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MORUE, subst. fém.
A. −
1. Grand poisson de mer du genre gade, vivant dans les eaux froides et faisant l'objet d'une pêche intensive et d'un commerce important. Un banc de morues; morue fraîche, salée; morue séchée (synon. merluche, stockfisch); filets de morue; brandade de morue. D'autres (...) tâchent d'attraper dans leurs filets des saumons pour les gourmets et de la morue pour les pauvres (Flaub.,Corresp.,1846, p.360).À la campagne et même dans bien des villes éloignées des centres de production, les seules espèces [de poissons] consommées régulièrement étaient le hareng saur ou la morue salée (Boyer,Pêches mar.,1967, p.103):
. C'est à deux ou trois lieues de terre et par un fond variable de cinquante à cent brasses que se fait la pêche de la morue. Celle que l'on pêche sur les côtes d'Islande est très estimée, sa chair étant plus blanche que celle de la morue de Terre-Neuve. Gaimard,Voy. Islande,1852, p.42.
COMM., PÊCHE
Morue franche. Morue fraîche, cabillaud. (Dict. xixeet xxes.).
Morue sèche. Morue salée et séchée. On donne souvent le nom de merluche à la morue sèche et à la morue salée (Baudr.Pêches1827, p.316).
Morue blanche. Morue séchée rapidement et salée (d'apr. Ac. Gastr. 1962).
Morue noire. Morue séchée lentement (d'apr. Ac. Gastr. 1962).
Morue verte. Morue simplement salée et non séchée. Les détailleurs font dessaler la morue verte dans de l'eau douce, et ils la coupent par tronçons, les petites en trois et les grandes en quatre (Baudr.Pêches1827, p.333).
Poignée de morues. ,,Deux morues attachées ensemble`` (Lar. 19e-Lar. encyclop.).
PHARM. Huile de foie de morue. V. huile I A 3 a.
2. [Suivi d'un adj. ou d'un compl. déterminatif pour désigner, dans la lang. commune, diverses espèces de poissons]
Morue longue. Lingue, molve (infra rem. 2).
Morue noire, morue de saint-Pierre. Églefin. Sur nos côtes on pêche aussi la morue ou églefin (Lar. mén.1926).
B. − P. anal. (de forme). Queue(-)de(-)morue. V. queue.
C. − Pop. et péj.
1. Prostituée. On l'a vu [un étudiant] tenir de grands discours à de petites morues effarées qui ne savaient que lui répéter le prix de la passe (...). Un type foutu! (Magnane,Bête à concours,1941, p.37).
2. [Comme terme d'injure à l'adresse d'une femme] Oui, oui, je vas te dessaler, grande morue! (Zola,Assommoir,1877, p.397).Vous ne m'aviez pas dit que c'était cette morue immonde qui jouait! (...) Il est, à la lettre, au-dessus de mes forces de voir une telle singesse pendant deux heures d'horloge (Montherl.,Lépreuses,1939, p.1400).
P. plaisant., en emploi adj. Mauvais, pervers. Les étoiles c'est tout morue!... Méfie-toi avant de t'embarquer (Céline,Mort à crédit,1936, p.681).V. garce II B.
REM. 1.
Molue, subst. fém.Poisson du genre gade, variété de morue. Dans d'autres espèces du même genre, telles que la morue, la molue et la merluche (Cuvier,Anat. comp.,t.5, 1805, p.278).V. aussi prononc. et orth.
2.
Molve, subst. fém.Poisson osseux de la famille des Gadidés. La grande morue barbue ou morue longue est la molve ou lingue (lota molva) (Lar. 20e, s.v. morue).
3.
Moruefier, verbe trans.,hapax, p. plaisant. Sécher comme une morue. Au-dessus de l'une des fenêtres, le toit de la terrasse s'étendait, et j'y disposais mes effets. Le soleil de juillet (...) avait vite fait de les moruefier (Jammes,Mém.,1922, p.152).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀy]. Att. ds Ac. dep. 1694. Littré: ,,La prononciation a longtemps hésité entre molue et morue qui a prévalu``; Rob.: ,,Var. anc. et dial.: molue``; Ac. Gastr. 1962: ,,On peut (...) remarquer que morue se dit en maint pays molue, qui est assez proche de merluche et de merlus``; Rob. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.: molve, var. de morue. V. supra rem. 2. Étymol. et Hist. 1. a) 1260 ichtyol. morue (Etienne Boileau, Métiers, 271 ds T.-L.); b) xves. [éd.] mollue (Viandier Taillevent, éd. J. Pichon et G. Vicaire, p.95); 2. 1849 «prostituée» (Esn.). Peut-être issu d'un type prélittér. *molus ou *morlus, composé du celt. mor «mer» et de l'a. fr. lus, luz «brochet», v. merlu (FEW t.5, pp.436-437). Cf. aussi moruel, dimin. de morue, att. dès le xiies. (Glossaire de Tours, 328 ds T.-L.), muluel (ca 1140, Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, 443, ibid.). L'ex. de 1036 de moluel, dér. de molu(e), gén. avancé pour étayer cette étymol., est tiré du cartulaire de Saint-Vaast d'Arras, éd. Van Drival (cité ds Fagniez t.1, p.57), publié d'après une copie du xvies. (v. H. Stein, Bbg. gén. des cartulaires fr., no208 bis). Fréq. abs. littér.: 154. Bbg. Quem. DDL t.8.