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MÉDIUM, subst. masc.
I.
A. − Ce qui occupe une position moyenne, ce qui constitue un état, une solution intermédiaire.
1. Vieilli
a) Littér. Ce qui est également éloigné des extrêmes, des excès. Synon. usuel milieu.Dans tout le reste de ses ouvrages, la nature ne rassemble que des médiums harmoniques (Bernardin de St-Pierre dsLar. 19e).Interrogé sur le nom du lecteur [des vers], il (...) répondit: «Quelqu'un qui les lira bien.» À son air et son ton, nous jugeâmes que le bien voulait dire dignement, mais retenu un peu de manière que l'intonation disait un médium entre le bien et le dignement (Stendhal,Journal, 1805, p.101).
Loc. adv., rare. Au medium. L'eau seule oxide l'étain au maximum, le fer, le potassium au medium: mêlée avec les acides, elle oxide le fer et l'étain au minimum (Gay-Lussacds Annales chim. et phys., t.1, 1816, p.38).
HIST. [Dans l'ancienne Université] ,,Argument qu'on proposait contre une thèse`` (Littré). Le président en Sorbonne ouvrait la thèse par trois médiums (Littré).
Fam., vx. ,,Moyen d'accommodement, tempérament propre à concilier des prétentions opposées, à rapprocher des esprits divisés`` (Ac. 1835, 1878). Synon. parti intermédiaire, moyen.Chercher, trouver un médium dans une affaire (Ac.1798-1878).
b) LOG. Moyen terme d'un syllogisme. (Ds Rob., Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
c) MATH. Moyenne arithmétique. La longitude orientale de cet îlot (...) a été fixée, d'après le medium de plus de soixante observations de distance (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.313).
2.
a) MUS. Partie moyenne, se situant entre le grave et l'aigu, du registre des sons d'un instrument ou de l'étendue d'une voix. Médium d'une clarinette, d'un clavier; cordes du médium d'un violon; haut, bas médium de la voix; voix, registre de médium. Un beau medium, quand il a une certaine latitude, donne les sons les mieux nourris, les plus mélodieux (Bouillet1859).Une de ces belles voix de chanteur flamenco, qui peuvent aller à l'aigu du ténor et revenir dans le médium du baryton (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.168).La sonorité de la grande flûte est douce dans le medium, assez perçante à l'aigu et très caractérisée au grave (Parès,Traité d'instrument. et d'orchestr., s. d., p.21).
P. anal. [À propos de la voix dans le discours] J'ai les manières de ma grand'mère et son charmant ton de voix, une voix de tête quand elle est forcée, une mélodieuse voix de poitrine dans le médium du tête-à-tête (Balzac,Mém. jeunes mariées, 1842, p.170).L'homme se fait une voix capable de ses différences émotives. Son registre le peint. Certains n'ont pas de médium. Ils n'ont que le grave et l'aigu. Ce ne sont jamais des gens simples (Valéry,Suite, 1934, p.125).
P. méton., ÉLECTRO-ACOUSTIQUE. Haut-parleur destiné à reproduire les fréquences moyennes. Le médium est monté sur un support en métal moulé, sur lequel vient se fixer une énorme ferrite de 14 cm de diamètre, ce qui est vraiment exceptionnel pour ce type de haut-parleur (Harmonie, sept. 1980, p.128).
b) ANAT. Synon. rare de médius ou majeur («doigt du milieu»).Fauchelevent se grattait le bas de l'oreille avec le médium de la main gauche, signe de sérieux embarras (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.631).
c) BEAUX-ARTS. Substance se situant entre diluants et liants, ,,destinée à être mélangée aux peintures et aux encres, afin de les allonger en leur conservant leurs qualités colorantes et siccatives`` (Bég. Estampe 1977).
Rem. ,,On le trouve parfois [le médium] sous certaines présentations qui en font un synonyme de diluants`` (Bég. Dessin 1978).
B. − Ce qui sert de support, d'intermédiaire à quelque chose.
1. Domaines techniques.
a) CHIM. Substance facilitant la combinaison de deux ou plusieurs autres corps. Synon. milieu intermède (vieilli).Voir Duval 1959 et Méd. Biol. t.2 1971, s.v. intermède.
b) BIOL. Synon. de milieu.
Rem. Att. ds Gatin 1924 et Triquet 1981 (qui précise que le terme peut avoir pour plur. média ou mediums).
c) MINÉRALOGIE
,,Solide utilisé pour constituer une suspension dense`` (Minéral. 1972).
,,Synonyme impropre de «milieu dense»`` (Minéral. 1972).
Au fig. Il y a comme une dévastation inévitable dont s'accompagne l'exercice de la pensée; et je le sentais si bien hier matin dans cette course de vitesse pour arriver à temps, clos dans un certain médium dense, duquel je pouvais à peine sortir et en aucune façon retrouver ma voix et mon ton pour répondre aux questions de Paule (Du Bos,Journal, 1923, p.335).
