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JOUET, subst. masc.
A. − Objet que les enfants utilisent pour jouer. Une nourrice montre un jouet à un enfant qui tend les mains, dans sa petite voiture (Huysmans, Art mod.,1883, p. 206).Un nouveau jouet de mécanique, un renard au milieu de poules, contre lequel un coq battait des ailes (Bourges, Crépus. dieux,1884, p. 63).Je restais devant elle comme un enfant devant un jouet qu'il a brisé pour en découvrir le mystère (Gide, Isabelle,1911, p. 672):
1. Et maintenant tu vas comprendre pourquoi grand-père avait un tel amour pour moi et pourquoi quand je lui ai demandé un bateau comme jouet il m'a acheté un vrai bateau pour mon anniversaire. C'est que grand-père m'a toujours traité en homme. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 218.
SYNT. Jouet éducatif; jouet humble, somptueux; jouet gonflable, incassable, miniature; jouet de bois; jouet en celluloïd, en peluche, en plastique, en métal.
P. anal.
[En parlant d'une chose concr.] C'est le roi de la ligne Trieste-Bombay [un paquebot italien] (...) les maharajahs aiment ce jouet nouveau qui les met à dix jours de l'Europe (Morand, Route Indes,1936, p. 181).
[En parlant d'une chose abstr.] :
2. Albert Sorel a traité d'« Auguste comédie » les gestes et les paroles des rois en face de la Révolution (...) L'émigration fut un jouet entre leurs mains et ils s'en servirent pour exciter la France révolutionnaire, préférant que ce fût d'elle que la guerre vînt. Bainville, Hist. fr., t. 1, 1924, p. 58.
B. − P. anal.
1. [En parlant d'une pers.]
a) [Personne qu'on traite avec légèreté ou qui est l'objet de moqueries] Elle (...) se demanda même si les libéralités de M. Zaraguirre n'avaient pas été une manœuvre (...) « Il m'a toujours traitée en enfant, en jouet, en poupée animée, dit-elle (...) » (L. de Vilmorin, Belles am.,1954, p. 106):
3. Il avait une peur maladive des jupons qui lui faisait baisser les yeux dès qu'une cliente le regardait en souriant, et cette timidité bien connue, le rendait le jouet de tous les espiègles du pays. Maupass., Contes et nouv., t. 2, Rosier MmeHusson, 1887, p. 688.
b) [Personne dominée par une volonté extérieure, humaine ou divine] Être le jouet des caprices d'un maître (Ac.1835-1935).Guillaume, dernier duc d'Aquitaine, servit de jouet à saint Bernard qui, la sainte hostie à la main, le magnétisa au milieu de la messe (Stendhal, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 107).Je ne suis qu'un jouet entre les mains de Dieu (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1135):
4. ... ce jeune homme épileptique et sans virilité, jouet de son entourage et bientôt victime de ses frères, « ce pauvre Louis XVI chypriote » (...) n'avait aucune des qualités d'un chef. Grousset, Croisades,1939, p. 377.
c) [Personne dominée par une force intérieure, un sentiment] L'homme, jouet de sa vanité, de ses espérances, de ses passions; être le jouet d'un rêve, d'une illusion, d'une hallucination. Mmede Kergaz fut saisie d'une épouvante voisine du délire, et elle se demanda si elle n'était point le jouet d'un cauchemar (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 360).Léopold (...) semblait le jouet de son inspiration. Puis au retour de ces élancements dans les régions qui s'étendent par delà les limites de notre esprit, il parlait du ton le plus plat (Barrès, Colline insp.,1913, p. 164):
5. Étais-je encore le jouet de mon imagination, en ramassant sur le chemin un morceau de papier à lettre qui me parut ressembler singulièrement à celui dont M. Robert Darzac se servait à la Sorbonne? G. Leroux, Parfum,1908, p. 68.
d) [Personne dominée par une force extérieure, réelle ou illusoire] Être le jouet du destin, du hasard, du sort, de la fortune, des événements. La femme qui engendre ne connaît (...) pas l'orgueil de la création; elle se sent le jouet passif de forces obscures (Beauvoir, Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 110):
6. Je reprochais à la psychanalyse de supprimer la liberté de l'individu en faisant le jouet des circonstances et surtout de l'hérédité, mais j'ai compris soudain que les circonstances et en particulier celles créées par l'hérédité sont comme le champ clos choisi par Dieu et où s'exerce notre liberté dans une mesure connue de lui seul. Green, Journal,1948, p. 158.
2. [En parlant d'une chose concr. livrée à l'action d'une force naturelle] Un nuage de pleurs voile ses yeux charmants; Ses noirs cheveux épars sont le jouet des vents (Baour-Lormian, Ossian,1827, p. 34).Pendant huit jours, le Britannia fut le jouet des ouragans (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 76).
Prononc. et Orth. : [ʒwε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Mil. xiiies. [ms.] « objet avec lequel jouent les enfants » (Vie de St Clément pape, éd. P. Meyer ds Notices et Extr. des mss de la BN, t. 38, p. 317, 244 : E dunat as enfançunez Jüez asez et beaubelez); 2. 1600 « personne victime d'une volonté qui la domine, d'un pouvoir qui l'opprime » (D'Aubigné, Confession cathol. du Sieur de Sancy ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 2, p. 339 : condamnez à estre le jouet des Grands). Dér. du rad. de jouer*; suff. -et*. Fréq. abs. littér. : 807. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 101, b) 1 032; xxes. : a) 1 187, b) 1 225. Bbg. Hasselrot 1957, p. 171; 20es. 1972, p. 11.