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NOBLE1, adj.
A. − [En parlant de qqn]
1. HISTOIRE
Rem. Sur l'usage actuel de noble et noblesse appliqués à une classe sociale, v. noblesse A rem.
a) [En France] Qui appartient, par naissance ou par anoblissement, à une classe sociale exerçant à l'origine le métier des armes ou, plus tardivement, certaines charges, et en jouissant, en contrepartie, de certains privilèges. Familles nobles. Je ne suis pas noble, mais j'ai le coeur aussi haut placé que vous autres (Theuriet,Mariage Gérard, 1875, p.212).L'homme noble n'admettait que deux occupations: la guerre et l'amour (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.104):
1. Les conseillers du duc de Bourgogne, (...) en se plaignant de l'exception de cinq cents personnes, (...) désiraient savoir (...) si les nobles y pouvaient être compris. On répondit que l'exception ne s'appliquerait qu'à des hommes non nobles, et que leur nom serait donné avant la Saint-Jean. Barante,Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.28.
Aussi noble que. Qui possède autant de quartiers de noblesse que:
2. ... il était bien le fils d'une famille de dieux, le chef des derniers de ces Guelfes, aussi puissants jadis que les Habsbourg, aussi nobles que les Bourbons. Cette longue suite d'aïeux lui revint d'un seul coup, en mémoire: son grand-père, le duc fameux par son Manifeste contre la France, Othon, le vaincu de Bouvines, l'empereur Henri le Lion, dépossédé, mis au ban de l'Empire, et Witikind enfin, l'ancêtre fabuleux, le plus grand des Saxons. Bourges,Crépusc. dieux, 1884, p.15.
Noble homme. Qualification prise par des bourgeois notables lors de la passation d'actes. Noble homme, damoiseau, et bourgeois, sont des qualités données à une même personne dans des titres du quinzième siècle (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist., t.3, 1831, p.310).J'ai retrouvé l'acte de naissance d'une certaine Rose-Mariette Rezeau, fille de noble homme Claude Rezeau et de dame Rose Taugourdeau (H. Bazin,Vipère, 1948, p.147).
Loc. et proverbes
Noble comme le roi. Qui est noble d'extraction de manière incontestable. (Ds Littré, DG, Ac. 1798-1935).
Ou le roi n'est pas noble. [Deuxième volet d'une alternative, signifiant que le premier volet est incontestablement vrai.] Il est fou, ou le roi n'est pas noble (Ac.1798-1878).
Emploi subst. La rigueur des anciennes ordonnances restreignit le droit de chasse à la classe des nobles et des grands propriétaires (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.182).Les médecins comme il faut ne parlent jamais médecine, les vrais nobles ne parlent jamais ancêtres (Balzac,Cous. Bette, 1846, p.373).V. anobli ex. 3, anoblir ex. 1, noblesse ex. 11 et supra ex. 1:
3. M. le Maire est gentilhomme par sa femme, née demoiselle: voilà pourquoi il nous tutoie et rudoie nous autres paysans, gens de peu, bons amis pourtant de feu son père; il semble toujours avoir peur qu'on ne le prenne pour un de nous. S'il était noble de son chef, nous le trouverions accostable. Les nobles d'origine sont moins fiers, nous accueillent au contraire, nous caressent, et ne haïssent guère qu'une sorte de gens, les vilains anoblis, enrichis, parvenus. Courier,Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p.188.
En partic. Nouveau noble. Celui qui a été anobli et n'est pas noble de naissance, par opposition au gentilhomme. Tous les rangs se confondaient: la noblesse, la bourgeoisie, le peuple. On ne s'inquiétait pas de savoir si vous étiez comte ou baron, mais bon valseur. Allez donc trouver un abandon pareil de nos jours! Depuis qu'on fait tant de nouveaux nobles, −ils ont toujours peur qu'on les confonde avec la populace (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p.91).
b) [Hors de France] Qui appartient par naissance, fonction, élévation par le souverain, à une classe sociale jouissant de certaines prérogatives. Quatre jeunes gens des plus riches et des plus nobles familles de Rome les accompagnaient (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.449).
