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MÉCONNAISSABLE, adj.
Dont l'aspect a été modifié, qui a subi des transformations au point de ne plus pouvoir être reconnu. Des images sculptées aujourd'hui méconnaissables. On distingue vaguement quelques draperies, un bras par-ci, une jambe par-là, mais il serait bien difficile, sinon impossible, de reconstituer les sujets que le temps a effacés pour toujours (Du Camp, Hollande, 1859, p.230).L'écriture était bien celle de Jacques, mais méconnaissable, déformée par la hâte et la fièvre, tantôt violente et appuyée, tantôt tremblée comme celle d'un enfant (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p.837).Alors une bouffée d'air frais entre dans le compartiment et l'on entend la voix rauque d'un haut-parleur qui profère des syllabes méconnaissables (Butor, Modif., 1957, p.40).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. On a causé de la vie future, du méconnaissable avec lequel la pensée de l'homme veut faire connaissance, de la survie possible de l'homme (Goncourt, Journal, 1878, p.1258).
[La transformation est jugée négative] Le corps de Zacharie parut enfin. Les vêtements avaient brûlé, le corps n'était qu'un charbon noir, calciné, méconnaissable. Broyée dans l'explosion, la tête n'existait plus (Zola, Germinal, 1885, p.1555).Agnès parut, la figure rougie et boursouflée, méconnaissable, laide à faire honte et peur (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p.105).La fille si ferme, si sage, parut tout à coup un autre être, méconnaissable avec sa face creusée, douloureuse, les longues bouderies, le rire aigu, discordant (Bernanos, M. Ouine, 1943, p.1354).
[La transformation est jugée positive] Ça n'est pourtant pas une Vénus. − Il paraît qu'elle était encore bien plus moche à vingt ans; mais elle s'est arrangée pour se rendre méconnaissable (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.184):
. J'ai promis d'être exemplaire, obéissant, courageux, attentif, sincère, reconnaissant, scrupuleux, de ne plus jamais mentir, ni voler surtout, de ne plus mettre les doigts dans mon nez, de revenir méconnaissable, un vrai modèle, d'engraisser, de savoir l'anglais, de ne pas oublier le français, d'écrire au moins tous les dimanches. Céline, Mort à crédit, 1936, p.247.
Rem. On relève la constr. (être) méconnaissable à qqn. Ainsi restaurée, toujours en cachemire jaune, Bette eût été méconnaissable à qui l'eût revue après ces trois années (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.148). Ces changements (...) qui ont profondément modifié le monde et l'ont, en quelques années, rendu méconnaissable aux yeux des observateurs qui avaient assez vécu pour l'avoir vu bien différent (Valéry, Variété III, 1936, p.255). Cette constr. est concurrencée par la constr. méconnaissable pour qqn. La comtesse sortait, le visage couvert d'un voile blanc, méconnaissable pour tout le monde, excepté pour moi (Dumas fils, Ami femmes, 1864, iv, 2, p.152). L'amour (...) peut prendre chez lui [le mélancolique] mille formes diverses qui le dénaturent, et devenir entièrement méconnaissable pour des yeux qui ne sont pas familiarisés à le suivre dans ses métamorphoses (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.385).
Prononc. et Orth.: [mekɔnεsabl̥]. Ac. 1694 et 1718:mesconnoissable; 1740-1798: méconnoissable; dep.1835: méconnaissable. Étymol. et Hist. 1. Début du xives. «inconnu» (Ovide moralisé, éd. C. De Boer, VII, 2779); 2. fin du xvies. mescognoissable à «qui a subi des altérations ou des transformations au point de ne pouvoir être reconnu» (Brantôme, Cap. franç., Le grand roy François [III, 124] ds Hug.); 1639 méconnaissable (Corneille, L'Illusion comique, Epître ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.2, p.431). Dér. de méconnaître*; suff. -able*. Cf. aussi mescognoissable «ingrat» (xves. ds Gdf.). Fréq. abs. littér.: 285. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 204, b) 468; xxes.: a) 325, b) 591.