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LIMITE, subst. fém.
A. − Ligne qui détermine une étendue, une chose ayant un développement spatial; ligne qui sépare deux étendues. Synon. borne, frontière.La limite de la langue bretonne est entre Loudéac et Pontivy (Michelet, Journal,1831, p. 89).Une ligne d'établissements humains correspond souvent à la limite où l'olivier, avec les cultures qui l'accompagnent, cède la place au châtaignier (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 88).Les limites cellulaires sont toujours très nettes, marquées fréquemment par des condensations protoplasmiques, des membranes même dans certains cas (Policard, Histol. physiol.,1922, p. 166).En Palestine, Baudoin fondait dans ses limites historiques le royaume de Jérusalem (Grousset, Croisades,1939, p. 70).Je vis, à la limite du front et de la chevelure (...) jaillir (...) des perles de sueur (Vercors, Silence mer,1942, p. 78):
1. Il fallait y regarder attentivement pour comprendre où se terminait la mer, où le ciel commençait, tant la limite était douteuse, tant l'un et l'autre avaient la même pâleur incertaine (...) et le même infini. Fromentin, Dominique,1863, p. 164.
SYNT. Limite(s) du monde, d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone; limite de l'horizon; limite du regard, de la vue; limite(s) changeante(s), extrême(s), naturelle(s), précise(s); dernière(s) limite(s) (de qqc.); atteindre, dépasser, franchir, passer, toucher la/les limites(s) (de qqc.); rester dans/entre les limites (de qqc.); sortir des limites (de qqc.); aller en dehors des limites (de qqc.); établir, fixer, tracer la/les limite(s) (de qqc. /entre deux choses); étendre, reculer la/les limite(s) (de qqc.); assigner, attribuer, fixer une/des limite(s) (à qqc.); arriver à la limite (de qqc.); aller jusqu'aux limites (de qqc.); au-delà, hors des limites (de qqc.); s'arrêter sur la limite (de qqc.); étendue qui n'a pas de limite(s), qui a qqc. pour limite, qui comprend qqc. dans ses limites; qqc. constitue, indique, marque la/les limites(s) (de qqc./entre deux choses); qqc. sert de limite (à qqc.); limite qui sépare deux étendues; limite(s) où commence, où finit qqc.; horizon, mer sans limite(s).
SPORTS, au plur. Lignes qui déterminent un terrain de sport. Limites d'un court. Les lignes droites, blanches et pures, des limites tracées à la chaux sur le gazon (Montherl., Olymp.,1924, p. 359).
En appos. Zone(-)limite. Au moment où la Nahe débouche à travers les arches du pont de pierre, sur le parapet duquel le lion de Hesse tourne le dos à l'aigle de Prusse (...) au moment, dis-je, où la Nahe (...) sort de dessous ce pont-limite, le bras vert de bronze du Rhin saisit brusquement la blonde et indolente rivière et la plonge dans le Bingerloch (Hugo, Rhin,1842, p. 231).
P. anal. Moment, espace de temps qui détermine une durée, qui sépare deux durées. Jusqu'ici nous ne sommes pas encore sortis des limites de l'équinoxe du printems (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 183).À la limite du moyen âge et des temps modernes, à l'époque de Philippe Le Bel, de Louis XI (Renan, Avenir sc.,1890, p. 451).Les couchants et les aurores étaient les douces limites de journées chaudes et bleues (Queffélec, Recteur,1944, p. 181).V. effiler ex. 3 :
2. Quant au présent, il se réduit à une pure limite, sans épaisseur, à un pur rapport entre le passé et le futur... J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 181.
SYNT. Limites d'une saison; tel jour est la dernière limite pour les inscriptions; déborder la/les limite(s) du temps imparti; sans limite de durée, de temps.
Limite d'âge. Âge au-delà duquel on ne peut plus exercer une fonction, se présenter à un concours, à un examen. Entrer dans une administration à la limite d'âge; être maintenu en activité sans limite d'âge. J'avais souvent regretté que l'impitoyable limite d'âge l'ait, au moment de la guerre, éloigné de tout commandement (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 276).Songez qu'au concours mondial de beauté de cette année, la limite d'âge était de vingt-deux ans... (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1164).V. âge ex. 24.