Emploi subst. En revêtant les fonctions de Prieur (1300), il trouva les nobles et les plébéiens rentrant en lutte sous les nouveaux noms de Noirs et de Blancs (Ozanam,Philos. Dante, 1838, p.64).Les citoyens libres étaient les nobles de l'antiquité (Taine,Philos. art, t.2, 1865, p.193).
2. [En parlant de qqc.]
a) Qui est propre aux nobles; qui leur est relatif. Sang noble. Était-il un vulgaire aventurier ou, ce qui semble plus certain, un bâtard de très noble naissance (...)? (Caron, Hutin, Alchimistes, 1959, p.27).
Garde-noble*.
b) Qui appartient à un noble, à une famille noble. Un colombier, une tourelle (...) indiquaient une demeure noble (Renan,Souv. enfance, 1883, p.26).Divers petits métiers, mais ambulants, passaient devant le noble hôtel de Guermantes (Proust,Prisonn., 1922, p.116):
4. Aussi (...) M. d'Orgel regretta-t-il fort peu de voir la place prise par les Allemands. Leurs officiers le traitèrent avec respect. Un nom noble leur en impose... Radiguet,Bal, 1923, p.32.
DR. FÉOD. Biens nobles. Biens tenus en fief. (Ds Littré, Guérin 1892, DG, Ac. 1798-1935). ,,Biens francs et exempts de charges, que les gentilshommes pouvaient seuls posséder. On disait dans le même sens Terre noble`` (Ac. 1935).
c) Qui est composé de nobles; qui est habité, occupé par des nobles. Il est toutefois certain que mes doctrines sur la liberté de la presse et contre le vasselage des étrangers donnèrent à la noble chambre cette popularité dont elle a joui tant qu'elle souffrit mes opinions (Chateaubr.,Mém., t.3, 1848, p.12).Aussi est-il nommé, malgré sa jeunesse, colonel d'un régiment de gardes-nobles (Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.128).Un quartier noble et riche (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Marquis de F., 1886, p.67).
Noble abbaye. Abbaye où l'on n'admettait que des nobles. (Ds Littré, Guérin 1892, DG).
Le noble faubourg. Le faubourg Saint-Germain, à Paris. J'y trouvai (...) environ deux douzaines de ces trochisques dont la conquête m'avait fait faire le voyage du noble faubourg (Brillat-Sav.,Physiol. goût, 1825, p.326).Il était devenu aussi assidu chez madame de Grandlieu que l'aurait été un dandy nouvellement admis dans les cercles du noble Faubourg (Balzac,Gobseck, 1830, p.382).Les amendes s'abattirent sur la presse d'opposition. Pour ne pas disparaître, les petits journaux légitimistes quêtèrent dans le noble faubourg (Coston,A.B.C. journ., 1952, p.19).
3. P. anal.
a) [En parlant de ce qui est naturel] Qui est supérieur au reste de la catégorie, de l'ensemble, de l'espèce; qui présente, possède certaines qualités considérées comme essentielles ou supérieures.
[En parlant d'animaux] Une dent de chaque côté ajoute beaucoup à la force d'un tel bec. C'est pourquoi les faucons, cresserelles et hobereaux passent pour des oiseaux nobles et plus courageux que les oiseaux de proie qui n'ont pas cette dent (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.194):
5. Un des chapitres les plus remarquables de l'immortel ouvrage de M. de Buffon est celui du cheval. Cet éloquent écrivain le représente comme la plus belle conquête que l'homme ait faite sur la nature; et personne, après avoir lu sa brillante description des moeurs de ce noble animal, ne s'étonne du rang que son historien lui assigne. Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.200.
[P. allus. à Buffon] La plus noble conquête de l'homme. Le cheval. Est-il besoin d'insister pour démontrer les avantages de propreté et d'économie que présente la traction électrique sur... «la plus noble conquête de l'homme», nous avons nommé le cheval? (Soulier,Gdes applic. électr., 1916, p.140):
6. ... il fut tout de suite regardé comme un animal supérieur et, dès sa domestication, affecté non aux besognes serviles du transport, mais aux aristocratiques occupations de la guerre. Quelle différence, en effet, entre «la plus noble conquête de l'homme» et le misérable onagre, qui n'est, après tout, qu'un âne sauvage! P. Rousseau,Hist. transp., 1961, p.22.
