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LETTRÉ, -ÉE, adj. et subst.
I. − Emploi adj.
A. − Vieilli. Qui sait lire. Anton. analphabète, illettré.Le père de l'ouvrier lettré, plus grossier et plus lourd, inférieur de tant de manières, avait néanmoins plus d'un avantage sur son fils (...) il pensait moins au genre humain, davantage à la France (Michelet, Peuple,1846, p. 105).Au dire d'un auteur du xivesiècle, les reines de France, qui étaient lettrées, ne lisaient jamais elles-mêmes, « par bonne doctrine », les lettres closes qu'elles recevaient, à moins qu'elles ne fussent écrites de la main de leur mari (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 137).
B. −
1. [En parlant d'une pers.] Qui a des lettres (v. ce mot IV A), qui est cultivé. Synon. érudit, instruit.Notre hôte était un homme un peu lettré et, comme nous étions dans le pays de saint Antoine, nous avons causé de lui, d'Arius, de saint Athanase (Flaub., Corresp.,1850, p. 171).Il était lettré jusqu'à l'érudition, et presque orientaliste (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 777).
[P. méton.] Un esprit fin, distingué, cultivé, lettré comme on l'est de tradition dans certaines familles latines (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 346).
2. [En parlant d'une chose] Qui relève de la culture, qui nécessite de la culture. Il suffit, pour une éducation noble et lettrée, de savoir de la musique et de la peinture ce qu'en disent les livres (Joubert, Pensées, t. 1, 1824, p. 458).J'apprendrais aussi couramment qu'un autre le peu de grec, de latin et de chiffres dont se compose cette banalité lettrée qu'on appelle une éducation (Lamart., Confid.,1849, p. 74).
II. − Emploi subst.
A. − Vieilli. Personne qui sait lire. On était réduit à faire apprendre à lire et à écrire aux jeunes gens, même aux jeunes filles, par quelque lettré de régiment (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 4, 1844, p. 434).
B. − Personne cultivée, érudite, qui a une culture classique. Lu En route. D'abord un vrai plaisir de lettré à la dégustation d'une expression, d'une épithète, d'une image (Goncourt, Journal,1895, p. 763):
1. Mon crime est d'avoir eu la curiosité littéraire de ramasser et de couler dans un moule très travaillé la langue du peuple. Ah! La forme, là est le grand crime! Des dictionnaires de cette langue existent pourtant, des lettrés l'étudient et jouissent de sa verdeur, de l'imprévu et de la force de ses images. Elle est un régal pour les grammairiens fureteurs. N'importe, personne n'a entrevu que ma volonté était de faire un travail purement philologique, que je crois d'un vif intérêt historique et social. Zola, Assommoir,1877, préf., p. 373.
En partic. Homme cultivé qui exerçait en Chine un emploi public. Le peuple, les mandarins, les lettrés, embrassoient en foule la nouvelle doctrine, les cérémonies du culte avoient sur-tout un succès prodigieux (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 424):
2. Son abnégation est l'expression d'un orgueil lucide et sans violence, de l'orgueil compatible avec la douleur de son caractère et sa culture de lettré. Comme tous ceux qui agissent fortement sur les foules, ce vieillard courtois, aux petits gestes mesurés, est hanté. Hanté par cette justice qu'il croit être chargé de maintenir et qu'il ne distingue plus qu'à demi de sa propre pensée... Malraux, Conquér.,1928, p. 67.
Prononc. : [lεtʀe], [le-]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 adj. « couvert d'inscriptions, de lettres » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 274) seulement en a fr. et une fois au xves. (v. Gdf. et T.-L.); 2. a) ca 1150 adj. lectré « instruit, savant » (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 9, v. lai 1); 1174 subst. letré (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 477), b) 1605 « homme cultivé qui exerçait en Chine un emploi public » (P. Cayet, Chronologie septenaire, 446 vods Quem. DDL t. 21). Dér. de lettre* à l'aide du suff. * sur le modèle du lat. litteratus « couvert de lettres » et « instruit, savant ». Fréq. abs. littér. : 545. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 458, b) 897; xxes. : a) 1 406, b) 599. Bbg. Quem. DDL t. 21.