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NOCE, subst. fém.
A. − Toujours au plur. Mariage. Célébrer ses noces; nuit, voyage de noces. Ce serait commode, si, pour épouser une jeune fille, il suffisait d'aller avec elle. Dame! Entre jeunesses, on verrait des noces matin et soir (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1243).Sa pauvre femme qui ne l'avait pas vu depuis quarante ans et l'aimait comme au jour de ses noces (A. France, Pt Pierre, 1918, p.184).
Épouser qqn, convoler* en justes noces.
Épouser qqn, se marier en premières, secondes, troisièmes noces. Faire un premier, second, troisième mariage. Mariée en secondes noces avec un colonel de cuirassiers, elle a changé de moeurs et d'habitudes (Jouy, Hermite, t.2, 1812, p.186).Celle-ci, c'est la fameuse Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, qui avait épousé en premières noces M. de Luynes (Proust, Guermantes 1, 1920, p.202).
Noces d'argent, d'or, de diamant*. Vingt-cinquième, cinquantième, soixantième anniversaire de mariage. Le souper dont je parlais à Scholl est le souper des noces d'argent du ménage Daudet (Goncourt, Journal, 1892, p.186).Et ce sera ainsi dans dix ans, vingt ans, cinquante ans... noces d'argent, noces d'or (Daniel-Rops, Mort, 1934, p.75).
P. anal. [À l'occasion d'une fête anniversaire] Puis ç'a été un toast d'Heredia, fêtant mes noces d'or avec la littérature (Goncourt, Journal, 1895, p.752).On va célébrer les noces d'argent académiques du vénérable et octogénaire René Rezeau (H.Bazin, Vipère, 1948, p.234).
B. − Au sing. ou au plur. Cérémonie du mariage et ensemble de réjouissances qui l'accompagnent. Synon. épousailles (vx), hymen (littér.), mariage.Le mariage se fait, et l'époux qui veut des noces splendides, a commandé pour le soir un repas de cent cinquante couverts au Cadran-Bleu (Dumas père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.790).Je répondais: «Oui, oui, bonnes gens, je suis de noce. Je suis même de cortège» (Audiberti, Ampélour, 1937, p.99):
1. Je fus invité, au mois de mai, à la noce de mon cousin Simon d'Erabel, en Normandie. Ce fut une vraie noce normande. On se mit à table à cinq heures du soir; à onze heures on mangeait encore. Maupass., Contes et nouv., t.1, Ma femme, 1882, p.668.
SYNT. Banquet, festin, repas, bal, chanson de noce(s); gâteau de noce(s); visites de noce(s); salon, salle pour noces et banquets; garçon, fille de noce(s); bouquet, coiffe, voile, chemise, habits, robe de noce(s); cadeau, présents de noce(s); corbeille de noce(s).
Loc. fam. N'avoir jamais été à de telle(s), pareille(s) noce(s). N'avoir jamais été à une pareille, à une telle fête. (Dict. xixes. et xxes.). Par antiphrase. Être dans une situation très désagréable (Dict. xixes. et xxes.). N'être pas à la noce. Se trouver dans une situation difficile, n'être pas à la fête. Ah! Je ne suis pas à la noce... dans ma chambre, il fait un froid de loup. Le vent y souffle, l'eau y pénètre (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.124).Il ne se pressait pas de tirer: s'il me voit, ce salaud, il ne doit pas être à la noce (Sartre, Mort ds âme, 1949, p.188):
2. −J'aurais voulu être seule, murmura Marthe. −Madame ne serait pas à la noce, répondit le gardien avec un sourire tranquille; je risque déjà beaucoup. Zola, Conquête Plassans, 1874, p.1181.
C. − P. méton., au sing. seulement. Ensemble de personnes qui assistent à une noce; le cortège de la noce. Être de la noce. Il était près de Chaigny, croit-il, quand une noce passe, une noce déjà un peu égayée par le vin de Bourgogne (Goncourt, Journal, 1872, p.876).Après la formalité de la mairie et la cérémonie religieuse, la noce se dirigea vers la maison d'Anna (Maupass., Contes et nouv., t.1, Pain, 1883, p.1235):
3. Il se trompa, égara la noce le long de sept ou huit salles, désertes, froides (...). La noce frissonnait, s'ennuyait ferme. Puis, comme elle cherchait une porte, elle tomba dans les dessins. Zola, Assommoir, 1877, p.446.
D. −
1. Fam., au sing. ou au plur. Partie de plaisir, de débauche généralement marquée par des excès de table et de boisson. Synon. fam. bamboche, bombe, nouba.Se payer une noce à tout casser. En folies, en noces, il avait dévoré la majeure partie de son patrimoine (Husmans, À rebours, 1884, p.11).Petypon: À qui le dis-tu! Oh! Ces lendemains de noce!... Ce réveil!... Ah! La tête, là! (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, I, 2, p.6):
4. Personne ne s'expliquait l'exaspération du fils aux Lengaigne, car il était dur aux femmes d'ordinaire, il reniait publiquement sa soeur, que de sales noces, disait-on, avaient conduite à l'hôpital. Zola, Terre, 1887, p.466.
