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MIEL, subst. masc.
A. − Matière visqueuse, qui se solidifie avec le temps, de couleur blonde, plus ou moins parfumée, sucrée, élaborée par les abeilles à partir du nectar des fleurs, qu'elles dégorgent de leur jabot dans les rayons de la ruche pour constituer leur nourriture pour l'hiver et qui, récoltée par l'homme, sert à sa consommation. Miel délicieux; miel d'acacia, de lavande; bonbon au miel; pot, rayons de miel. On ne sait pas encore par quelle alchimie le miel se transforme en cire dans le corps plein d'énigmes de nos mouches suspendues (Maeterl.,Vie abeilles,1901, p.129).Les muses de ce temps bourdonnent au-dessus des latrines des maisons de correction. Je songe aux abeilles qui faisaient leur miel sur les lèvres de Platon endormi (Mauriac,Bloc-notes,1958, p.135):
1. Les abeilles ont un premier estomac membraneux et transparent, pointu en avant, large et bilobé en arrière; c'est là que se travaille le nectar des fleurs, et qu'il se change en miel. Cet estomac paroît en être le réservoir, et elles déposent ce suc précieux dans leurs ruches en le vomissant. Cuvier,Anat. comp.,t.4, 1805, p.136.
Loc. adj. Couleur de miel. D'une couleur jaune, transparente, blonde, ambrée. L'air est couleur du miel. Le rire d'un enfant perce la cour aride (Toulet,Contrerimes,1920, 152).Le sable, au lever du jour, est couleur de miel. J'étais heureux aussi de cette couleur de miel (Saint-Exup.,Pt Prince,1943, p.483).
Miel blanc, miel vierge. Celui qui coule des gâteaux de miel exposés au soleil, p. oppos. au miel jaune ou brun, moins recherché, qui est extrait sous l'action d'une plus forte chaleur ou par pression à chaud. Le miel qui s'écoule des gâteaux porte le nom de miel vierge (Deschamps d'Avallon,Compendium pharm. prat.,1868, p.726).Le Limousin, la Creuse fournissent (...) des miels d'un rouge brun, dits miels de Sarrazin, moins appréciés que les miels blancs (Boullanger,Malt., brass.,1934, p.656).
Miel indien, miel de roseau. Synon. vx de sucre. (Ds Littré).
Miel (de miellat*). Il est hanté par tout ce qui vole. Les abeilles l'assiègent dès l'aurore, s'enivrant du miel distillé par ses feuilles (Pesquidoux,Livre raison,1928, p.22).
Miel (de nectar). ,,Miel qui provient principalement du nectar des fleurs`` (Agric. 1977).
Gâteau de miel. V. gâteau B a.
Mouche à miel. Synon. vieilli ou littér. de abeille.Claude (...) était pour moi comme un de ces troncs d'arbres où les mouches à miel ont laissé un rayon sous la rude écorce, et qu'on va sucer avec délices quand on le découvre, après une longue marche au soleil, au bord d'un bois (Lamart.,Tailleur pierre,1851, p.549).Les mouches à miel, ayant rallié les paillotes du rucher, laissaient le jardin silencieux dans la grisaille des journées froides (Genevoix,Raboliot,1925, p.116).V. banquette ex. 9.
B. − P. méton. [Toujours qualifié] Composition pharmaceutique à base de miel et possédant des propriétés thérapeutiques. Miel violat; miel rosat. Le miel de mercuriale est un purgatif assez énergique (Deschamps d'Avallon,Compendium pharm. prat.,1868, p.723).Miel rosat, Mellite de rose rouge (Codex,1884, p.461).
C. − Au fig. [Symbole de la douceur]
1. Ce qui est plein de douceur, d'agrément, de complétude, de charme. Saint-Simon ne se put guérir de l'âcreté de son humeur dans une solitude où le petit-fils du comte de Toulouse perfectionna sa vertu: le fiel et le miel se composent quelquefois sous les mêmes arbres (Chateaubr.,Rancé,1844, p.171).Ma pensée indécise Flotte au gré de la brise. Un ruissellement tendre Me pénètre de miel (Gide,Nouv. Nourr.,1935, p.256).Le miel des principes, le sucre des promesses, voilà l'apport des socialistes dans leur collaboration avec la droite. Mais (...) les rebelles ne seront appâtés ni par ce sucre ni par ce miel et les Français d'Algérie en ont les dents agacées (Mauriac,Bloc-notes,1958, p.317):
2. ... la grande femme (...) dit d'une voix aigrement solennelle: − La langue de vipère n'est jamais plus venimeuse que lorsqu'elle est enduite de miel. Hugo,Han d'Isl.,1823, p.168.
