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MANNE1, subst. fém.
A. −
1. [P. allus. à la Bible] Nourriture providentielle que Dieu envoya aux Hébreux pendant la traversée du désert. Ces enfants de Jacob, premiers nés des humains, Reçurent quarante ans la manne de tes mains (Lamart.,Médit.,1820, p. 244).Il est écrit que la manne prenait le goût de toutes les viandes que les Israélites désiraient (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 473):
1. L'histoire de la manne récoltée et mise de côté par les Hébreux est singulièrement profonde. En effet, cette manne pourrissait quand on la gardait. Et cela veut dire, peut-être, que toute lecture spirituelle qui n'est pas consommée − par la prière et par les oeuvres − finit par causer en nous une sorte de pourriture. Green, Journal,1941, p. 155.
2. P. ext.
a) Nourriture abondante et inespérée. C'est une bonne manne, une vraie manne (Littré). Sa brûlante imagination lui peignait (...) une destinée calme au bord d'un ruisseau frais (...) sous un bananier qui dispensait une manne savoureuse, sans culture (Balzac,Peau chagr.,1831, p. 21).On nous annonça (...) que nous allions percevoir une soupe chaude; et les interprètes ajoutaient: avec de la viande. Chacun, dans l'attente de cette manne extraordinaire, se mit en quête d'un récipient (Ambrière,Gdes vac.,1946, p. 38).
En partic. Éphémère qui abonde en fin d'été sur les rivières, dont les poissons sont très friands et qui peut servir d'appât. Manne des rivières, des poissons (Baudr.Pêches1827):
2. Le fleuve à ce tournant que les herbes grasses obstruent et les feuillages accumulés, Et ça et là une grosse brème comme une bûche pour happer la manne qui saute pesamment hors de l'eau. Claudel,Ours et lune,1919, 1, p. 590.
Au fig. Bienfait d'origine divine, grâce. Mais pour goûter ce repos sacré, pour savourer cette manne, il faut une parfaite tranquillité extérieure (Dupanloup,Journal,1858, p. 205).
En partic.
La manne céleste. La parole de Dieu. Les séraphins visitoient l'anachorète du rocher, ou enlevoient son ame brillante sur les nues; (...) les corbeaux, devenus intelligens, apportoient au saint hermite la manne céleste (Chateaubr.,Génie,t. 2, 1803, p. 378).
La manne cachée. La nourriture spirituelle et les bienfaits qu'on peut en retirer:
3. Quand la lumière divine commence à nous éclairer, alors on voit dans la vraie lumière (...); les mêmes choses qu'on avait entendues cent fois froidement et sans fruit nourrissent l'âme comme d'une manne cachée... Maine de Biran,Journal,1823, p. 394.
b) Ressources financières ou avantages inattendus. Manne budgétaire. La soie est la manne du pauvre pays. Avec la soie, il a de l'argent (Michelet,Journal,1844, p. 567).Un mystérieux monsieur (...) qui, très haut placé dans la bonne grâce présidentielle, semait à son bon plaisir des mannes de rubans violets (Courteline,Ronds-de-cuir,1893, 2etabl., 3, p. 84).On signale maint député qui (...) ne peut se faire à l'idée que ses comités et sous-comités seront privés de la manne préfectorale (Clemenceau,Vers réparation,1899, p. 336).
B. − P. anal. Suc qui s'écoule de certains végétaux, naturellement ou après incision, que l'on utilise comme édulcorant ou comme laxatif. Manne du cèdre, du frêne, du mélèze; manne en larmes. Des casuarinas et des eucalyptus, dont quelques-uns devaient fournir au printemps prochain une manne sucrée (Verne,Île myst.,1874, p. 107):
4. − (...) j'offre du cassis. − V'là son cassis qui purge comme de la manne, dit l'étudiant en médecine à voix basse. Balzac,Goriot,1835, p. 202.
Manne d'encens, et, p. ell., manne. Encens de qualité supérieure. J'aime à brûler parfois l'oliban et la manne (Borel,Rhaps.,1832, p. 36).
Prononc. et Orth.: [man] et [mɑ:n]. Pt Rob., Lar. Lang. fr. [a]; Warn. 1968 [ɑ] et [a]; Martinet-Walter [ɑ] 9/17, [a] 8/17; Littré, Barbeau-Rodhe 1930 [ɑ]. Homon. mânes. Att. ds Ac. dep. 1694: ,,On prononce mâne``. Comparez avec manne2[a]. Manne1relève du domaine biblique où manne et grâce vont souvent de pair (anal. de prononc.). Étymol. et Hist. A. 1. 1remoitié xiies. «nourriture tombée du ciel pour nourrir les Hébreux dans le désert» (Psautier Cambridge, éd. F. Michel, 77, 25); 2. a) ca 1231 fig. «symbole de l'Eucharistie» (Gautier de Coinci, Salu Nostre Dame, 565, éd. V. F. Koenig, t. 4, p. 570); b) 1532 «nourriture de l'esprit» (Rabelais, Pantagruel, chap. 8, éd. V. L. Saulnier, p. 45); c) 1842 «bienfait quelconque» (Reybaud, J. Paturot, p. 323: la manne du budget); 3. a) ca 1350 fig. «provisions de bouche, victuailles» (Miracles de Nostre-Dame, éd. G. Paris et U. Robert, I, 1158); 1559 «nourriture abondante» (Ronsard, Chant pastoral... 469 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 9, p. 99); b) 1755 «éphémères dont se nourrissent les poissons» (Encyclop. t. 5, p. 771 a). B. Début xives. s. bot. «suc qui exsude de certains végétaux» (Antidotaire Nicolas, éd. P. Dorveaux, § 64). Empr. au lat. chrét. manna «nourriture des Hébreux dans le désert» (Deut. 8, 3 etc., var. man Ex. 16, 31 etc.); «Eucharistie» (Blaise Lat. chrét.; d'apr. l'Évangile de St Jean, 6, 31-40), gr. μ α ́ ν ν α (var. μ α ́ ν), et ceux-ci à l'araméen manná , de l'hébr. mān «nourriture des Hébreux dans le désert» (FEW t. 6, 1, pp. 232-234; Klein Etymol.). Bbg. Quem. DDL t. 3. _ Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 165, 445.