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MORTIFIER, verbe trans.
A. −
1. MÉD., PATHOL. Altérer, provoquer la décomposition (d'un tissu). Les cautérisations ignées, en mortifiant les tissus, sont plus nuisibles qu'utiles (G.-H. Roger dsNouv. Traité Méd.fasc. 2 1928, p.500).
Emploi pronom. La gangrène est cet état dans lequel une partie commençant à se mortifier, sa sensibilité diminue et s'éteint, et sa couleur extérieure change (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p.320).
Au part. passé. Chair mortifiée. En cas d'atteinte isolée de l'émail, la thérapeutique consiste à obturer l'orifice de la carie après excision du tissu mortifié (Quillet Méd.1965, p.178).
2. ART CULIN. Attendrir une viande en la battant, en la faisant rassir; faisander un gibier. Mettre de la viande à l'air, la battre pour la mortifier (Ac. 1835, 1935). Ce faisan n'est pas encore assez mortifié (Ac. 1835, 1935). Le lapin de garenne (...) n'est pas très-bon fraîchement tué; il le faut un peu mortifier et aromatiser sa cuisson (Viard, Cuisin. roy., 1831, p.204).
P. plaisant. M. de Vergnes (...) répondit (...) que quant aux soupirants, une année de plus les mortifierait et qu'ils en seraient plus tendres (Feuillet, Sybille, 1863, p.153).
3. Meurtrir, mettre à mal. Bientôt, mortifié des durs bâtons de sa chaise, il se leva et dut se choisir une occupation, un lieu où il eût sa raison d'être ce soir dans cet océan mesquin de Paris (Barrès, Barbares, 1888, p.252).La Pologne, elle, ne s'est pas laissée mortifier, elle ne s'est pas laissée écraser (Jaurès, Eur. incert., 1914, p.238).
B. −
1. Dans le vocab. de la relig. et de la mor. Infliger une souffrance (au corps ou à l'âme) dans un esprit de pénitence ou dans un souci d'élévation spirituelle (v. macérer II). Mortifier sa chair, ses sens; mortifier ses passions, son orgueil. L'emploi de la souffrance volontaire, comme moyen de réprimer, ou, pour parler le langage ascétique, de mortifier, d'anéantir, les appétits déréglés (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p.149):
1. ... ce sont des familles déjà constituées qui se défont et dont les membres, rendus à eux-mêmes, n'usent de leur liberté que pour mortifier leurs corps, amortir leurs sens, refréner jusqu'à l'exercice même de cette raison par laquelle ils sont hommes. Gilson, Espr. philos. médiév., 1931, p.111.
Emploi pronom. réfl. Tu jeûnes, tu t'agenouilles, tu te mortifies, mais y a-t-il de la pureté dans le jeûne? Pourquoi la prosternation serait-elle sainte? (Flaub., Tentation, 1849, p.240).Jacques II (...) était un prince imbu de vraie religion, il se mortifiait par la laideur de ses maîtresses (Hugo, Homme qui rit, t. 1, 1869, p.184):
2. Je serai moi-même dussé-je en mourir. Je ne renoncerai rien; je n'étoufferai aucun de mes désirs, mais je les satisferai tous aussi souvent que je pourrai (...). Je ne me mortifierai pas, mais je vivrai en sensualité. Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.150.
2. Mortifier qqn, mortifier l'orgueil de qqn. Faire souffrir quelqu'un dans son amour-propre; blesser, humilier, vexer. Sténio voulait à tout prix mortifier l'orgueil de Lélia. Ne pouvant le briser, il voulait au moins le tourmenter (Sand, Lélia, 1839, p.517).Il fallait l'autorisation de Robert. Il me l'a refusé brutalement, avec des paroles très dures, disant que je ne faisais cela que pour le mortifier, lui faire la leçon, lui faire honte (Gide, École femmes, 1929, p.1308).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀtifje], (il) mortifie [mɔ ʀtifi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1remoitié xiies. «faire mourir, tuer» (Psautier Oxford, éd. F. Michel, 36, 34 [lat. occidere]); 2. fin xiies. sens réfl. terme de spiritualité «mourir à soi-même, en union avec la croix du Christ» (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p.161, 18); xiiies. mortefiier sa char (Vie de Ste Elisabeth de Hongrie, ds Œuvres de Rutebeuf, éd. A. Jubinal, 1839, t. 2, p.380); 3. 1636 «humilier quelqu'un» (Monet, p.574 a); id. part. passé adj. (ibid.: Mertifié, hontoié avec aigreur). B. 1. Fin xve-xvies. alchim. «modifier la forme extérieure d'un mixte» (Traicté d'alchymie, 256 ds Roman de la Rose, éd. Méon, t. 4, p.215); 2. 1552 réfl. «[en parlant d'un tissu animal] se décomposer, se gangréner» (Paré, éd. J. Malgaigne, X, 14, t. 2, p.213 b, note 1); 3. 1588 [viandes] mortifiées (Montaigne, Essais, III, XIII, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p.1081). Empr. au lat. mortificare, dans la langue chrét. «tuer, mettre à mort» [spirituellement, par opposition à vivificare, «faire mourir»; à l'emploi passif «être mort à, délivré de (lege, vitiis...)»]; spéc. «mortifier, réprimer [opera carnis, voluntatem]», se mortificare; à l'époque médiév. [mordificare] méd. «déterminer la gangrène» (1150) et alchim. (xiiies. ds Latham). Fréq. abs. littér.: 246. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 333, b) 396; xxes.: a)325, b) 352.