2. Ce qui sert de support et de véhicule à un élément de connaissance; ce qui sert d'intermédiaire, ce qui produit une médiation entre émetteur et récepteur. Le chapelet est un médium, un véhicule; c'est la prière mise à la portée de tous (Baudel.,Fusées, 1867, p.635).Son inspiration ne naît pas du contact avec la terre, des choses drues et vivantes; elle a besoin du medium de l'art des autres, d'un thème qui ait été traité (Arts et litt., 1936, p.48-3).
Dans la lang. philos. Les perfectionnements possibles des moteurs d'automobiles étaient inscrits dans leur nature même, plus que dans le cerveau de l'ingénieur. C'est la preuve que ce cerveau n'est là qu'un «médium», un lieu de passage (Ruyer,Esq. philos. struct., 1930, p.197).En effet, puisque je pense, je suis mais c'est là un cogito sur parole, je n'ai saisi ma pensée et mon existence qu'à travers le medium du langage (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception, 1945, p.459):
1. Le corps n'est pas seulement une valeur parmi d'autres (...). Il est le médium affectif de toutes les valeurs: nulle valeur ne m'atteint qu'elle ne donne dignité à un motif et nul motif ne m'incline qu'il n'impressionne ma sensibilité. Ricoeur,Philos. volonté, 1949, p.117.
[Le plur. est toujours media] SOCIOL. DE LA COMMUN., PUBLIC. Moyen de transmission d'un message. On pourrait appeler «degré zéro de la communication audiovisuelle» la combinaison d'un médium visuel: film, vues fixes, et de la voix humaine qui les commente (Encyclop. Hachette, t.1, 1980, p.316, s.v. audiovisuel):
2. [Marshall McLuhan] étudia (...) l'évolution des systèmes de communication dans les sociétés et leurs effets sur l'histoire humaine. Considérant que l'humanité vit une mutation complète due à l'électronique, il dénonça le caractère archaïque de la civilisation du livre (...) et s'attacha surtout à comprendre les «media» (...), affirmant en une formule lapidaire que le medium (le moyen de transmission de l'information) constitue le message même... Le Petit Robert 2, Paris, s.n.l.-Le Robert, 1975, s.v. McLuhan.
Médium chaud. ,,Moyen de communication fournissant une grande quantité d'information et n'exigeant pas la participation du destinataire pour la compléter`` (Direct, avr. 1975 ds Clé Mots). Médium froid. ,,Moyen de communication ne fournissant qu'une faible quantité d'information et nécessitant la participation du destinataire pour la compléter`` (Direct, avr. 1975 ds Clé Mots):
3. Le téléphone est un médium froid ou de faible définition parce que l'oreille n'en reçoit qu'une faible quantité d'information. La parole est un médium froid et de faible définition parce que l'auditeur reçoit peu et doit beaucoup compléter (...). Les média chauds, par conséquent, découragent la participation ou l'achèvement alors que les média froids, au contraire, les favorisent. Direct,avr. 1975, p.21 ds Clé Mots.
Rem. Voir, en rem. s.v. mass(-)media: mass(-)medium et médium de masse.
SÉMIOT., INFORMAT. ,,Ensemble de l'émetteur, du canal et du récepteur`` (Rey Sémiot. 1979).
II. − SPIRIT., PARAPSYCHOL. Personne considérée comme douée de facultés psychiques lui permettant de percevoir des éléments de connaissance par des moyens supranormaux; personne dotée de la capacité d'entrer en communication avec des esprits. Médiums à transe, clairvoyants:
4. Ils [les médiums] sont généralement classés en deux catégories: les médiums à effets psychiques et les médiums à effets physiques. Cette distinction reflète les deux types fondamentaux de phénomènes psychiques ou psi: la PES (Perception extra-sensorielle) et la PK (Psycho-kinésie)... Encyclop. de l'inexpliqué, Bruxelles, éd. Elsevier Séquoia, 1976, p.156.
Rem. Le terme reste masc. pour désigner une femme: Il est vrai, ajoute Ricarda, que cette femme possède une foi qui en fait un médium extraordinaire (Abellio, Pacifiques, 1946, p.296).
En emploi adj. Il procéda à de nombreuses expériences sur des sujets normaux, ni hystériques, ni somnambules, ni médiums, pour déterminer statistiquement leur pouvoir télépathique (...). Il insista sur la nécessité d'une hypothèse énergétique, indépendante de toute mystique (Nos pouvoirs inconnus, Paris, éd. Retz, 1963, p.54 [Encyclop. Planète]).
REM. 1.
