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MÉCONTENT, -ENTE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − Mécontent de qqc./qqn
1. (Être) mécontent de qqc.Qui n'est pas satisfait de quelque chose, qui en éprouve du désagrément; qui n'est pas content (v. ce mot I A 1 et II A). Synon. fâché, insatisfait.
(Être) mécontent de + subst.Mécontent de son sort, de son état; en être mécontent. Paul Adam (...) est mécontent de la vie et content de n'en avoir pas fait cadeau à un enfant (Renard,Journal, 1903, p.803).La majorité, mécontente du sacrifice de bien des hommes qu'elle estimait, gardait sourdement rancune aux dirigeants de sa propre soumission (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.504):
1. ... elle était née de mauvaise humeur et elle avait continué à être mécontente de tout. Fâchée contre le monde entier, elle en voulait principalement à son mari. Elle lui en voulait de sa gaieté, de sa renommée, de sa santé et de son embonpoint. Maupass.,Contes et nouv., t.1, Toine, 1885, p.178.
(Être) mécontent de + inf.Le jeu, plaisir faux, puisque moitié des joueurs s'en vont mécontens d'avoir perdu (Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p.29).N'était-ce pas mon vrai moi, cette jeune bête taciturne et désirante, et mécontente de n'avoir pas ce qu'elle désirait, méfiante, craintive (Larbaud,Barnabooth, 1913, p.299):
2. ... vis-à-vis des croyants, il [Gide] avait quelque chose qui ressemblait à la rancoeur des vieillards contre les jeunes gens qui ont encore un coeur pour aimer alors qu'eux n'en ont plus. J'ai senti plus d'une fois qu'il était mécontent et même très mécontent de ne pouvoir croire. Green,Journal, 1955, p.141.
Être mécontent que + subj.On n'est jamais très mécontent qu'un adulte s'en aille, ça fait toujours une vache de moins sur la terre (Céline,Voyage, 1932, p.350).
2. Mécontent de qqn.Qui n'est pas satisfait, content (v. ce mot II B) de la conduite, du travail de quelqu'un, qui a des raisons de s'en plaindre. Nous ne pouvons jamais nous quitter de bonne humeur, et (...) nous nous séparons toujours mécontents l'un de l'autre (Flaub.,Corresp., 1847, p.15):
3. ... relis mes lettres de juillet et d'août, ajoute le reste que je tais (...) et tu m'auras actuel, pluvieux, inerte, saumâtre. Mais je te promets d'être sage − si tu viens. Et si je désire quelque chose, c'est toi-même. Comme je suis mécontent de la plupart de mes amis! tant l'on répugne à s'injurier soi... Valéry,Corresp.[avec Gide], 1891, p.140.
Mécontent (de soi). Insatisfait de sa conduite, de son comportement, de ses qualités physiques et/ou morales. Mon expression, surtout quand c'est le fond de ma pensée que je sors, a quelque chose de si fort, de si véhément, (...) qu'il est bien difficile que cela ne prenne pas non seulement l'aspect du jugement mais les couleurs mêmes de la passion. Il en résulte qu'après coup je suis toujours mécontent de moi (Du Bos,Journal, 1927, p.264):
4. La pensée des obligations auxquelles elle se dérobe grandit comme des poids qu'on mettrait peu à peu sur sa couverture. Elle se pose des questions sévères que le sommeil (...) lui rabâche comme un méchant refrain. Elle finit par sauter du lit, mécontente d'elle-même, tourmentée par le temps qu'elle a perdu et qu'elle voudrait rattraper. Romains,Hommes bonne vol., 1939, p.50.
3. P. euphém. N'être pas mécontent de qqn/qqc.Être assez satisfait de quelqu'un, de quelque chose. N'être pas mécontent d'un livre, d'une toile. Je n'étais pas mécontent de ma vêture, ce jourd'hui. J'inaugurai un nouveau chapeau, assez coquin, et un pardessus dont je pensai grand bien (Queneau,Exerc. style, 1947, p.28).
B. − [Sans compl. prép.]
1. [En parlant d'une pers., d'un groupe] Qui n'est pas satisfait, comblé. Étouffer dans le sang l'opinion mécontente, est la maxime favorite de certains profonds politiques. Mais on n'étouffe pas l'opinion: le sang coule, mais elle surnage, revient à la charge, et triomphe (Constant,Esprit conquête, 1813, p.252).Je tenais (...) à cette fille taciturne et toujours mécontente. J'aimais sa figure grogneuse, la moue de sa bouche, l'ennui de son regard; j'aimais ses gestes fatigués, ses consentements méprisants, jusqu'à l'indifférence de sa caresse (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Soeurs, 1884, p.1274).Elle était gaie la vieille Henrouille, mécontente, crasseuse, mais gaie (Céline,Voyage, 1932, p.317).
2. [En parlant d'un attribut de la pers., d'un comportement] Qui manifeste l'absence de satisfaction. Air, coeur, regard, visage mécontent; figure, moue, voix mécontente. Une mèche de ses cheveux, une grosse mèche toute poissée de gomina se détacha de la masse et vint lui tomber sur le nez. Il la rejeta bien en arrière d'un geste mécontent (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p.40). «... Trop vieille! Quelle idée!» me dit Paule d'un ton mécontent: «Jamais je ne me suis sentie plus jeune (...)» (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.506).
II. − Subst. Personne qui n'est pas contente, que rien ne satisfait, qui marque de la mauvaise humeur. Dans ce dîner, écrasant de luxe (...). Scholl se plaint (...). Il fait le mécontent dans ce rêve de mangeaille, dit qu'il n'y a rien à manger (Goncourt, Journal, 1863, p.1353).Un râleur, ce n'est pas forcément un mécontent; au contraire il est content de râler (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.261).
Fréq. au plur. Personnes qui ne sont pas satisfaites du gouvernement, de l'administration des affaires publiques, de la situation économique, sociale. Conspiration, ligue des mécontents. Il n'y a pas d'état au monde où il n'existe un grand nombre de mécontents qui appellent des changements dans les constitutions pour en profiter (Maine de Biran,Journal, 1818, p.186).Il se posa comme chef de l'opposition. Ç'a été de tout temps, dans une monarchie, le rôle du premier prince du sang, qui groupe ainsi autour de lui les mécontents (Balzac, Œuvres div., t.3, 1837, p.170).Richemont voulut reprendre de force sa place auprès du roi (...) La belle-mère du roi, Yolande d'Aragon (...) entra dans le parti des mécontents (A. France,J. d'Arc, t.1, 1908, p.170).
Prononc. et Orth.: [mekɔ ̃tɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Ac. 1694, 1718: mescontent, -ente; 1740: me- en vedette mais mé- dans l'article; dep. 1762: mé-. Étymol. et Hist. 1501 adj. «qui n'est pas content» (A. Joubert, Ét. sur la vie privée au XVes. en Anjou, p.225); 1662 subst. plur. «ceux qui ne sont pas contents (du pouvoir, du gouvernement)» (Corneille, Sertorius, II, 2). Dér. de content*; préf. mé-, mes-*, a remplacé malcontent* avec lequel il était en concurrence au xviies. (cf. 1675, Bouhours, Rem. nouv. sur la lang. fr., Paris, éd., p.257: «Mal content est plus noble, et plus de la Cour, pour marquer le déplaisir qu'on a receû d'une personne...»). Fréq. abs. littér.: 1 261. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2043, b) 1635; xxes.: a) 1653, b) 1757. Bbg. Mack. t.1 1939, p.74. _ Rabotin (M.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Paris, Bruxelles, 1975, p.62.