanimiste » (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. xiv):
4. ... les circonstances m'ayant fixé loin de Sète depuis nombre d'années, j'ai observé souvent que ma pensée ne pouvait s'approfondir quelque peu, que je ne retrouve au fond de moi quelque impression d'origine toute sétoise. Valéry, Variété IV,1938, p. 205.
β) Loc. adv. (Être) en nombre. (Être) en grand nombre, en nombre suffisant, en masse, en force. L'art chevelu, qui était en nombre dans le salon, poussa des cris frénétiques (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 210).Nous ferons une petite sauterie au piano pour les jeunes personnes, si nous sommes en nombre (Balzac, Pts bourg.,1850, p. 101).
γ) Loc. verb. Faire nombre. Former un ensemble important, un grand nombre. Ces jeunes gens avaient été amenés, pour faire nombre, à l'idée d'initier à leurs sociétés secrètes les mécontents du parti impérial (Sand, Compagn. Tour de Fr.,1840, p. 224).
[En parlant d'une pers. présente dans un groupe mais sans y jouer aucun rôle actif, sans y mériter la moindre considération] N'être là que pour faire nombre (Ac.).
3. Ensemble, groupe.
a) Loc. prép. Parmi.
α) Au, du nombre de, dans le nombre de. Compter, mettre, placer au nombre de. On compte 2 600 personnes tuées et 15 000 blessées, dans le nombre des morts sont 359 Suisses et 69 bourgeois de Nancy (Marat, Pamphlets,Relation fid. affaires Nancy, 1790, p. 249).L'embryon fécondé que l'on considère n'est pas encore au nombre des corps vivans (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 71):
5. C'était vraiment trop simple, de dire qu'il y a deux classes d'hommes : les imbéciles et les gens intelligents, et de se ranger, naturellement, au nombre de ces derniers! Larbaud, F. Marquez,1911, p. 135.
β) Rare. Parmi le nombre de. M. Stapfer, parmi le nombre des livres qu'il mit à sa disposition, me prêta le grand ouvrage de la commission d'Égypte (Delécluze, Journal,1827, p. 377).Il ne compte pas l'abrutissement parmi le nombre de ses fils (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 296).
b) Absol. Dans le nombre. Dans l'ensemble, dans le lot. Il y en avait dans le nombre qui n'étaient pas encore payés (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 333).J'ai forcément vu beaucoup de gens de beaucoup d'espèces, et, dans le nombre, quelques-uns qui ne manquent pas de personnalité (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 36).
c) Loc. verb. Être du nombre. Faire partie de l'ensemble, du groupe. Seuls, quelques amis de M. Darzac et du professeur Stangerson, sur la discrétion desquels on pouvait compter, avaient été invités. J'étais du nombre (Leroux, Parfum,1908, p. 3).
Rem. Région. Quantité déterminée de douze unités. a) ,,Douzaine, dans le Cher`` (France 1907). Un nombre de lapins (ibid.). b) ,,Quantité déterminée de douze gerbes récoltées dans un champ. Expression usitée dans la Beauce`` (Martellière, Gloss. Vendômois, 1893, p. 343).
C.− LING., GRAMM., STYL.
1. GRAMMAIRE
a) ,,Catégorie grammaticale fondée sur la considération du compte, suivant que le mot est employé pour désigner un objet ou concept unique (singulier ou singulatif) ou une pluralité (duel, triel, pluriel, collectif)`` (Mar. Lex. 1951). Accord en genre et en nombre. Lequel, laquelle, duquel, de laquelle, etc., ne sont autre chose que qui, dont, et que (...). Par suite, on leur a [aux pronoms relatifs] fait marquer les genres et les nombres, comme le fait l'article qui les précède (Destutt de Tr., Idéol.2, 1803, p. 152).Nombre singulier, (...) nombre duel, (...) nombre pluriel. On dit par abréviation singulier, duel, pluriel (Bach.-Dez.1882).Le français ne distingue que deux nombres : le singulier et le pluriel; mais certaines langues distinguent aussi le duel (arabe) (Phél.Ling.1976).
b) Nom de nombre. Noms ,,qui énoncent des chiffres, constituent une espèce de la catégorie des numéraux`` (Mar. Lex. 1951). Les noms de nombre sont partout à peu près les mêmes (Mérimée, Carmen,1847, p. 81).
Noms de nombre cardinaux (v. cardinal1II C 1). Synon. adjectifs numéraux cardinaux (Mar. Lex.1951).