P. ext., au sing. Vie dissipée, débauchée, consacrée aux plaisirs. Elle reparaissait tout d'un coup (...) bien mise, mais si molle et vidée par la noce, qu'elle ne tenait plus debout (Zola, Assommoir, 1877, p.743).Il manqua d'argent, et elle s'en alla, retourna à la noce (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.171).
Loc. verb. usuelle. Faire la noce. Synon. faire la fête, la foire, la nouba; nocer (pop. et fam.); fam. faire la bombe (v. bombe2), la java*, faire bombance*, bambocher.Faire une noce à tout casser, une noce de bâtons de chaise, une noce effrénée. Hé! C'est toi, Michel? Tu arrives bien... Quelle noce nous allons faire! (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t.2, 1870, p.42).Monsieur votre père a tant fait la noce que ce vermisseau est peut-être un de vos frères, qui sait? (Bloy, Femme pauvre, 1897, p.209):
5. Alors, vous allez encore faire la noce avec de sales femmes?... Et vous ne rentrerez pas de la nuit?... Et moi, toute la nuit, je vais pleurer... Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.246.
2. Pop., vieilli. Femme, fille de noce. Fille de joie, prostituée. Il y avait là une quinzaine de filles de noce, avec quelques gaillards prompts à jouer du cran d'arrêt (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.192).La directrice de cette prison était une ancienne femme de noce, devenue la maîtresse d'un chef (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.344).
REM.
Nopçage, subst. masc.,vx. a) Rétribution exigée dans certaines provinces par le clergé pour célébrer les mariages. (Ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845-46, Lar. 19e-20e). b) Droit de nopçage. Droit qu'avait le seigneur d'assister aux noces de ses vassaux et d'accompagner la mariée à l'église. Qu'il se fasse traîner en police correctionnelle pour avoir voulu user de son droit de nopçage ou de tout autre droit aussi bien prouvé, alors vous aurez en effet (...) l'homme justement ridicule des temps chevaleresques (Janin, Âne mort, 1829, p.15).
Prononc. et Orth.: [nɔs]. Ac. 1694 et 1718: nopce (p étymol.); 1740: noce ,,plusieurs prononcent et écrivent nopces``; dep. 1762: noce. Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.168; Flaub., Corresp., 1874, p.135; Valéry, Corresp. [avec Gide], 1927, p.505: nopce. Étymol. et Hist. 1. a) Début xiies. noces virginels désigne prob. les noces mystiques, l'union spirituelle d'une créature avec le Christ (St Alexis, éd. Chr. Storey, Prol.: ...cascun memorie spiritels les quels vivent purement sulunc castethet, e dignement sei delitent es goies del ciel ed es noces virginels); b) début xiiies. [ms.] les nosces al agniel [nuptiae agni] désigne, dans une perspective eschatologique, les noces spirituelles du Christ (immolé comme l'agneau de l'Ancien Testament) avec la Jérusalem céleste, symbole de l'Église (Apocalypse en fr., éd. L. Delisle et P. Meyer, XIX, 7, p.104), cf. Calvin, Bible, Lyon, Michel Du Boys, 1558, p.241a; 2. ca 1150 plur. «célébration d'un mariage; réjouissances qui s'ensuivent» faire les noces (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 477; 1081: Plenierement dura la cors Que tint li rois, par douze jors, Et les noces tout ensement); ca 1170 estre as noces «aller au mariage» (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Fresne, 509); 1680 espouser en seconde noce (Rich.); 3. a) ca 1200 les noces «le couple des mariés» (Aïol, éd. W. Foerster, 8320); b) 1718 (Ac.: après le disner toute la nopce alla à l'opera); 4. ca 1200 plur. «grandes fêtes, réjouissances» (Chevalier au cygne, 211 ds T.-L.); a) 2emoitié xiiies. [ms.] faire sa noce de «dévorer» (Du plait Renart de Dammartin contre Vairon son roncin ds A.Jubinal, Nouv. recueil de fabliaux, t.2, p.24); fin xives. faire les noces «faire l'amour» (Eustache Deschamps, Ballade 1485 ds OEuvres, éd.G.Raynaud, t.8, p.196, 26); 1690 faire nopces «faire de grandes réjouissances» (Fur.); 1719 pop. «libertinage de fille» (d'apr. Esn.); 1834 faire la noce «faire bombance, festoyer» (Land.); b) 1690 [il] ne fut jamais à telle nopce (Fur.). Du lat. vulg. *noptiae, altération du class. nuptiae «noces, mariage; commerce charnel» d'apr. le subst. lat. vulg. *novius «nouveau marié», dér. de novus «nouveau», v. FEW t.7, p.209b. À rapprocher de 1 a, b, le lat. médiév. nuptiae «mariage spirituel, noces mystiques» du Christ et de l'Église (viiies., Paul Diacre), d'une créature avec le Christ (1091-92 ds Nov. gloss.). Av. le xvies., noce est très rarement employé au sing., nombre qui peu à peu supplantera le plur. dans le lang. courant. Fréq. abs. littér.: 1908. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2292, b) 3453; xxes.: a) 3788, b) 2029.