Médiumnique, adj.Relatif au médium (supra II) et à ses facultés. Faculté, clairvoyance médiumnique; séances, états, phénomènes, communications médiumniques. Selon ce psychiatre, la transe médiumnique chez des sujets normaux et l'activité paranormale facilitent l'épanouissement de la personnalité, alors que les états similaires des malades entraînent une mutilation, un rétrécissement de leur personnalité (Amadou,Parapsychol., 1954, p.331).Var. rares a) Médianimique, adj. Certains attribuent, d'une manière délirante, un pouvoir médianimique à diverses personnes de leur entourage; ainsi croient-ils expliquer la puissance surnaturelle qu'ils ont cru constater chez elles (Porot1960, 1975).b) Médiumnimique, hapax. Le spectacle auquel l'entrée dans un salon d'une Turque, d'un Juif, nous fait assister, en animant les figures, les rend plus étranges, comme s'il s'agissait en effet d'êtres évoqués par un effort médiumnimique (Proust,Guermantes 1, 1920, p.191).
2.
Médiumnité, subst. fém.Faculté, qualité de médium (supra II). Cas, phénomènes de médiumnité; pratiquer la médiumnité. Il y a, je crois, un sens où chacun de nous est médium; la sensation pure ne serait-elle pas une forme de médiumnité? (G. Marcel, Journal, 1920, p.247).La «médiumnité» de Mrs Piper resta toujours purement intellectuelle; on ne lui attribua jamais (...) aucun phénomène physique réputé paranormal (Amadou,Parapsychol., 1954, p.113).Psych. Délire de médiumnité. ,,État mental pathologique dans lequel dominent des idées de puissance mystérieuse et particulièrement la conviction de pouvoir servir d'intermédiaire entre les hommes et les esprits`` (Piéron 1973).
Prononc. et Orth.: [medjɔm]. Ac. 1762: mé-, 1798: mé- et au sens musical: ,,on prononce communément médion``; dep. 1835: mé-; pas d'indication de plur. sauf ds Ac. 1935 pour sens II; des médiums, de même ds Littré, Rob., Lar. Lang. fr. Docum.: au sens II (vitalité et vulgarisation) francisation rapide: un médium, des médiums; au sens I, la francisation dépend des différents emplois: assez avancée pour I A 2 (vitalité et vulgarisation), fluctuante pour I B 1 et 2, plus rare pour I A 1 (emplois vieillis). Plur. II: toujours des mediums. Étymol. et Hist. I A 1. 1583-90 «moyen terme» (Brantôme, Capitaines fr., M. de Montluc, IV, 52 ds Hug.); 2. 1636 logique (Mersenne, Harmonie universelle, p.361: comme l'on fait le medium ou milieu dans les syllogismes) et 1690 (Fur.: Medium. Terme dogmatique, est un argument qu'on propose contre une these qu'on soutient en l'Escole); 3. 1701 mus. «registre de voix entre l'aigu et le grave» (Mémoires de l'Ac. des Sciences, année 1701, Paris, 1719, p.363); 4. 1934 Beaux-arts (Maillet, Peint. relig., p.39). B. 1. 1643 «milieu, champ d'action» (Descartes, Lettre au P. Mersenne, 23 mars ds Quem. DDL t.25); 2. 1933 p. ext. ds le domaine abstr. (G. Marcel, Journal, année 1914, p.40). C. 1836 (Raymond: Medium en termes d'Anatomie, Nom que l'on donne Au doigt du milieu). II. 1854 (E. Bersot, Mesmer et le magnétisme animal, Paris, Hachette, pp.121-122). I lat. medium «milieu, centre», subst. de l'adj. medius, -a, -um «qui est au milieu, central»; comme terme de log. medium est attesté en lat. médiév. (cf. Du Cange et Latham), au sens de «substance, milieu dans lequel a lieu un phénomène» le terme est attesté en lat. médiév. du domaine angl. (Latham) et en angl. dep. la fin du xvies. (cf. NED). II emploi de l'adj. medium «milieu, intermédiaire» (cf. «milieu, substance» en angl., v. I) qui serait dû au Suédois E. Swedenborg (1688-1772), cet usage du mot s'étant répandu en anglo-amér. au mil. du xixes. (cf. DAE et Americanisms), au sens de «intermédiaire» on note déjà un empr. du fr. à l'angl. au xviiies. (1765, Berger, Rech. sur les beautés de la nature, trad. de D. Webb, p.143 d'apr. Barbier ds Mod. Lang. R. t.16, p.263). Fréq. abs. littér.: 94. Bbg. Bonn. 1920, p.92. _ Esnault (G.). Qq. dates. Fr. mod. 1952, t.20, pp.137-138. _ Mack. t.1 1939, p.142, 225, 287. _ Quem. DDL t.18 (s.v. médiumnité).