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MURAILLE, subst. fém.
A.− Mur épais, généralement élevé, résistant et qui constitue le côté d'un édifice, une clôture. Abattre, étayer une muraille. D'autres [temples] ne présentaient plus que des restes encore debout, des colonnes isolées, des pans de muraille inclinés et des frontons démantelés (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 186).Elle monta dans sa chambre et se jeta sur son lit, le visage tourné contre la muraille, étouffant dans les oreillers ce besoin de crier, qui était plus fort que tout (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 270).V. borner ex. 7 :
1. Tout d'un coup, au bout d'un sentier, ils se trouvèrent en face d'un obstacle, d'une masse grise, haute, grave. C'était la muraille (...). Alors, ils la suivirent en courant, pris de panique. Elle restait sombre, sans une fente sur le dehors. Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1413.
Couleur (de) muraille. Couleur sombre qui se confond dans l'obscurité avec celle des murs. On ne meurt élégamment que dans ce costume-là [le costume de mousquetaire]. Mettez-le! Voici tout d'abord un long manteau couleur de muraille (Achard, Voulez-vous jouer,1924, i, 3, p. 63).
Passe-muraille. V. passe- A 2.
SYNT. Énorme, épaisse, forte, haute, immense, longue, solide, vieille muraille; muraille de brique, de pierre; crête, faîte, paroi, pied, sommet de la muraille; élever, démolir, percer une muraille; longer, raser la muraille; s'adosser, s'appuyer à la muraille.
Expr., loc. et proverbes
La muraille pousse. ,,Elle bombe et menace ruine`` (Ac. 1835-1935).
[En concurrence avec mur A 2 qui est plus usité]
Entre quatre murailles. Enfermer entre quatre murailles. Quelle nuit que la première que l'on passe emprisonné entre quatre murailles! (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 392).J'aime l'été, moi, on peut s'asseoir sur l'herbe, faire des parties de campagne, on n'est pas renfermé entre quatre murailles (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 182).
Battre les murailles (vieilli). Être ivre :
2. ... d'autres [soldats] (...) ayant tout seuls, plusieurs heures, traîné dans la nuit opaque des chemins de ronde, se payaient le plaisir de rentrer à la chambre en se flanquant à froid les quatre fers en l'air et en battant extraordinairement les murailles, histoire de dire le lendemain : − Vrai alors, c'que j'ai bossé, hier! Courteline, Train 8 h 47,1888, p. 249.
ESCR. Tirer à la muraille (Ac. 1835, 1878; Littré).
Se briser, se casser la tête contre la muraille. Se tuer de désespoir. Ne me privez pas de votre voix, ou (...) je me brise la tête contre la muraille, et vous aurez ma mort à vous reprocher (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 180).
Proverbe. Les murailles ont des oreilles. Le malheur ou le bonheur, c'est le secret des murailles; les murailles ont des oreilles, mais elles n'ont pas de langue : si l'on est heureux avec une grande fortune, Danglars est heureux (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846p. 328).
B.− Souvent au plur. [Correspond à mur B] Fortification d'un château fort, d'une ville. Muraille antique; défendre, escalader, forcer, franchir, saper une muraille; maisons adossées à la muraille; ceinture de muraille; créneau des murailles. Vieille forteresse entourée de murailles crénelées et flanquées de tourelles à mâchicoulis (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 16).Ville qui se protégea par des fossés profonds et de hautes murailles (A. France, Île ping.,1908, p. 420).
[P. méton.; souvent avec le poss.] Ville. Ainsi jadis les Troyens défendirent leurs murailles contre la fureur conjugale de Ménélas (Mussetds Le Temps,1831, p. 47).
Murs défensifs élevés pour empêcher les invasions. La longue muraille, bâtie par Thémistocle, qui unissait la ville au Pirée (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 128).
Grande muraille (de Chine). Muraille monumentale de plus de cinq mille kilomètres élevée dès le iiiesiècle avant Jésus-Christ pour arrêter les invasions des Tartares. Parlerai-je de la Suède, d'Hilsingland, etc...? Je dirai : là où sont les runes... De la Chine? Je dirai : où est la fameuse muraille (Chénier, Amérique,1794, p. 83).
