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NEZ, subst. masc.
I. − Saillie médiane du visage située au-dessus de la lèvre supérieure et qui, en le surplombant, recouvre l'orifice des fosses nasales (lesquelles constituent le segment supérieur des voies respiratoires et renferment l'organe de l'olfaction). Aile(s), cloison, poils, racine du nez; trous de nez. Rien n'est oublié dans ses figures [de Denner], ni les rayures de la peau, ni les marbrures imperceptibles des pommettes, ni les points noirs éparpillés sur le nez (Taine,Philos. art, t.1, 1865, p.24).J'ai un bouton sur le nez! (Feydeau,Dame Maxim's,1914, iii, 2, p.57):
1. Enfin, le malade étant couché, on lui demande de réaliser certains gestes, tels que porter le talon sur le genou opposé, de mettre le doigt sur le bout du nez ou sur le lobule de l'oreille. Le malade hésite au cours de tous ces mouvements, regarde l'extrémité du membre qu'il doit viser, et le plus souvent manque le but proposé. Quillet Méd.1965, p.353.
A. − [Le nez en ce qui concerne sa forme, son apparence, les gestes qui lui sont associés] Appendice plus ou moins important, donnant sa particularité à la physionomie. Nez mutin, spirituel, rouge; grand, gros, petit nez; fracture du nez; pincer, tordre le nez. Elle a le nez cassé (Hist. Fr. par chans.,1792, p.101).M. Pelletan se passe la main dans les cheveux. M. Jaurès les a dans les poches, et M. Coutant se fourre les doigts dans le nez (Barrès,Cahiers, t.5, 1906, p.18):
2. Son visage au nez retroussé, aux joues un peu molles, trahissait un coeur et une chair hantés par des rêves de soumission. Beauvoir,Mandarins,1954, p.164.
SYNT. Nez aquilin, bourbon, bourbonien, bourgeonnant, brillant, busqué, camard, camus, crochu, droit, enluminé, épaté, fleuri, grec, luisant, mince, pointu, romain; large, long nez; se casser, s'essuyer, se frotter, froncer le nez; avoir des lunettes sur le nez; mettre des lunettes, un lorgnon, un binocle sur son nez.
Anneau dans le nez. Porter un anneau dans le nez, avoir le nez orné d'un anneau. L'anneau dans le nez fut sans doute un signe de servitude, comme il est encore pour les taureaux. Il se peut que les belles captives qui le portaient en aient fait à la longue une espèce de signe de beauté et même de puissance (Alain,Propos,1913, p.161).
Faux nez, nez postiche, nez de cuir. Pièce de carton ou d'autre matière, imitant le nez. J'ai souvent eu envie de lire mon portrait dans un de tes livres, et bien ressemblant sous un de ces noms bizarres que tu trouves et qui ont l'air d'un faux nez (Valéry,Corresp. [avec Gide], 1896, p.256).
P. méton.
Nez percés (les). [P. réf. à des Amérindiens du nord-ouest des États-Unis qui portaient dans la cloison du nez un ornement en coquille] Mes gens qui sont allés chez les nez percés ne portent pas leurs ceintures à la façon des nez percés (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.192).
Arg. Nez-gras. ,,Israélite`` (Le Breton 1960). En affaires, faut jamais s'attaquer aux nez-gras, ils sont trop marioles (Le Breton 1960).
[P. allus. littér. ou hist.] Le nez de Cléopâtre. «La face du monde eût changé», dit Pascal. Mais il ne suffit pas de penser: «Si le nez de Cléopâtre eût été plus court» (Gide,Faux-monn.,1925, p.1163).La tirade du nez (ds Rostand, Cyrano, 1898, i, 4).
Locutions
1. Loc. nom. (exprimant des formes ou des couleurs caractéristiques). Nez en trompette, nez en patate (fam.), nez de pompette(s) (d'ivrogne), nez de betterave (enluminé). Quant à Daumier, que nous voyons pour la première fois, ce sont de longs cheveux blancs rejetés derrière l'oreille, un peu à la Béranger, une figure pleine et blanche, deux petits yeux très noirs, un petit nez en pomme de terre (Goncourt,Journal,1860p.777).
