Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
MONNAIE, subst. fém.
A. − Pièce d'alliage ou de métal de titre, forme et poids caractéristiques, frappée sur l'avers et le revers d'une empreinte particulière, et garantie par l'autorité d'émission comme moyen légal d'échange, de paiement et d'épargne. Monnaie fourrée*; fausse monnaie; monnaie de bronze, de cuivre, d'argent. Deux de mes grands oncles avaient rang de souverains et des monnaies à leur effigie sont au musée du Louvre (Villiers de L'I.-A.,Corresp.,1873, p.179).J'ai fouillé sur le rivage de l'océan un tumulus inviolé; j'y ai trouvé, selon la coutume, des haches de silex, des épées de bronze, des monnaies romaines (A. France,Île ping.,1908, p.3):
1. Sans qu'il soit encore permis de résoudre ce problème, nous rappellerons que, d'après les traditions de l'antiquité, l'invention de la monnaie d'or était attribuée aux Lydiens. J. Déchelette,Manuel archéol. préhist., celt. et gallo-rom.,t.2, 1914, p.406.
Hôtel de la Monnaie, des monnaies, ou simplement, La Monnaie. Établissement d'émission et de frappe des médailles et monnaies. (Dict. xixeet xxes.).
Battre, frapper (de la) monnaie. Fabriquer des pièces de monnaie. Ainsi il continuait à battre de la monnaie d'or et d'argent, tandis qu'il n'était permis à un vassal que de frapper de la monnaie de cuivre (Barante,Hist. ducs Bourg.,t.2, 1821-24, p.17).
P. métaph. Une comédienne au luxe accoutumée Bat aisément monnaie avec sa renommée (Augier,Aventur.,1848, p.208).Voilà Lamartine qui bat monnaie avec les rêves de sa jeunesse (Sainte-Beuve,Poisons,1869, p.88).
Rem. Monnaie de papier, fausse monnaie se prêtent volontiers à des emplois métaphoriques. La philantropie est la fausse monnaie de la charité (Chateaubr., Congrès Vérone, t.1, 1838, p.79). La notion de mécanismes, de formes, est l'or qui garantit la monnaie de papier des concepts scientifiques (Ruyer, Esq. philos. struct., 1930, p.234).
B. − DR. CIVIQUE. ,,Instrument légal assurant l'exécution des obligations de sommes d'argent et servant d'étalon de valeur pour l'estimation des biens n'ayant pas d'expression pécuniaire`` (Jur. 1974). Monnaie constante, flottante; monnaie étalon. La monnaie métallique n'a aucune place, aucune raison d'être, dans l'état collectiviste (Zola,Argent,1891, p.305).La Brige: Remarquez que je vais vous signer les billets, payables après-demain matin. Monsieur Saumâtre: Je n'accepte pas cette monnaie. La Brige: Pourquoi? Elle en vaut une autre (Courteline,Client sér.,Hortense couche-toi! 1894, ii, p.79).Il faut attendre 1926 pour que les Chambres procèdent à un simple réajustement des droits, conséquence de la dévaluation de la monnaie et de l'augmentation générale du coût de la vie (Stocker,Sel,1949, p.110).
Monnaie fiduciaire*.
Monnaie scripturale. ,,Monnaie immatérielle permettant d'opérer par virement le transport d'une somme du débit d'un compte au crédit d'un autre sans emploi d'aucune monnaie réelle`` (Banque 1963).
Monnaie de compte. ,,Valeur admise comme unité dans les comptes, mais qui n'est pas représentée par une monnaie réelle en circulation`` (Banque 1963).
En compos.:
2. Il avait été fabriqué pour 45 milliards d'assignats tombés à rien. Le Directoire se décida à brûler solennellement la planche qui servait à les imprimer, mais, se trouvant sans ressources, remplaça ce papier-monnaie par un autre, les mandats territoriaux, qui eurent aussitôt le même sort. Bainville,Hist. Fr.,t.2, 1924, p.90.