FAUCONN. Oiseaux de proies nobles. Oiseaux qui peuvent être dressés pour la chasse, le haut vol. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr.).
ÉQUIT. [En parlant du cheval] Qui a de la beauté dans les formes, surtout dans l'avant-main (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr.).
[En parlant de qqc.] Un corps radioactif est d'autant plus noble au point de vue électro-chimique qu'il est éloigné dans la série des désintégrations radioactives (Le Radium, 1912, p.356).Le goût d'Orsenna pour les matériaux massifs et nobles, pour les granits et les marbres (Gracq, Syrtes,1951, p.75).
OENOL., VITIC. Vin noble. Vin qui bénéficie d'une appellation d'origine contrôlée (d'apr. Ren. Vin, 1962). Cépage noble. Cépage dont est issu ce vin. Ceci peut être obtenu en poursuivant (...) l'amélioration de la qualité des cépages défectueux ou, ce qui revient au même, de la productivité des cépages nobles qui sont trop souvent abandonnés en raison de leur production trop faible (Levadoux, Vigne, 1961, p.121).
Gaz nobles. Gaz rares de l'atmosphère. (Dict. xxes.).
Métaux nobles. Métaux précieux comme l'or, l'argent, qui ne s'altèrent pas au contact de l'air, du feu. L'installation [de l'affinerie de M. M. Richard, à Lyon] comprend deux parties: une pour le traitement du cuivre, l'autre pour le traitement des métaux nobles (H. Fontaine,Électrolyse, 1885, p.304).[Le dépôt au trempé] présente peu d'intérêt pour les métaux réputés nobles (Gasnier,Dépôts métall., 1927, p.420).
ANAT., vieilli, littér. Parties nobles. Organes humains essentiels tels que le cerveau, le coeur, le foie et également les parties génitales. La colonne qui soutient, comme un temple, l'édifice animal, est vertébrée, les parois qui défendent les organes nobles, sont formées de côtes (Proudhon,Créat. ordre, 1843, p.102).Elle ne remarque pas (...) que le geste s'est opéré vers la droite, et non pas à gauche, où bat le noble viscère (Arnoux,Solde, 1958, p.212):
7. Le docteur est venu, a vu mon frère. Les blessures de la tête sont insignifiantes (...). Il n'en est pas de même des parties nobles (j'avoue que, lorsqu'elle [la supérieure de l'hôpital] parle des parties nobles [it. ds le texte], elle m'en fiche un bon coup)... Giono,Gds chemins, 1951, p.177.
Vieilli
Le genre (le plus) noble. En grammaire, le genre qui l'emporte sur un autre pour l'accord (en français, le masculin par rapport au féminin). (Ds Littré, Guérin 1892, Ac. 1935, Rob., Lar. Lang. fr.).
Noble-épine. Synon. de aubépine. (Ds Littré, Guérin 1892).
b) [En parlant d'un produit fabriqué ou d'une technique] Qui est d'une grande technicité; qui est d'un haut degré de perfectionnement. L'acquisition d'armes «nobles» qui transforment cette armée en instrument de prestige (Le Monde,29 oct. 1966ds Gilb. 1971).Les spécialités les plus «nobles»: électronique, mécanique, télécommunications (Le Monde,13sept. 1969ds Gilb. 1971).
B. − Au fig.
1. [En parlant de qqn, des sentiments et des actions d'un être humain] Noble ami; noble créature; noble vieillard.
a) Qui est exempt de vulgarité; qui dénote des sentiments élevés, qui a de la distinction dans son allure, son comportement, sa personnalité. Noble visage; nobles paroles. Cette physionomie, naturellement si noble, devint basse (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p.151).Saruilles resta au pressoir comme de coutume, empilant à la pelle sur la plate-forme les couches de raisins foulées au pied (...), et sa face rasée, une noble figure encore, au profil droit, s'animait devant l'abondance des fruits (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.100).