Nez en bec d'aigle, en bec d'oiseau de proie, de faucon, de vautour, en bec de chouette (v. bec A II 1 a).
Nez en bec de canard. ,,Saillie disgracieuse au niveau de l'arête nasale cartilagineuse. Synon. nez de corbin`` (Méd. Biol. t.3 1972).
Nez en lorgnette. ,,Difformité du nez résultant de l'effondrement de sa partie osseuse, son extrémité paraissant s'enfoncer dans la racine, avec les narines dirigées en avant`` (Méd. Biol. t.3 1972). Synon. nez en selle*.
Nez en pied de marmite. Synon. du précédent.Une femme, en robe havane, dansait. Un caractère de bestialité échauffée, une sorte de chèvre canaille; une tignasse en désordre, de grands yeux écartés, un nez en pied de marmite (Goncourt,Journal,1865, p.142).
2. Loc. verb.
Fam. Avoir la goutte* au nez.
Pop. Avoir un nez dans lequel il pleut. Avoir un nez trop retroussé. (Ds Delvau 1866).
Fam. Avoir le nez dessus, avoir le nez sur qqc. Être tout prêt. Dans le rang, on ne voit rien: parfois, quand on a le nez dessus à la suite d'un remous, on est bien forcé de discerner le fer-blanc d'une gamelle (Barbusse,Feu,1916, p.69).
CHIR. ESTHÉT. Faire, refaire un nez. [Le médecin] a dû me regarder trois minutes. «Votre pointe de nez est disgracieuse, l'opération est d'une très grande simplicité». Il me fera donc un nez au pied levé (Le Monde dimanche,27 juill. 1980, p.4, col. 3).
Fam. Faire un pied de nez. Contrefaire, par moquerie, un nez allongé, à l'aide d'un geste de la main. Comme j'appelle le chien, le vieux se retourne, croit que c'est lui que j'appelle, que je lui fais un signe, peut-être un pied de nez (Renard,Journal,1900, p.581).P. méton. Pied de nez. Moquerie. Une double intrigue, cela rentrait dans la meilleure tradition. Quel pied de nez aux puissances funèbres! (Romains,Hommes bonne vol.,1939, p.193).
Pop. [Loc. signifiant «se saouler, être ivre»]
Avoir le nez dur. ,,Être gris`` (Larchey, Dict. hist. arg., 2eSuppl., 1883, p.108). [«] Puisque t'as si souvent le nez dur, T'as bien fait de prendr' ton claque. [»] (Le Divorce du Savetier, ch.[anson] 183...) (Larchey, Dict. hist. arg.,2eSuppl.,1883,p.108).Se noircir, se piquer le nez. C'est lui [le fils de Dieu] qui dit au sublime que si il se pique le nez, il se le pique proprement (...); il est moins ivrogne que les sublimes (Poulot,Sublime,1872, p.98).Avoir un verre, un trou dans le nez. Quand il était ému, et voulait m'embrasser, il devait avoir un verre dans le nez (Montherl.,Célibataires,1934, p.912).Se saouler le nez. Une bêtise, mais on s'était soûlé le nez toute la nuit dans une auberge de Rouilleux (Aymé,Jument verte,1933, p.56).
3. Proverbe ,,Jamais grand nez ne gâta beau visage`` (Ac. 1935; dict. xixeet xxes.). Un défaut léger ne compromet pas la beauté de l'ensemble.
B. − [Le nez en ce qui concerne sa fonction] Organe de l'olfaction, concourant, en livrant passage à l'air, à l'accomplissement de la respiration et de la phonation. Respirer, inspirer, expirer par le nez; avoir le nez bouché; saigner du nez.
1. [Le nez et l'odorat] Fritz, sachant que Sûzel n'avait jamais dansé qu'avec lui, sentait comme de bonnes odeurs lui monter au nez (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz,1864, p.196).Ils ont le nez fin, les chouans! Ils flairent une tranche de gigot à une lieue du manche (Vallès,Réfract.,1865, p.9).Mettons-nous à table. Vous allez le voir abouler; il a le nez creux, il sent la boustifaille de loin (Zola,Assommoir,1877, p.451).
