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LAÏQUE, LAÏC, LAÏQUE, adj.
A. −
1. Qui n'appartient pas au clergé ni à un ordre religieux. C'est l'aristocratie laïque qui a maintenu l'indépendance de la société à l'égard de l'Église (Guizot, Hist. civilisation, leçon 10, 1828, p. 12).Il rappela tous les faits de Jeanne la Pucelle et dit comment (...) elle avait été livrée aux juges laïcs et brûlée vive (France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 399):
1. Le nom de laïque fut inventé pour distinguer l'homme qui n'étoit pas engagé dans les ordres du corps général du clergé. Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 368.
Emploi subst. L'ardeur des choses divines est plus grande dans les laïques que dans les hommes du clergé (Vigny, Journal poète,1843, p. 1199).Pour un religieux, et même pour un simple laïc, s'il est fervent, écrire signifie d'abord servir (Mauriac, Galigaï,1952, p. 170).Nous ne savons à peu près rien de la volonté expresse de Dieu (je parle pour nous autres laïcs), sinon qu'il veut que nous soyons saints (Green, Journal,1955, p. 144).V. clerc ex. 1.
2. Qui appartient, qui est propre au monde profane ou à la vie civile. Devoir laïc; morale laïque; rendre à la vie laïque. Il est de condition laïque (Ac.).Pourquoi pas une charité laïque? Comment laisser encore au clergé ces deux armes, ces deux omnipotences, la charité et l'éducation? (Goncourt, Journal,1858, p. 483).Si le mot n'était pas trop laïque, je dirais volontiers qu'ils ont une distinction particulière (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 185).La bonne foi est une vertu essentiellement laïque, que remplace la foi tout court (Gide,Journal,1927,p. 868) :
2. La civilisation, nous le répétons, ne nous semble possible que si l'humanité observe une division des fonctions; que si, à côté de ceux qui exercent les passions laïques et exaltent les vertus propres à les servir, il existe une classe d'hommes qui rabaisse ces passions et glorifie des biens qui passent le temporel. Benda, Trahis. clercs,1927, p. 172.
Costume, habit laïc. M. Gasselin (...) me sert d'intermédiaire pour l'achat de mes habits laïcs (Renan, Lettres,1842-45, p. 319).Le père Alta était en costume laïc et de voyage (Péladan, Vice supr.,1884, p. 329).
Saint laïque. Ce saint laïque, comme on l'eût appelé aussi justement que le vénérable Émile Littré, haïssait dans le christianisme une maladie de l'humanité (Bourget, Disciple,1889, p. 22).Dans des causeries intimes avec ses camarades de la loge, Barbentane laissait échapper quelques confidences, et ma foi, on était tout près de la considérer comme une façon de saint laïc (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 49):
3. ...il ne pouvait supporter les bonnes œuvres de sa femme, véritable sainte laïque, qui, sans y voir malice, avait fait le don de sa personne à l'humanité souffrante. Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1628.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. La France n'est pas seulement la fille aînée de l'Église (...) elle a aussi dans le laïque une sorte de vocation parallèle singulière (Péguy, Argent,1913, p. 1262).
B. − En partic.
1. Qui est indépendant vis-à-vis du clergé et de l'Église, et plus généralement de toute confession religieuse. Démocratie, école, enseignement, État laïque. La France est une République indivisible, laïque et sociale (Constitution française de 1958).C'est scandaleux... Que vous enseigne-t-il donc, votre instituteur?... Ah! elle est jolie, l'éducation laïque, gratuite et obligatoire... Elle est jolie! (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 218):
4. L'ensemble des Fédérations départementales constitue, à l'échelon national, la Confédération des Œuvres Laïques, plus connue sous le nom de Ligue Française de l'Enseignement. Hist. instit. et doctr. pédag.,1948, p. 371.
Emploi subst., vieilli. La laïque. L'école laïque. Un curé, tout pareil au mien, son double, appelait au catéchisme les transfuges de la laïque (Arnoux, Zulma,1960, p. 121):
5. Le vicaire apparaît, cet intrépide en béret basque dont la moto fonce sur le droit chemin et dont la moderne éloquence secoue si fort (...) les fermiers assez audacieux pour risquer leur âme − et leur bail − en envoyant leurs enfants à la laïque. H. Bazin, Qui j'ose aimer,1956, p. 60.
2. Qui s'oppose, qui est hostile à toute influence, à toute emprise de l'Église et du clergé sur la vie intellectuelle et morale, sur les institutions, les services publics. Idéal laïque. Tant qu'on peut craindre une réaction religieuse contre l'esprit laïque, il faut maintenir l'idée de la valeur de la science (Nizan, Chiens garde,1932, p. 139).Jules Ferry et les lois laïques (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 42):
6. Le totalitarisme moderne est au totalitarisme catholique du xiiesiècle ce qu'est l'esprit laïque et franc-maçon à l'humanisme de la Renaissance. S. Weil, Pesanteur,1943, p. 177.
Emploi subst. La morale sociale que les grands laïcs du xixesiècle ont ébauchée, et qu'on enseigne dans les écoles de la République, n'est qu'une extension molle de la métaphysique religieuse des Juifs (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 273).
Rem. ,,Depuis la crise de 1880-1910 entre l'Église et l'État, l'usage s'est établi en France, de réserver les deux orthographes du mot à deux significations différentes : laïc s'écrit des chrétiens qui n'appartiennent pas au clergé ni aux ordres religieux (le nom correspondant est laïcat, « ensemble des laïcs »); laïque s'écrit de ce qui respecte strictement la neutralité vis-à-vis des diverses religions`` (Dupré 1972).
REM.
Laïquement, adv.De manière laïque. Les uns paternellement, et maternellement; les autres scolairement, intellectuellement, laïquement; les autres dévotement, pieusement; tous doctement, tous paternellement, tous avec beaucoup de cœur ils enseignaient, ils croyaient, ils constataient cette morale stupide (...) : qu'un homme qui travaille tant qu'il peut, et qui n'a aucun grand vice, qui n'est ni joueur, ni ivrogne, est toujours sûr de ne jamais manquer de rien (Péguy, Argent,1913, p. 1124).Le sentiment du devoir, ou pour parler plus laïquement, de la loi, s'est à ce point relâché, qu'une seule application de celle-ci un peu stricte ferait crier à la tyrannie (Gide, Journal,1917, p. 625).
Prononc. et Orth. : [laik]. Ac. dep. 1694 : laïque; dep. 1798 mention ,,le masc. parfois laïc``. Étymol. et Hist. 1487 (Loys Garbin, Voc. lat. fr. : Laicus, lay ou laïque). Empr. au lat. eccl.laicus, v. lai2. Fréq. abs. littér. : 585. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 463, b) 254; xxes. : a) 1 660, b) 957. Bbg. La Potterie (I. de). L'Orig. et le sens primitif du mot laïc. Nouv. r. théol. 1958, t. 90, pp. 840-853.