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MERVEILLEUX, -EUSE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − Qui cause un vif étonnement par son caractère étrange et extraordinaire. Elle conte une de ces histoires merveilleuses qu'elle imagine si joliment (Goncourt,Journal,1884, p.373).Quelle révélation doit être, pour un aveugle-né, les premiers, les douloureux et merveilleux accents du jour sur la rétine! (Valéry,Variété IV,1938, p.111):
1. ... cette femme-là le contemplait avec une face étrange, à la fois intelligente et animale, oui, la face d'une bête merveilleuse, impassible, qui ne connaît pas le rire. Mauriac,Désert am.,1925, p.72.
Fam. et p. iron. Vous êtes un homme merveilleux. «Vous êtes un homme étrange, extraordinaire par vos sentiments, par vos manières» (Ac.).
En partic. Qui tient du prodige ou de la magie. Baume, élixir merveilleux; guérison merveilleuse; pouvoirs, dons merveilleux. Quand le bruit des cures merveilleuses opérées par Jésus en Galilée vient à se répandre au loin, Hérode-Antipas croit que Jean-Baptiste est ressuscité des morts (P. Leroux,Humanité,1840, p.747).Cécile est invulnérable; elle jouit, et elle le sent bien, d'une immunité merveilleuse (Duhamel,Cécile,1938, p.10):
2. ... il existe sur la haute montagne, à l'orient de Bagdad, une plante merveilleuse nommée l'herbe d'or, parce qu'elle a la vertu de changer en or les plus vils métaux. Genlis,Chev. Cygne,t.2, 1795, p.210.
[P. allus. à Aladin ou la Lampe merveilleuse, conte des Mille et une nuits] Je vous dirai que, comme il ne me manque, pour être dans la situation d'Aladin, que la fameuse lampe merveilleuse, je ne vois aucune difficulté à ce que, pour le moment, vous m'appeliez Aladin (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.397).
Il est merveilleux de + inf., il est merveilleux que + subj.Elle a mis son existence en un danger où il est merveilleux qu'elle n'ait pas succombé (Sand,Lélia,1839, p.473).Il est merveilleux d'avoir vingt-trois ans, d'être découvert par un acteur en tournée (Brasillach,Corneille,1938, p.199).
B. −
1. Qui suscite l'étonnement et l'admiration en raison de sa beauté, de sa grandeur, de sa perfection, de ses qualités exceptionnelles. Synon. admirable, extraordinaire.
a) [En parlant d'un inanimé] Château, palais merveilleux; paysage, spectacle, tableau merveilleux; oeuvre, statue merveilleuse; instinct merveilleux; beauté merveilleuse. Monsieur de Mortsauf fut patient, plein d'obéissance, ne se plaignit jamais et montra la plus merveilleuse docilité (Balzac,Lys,1836, p.211).Elle [l'abeille] porte en avant, au dehors de sa bouche, un unique et merveilleux instrument de dégustation, la trompe, longue langue extérieure (Michelet,Insecte,1857, p.344).
Loc. interj. C'est merveilleux! Comme monsieur Edgard travaille! C'est merveilleux! (Barrière, Capendu,Faux bonsh.,1856, i, 6, p.17).Je guéris la fièvre avec le quina, sans savoir comment, c'est merveilleux! Je n'y comprends rien et j'en suis bien content (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p.113).
b) [En parlant d'une pers. ou d'une qualité] Acteur, artiste merveilleux; talent merveilleux; dextérité, intelligence merveilleuse. Une jeune fille de mine modeste, qu'accompagne un officier de cavalerie autrichienne, un merveilleux hussard bleu et argent (Rostand,Aiglon,1900, i, p.3).Cet entraîneur de la rue [Déroulède], cet orateur de plein air, c'est un merveilleux censeur (Tharaud,Déroulède,1914, p.180):
3. Quelque imparfait que vous soyez, vous pouvez suffire à l'amour d'un être merveilleux, mais l'être merveilleux ne suffira pas à votre amour si vous n'êtes point parfait. Maeterl.,Sag. et dest.,1898, p.310.
Merveilleux de.Il a été merveilleux de courage et de présence d'esprit (Maurois,Silences Bramble,1918, p.164).Question de trouver la pitance, ils étaient devenus, nos mignards, merveilleux d'entrain, d'ingéniosité (Céline,Mort à crédit,1936, p.606).
2. P. hyperb. Excellent, remarquable. Repas, voyage merveilleux. Les muscats ont été merveilleux cette année; les draps de cette fabrique sont merveilleux (Ac.).