Loc. adv. Sentir à plein nez. Sentir sans doute possible. La chambre, avec son satin de coton, son immense lit, les glaces, sentait à plein nez la maison de rendez-vous (Triolet,Prem. accroc,1945, p.82).
P. méton. Le nez (d'un vin). ,,Ce que le vin exprime à l'odorat; ses arômes, son bouquet`` (Gault-Millau, Le Nouv. Guide, févr. 1984, p.21).
2. [Le nez et la parole] Ton, voix de nez. Il paraît même, ajouta madame Dumanoir, changeant tout à coup son expression et prenant un ton de nez fort dévot, il paraît que M. Darcy a pris soin qu'on la convertît (Mérimée,Double mépr.,1833, p.56).Pourquoi, au premier signe de la duchesse (...) disant tout haut de sa voix de nez: «Je m'assomme, partons!», pourquoi le duc était-il tout de suite debout... (A. Daudet,Pte paroisse,1895, p.43).
Loc. verb. Parler du nez. C'est fou ce qu'il peut y avoir de monde qui rampe sur le paillasson un tas de gens connus des gens qui sont quelqu'un des journalistes des hommes de main (...) le veilleur de nuit les écoute ils parlent... ils parlent du nez... de la pluie et du beau temps mais ils parlent surtout argent (Prévert,Paroles,1946, p.145).
3. [Le nez et la respiration] Le fait est que ça, vraiment, empestait à tel point qu'on se bouchait le nez et qu'on crachait comme si l'on eût avalé quelque médecine (Cladel,Ompdrailles,1879, p.293).
4. [Le nez et l'habitude de priser] Ils s'asseyaient, les mains nouées entre les genoux, les vieux, les priseurs au dessous du nez noir comme de la poix (Pourrat,Gaspard,1930, p.180).
C. − P. anal.
1. [Chez les animaux]
a) Partie supérieure de l'extrémité du museau chez certains animaux. Vous ressemblez à un chat qui vient de tremper le nez dans la jatte de crème (Bernanos,M. Ouine,1943, p.1453).Les lapins remuaient leur nez en le regardant (Simenon,Vac. Maigret,1948, p.94).
[Chez les chevaux]
Bout du nez. ,,Partie de la lèvre supérieure située sous les narines`` (Lar. Lang. fr.).
Expr. Porter le nez au vent. Lever la tête très haut. (Dict. xixeet xxes.).
Rem. P. anal. (Aller) le nez au vent s'emploie couramment, en parlant de qqn, pour signifier «en flânant». Synon. nez en l'air. Je l'ai vue, pendant l'entr'acte, arriver, le nez au vent, humant l'air, criant: «Ça sent l'amour! Ah! Comme j'aime cette musique!...» (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1477).
Nez de renard. Masque fauve au pourtour du nez chez un cheval de robe foncée (d'apr. Cass.-Moir 1979).
[Chez les insectes] ,,Partie de la face de l'insecte à laquelle s'articule le labre souvent nasiforme`` (Séguy 1967).
b) Odorat, qualité essentielle du chien de chasse. Sautecoeur: (...) les gendarmes (...) faut pas que ce soit trop malin (...) Ils ont déjà la loi pour eux (...) Si les chiens se mêlent d'avoir autant de nez que les lièvres (...) alors, il n'y a plus de bon Dieu (A. Daudet,Obstacle,1891, p.203).Ce sont des chiens courants, sélectionnés, d'une vigueur et d'un «nez» admirables (Vialar,Rendez-vous,1952, p.253):
3. Il y a des chasseurs qui, dans cette saison, commencent à quêter au lever du soleil, sans s'inquiéter de la rosée; ils abîment le nez de leurs chiens... La Hêtraie,Chasse, vén., fauconn.,1945, p.154.
Nez fin. ,,Chien qui chasse avec succès pendant la chaleur et dans la poussière`` (Duchartre 1973). Chien de haut nez. Chien qui chasse le nez haut pour capter à distance les émanations, ou chien doué pour requérir sur «le haut du jour» (d'apr. Duchartre 1973). Grand nez. ,,Chien courant ou d'arrêt dont la puissance olfactive n'est pas annulée par temps défavorable`` (Duchartre 1973).