b) Qui est exempt de bassesse; qui a, qui manifeste de la dignité, de la générosité, de la grandeur dans sa pensée, dans sa conduite. Nobles âmes; nobles sentiments. Les grandes causes demandent des hommes supérieurs, de nobles coeurs, de grandes âmes. L'élévation de pensée et de caractère, voilà ce qu'il nous faudrait (Amiel,Journal, 1866, p.276).Le comte d'Orgel (...) n'acceptait jamais la moindre invitation, le moindre cadeau, sans le signe extérieur du plaisir, le propre d'une nature noble étant de ne pas imaginer que tout lui est dû, ou du moins de cacher qu'elle le croit (Radiguet,Bal, 1923, p.52):
8. Cet homme (...) se reprenait à croire au moins en la patrie. Il en faisait une religion, une foi. Il lui sacrifiait de bon coeur sa fortune, comme il lui eût donné sa vie. Il ne raisonnait plus, il se donnait. Et cela lui créait presque une morale. Il en devenait meilleur, plus noble. Toute sa conduite en changeait, comme celle un peu d'un nouveau converti. Quelle qu'elle soit, (...) une idée généreuse rehausse l'âme. Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.142.
THÉÂTRE. Père noble. Personnage d'un certain âge et de belle prestance, à l'air grave et imposant. Puis, se calmant, tâchant d'attraper une dignité de père noble (...) il ajouta... (Zola,Nana, 1880, p.1203).Bellechut conduisit directement Arthur à sa place et s'inclina vers son voisin, sexagénaire à l'allure de père noble (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p.76):
9. Il jouait les pères nobles, les ventrus, les rondeurs; mais il aurait voulu jouer les philosophes, les sentencieux, les saints, les sages et même les rois tragiques, les princes dépossédés. Par malheur, à peine entrait-il en scène, il produisait de merveilleux effets comiques. Duhamel,Suzanne, 1941, p.14.
2. [En parlant de qqc.]
a) Qui n'est pas trivial; qui est exempt de vulgarité; qui est naturellement élevé; qui dégage une impression de grandeur, de majesté. Mots nobles. [Le marquis d'Argenson] n'a pas d'élévation, au moins continue; il se passe à tout moment des trivialités d'expression qui font de son langage l'opposé du langage noble et digne (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.12, 1855, p.110).Notre costume est bien étroit et bien artificiel comparé à l'ampleur simple et noble du costume antique (Renan,Avenir sc., 1890, p.464).
Style noble. Style soutenu employant les termes élevés et rejetant tout mot considéré comme bas ou vulgaire. Anton. style bas, familier.Mots nobles. Les discours de M.Leuwen (...) n'étaient pas élevés, n'affectaient point de gravité, c'était du bavardage de société piquant et rapide, et M. Leuwen n'admettait jamais la périphrase parlementaire. −Le style noble me tuerait, disait-il un jour à son fils. D'abord, je ne pourrais plus improviser (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.230):
10. ... le milieu du siècle passé est une époque climatérique pour le style noble (...). On y voit dans les livres et les discours, se faire de plus en plus rare et de moins en moins tolérable, l'aveu explicite des sentiments les plus élevés. Il semble qu'une sorte de pudeur de nouvelle espèce leur interdise de plus en plus de se déclarer, cependant que les sensations, les passions, les intérêts matériels deviennent, au contraire, les objets exclusifs de la littérature... Valéry,Variété IV, 1938, p.169.
Le noble art. La boxe. (Ds Petiot 1982). La boxe (...) engage l'homme et le sanctionne dans une émouvante figure: le K.-O. Si certains y voient la plus bestiale atteinte à la dignité humaine, d'autres y trouvent une sensible expression esthétique. C'est dans ce dernier sens qu'on a pu parler de «noble art» (M.Rudetzki,La Boxe, Paris, P.U.F., 1974, p.5).
b) BEAUX-ARTS, ARCHIT. Qui a des lignes régulières; qui se distingue par l'élégance de ses formes, par l'équilibre de ses proportions et la simplicité de l'ornementation; qui a des caractères empreints de régularité, de majesté, d'ampleur. Lorsque l'ogive parut dans le monde, elle ne réussit d'abord à se faire employer que dans les églises du second ordre (...) c'était le plein cintre qu'on employait comme étant la forme noble (Stendhal,Mém. touriste, t.2, 1838, p.341).Le palais Vandramin est d'une riche et noble architecture (Gautier,Italia, 1852, p.276).