P. métaph. ou au fig. Ainsi s'élève une muraille de Chine entre ce qui résulte de l'esthétique et ce qui dénonce une éthique, depuis les simples tics jusqu'aux manies morales, les vices du sexe ou de l'âme (Cocteau, Crit. indir.,1932, p. 115).
C.− P. anal.
1. Obstacle naturel qui s'élève à une grande hauteur. Muraille de granit; muraille d'un précipice, d'une falaise. Les réchappés de ce grand naufrage ont des souvenirs terrifiants. Cette muraille de glace qui se montre au hublot (Alain, Propos,1912, p. 131).Les charmilles étaient faites de murailles de verdures aussi hautes que les tours (Pourrat, Gaspard,1931, p. 125).La grande muraille rocheuse de la Maurienne (Larbaud, Journal,1934, p. 311).
2. Personnes formant un front de défense. Les Tarentins, conduisant deux chevaux accouplés, relevaient aux deux bouts cette muraille de soldats (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 167).
3. Spécialement
a) ANAT. ANIMALE. ,,Partie visible du sabot quand le pied du cheval est au sol. La muraille comprend la pince, les mamelles, les quartiers et les talons`` (Cass.-Moir. 1979).
b) MAR. Partie extérieure de la coque d'un navire située entre la flottaison et le plat bord. Pour rendre le navire capable d'une forte cargaison, on avait dû hausser démesurément la muraille (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 101).
D.− P. métaph. ou au fig.
1. [Correspond à mur D 2] Obstacle difficile à franchir. Muraille épaisse qui sépare les deux sciences [alchimie et chimie], obstacle infranchissable à ceux qui sont familiarisés avec les méthodes et les formules chimiques (Fulcanelli, Demeures philosophales,t. 1, 1929, p. 150).
2. [Correspond à mur D 3] Personne insensible, inébranlable. J'ai fait plusieurs tentatives. Rien à faire. Papa, c'est une muraille. On ne peut rien contre lui. Une muraille. Il est impossible. Il est effrayant. Il a plus de cinquante ans et il ne songe qu'aux femmes, ou plutôt il ne songe qu'à la femme (Duhamel, Terre promise,1934, p. 59).
REM.
Muraillette, subst. fém.,muraillon, subst. masc.Petite muraille. Un grand lézard vêtu de perles, buvant du soleil sur le plat d'une muraillette (Arène, Veine argile,1896, p. 260).Alors, les garçons se sont cachés à l'abri d'un muraillon (Arnoux, Chiffre,1926, p. 119).
Prononc. et Orth. : [myʀ ɑ:j]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1200 « ensemble de murs épais, mur fortifié, mur d'enceinte » (Bueve de Hantone, éd. A. Stimming, I, 6974 : De Monbranc virent les tours et les pilers, Les grans murailles et les palais listés); spéc. 1758 (Voltaire, Essai sur les mœurs, I, éd. R. Pomeau, t. 1, p. 211 : La grande Muraille qui séparait et défendait la Chine des Tartares...); 2. 1346 « mur haut et épais entourant un espace, un bien foncier » (Archives adm. de la ville de Reims, éd. P. Varin, t. 2, 2epartie, p. 1126). B. P. anal. 1. 1773 mar. (Bourdé de La Villehuet, Manuel des marins : Muraille du vaisseau... Côté du Navire depuis la flottaison jusqu'en haut); 2. 1833 (Balzac, Méd. camp., éd. M. Allem [Garnier, 1961], p. 128 : Un côté du chemin déjà atteint par l'ombre, représentait une vaste muraille de feuilles noires); 1840 anat. animale (Ac. Compl. 1842). Dér. de mur*; suff. -aille*, v. FEW t. 13, 3, p. 245b; cf. le lat. médiév. muralia, subst. neutre plur. « murailles », 873 ds Nierm. A a évincé le dér. masc. en -ail*, a. fr. murail « id. » (1119, Philippe de Thaon, Comput, 666 ds T.-L. : les muralz de Rume). Fréq. abs. littér. : 3 532. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 903, b) 8 597; xxes. : a) 4 671, b) 3 420.