SPORTS. Avant la limite. Avant la fin de la durée prévue pour un match. Choc de puncheurs pour le second combat [de boxe] entre Paderni, vainqueur de Fonteix, Mazilli, avant la limite (...) et Chiappini dont la puissance de frappe est légendaire (L'Œuvre,14 mars 1941).
En appos. Il faut (...) que j'arrive à joindre Maurice Boucher au téléphone et que je sache de lui la date limite à laquelle je puis remettre mes quinze pages (Du Bos, Journal,1928, p. 115).Je calculais avec désespoir : « On n'a pas le droit de se marier avant quinze ans! » Encore était-ce un âge limite (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 102).
B. − Au fig.
1. Ce qui détermine un domaine, ce qui sépare deux domaines. Limite entre la santé et la maladie; être à la limite du délire. La limite qui sépare l'erreur de la vérité n'est pas toujours facile à marquer, à fixer, à reconnaître (Ac.).La limite où se confondent la raison et la démence (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 688).La limite au-delà de laquelle l'excès commence est (...) variable, suivant les peuples ou les milieux sociaux (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 219).Distinguer la limite où le bovarysme cesse d'être l'expression d'un progrès normal pour dévier vers la pathologie (Gaultier, Bovarysme,1902, p. 226).
Être à la limite de... (et de ...) :
3. J'ai (...) pleuré un peu. Je ne saurais dire combien cet état d'extase a duré. Car, petit à petit, cela tournait à l'extase, c'était à la limite de la douleur et de la joie. Duhamel, Terre promise,1934, p. 154.
2. Ce qui ne peut ou ne doit être dépassé. Je déplore mes écarts d'esprit ou de raison, la faiblesse et les courtes limites de mes facultés physiques et morales (Maine de Biran, Journal,1820, p. 271).L'obéissance, c'est la vertu de se soumettre. Jusqu'à quelle limite ceux qui obéissent doivent-ils obéir? (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 115).Autour de moi, on prônait le dévouement, mais on lui assignait pour limites le cercle familial; hors de là, autrui n'était pas un prochain (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 180).
4. ... de nouvelles conférences eurent lieu (...) pour établir des prévisions nouvelles qui, tout en restant dans la limite des 420 millions imposés par le gouvernement, comprendraient certains travaux urgents qui avaient été omis dans le programme du 27 février. Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 57.
SYNT. Limite(s) de l'autorité, de la connaissance, du désespoir, de ses forces, de ses possibilités, du possible, du pouvoir, de la raison, de la science; limite(s) assignable(s), convenable(s), déterminée(s), étroite(s), extrême(s), idéale(s), permise(s), précise(s), raisonnable(s), rigide(s), rigoureuse(s); dans la limite des places disponibles; à l'intérieur des limites (de qqc.); bêtise, confiance, liberté, pouvoir sans limite(s); qui n'a pas, qui ne connaît pas de limite(s); pousser un raisonnement jusqu'aux dernières limites (à la limite); déterminer, fixer, indiquer la/les limite(s) (de qqc.); assigner, poser une/des limite(s) (à qqc.); faire éclater, reculer la/les limite(s) (de qqc.); atteindre, déborder, dépasser, franchir la/les limites(s) (de qqc.); sortir des limites (de qqc.); rester dans les limites du sujet; être compris, contenu, enfermé dans les limites (de qqc.); il y a une/des limite(s) (à qqc.)/à ne pas dépasser.
a) Locutions
À la limite. En poussant à l'extrême un raisonnement, une manière de voir, de sentir; en allant jusqu'au point idéal que peut atteindre une progression. On ne peut souhaiter la mort de tout le monde ni, à la limite, dépeupler la planète pour jouir d'une liberté inimaginable autrement (Camus, Chute,1956, p. 1508):
5. ... si, comme cela m'est arrivé de façon inoubliable, j'écoute, assis au fond d'une grotte, le bruit des flots, est-ce de la musique? Je réponds oui, à la limite. Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 75.