c) Perfectionné, d'excellente qualité, de haut niveau (d'apr. Gilb. 1980). Ce qu'on appelle le «tertiaire noble»: sièges sociaux, banques, universités, presse, etc. (Les Lettres fr., 1avr. 1970ds Gilb. 1980).Un lycée classique, avec l'éventail des sections «nobles», A, B, C et D (Le Monde,21janv. 1976ds Gilb. 1980).
d) Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est élevé, dénué de vulgarité; ce qui se distingue par sa qualité, sa pureté, son harmonie, sa majesté. Les anciens (Homère) ont souvent porté le familier dans le noble, et les modernes ont souvent porté le noble dans le familier, témoin La Fontaine (Chênedollé,Journal, 1807, p.26).Elle parlait avec dédain de ces filles du peuple comme ignorant le noble et le fin de la passion (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.6, 1863, p.176).Le dernier mot de la Renaissance avait été dit sous Louis XV, et une réaction s'était faite. On avait poussé le noble jusqu'au fade, et la pureté jusqu'à l'ennui. La pruderie existe en architecture (Hugo,Quatre-vingt-treize, 1874, p.171).
REM. 1.
Nobilissime, adj. et subst.a) Emploi adj., hist. romaine. Qualificatif honorifique porté par les membres de la famille impériale au Bas-Empire et par certains dignitaires auxquels l'empereur la décernait. (Dict. xixes. dont Ac. 1798-1878). b) Emploi subst. α) Hist. romaine. Titre inférieur à celui de césar, créé par Constantin au Bas-Empire et conférant à son titulaire le droit de porter la pourpre. Le nobilissime était inférieur au césar, il avait le pas sur le patrice (Ac.1798-1878). β) Hist. Celui qui devait à sa naissance, et non à son savoir, d'être premier de la licence ou du cours de théologie de Sorbonne. (Ds Ac. 1835, 1878, Littré, Guérin 1892).
2.
Noblifier, verbe trans.,péj. Synon. de ennoblir.Lorsqu'une fois on a écrit un trait de passion, il n'y a rien à corriger. Par exemple (...) après avoir écrit (...) en noblifiant la chose comme Shakespeare: «On dit qu'il est une noble race de chevaux», etc., il n'y a rien à ajouter ou à retrancher (Stendhal,Journal, 1805, p.40).
3.
Noblifieur, subst. masc.,rare. Celui qui noblifie. Le Puget a osé donner du ventre à son saint Sébastien (...) il a outré une bonne idée, par excès de mépris pour les noblifieurs (Stendhal,Mém. touriste, t.2, 1838, p.443).
Prononc. et Orth.: [nɔbl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Qui l'emporte, est au-dessus des autres par sa qualité, sa valeur, ses mérites A. 1. ca 1050 d'une personne (St Alexis, éd. Chr. Storey, 40: ...filie d'un noble Franc); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 467: Dient paien: ,,Noble baron ad ci!``); ca 1179 subst. nom propre (Renart, éd. M. Roques, 7: En la cort Noble le lion); 3equart xves. subst. (Georges Chastellain, Exposition sur vérité mal prise ds OEuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.6, p.311); 2. 1160-74 «(d'un cheval) franc, magnifique» noble palefroi (Wace, Rou, éd. A.J. Holden, II, 3038); 3. 1314 membre noble (Chirurgie de H. de Mondeville, 1900 ds T.-L.). B. D'un inanimé 1. a) ca 1165 noble chevalerie (Benoît de Ste-Maure, Troie, 28428 ds T.-L.); id. la noble cité de Troie (Id., op. cit., 22982, ibid.); 1280 fame de noble parage (Clef d'Amors, 250, ibid.); 1370-72 noble science (Oresme, Ethiques, Prol., éd. A.D. Menut, p.101); b) 1176 sepolture riche et noble (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 6043); 1174-87 nobles chastiax (Id., Perceval, éd. F. Lecoy, 6422); c) ca 1210 «inspiré, suggéré par la grandeur morale» noble contenance (Guiot de Provins, Bible ds OEuvres, éd. J. Orr, 1513); ca 1485 noble querelle (Mystére du viel Testament, éd. J. de Rothschild, 44304); d) 1370-72 langage noble (Oresme, op. cit., Prol., p.101); 1674 (Boileau, Art poétique, I ds OEuvres, éd. F. Escal, p.159: le stile le moins noble a pourtant sa noblesse); 2. 