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LIBÉRALISME, subst. masc.
A. − [Correspond à libéral A]
1. Fait pour une personne d'exercer son métier à titre libéral. Les médecins ont senti depuis longtemps que le libéralisme médical était menacé sur beaucoup de points et que leur débat avec la Sécurité sociale n'était qu'un épisode d'une affaire plus ample (H. Hatzfeld, Le Grand tournant de la méd. libérale, Paris, Les Éd. ouvrières, 1963, p. 293).
2. Attitude, comportement libéral(e). La France par un incoercible libéralisme, donne de l'instruction à ses indigènes, quoique sachant très bien que c'est par cette instruction que les indigènes s'émanciperont d'elles (Montherlant, Carnets 29 à 35, 34 ds Foulq.).
3. Vieilli. Indépendance d'esprit en particulier à l'égard des dogmes religieux. La prière est morte sur les lèvres de ce vieux libéralisme du dix-huitième siècle, qui n'avait lui-même rien de vivant que sa haine froide contre les choses de l'âme (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 37).Aujourd'hui même, si elles ne portaient pas la signature d'un saint [Vincent de Paul], ces lettres paraîtraient hardies à quelques-uns et d'un libéralisme inquiétant (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 239).V. cabrer ex. 14 :
1. Dans les classes de philosophie, les élèves (...) travaillent sur les textes d'Aristote, et se servent des commentateurs hérétiques et arabes, d'Averroés, des alexandrins, avec une virtuosité et un libéralisme qu'on ne peut concevoir qu'en ces temps de foi solide et de haut savoir. Brasillach, Corneille,1938, p. 29.
B. − [Correspond à libéral B]
1. [Sur le plan moral] Attitude de respect à l'égard de l'indépendance d'autrui, de tolérance à l'égard de ses idées, de ses croyances, de ses actes. Par principes, réflexion et caractère, il [Mallet] était libéral; libéralisme signifie respect d'autrui (Taine, Dern. Essais crit. et hist.,1893, p. 206).Elle est incroyable [la sottise universitaire], et je lui en veux d'autant plus que je m'y suis laissé prendre jadis. Elle est incroyable avec son affectation d'« esprit large », de « libéralisme », etc... (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 314).Elle tenait que notre société, notre culture, nos mœurs, se défaisaient par complaisance et par un relâchement où elle ne consentait à voir que faiblesse et non point libéralisme ou générosité (Gide, Et nunc manet in te,1951, p. 1125):
2. Il était connu dans le clergé de Paris pour un libéralisme qui lui avait coûté son poste de vicaire à Notre-Dame-des-Champs. Ortègue l'avait accepté dans sa clinique pour cette raison. Il avait été un peu déçu de rencontrer tant de foi chez ce prêtre, d'une tolérance extrême, mais c'était celle d'un missionnaire. Bourget, Sens mort,1915, p. 184.
2. [Sur le plan pol. ou socio-écon.]
a) Attitude ou doctrine favorable à l'extension des libertés et en particulier à celle de la liberté politique et de la liberté de pensée. Un libéralisme créateur et justificateur qui doit renouveler et reconstituer le monde politique sur la large base de la liberté la plus générale et des intérêts de tous (Lamart., Corresp.,1831, p. 145).L'anarchie (...) a passé en vingt ans dans les esprits et dans les mœurs (...). C'est le développement naturel du libéralisme de nos pères, de l'individualisme démocratique, du personnalisme huguenot et de la centralisation à outrance (L. Daudet, Entre-deux-guerres,1915, p. 6).Son milieu social, imbu de rationalisme et de libéralisme politique, émancipé de toute croyance religieuse, devait donner à Marx le goût de la liberté (Masset1970, p. 93, s.v. liberté).
En partic. Ensemble des doctrines politiques fondées sur la garantie des droits individuels contre l'autorité arbitraire d'un gouvernement (en particulier par la séparation des pouvoirs) ou contre la pression des groupes particuliers (monopoles économiques, partis, syndicats). Anton. autoritarisme :
3. ... le libéralisme pose des limites à l'intervention de l'État par la reconnaissance des droits du citoyen, tempère le pouvoir exécutif par le contrôle législatif et le pouvoir judiciaire, protège l'individu contre les abus de la puissance publique, admet la représentation des minorités et les droits de l'opposition, tient grande ouverte la lice où s'affrontent, sous la tutelle de la loi, les compétitions individuelles et se nouent les solidarités sociales... L. Rougier, Les Mystiques écon. Paris, Librairie de Médicis, 1938, p. 15.
P. méton. Régime, mode de gouvernement qui met en œuvre une doctrine ou une politique libérale. Le libéralisme avait échoué. On avait dit au peuple que la réforme amènerait la fin de tous ses maux; le peuple avait imposé la réforme aux lords et les maux étaient pires que jamais (Maurois, Disraëli,1927, p. 139).Lorsque l'Empire [le Second] s'oriente vers le libéralisme, l'attitude officielle à l'égard des associations change brusquement; on n'autorise pas toujours ouvertement, mais en fait on tolère (G. Burdeau, Les Libertés publiques, Paris, Dalloz, 1966, p. 176).V. aggraver ex. 48.
b) Ensemble des doctrines économiques fondées sur la non-intervention (ou sur la limitation de l'intervention) de l'État dans l'entreprise, les échanges, le profit. Anton. dirigisme, étatisme, interventionnisme, planisme.Le système capitaliste (...) est caractérisé, au moins en principe, par le régime de la libre concurrence, de la non-intervention de l'État dans l'organisation du travail, de la liberté théorique des contrats entre employeurs et ouvriers : le régime capitaliste coïncide avec le libéralisme économique (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 18):
4. Le libéralisme constructeur admet l'ingérence juridique de l'État pour protéger la libre compétition qui seule permet de sélectionner les valeurs (...). Il se refuse à transformer la doctrine (...) du laissez-faire, laisser-passer, essentiellement militante à ses débuts, en une doctrine fataliste de non-résistance aux forces brutales. L. Rougier, Les Mystiques écon. Paris, Librairie de Médicis, 1938p. 86.
P. méton. Régime économique fondé sur le libéralisme. Il se prononçait pour un dirigisme strictement réservé au secteur bancaire et comportant même concentration des banques, avec, par contre, le maintien d'un grand libéralisme dans le secteur industriel (Abellio, Pacifiques,1946, p. 130).
REM.
Libéraliste, adj.,rare, synon. de libéral (v. ce mot B 2 a).En vertu d'un sens authentique de la liberté, non en vertu d'une doctrine libéraliste ou anarchique (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 195).
Prononc. et Orth. : [libeʀalism]. Att. ds Ac. 1878, 1935. Étymol. et Hist. 1818 « doctrine favorable au développement des libertés » (Maine de Biran, Journal, p. 179). Dér. de libéral*; suff. -isme*. L'angl. liberalism « attitude ou doctrine favorable au développement des libertés » est attesté dep. 1819 ds NED. Fréq. abs. littér. : 293. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 393, b) 373; xxes. : a) 261, b) 553. Bbg. Dub.Pol. 1962, p. 333. - Quem. DDL t. 18 (s.v. libéraliste); 20. - Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 250. - Weil (A.). En Marge d'un nouv. dict. R. Philol. fr. 1932, t. 45, p. 26.