II. − Substantif
A. − Subst. masc. sing. à valeur de neutre
1. Ce qui surprend l'esprit par son caractère extraordinaire, inexplicable. Retrancher le merveilleux de la vie de l'enfant, c'est procéder contre les lois mêmes de la nature (Sand,Hist. vie,t.2, 1855, p.156).Nous devons nous résigner à voir le merveilleux de la nature peu à peu grignoté par la science (J. Rostand,La Vie et ses probl.,1939, p.98):
4. On parle beaucoup du merveilleux. Encore faudrait-il s'entendre et savoir ce qu'il est. S'il me fallait le définir, je dirais que c'est ce qui nous éloigne des limites dans lesquelles il nous faut vivre et comme une fatigue qui s'étire extérieurement à notre lit de naissance et de mort. Cocteau,Diff. d'être,1947, p.62.
2. [Dans une oeuvre de fiction] Ce qui est prodigieux, fantastique, féerique; en partic., intervention d'êtres, de moyens surnaturels. Le merveilleux de la mythologie; le merveilleux chrétien, païen. L'emploi du merveilleux, du fantastique, du surnaturel dans les films de J. Cocteau (Dub.).Il est certain que les poëtes n'ont pas su tirer du merveilleux chrétien, tout ce qu'il peut fournir aux Muses (Chateaubr.,Génie,t.1, 1803, p.491).Walter Scott élevait donc à la valeur philosophique de l'histoire le roman, (...) il y faisait entrer le merveilleux et le vrai, ces éléments de l'épopée (Balzac,Av.-pr. Com. hum.,1842, p.xxviii):
5. Le merveilleux, comme le sacré dont il semble le domaine mineur, appartient au Tout-Autre, à un monde parfois consolant et parfois terrible, mais d'abord différent du réel. Malraux,Voix silence,1951, p.512.
B. − Subst. masc. ou fém., HIST. DU COST. [Sous le Directoire et au début du xixes.] Jeune élégant(e) à la mise excentrique. Depuis dix ans, l'Angleterre nous a fait deux petits cadeaux linguistiques. À l'incroyable, au merveilleux, à l'élégant (...) ont succédé le dandy, puis le lion (Balzac,A. Savarus,1842, p.8).Vous ne savez pas, mes enfants, que j'ai été une des merveilleuses de ce temps-là (...). Il y a eu des mirliflores et des généraux qui se sont battus pour moi! (Nerval,Bohême gal.,1855, p.156).Les modes des Merveilleuses allaient de pair avec celles des Incroyables (Leloir1961):
6. Il est au monde un être, on le nomme lion (...) Noble et d'antique souche, il compte pour ancêtres Les muguets, raffinés, mirliflors, petits-maîtres, Muscadins, merveilleux, incroyables. Pommier,Colifichets,1860, p.116.
P. anal. [Au Prado] Ce qui est charmant, ce sont les beaux chevaux de selle andalous, sur lesquels se pavanent les merveilleux de Madrid (Gautier,Tra los montes,1843, p.90).Serrées dans leurs peaux de panthères, étroites, flexibles, les merveilleuses de Park Avenue, à coeurs de fauve, arrivaient (Morand,Bouddha,1927, p.172).
REM. 1.
Mer-mer, adj.Parmi les raccourcissements les plus notables: (...) mer-mer (merveilleusement merveilleux ou merveilleusement mérovingien, bref: super) (P. Daninos, Conversation-service ds Le Figaro, 6 juill. 1956, 1 ds Quem. DDL t.23).
2.
Merveillosité, subst. fém.,rare. Caractère merveilleux de quelque chose. Un tempérament mystique jusqu'à la merveillosité (Goncourt,Ch. Demailly,1860, p.158).
Prononc. et Orth.: [mε ʀvεjø], [-ve-], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 «qui dépasse les limites ordinaires» (Roland, éd. J. Bédier, 370); 2. 1684 subst. masc. (La Fontaine, Remerciement à l'Académie françoise ds Œuvres, éd. Regnier, t.8, p.319); 3. 1741 «élégant excentrique» (Gaudet, Bibliothèque, 28 ds Brunot t.6, p.1302). Dér. de merveille*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér.: 4207. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5342, b) 5572; xxes.: a) 6396, b) 6500. Bbg. Delb. Matér. 1880, p.202 (s.v. merveillosité). _ Duch. Beauté. 1960, p.105. _ Gall. 1955, p.455. _ Gohin 1903, p.297. _ Quem. DDL t.16.