1360, 8 mai numism. v. noble2. II. Qui appartient à la classe de la société réputée éminente 1. a) 1216 (charte, Cambrai ds E. Tailliar, Recueil d'actes en langue wallonne, p.54: se ly bourgois ne paye au chevalier ou a noble homme...); xves. [ms.] noble homme d'assise, synon. de baron (Ordonnance dite de Jean II ds Établissements de St Louis, éd. P. Viollet, t.3, p.194); b) 1369-72 subst. (Chron. norm. du XIVes., éd. A. et É. Molinier, p.132 [1358]: En ce temps s'assemblerent les nobles de plusieurs contrées); 2. 1495, 16 mars en parlant d'une terre heritage noble (Coutume de Sens ds Nouv. coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.3, p.499b); 3.1509, 29 oct. garde noble (Coutume du bailliage de Troyes, ibid., p.240b). Empr. au lat. nobilis (de noscere «connaître» proprement «ce que l'on peut connaître»), de là 1 «connu; bien connu, fameux (d'une personne, d'une chose)»; p. ext.2 «de famille noble, de naissance noble, noble», subst. nobiles «les nobles, la noblesse» (la nobilitas comprenant les patriciens, les plébéiens arrivés aux magistratures curules et leurs descendants; v. Paulys Realencyclop. der classischen Altertumswissenschaft, t.17, 1937, col. 785 sqq.). De 1, le premier empr. I; II paraît plus spéc. empr. au lat. médiév., qui, d'abord employé en parlant de l'aristocratie de sang chez certains peuples germ. (501-518 Lex Burgundionum ds Nierm.), est devenu synon. de liber, ingenuus (720 Leges Liutprandi regis Langobardorum, ibid.), puis désigna la noblesse féodale (1012-23, ibid.); sur l'origine et l'évolution du mot nobilis à partir du ixes., v., entre autres, M. Parisse, La noblesse lorraine, XIe-XIIIes., thèse, Nancy, 1976, pp.228 sqq. Le synon. a. fr. nobile (ca 1100 nobilie, Roland, 3690; ca 1135 nobile, Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 593 ainsi que réd. C, 342) est, soit issu, par voie demi-savante, par l'intermédiaire de nobilie, d'une forme lat. *nobilius (Thomas A., Essais, p.79; Fouché, p.942), soit issu de nobilis avec changement d'accentuation à l'époque gallo-rom. (v. Vään., § 48), nobilie n'étant qu'une forme isolée (FEW t.7, p.160b).
DÉR. 1.
Noblaillerie, subst. fém.,péj. Désir de paraître noble; prétention à la noblesse (chez une personne qui n'est pas noble). Il y avait une touche de noblaillerie chez les Le Pesnel (Drieu La Roch.,Rêv. bourg., 1937, p.80). [nɔblajʀi]. 1reattest. 1937 id.; de noblaille «noblesse abâtardie» (1823, Boiste Add.); de noble11, suff. -aille*, suff. -erie*.
2.
Noblaillon, subst. masc.,péj. Personnage de petite noblesse ou de noblesse douteuse. Synon. péj. de nobliau.Il déclara aux jeunes paysannes qui connaissaient le plain-chant que l'on chanterait désormais des cantiques (...) poussé par les noblaillons du crû, il enleva de ce village cette senteur de hameau moyen âge qu'il exhalait (...) et il transforma ce pays (...) en un lieu comme un autre où l'on brailla dans l'église des rigaudons (Huysmans,Oblat, t.2, 1903, p.6).L'empire des noblaillons légitimistes et des curaillons ultramondains (Arnoux,Roi, 1956, p.305).[nɔblɑjɔ ̃], [-a-]. 1reattest. 1874 terme de mépris (Lar. 19e), 1903 (Huysmans, loc. cit.); de noblaille, v. noblaillerie, suff. -on1*.
BBG.Dub. Pol. 1962, p.353. _Duch. Beauté 1960, pp.133-134. _Gougenheim (G.). Le Sens de noble et de ses dér. chez R. de Clari. Rom. Philol. 1950, t.3, pp.270-272. _Reinh. 1963, p.76. _Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.273.