2. [Le nez dans les Beaux-Arts] Mesure proportionnelle adoptée par les peintres et les sculpteurs, faisant le tiers de la face (d'apr. Jossier 1881).
D. − Au fig.
1. Loc. adv. À vue de nez. Approximativement. À quoi peut se monter la dépense à vue de nez? (Balzac,C. Birotteau,1837, p.99).
2. Loc. verb.
Avoir du nez ou avoir le nez creux. Synon. avoir du flair, être perspicace.Moi, dit Trublot, je me suis méfié. Elle était trop chic (...) Et quel nez j'ai eu: Eugénie a fini par être flanquée dehors (Zola,Pot-Bouille,1882, p.264).Encore ai-je eu le nez creux de mettre deux autres billets de cent francs et quatre passe-partout sous le carreau descellé de ma chambre. Je ne pense pas qu'on les ait trouvés (H. Bazin,Vipère,1948, p.158).
Fam. Avoir qqn dans le nez. En vouloir à quelqu'un, avoir de l'aversion pour quelqu'un. Toujours est-il qu'il [Leconte de Lisle] m'a comme on dit, dans le nez à ce titre qu'il a (...) dit parlant de moi: Ah ça, il vit toujours celui-là! (Verlaine,OEuvres compl., t.4, Mes hôp., 1891, p.343).
Fam. Gagner les doigts dans le nez. Gagner avec beaucoup de facilité. Voir Carabelli, [Lang. sportif], s.d.
Fam. Mener qqn par le bout du nez, par le nez. Faire faire à quelqu'un ce que l'on veut, avoir une grande influence sur quelqu'un. Les Brissotins te mènent par le nez, ils te tiennent le bandeau sur les yeux (Marat,Pamphlets, MeJ. Pétion, 1792, p.345).Votre «jeune fille» devait être une roublarde qui vous menait par le bout du nez (Cocteau,Parents,1938, iii, 1, p.270).
Fam., vieilli. La moutarde monte au nez de qqn. Quelqu'un va se mettre en colère. Le Duc: Est-ce qu'il faut longtemps pour défaire des malles? Gabrielle, sentant la moutarde lui monter au nez: Hein! Mais je ne sais pas! Ça dépend! (Feydeau, Dame Maxim's,1914, iii, 3, p.58).
Mettre à qqn le nez dans son caca (pop.), dans son/ses ordure(s), dans sa merde (vulg.). Faire honte à quelqu'un. On le disait d'origine turque et naturalisé, ce qui ne l'avait pas empêché d'écrire à Barrès, qui lui avait mis le nez dans son ordure, qu'il était −ah mais! −«trois fois Français!» (L. Daudet,Brév. journ.,1936, p.29).
Fam. Ça lui pend au bout du nez. Cela risque de lui arriver. [Une Italienne:] (...) marié, dame! il craint ce pauvre vieux, ce qui pend au nez de tous les vieux (Balzac,Cous. Bette,1846, p.406).
Fam. Si on lui pressait le nez il en sortirait (encore) du lait. [Se dit en parlant de quelqu'un qui manque d'expérience] Vertu de ma vie! Des galopins qui étaient bien en nourrice! Si on leur pressait le nez, il en sortirait du lait (Hugo,Misér., t.5, 1862, p.828).
Pop. (Le bout de) votre nez remue. Vous mentez. Don Rodrigue: Je lui attache le nez pour qu'il dise la vérité. C'est par le nez que passent tous les mensonges. C'est pour cela qu'on dit aux enfants: le bout de ton nez remue (Claudel,Soulier,1929, 4ejournée, 2, p.859).
Fam. (Lui) tirer les vers du nez. Obtenir de quelqu'un, par la parole, une information qu'il ne souhaite pas donner:
4. Ils tentaient de lui tirer les vers du nez. −Nous, on ne demande qu'à travailler avec vous... Ni Boivert ni moi ne connaissons la ville... Enfin... Bref... Devant le mutisme de Maigret, l'homme ne savait plus que dire. −Ce sera comme vous voudrez, quoi!... Mais sûrement que ces messieurs du Parquet savent que vous êtes ici... Simenon,Vac. Maigret,1948, p.104.