En partic. Unité monétaire particulière ayant cours dans un pays donné ou dans une communauté économique. Monnaie faible, forte; monnaie européenne; monnaie qui se dévalorise; stabilisation d'une monnaie. La monnaie française perd beaucoup au change en Italie, n'emporte donc que ce qu'il te faut pour le voyage (Flaub.,Corresp.,1851, p.133):
3. Comme l'Union soviétique était obligée de faire, pour certains produits, des achats à l'étranger, on a dû établir une équivalence entre la monnaie russe et les monnaies étrangères: celles-ci ayant changé de valeur, le rouble dut s'adapter à ces modifications. Lesourd, Gérard,Hist. écon.,1966, p.453.
Expr. fig.
(C'est) monnaie courante. Chose habituelle, pratique courante. Je me force pourtant à regarder en face cette dénonciation: nous avons vécu dans des temps où une infamie de cet ordre fut monnaie courante (Mauriac,Mém. intér.,1959, p.92).
Payer en monnaie de singe (fam.). Faire des grimaces, des plaisanteries au lieu de payer; ne pas s'acquitter d'une dette. Lousteau s'habituait à voir sa besogne faite par Dinah, et il la payait comme dit le peuple dans son langage énergique, en monnaie de singe (Balzac,Muse départ.,1844, p.222).
Expr. proverbiale. La mauvaise monnaie chasse la bonne. Quand deux valeurs sont en concurrence, la meilleure disparaît. Les conditions de la vie moderne tendent inévitablement, implacablement à égaliser les individus, à égaliser les caractères; et c'est malheureusement et nécessairement sur le type le plus bas que la moyenne tend à se réduire. La mauvaise monnaie chasse la bonne (Valéry,Variété III,1936, p.225).
C. − Ensemble de pièces et de billets de faible valeur. Menue, petite monnaie; ne pas avoir un sou de monnaie; passez la monnaie; monnaie d'appoint. Aurélie: Que te dit le conducteur du tramway si tu es longue à trouver ta monnaie? Constance: Il m'engueule, comme dirait Gabrielle (Giraudoux,Folle,1944, ii, p.121):
4. ... le mâle, un gamin, pipe au bec, lisait l'Humanité indifférent à sa compagne qui, tout en sirotant un lait chaud, s'amusait, seule, à polir ses ongles, à compter sa monnaie, à inspecter ses quenottes dans sa glace de poche et à observer du coin de l'œil les nouveaux venus... Martin du G.,Thib.,Sorell., 1928, p.1172.
Au fig. [Pour désigner ce qui a peu de valeur] Mais après tout, c'est un peu la petite monnaie de la gloire! (Goncourt,Journal,1887, p.686).À chaque manifestation des conservateurs (de 1875 à 1914), le radicalisme (...) a resserré d'un cran l'écrou administratif (...). Ces bonshommes en rébellion contre une douzaine de sergents de ville (...) c'était là cette race servile, la monnaie humaine qui passe de main en main (Bernanos,Gde peur,1931, p.ii).
Rendre la monnaie; (rendre) la monnaie sur/de telle ou telle somme. Donner une somme d'argent correspondant à la différence entre la valeur d'une pièce ou d'un billet et le prix d'une marchandise. Il faut que je fasse les comptes du chocolat. À vendre ça dans la bousculade de la récrée, tous les jours je m'y perds quand je rends la monnaie. J'y suis de ma poche (Montherl.,Ville prince,1951, ii, 2, p.888).
P. métaph. Le ton insolite de sa voix fait dresser toutes les têtes; c'est une discordance. Il ne sait pas rendre de monnaie; veut-il riposter, il tire de sa poche de l'or et pas de sous (Renan,Avenir sc.,1890, p.467).