Il y a des limites (à tout). Il ne faut pas exagérer. Que vous vous moquiez du monde, soit! Mais il y a des limites à tout (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., II, p. 34):
6. Le congrès socialiste sera quelque chose d'inouï. Il paraît qu'on y entendra Vera Sassoulitch, qui a tué, dans l'ancien temps, le préfet de Saint-Pétersbourg. Je comprends l'hospitalité française; mais il y a des limites. Duhamel, Terre promise,1934, p. 8.
b) En appos. Cas (v. cas1I B 2), concept, idée, situation (-) limite; prix, vitesse limite. Cet état limite où seule la conscience de pouvoir se tuer (...) rend tolérable un prolongement de l'existence (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 36).Le vol est comme une symbolisation limite de l'indiscrétion et de l'impudeur agressives, du moins le vol primitif (Mounier, Traité caract.,1946, p. 482):
7. La joie comme la cataplexie sont des états-limites, et échappent le plus souvent à l'expérience. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 112.
c) Le plus souvent au plur., en partic. Possibilités (intellectuelles) qui ne peuvent être dépassées. Limites de l'esprit humain, de l'intelligence; accepter,(re)connaître, trouver ses limites; chacun a ses limites. Son esprit [de Fontanes] d'ailleurs, si vif et si brillant, avait ses limites très-arrêtées, auxquelles on atteignait assez vite en causant avec lui (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 121):
8. ... la limite de Gide et de son œuvre c'est que quand (...) on vit en contact permanent avec son plan personnel le plus profond, Gide ne vous est à peu près de rien. Du Bos, Journal,1925, p. 359.
d) Spécialement
MATH. Valeur dont une grandeur peut s'approcher sans jamais l'atteindre. Cet infini mathématique dont le caractère est tout négatif puisque le propre de la limite c'est de n'être jamais atteinte (Blondel, Action,1893, p. 58).Dans le dernier tiers du xixesiècle (...) Dini et Arzelà précisent les conditions nécessaires pour que la limite d'une suite de fonctions continues soit continue (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 229):
9. ... on dit qu'une fonction f (x) est (...) différentiable en un point x si, lorsque x' tend vers x, le rapport de (f)x'-(f)x à x'-x tend vers une limite bien déterminée, appelée dérivée de f(x) au point x. Gds cour. pensée math.,1948, p. 279.
PHYS. Valeur que ne peut ou ne doit dépasser un phénomène physique. Limite d'élasticité (d'un matériau), de résistance; limite de cisaillement, de rupture. La fusion est une réelle altération des pâtes céramiques. Elles peuvent l'éprouver lorsque la limite de densité de masse que doit leur donner la cuisson est dépassée (Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 271):
10. Il est à remarquer (...) que Pasteur n'a nullement pris le soin de déterminer par l'expérience directe la limite de température que ses fameux germes peuvent supporter sans perdre leur capacité de développement. J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 124.
Prononc. et Orth. : [limit]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1372 fém. « ce qui borne un terrain, un territoire; ligne de démarcation entre des terrains, des territoires contigus » (Mon. de l'hist. de Neuchâtel, p. 998 ds Gdf. Compl.); 1513 masc. (Lemaire de Belges, Illustr., III, 2 II, 367 ds Hug.); 2. fig. 1539 limites de son debvoir (Est., s.v.); 1572 (Amyot, Comm. Concept. contre les Stoïques, 13 ds Hug. : le vice a son limite); 1580 (Montaigne, Essais, I, XV, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 68 : La vaillance a ses limites); 1595 (Id., op. cit., I, XXVI, éd. citée, p. 158 : Si nous sçavions restraindre les appartenances de nostre vie à leurs justes et naturels limites); 3. 1765 math. « toute grandeur dont une autre grandeur peut approcher à l'infini sans jamais l'égaler exactement » (Encyclop. t. 9, p. 542 a). Empr. au lat.limes, -itis « chemin bordant un domaine, sentier entre deux champs; limite, frontière ». Fréq. abs. littér. : 4 273. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 798, b) 4 342; xxes. : a) 4 071, b) 9 308.