2. STYL., PROSODIE. Nombre oratoire, p. ell., nombre. Répartition des sons, des accents, des syllabes longues ou brèves, des éléments de la phrase, propres à conférer à la langue des qualités de rythme, de mélodie, d'harmonie (d'apr. Mar. Lex. 1951). Certaine mesure, proportion ou cadence qui rend un vers, une période agréable à l'oreille. Il y a quelque différence entre le nombre de la poésie et celui de la prose (Lav.Diffic.1846).À partir du Xèmesiècle, on voit peu à peu le vers rimé remplacer l'ancien nombre prosodique (D'Indy, Compos. mus.,t. 1, 1897-1900, p. 72).
P. anal., MUS. Le nombre y est rhythmique, parce qu'il est le carré du nombre 3, l'un des meilleurs nombres rhythmiques (Durutte, Esthét. mus.,1876, p. 29).Cette parole musicale si bien ordonnée qu'elle a le nombre et l'eurythmie d'une mélodie sans fin (Pirro, J.-S. Bach,1919, p. 99).Les grandes Symphonies de Mozart sont sans nom (...). Parce qu'elles ne sont qu'harmonie, que beauté et que nombre (Ghéon, Prom. Mozart,1932, p. 326).
Prononc. et Orth. : [nɔ ̃:bʀ ̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) 1remoitié xiies. « évaluation d'une pluralité de personnes ou de choses » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXXIX, 14 : ...mals, desquels nen est numbres [mala, quorum non est numerus]); ca 1150 par nombre « dénombrés; au total » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 3443); 1155 (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13244 : Grand fu li pueples, n'en sai numbre); fin xives. sans nombre (Jean Froissart, Chron., I, § 84, éd. S. Luce, t. 1, 2, p. 174, 16); b) xiiies. Livre des nombres; Nombres [Vulgate Libri numerorum : Numeri] ainsi appelé parce qu'il relate le recensement des douze tribus d'Israël (Bible historiale, ms. Bibl. nat. fr. 899, fol. 53 vo; 54, d'apr. Trénel, p. 128); 2. a) xives. « quantité » grant nombre de + subst. sing. (Fable de Renart [ms. Bibl. nat. fr. 2458], éd. E. Martin ds Z. rom. Philol. t. 6, p. 183); b) fin xves. « bonne quantité, quantité importante » ung nombre de « un bon nombre de » (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 50, 12); 3. a) 1478 au nombre de « parmi » (Arch. nat. JJ 206, p. 1022 ds La Curne); b) 1538 du nombre; du nombre de (Est., s.v. numerus). B. Math. 1. 1119 désigne le nombre d'or (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 3352 : La lune en veritet... Par dis e nof anz vait E sun plenier curs fait. A chascun en vertet Est sis numbres poset); xiiies. nombre d'or (Comput, fol. 1 ds Littré); 2. 1130-40 li nombres cent (Wace, Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 411 : Par cent berbiz qu'ot demandees [l'ange à Joachim, en sacrifice] ...Ce, nos est avis, senefië La celestial compaignie, Quar cent cist nombres, ço savum, Senefië perfectiun). II. 1. Gramm. xiiies. [ms. xives.] (L'Ars minor de Donat, ms. Bibl. Mazarine 3794, éd. S. Heinimann ds Cah. F. Sauss. t. 23, 1966, p. 52, 45 fol. 22d, en parlant d'un nom; p. 55, 150 fol. 24c, en parlant d'un verbe); 2. rhét. 1549 « harmonie du discours basée sur le rythme de la phrase » (J. du Bellay, Deffence et illustration de la lang. fr., I, 3, éd. H. Chamard, p. 71); 3. mus. 1685 « harmonie résultant de certaines proportions ou cadences » (A. Furetière, Essai d'un dict. universel, p. 194). Du lat. numerus « nombre; quantité, grande quantité; [gramm.] le nombre; partie d'un tout; partie mesurée d'un tout : a) fragment de temps [jour]; b) [en musique] temps frappé, mesure, cadence; c) [en poésie] pied métrique; d) [en prose] rythme, nombre ». L'emploi en rhét. paraît empr. au lat. par la Pléiade. Fréq. abs. littér. : 13 559. Fréq. rel. littér. : xixes. a) 29 058, b) 16 520; xxes. : a) 14 079, b) 15 549. Bbg. Degott (B.). Le Mot nombre ds l'expr. numérique de la pluralité. L'Inform. gramm. 1982, no14, pp. 23-26.