Expr. fig. Rendre à qqn la monnaie de sa pièce. User envers quelqu'un des mêmes mauvais procédés; se venger de. Son frère n'a cette fois pas trop bien réussi dans ses calculs, et ne peut se féliciter de sa sagesse. Mais il a l'air de craindre qu'on ne s'aperçoive de sa mortification et qu'on ne lui rende la monnaie de sa pièce (Amiel,Journal,1866, p.290).
Faire de la monnaie; faire la monnaie de x francs. Échanger une grosse coupure contre son équivalent en coupures ou en pièces de moindre valeur. Quand la concierge fut en haut, elle lui dit, en lui tendant le billet: − M'ame Minet, vous voudriez aller me faire de la monnaie (Druon,Gdes fam.,t.1, 1948, p.98).
Loc. fig. Monnaie d'échange*.
D. − P. ext., pop. Synon. de argent.Le trou avait beau se creuser dans la monnaie, elle [Gervaise] tenait, de son air raisonnable, avec son tranquille sourire, les comptes de cette débâcle de leurs économies (Zola,Assommoir,1877, p.151).
REM.
Menouille, subst. fém.,arg. et pop. Monnaie, argent. La menouille en poche, on revient au rendez-vous [à l'assommoir] (Poulot,Sublime,1872, p.149).
Prononc. et Orth.: [mɔnε]. Ac. 1694, 1718: -noye, 1740-1798: -noie, dep. 1835: -naie. Delille, Poés. fugit., 1807, p.226; Suarès, Voy. Condottière, t.2, 1932, p.56 et t.3, 1932, p.86: -noie. Étymol. et Hist. 1. 1170 monoie «argent» (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2062); 1216 monnoie (Guillaume Le Clerc, Fergus, éd. E. Martin, p.108, 24); spéc. 1181-90 monoie «pièce de métal servant aux échanges, frappée par une autorité souveraine» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 5761); ca 1245 monnoie «droit de battre monnaie» (Philippe Mousket, Chron., éd. de Reiffenberg, 1118); 1671 monoie «lieu destiné à la fabrication des monnaies» (Pomey); a) ca 1230 monnoie dou païs (Eustache le Moine, 57 ds T.-L.); 1296 monae corante (Dolo, A. Côtes-du-Nord ds Gdf. Compl.); b) 1297 bone mousnoie (Revenus des terres de l'Art., A.N. KK 394, fo8 ds Gdf. Compl.); 2emoitié xiiies. fig. fausse monoie (Les vers du monde ds Nouv. Rec. de Contes, éd. A. Jubinal, t.2, p.126); c) 1305 monoye blanche (Lettre patente, 19 mai ds Ordonnances des rois de France, t.1, p.430); 1653 fig. payer en la même monnaie «donner une chose équivalente, de même nature» (Th. Corn., L'Amour à la mode, I, 1 ds Littré); 2. 1365 petite monnoie «ensemble de pièces de faible valeur» (Oresme, Traictié des monnoies, éd. L. Wolowski, p.15); fin xives. «ensemble de pièces représentant la valeur d'une seule pièce» (Froissart, Chron., éd. L.Mirot, III, § 19, 2); 3. 1690 (Fur.: Il y a deux sortes de monnoyes, l'une réelle, comme sont toutes les espèces qui ont cours; l'autre imaginaire et de compte, inventées pour la facilité du commerce, ou de la supputation). Du lat. Moneta, d'abord «mère des muses», surnom de Junon, puis nom du temple qui lui était dédié à Rome et où l'on fondait la monnaie, d'où les sens «hôtel de la monnaie» et «argent monnayé», également att. en lat. médiév. au sens de «droit de battre monnaie» (ca 820 ds Nov. Gloss.). L'étymol. pop. a rapproché à tort Moneta de monere «avertir», v. Ern.-Meillet. Fréq. abs. littér.: 1677. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3737, b) 1809; xxes.: a) 1724, b) 1931. Bbg. Bambeck (M.). Galloromanische lexikalia aus volksprachlichen mittelalterlichen Urkunden. In: [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p.64 (s.v. monnoie). _ Quem. DDL t.10.