Fam. Ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Manquer de clairvoyance. Cette obligation où il [Ialdabaoth] s'est mis de concilier avec sa prescience la liberté des hommes et des anges le jette constamment dans des difficultés inextricables et des embarras terribles. Il ne voit jamais plus loin que le bout de son nez (A. France,Révolte anges,1914, p.292).
Proverbe, pop. Il vaut mieux laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez. Certains remèdes sont plus graves que les maux. (Dict. xixeet xxes.).
II. − P. méton. L'ensemble du visage, la figure ou la personne toute entière. Le vieux restait le nez sur son assiette (Dabit,Hôtel Nord,1929, p.233).
Loc. adv.
Au nez, au nez et à la barbe. Sous les yeux de quelqu'un, souvent avec l'intention de le narguer. Elle (...) jouait au tric-trac avec (...) quelque militaire, qui lui fumait sa pipe au nez (A. France,Dieux ont soif,1912, p.253).
Rire au nez de qqn. Se moquer de quelqu'un en sa présence, ne pas croire ce qu'affirme quelqu'un. Cette richesse fabuleuse, les gens de ce petit pays ne voudraient pas croire qu'il la possède vraiment. Et, quand il parlerait de ses milliards, on lui rirait au nez (Larbaud,F. Marquez,1911, p.166).
Sous le nez. De tout près. J'ai regardé sous le nez tous ces prétendus parents qui viennent des quatre coins de l'Allemagne reconnaître en lui un fils disparu à la guerre... Aucun ne lui ressemble! (Giraudoux,Siegfried,1928, i, 1, p.10).
Nez à nez. Synon. face à face.Une grande et belle fille, sûr. On s'est trouvé nez à nez tous deux, aussi couillon l'un que l'autre, parole. Mais je l'ai perdue aussi vite, elle a remonté vers le château, moi vers la charrette, voilà (Bernanos,Crime,1935, p.780).
Loc. verb.
Baisser le nez. Baisser la tête souvent en signe de honte ou de confusion. On couvrait votre retraite, répondit Dandieu. Pinette rougit et baissa le nez (Sartre,Mort ds âme,1949, p.167).
Lever le nez. Lever la tête. Ne pas lever le nez. Ne pas quitter un travail, une occupation; adopter une attitude d'indifférence. Pourquoi pleures-tu? (...) Mais lève donc le nez, Mouchette; c'est une affaire enterrée (Bernanos,Soleil Satan,1926, p.79).Arsène fauchait sans lever le nez, car la besogne exigeait une attention soutenue (Ayméds Pt Rob.1977, s.v. lever).
Mettre le nez dehors. Sortir. −Tu devrais tout de même sortir un peu, dit-il. −Sortir? Dit-elle avec l'air de tomber des nues. −Oui; mettre le nez dehors, voir des gens (Beauvoir,Mandarins,1954, p.283).
Montrer (le bout de) son nez. Sortir timidement ou commencer à se montrer. (Dict. xixeet xxes.).
Au fig., fam.
Se bouffer, se manger le nez. Se quereller. Ils aiguillèrent vers les Tuileries les haines des légitimistes et des orléanistes qui, jusque-là, s'étaient contentés de se bouffer le nez entre eux. Ils mirent tout en oeuvre pour diminuer et déprécier les souverains français, alors que l'impératrice les avait accueillis avec confiance et abandon (Gyp,Souv. pte fille,1928, p.274).
Se casser le nez, se cogner le nez (vieilli). Ne pas trouver quelqu'un chez lui. Celui-ci [M. Octave] avait dit aux deux messieurs qu'ils seraient toujours sûrs de le trouver le jeudi après-midi; les autres jours ils risquaient fort de se casser le nez (Montherl.,Célibataires,1934, p.777).P. ext. Subir un échec. Synon. se casser* la figure.
Qqc. passe/file sous le nez de qqn. Quelqu'un manque une occasion. Avant quinze jours, il me sera passé sous le nez, l'héritage... (Bernanos,Mauv. rêve,1948, p.972).Dépêche-toi d'écrire cette lettre, ou ce voyage va te filer sous le nez (Beauvoir,Mandarins,1954, p.213).