[P. réf. à la Bible, Exode, iii, 8] Terre de lait et de miel (le lait étant le symbole de la fécondité). Terre heureuse et féconde. Synon. de Terre promise*.Ah! certes non, la Palestine n'était plus le bon pays, cette terre de lait et de miel, de froment et de moût, comme il est dit dans l'Écriture, dont les cieux distillent la rosée (Tharaud,An prochain,1924, p.143):
3. ... Moïse (...) le conduisit [le peuple juif] au milieu des sables de l'Arabie; il lui promettoit, au nom du dieu Jéhova, une terre où couleroit le lait et le miel. Après quarante années les Juifs arrivèrent à cette terre promise... Chateaubr.,Martyrs,t.3, 1810, p.12.
2. [En parlant de pers., de traits du caractère ou du comportement] De miel. Qui montre de la douceur dans son aspect, sa conversation; qui est doux, suave. P. ext., souvent péj. Doucereux, affecté; d'une douceur hypocrite et flatteuse. Spuller: «Gambetta a été sublime hier! − Dites donc qu'il a été infect!» C'est MmeAdam qui jette cette phrase, avec un sourire de miel au tribun (Goncourt,Journal,1878, p.1275).Avenante, gracieuse, câline, heureuse, radieuse (...) ses yeux souriaient: les petites rides de son visage (...) souriaient; sa bouche aussi souriait (...). Elle parla; sa voix allait à son air, c'était une voix de miel (A. France,Bonnard,1881, p.409).Avec des coeurs de flamme et des lèvres de miel, Ils disaient simplement le verbe essentiel (Verhaeren,Mult. splendeur,1906, p.15).
En partic. [En parlant de la parole] Le miel de l'éloquence. Le miel de la parole (Sainte-Beuve,Caus. lundi,t.7, 1853, p.286).Car elle me parla dans les deux langues qui coulent comme du miel de ses lèvres adorables; elle me tint d'abord un discours dans la langue des Grecs (A. France,Puits ste Claire,1895, p.55):
4. ... les femmes françaises ont su civiliser les barbares de tout acabit (...) et leur apprendre le «doulx parler» de France qui coule comme un miel de leur bouche. La femme est à la base de la civilisation. Son giron est un berceau. Cendrars,Bourlinguer,1948, p.362.
3. Proverbes et expr.
Bouche de miel, coeur de fiel. Les paroles trop douces, doucereuses, dissimulent l'âcreté du coeur, l'envie, la haine. Il parle à saint Paul le Simple de saint Antoine, et il parle à saint Antoine de son cochon. Il parle à saint Loup de sa femme Piméniole, et il ne parle pas à saint Gomer de sa femme Gwinmarie. Car le diable est le grand flatteur. Coeur de fiel, bouche de miel (Hugo,Rhin,1842, p.196).
Avoir le miel sur les lèvres. Ils [ces hypocrites] ont le miel sur les lèvres et le fiel dans le coeur (Mmede Chateaubriand, Mém. et Lettres,1847, p.140).
Être (tout sucre), tout miel (fam.). Être doucereux, affable, montrer une douceur, une amabilité hypocrite dans un but intéressé (v. mielleux). Cette voix fausse, gracieusée pour le monde, qui est la voix des femmes qui sont des gales chez elles et tout miel dehors (Goncourt,Journal,1894, p.536).M. Eden, tout sucre et miel, me proposa de publier un communiqué conjoint du Gouvernement britannique et du Comité national français (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p.35):
5. ... je traversai le cercle, et, debout devant sir Archibald: − Faites-moi l'honneur de me nommer à lady Falkland, voulez-vous? J'étais tout sucre et tout miel. Farrère,Homme qui assass.,1907, p.92.
Faites-vous miel, les mouches vous mangeront. Trop de bonté, de générosité de votre part inciteront les autres à abuser de vous. (Dict. xixeet xxes.).
Lune* de miel.
On prend plus de mouches avec du miel qu'avec du vinaigre. ,,On réussit mieux dans les affaires, on conquiert plus de personnes par la douceur, que par la dureté et la rigueur`` (Ac. 1835-1935).
D. − Interj. pop. et fam. Synon. vulg. de merde.J'avais jadis une bonne vieille amie qui dans les pires contrariétés lançait des miel pudiques. Miel pour Simert! (H. Bazin,Tête contre murs,1949, p.126).
Prononc. et Orth.: [mjεl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. mel (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 441); 1176-81 cas sujet li moiax au fig., en parlant de Dieu (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 4068); 1661 c'est tout sucre et tout miel (Molière, École des Maris, I, 2); 2. 1866 interj. arg. p. euphém. de merde (Delvau, p.253). Du lat. mel «miel», au fig. «douceur, charme» et terme de tendresse «chéri». Fréq. abs. littér.: 1245. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1514, b) 2000; xxes.: a) 2353, b)1514. Bbg. Quem. DDL t.18.