[P. allus. à la chanson pop. J'ai du bon tabac] Ce n'est pas pour ton nez (vieilli). Ce n'est pas pour toi. Synon. pour ta pomme* (pop.)[Bette, à Wenceslas:] (...) car vous vous en passerez encore pendant quelque temps, d'amourettes, et surtout de ma cousine, cher ami. Ce n'est pas du gibier pour votre nez (Balzac,Cous. Bette,1846, p.58).
Faire un nez, un drôle de nez. Faire une tête, une drôle de tête. Elle [soeur Philomène] a l'air bonne fille (...). Elle ne vous fait pas un nez comme il y en a (Goncourt,Soeur Philom.,1861, p.117).
Région. (Belgique). Faire de son nez. ,,Afficher des manières prétentieuses`` (Baet. 1971); (ds A. Doppagne, Les Région. du fr., Gembloux, Duculot, 1978).
Fermer la porte au nez de qqn. Refuser de le recevoir, de l'accueillir. (Dict. xixeet xxes.).
Fourrer son nez dans les affaires de qqn; fourrer, mettre son nez partout. S'occuper de ce qui ne vous regarde pas. Synon. fouiller, fouiner, s'immiscer partout:
5. J'ai vu, de mes yeux vu, pendant la guerre, l'infortuné Charles Humbert, alors directeur du Journal, trembler de tous ses membres à la pensée que «ces messieurs de là-bas», comme il disait, pourraient, en cas de désobéissance, fourrer le nez dans ses affaires. L. Daudet,Brév. journ.,1936, p.109.
Jeter qqc. au nez de qqn. Rappeler violemment quelque chose de désagréable à quelqu'un. M. de Béranger descendit de Passy pour me dire en chanson, sous le règne de ses amis, ce qui se passait dans les geôles au temps des miens: il ne pouvait plus me jeter au nez la Restauration (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.94).
Mettre le nez dans qqc. Commencer à faire quelque chose. J'ai mis le nez dans les Nouvelles russes; j'en ai lu deux: le Fataliste et Doubrowski, qui m'ont fait passer des moments délicieux (Delacroix,Journal,1853, p.106).
III. − P. anal.
A. − CHASSE. [Chez le cerf] ,,Partie sexuelle de l'animal`` (Duchartre 1973).
B. −
1. Partie saillante située à l'avant de quelque chose. Dans les avions le nez du moteur peut être déporté à droite ou à gauche: ceci permet de corriger le couple moteur sans agir sur la dérive (Guillemin,Constr., calcul et essais avions,1929, p.207):
6. Des nudités nuageuses se forment et se déforment en rêve (...). Comme un jardinier qui, par une blanche matinée d'avril, crève du nez de son sabot les toiles d'araignées tendues sur les allées, je brise des virginités, sans remords. À moi les lèvres framboisées! Renard,Écorn.,1892, p.24.
2. Spécialement
a) AVIATION. Partie située à la pointe du fuselage d'un avion. Les mécaniciens peignent un poireau à côté des petites bombes du palmarès sur le nez de l'avion (J. Roy ds Lar. Lang. fr.).
Piquer du nez. Exécuter une descente très rapide, le nez incliné vers le sol. Et l'avion piqua du nez dans un fracas sans limites (Malraux,Espoir,1937, p.618).
b) GÉOGR. Promontoire avancé d'une falaise. Synon. cap.Nous allons à la belle maison, à la pointe qui domine la croix du lac, regarde de face le lac de Stans, derrière Küssnacht. De côté, les deux nez de l'enfoncement profond des deux lacs qui mènent à celui d'Uri (Michelet,Journal,1856, p.313).
c) MAR. ,,Extrémité supérieure de l'étrave qui se prolonge souvent pour former en cet endroit une bitte d'amarrage`` (Barber. 1969). Synon. proue.[Un bateau de pêche] prenait son élan, entrait au port, et tandis que ses voiles s'abattaient avec douceur, il venait adroitement toucher la cale de son nez, sa vitesse morte (Renard,Écorn.,1892p.77).
Donner du nez:
7. Qu'est-ce que tu veux, je sortais le Redoutable pour la première fois. J'étais très fier de moi, tout seul sur la passerelle. J'avais envie de faire un éclat. Avoue que c'est drôle aussi, que ce n'est pas naturel pour un marin, ce bateau de guerre qui passe son temps à donner du nez le long des vasières quand on pourrait aussi bien prendre la mer par le travers. Gracq,Syrtes,1951, p.67.
Piquer du nez. [En parlant d'un navire] Enfoncer l'avant dans les lames par gros temps. Les couchettes étaient larges et bien disposées, de grands hublots donnaient une belle lumière et, lorsque l'Étoile-des-Mers piquait du nez, la houle montrait son oeil vert derrière le verre (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.38).
Nez romain. ,,Forme d'avant fréquent dans les yachts modernes`` (Soé-Dup. 1906).
d) MENUIS. Fermoir à nez rond. Ciseau à entailler. Il y a le fermoir ordinaire et le fermoir à nez rond (Nosban,Manuel menuisier, t.2, 1857, p.264).
e) RELIURE. ,,Imperfection du volume relié, lorsque les feuilles ne sont pas exactement alignées par la tête`` (Comte-Pern. 1963).
f) TECHNOLOGIE
Nez de marche. Barre de fer ou de laiton qui protège les marches et évite de glisser. Les prix [des socles de marches] comprennent les entailles profilées pour le nez des marches (Robinot,Vérif. métré et prat. trav. bât., t.2, 1928, p.175).
[Dans le bâtiment] ,,Petit bec ayant la forme d'un nez, soudé sur un tuyau de descente [de gouttière] pour faire reposer celui-ci sur son collier de soutien`` (Barb.-Cad. 1963; dict. xixeet xxes.).
,,Petite saillie en terre que l'on ménage sur l'un des petits côtés d'une tuile plate pour l'accrocher à la latte`` (Chabat t.2 1876).
g) TYPOGR. Pour mieux figurer l'embrassement, les deux parties qui constituent l'accolade sont incurvées en proportion de leur longueur et réunies au centre par un angle minuscule dit le nez (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr.,1932, p.172).
C. − P. métaph. Quant aux traductions et aux pièces de théâtre, je serai là-dessus aussi coulant que l'on voudra, parce que, jusqu'à présent, je n'ai point vu le nez d'une seule traduction et que le fameux droit de traduction réservé, inscrit à la première page de tous les bouquins modernes, me paraît une amère plaisanterie, une décevante blague (Flaub.,Corresp.,1865, p.26).
REM. 1.
Nez(-)de(-)chien,(Nez de chien, Nez-de-chien) subst. masc.,vx. a) Pop. ,,Mélange de bière et d'eau-de-vie, ce qui procure une prompte intoxication; aussi dit-on, pour: être ivre, avoir le nez de chien`` (France 1907). b) Région. Variété de hérisson. Il s'agissait d'un nez-de-cochon, que les rabouins distinguent de la variété [des hérissons] nez-de-chien et font cuire à l'étouffée dans la glaise (H. Bazin, Vipère,1948, p.122).
2.
Nez(-)de (-)cochon,(Nez de cochon, Nez-de -cochon) subst. masc.a) Arg. milit. ,,Cagoule, masque contre les gaz`` (Esnault, Notes compl. Poilu, [1919] 1957). b) Région. Variété de hérisson. (Ds Rob. Suppl. 1970). V. supra H. Bazin, loc. cit.
3.
Nez(-)de (-)chat, Nez(-)de(-)chats,(Nez de chat, Nez-de -chat, Nez de chats, Nez-de-chats) subst. masc.a) Bot. Nom vulgaire de la lépiote élevée. Synon. coulemelle.Il mit l'eau à la bouche de tout le conseil général en discourant une heure durant sur les morilles, les bolets, les nez-de-chat et les oronges (Arène,J. Figues,1870, p.33).Les bois sont pleins d'oronges, de bolets, de nez-de-chats. Goûtez-vous les champignons? (Morand,Homme pressé,1941, p.39).b) Région. (Jura). α) ,,Vent frais du Nord-Ouest`` (Villen. 1974). β) ,,Sobriquet donné (...) à une personne, surtout à un enfant difficile sur la nourriture`` (France 1907).
4.
Nez coupé, subst. masc.,bot. Faux Pistachier, dont les graines présentent une cicatrice qui a valu ce nom à l'arbuste (d'apr. G. Nicholson, S. Mottet, Dict. pratique d'hortic. et de jard., Paris, G. Doin, 1939, p.122). V. aussi cache-nez et pince-nez.
Prononc. et Orth.: [ne]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. né. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) Ca 1100 «organe saillant de la face, siège de l'odorat» (Roland, éd. J. Bédier, 1646: Tresqu'al nasel tut le elme li fent, Trenchet le nés e la buche e les denz); b) 1176-81 «mufle» (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, 3437); 2. 1121-34 pendre devant le nés «menacer» (Philippe de Thaon, Bestiaire, 146 ds T.-L.); xiiies. [ms.] pendre au nés (Proverbes français, éd. J. Morawski, var. du no355, v. note p.99); 3. fin du xves. tirer les vers du né (Moralité de pouvre peuple, 452 ds Mél. Lommatzsch, 1975, p.170); 4. 1559 [éd.] se laisser mener par le nez (Amyot, Vie des hommes illustres grecs et romains, Caton, t.1, fo237 ro); 5. 1585 ne pas regarder plus loin que le bout de son nez (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.2, p.26); 6. 1640 faire un pied de nez à qqn (Oudin Curiositez); 7. 1821 à vue de nez (Desgranges, Petit dict. du peuple, p.99); 8. 1857 se manger le nez (Goncourt, Journal, p.322); 9. a) 1858 faire son nez, avoir le nez long «faire triste mine, avoir l'air confus» (Larch., p.614); b) 1949 belgicisme faire de son nez (Hanse); 10. a) 1872 se piquer le nez «s'enivrer» (Poulot, loc. cit.); b) 1934 avoir un verre dans le nez (Montherl., loc. cit.). B.1. 1550 fourrer le nez quelque part (Bonivard, Chroniques de Genève, I, 211 ds FEW t.7, p.32a); 2. 1585 fermer la porte au nez à (qqn) (Noël du Fail, op. cit., t.2, p.97); 3. a) 1608 [éd.] au nez de (qqn) (Regnier, Satyre, IX, 22 ds OEuvres, éd. G. Raibaud, p.93); b) 1852 à son nez et barbe (Humbert, Nouv. gloss. genev., p.57); 4. 1660 nez à nez (Oudin Fr.-Esp.); 5. 1821 avoir (qqn) dans le nez «en vouloir (à quelqu'un)» (Ansiaume, Arg. bagne Brest, fo5 ro, § 14). II. 1. 1572 «sens de l'odorat» (Budé, Traicté d'aulcuns mots et maniere de parler appartenans à la vénerie, p.21 d'apr. FEW t.7, p.30b); 2. 1587 avoir bon nez «avoir de la sagacité, du flair» (Cholières, Les Apresdisnées, II ds OEuvres, éd. P.Lacroix, t.2, p.64). III. 1. 1573 «proue» (Dupuys, s.v. beaupré); 2.1831 géogr. «cap» (Will.); 3. 1903 nez de gouttière (Nouv. Lar. ill.); 4.1911 aéron. piquer du nez (Lar. mens., déc. II, 277b ds Quem. DDL t.16, s.v. piquer). Du lat. nasus «nez d'homme; sens de l'odorat; finesse du goût; moquerie; goulot d'un vase, anse». Le belgicisme faire de son nez vient prob. du sud-néerl. van «de» zijn «son» neus «nez» maken «faire» (cf. Baet. Pensées 1971). Au sens III 2, empr. au norv. naes de même sens (Falk-Torp). Fréq. abs. littér.: 7055. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4499, b) 12701; xxes.: a) 14376, b) 10712. Bbg. Quem. DDL t.4, 5, 14, 15, 21 (s.v. nez à pompette). _Renson (J.). Les Dénominations du visage en fr. et dans les autres lang. rom. Paris, 1962, pp. 468-469.