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JEUNESSE, subst. fém.
I. − [Désigne une période de la vie]
A. −
1. Période de la vie entre l'enfance et l'âge mûr chez l'homme. Anton. vieillesse.C'est vers trente-cinq ans qu'il faut placer le passage de la jeunesse à l'âge mûr (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 239).Sa jeunesse s'écoula, studieuse et fervente, non loin de l'usine paternelle, au collège de Rouen (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p. 1356):
1. La jeunesse est l'aspect social de l'adolescence, elle se définit par opposition à la génération parvenue à la pleine maturité, elle est le moment du développement où l'être, mis en possession de tous ses moyens, presse ses devanciers de son élan enthousiaste et impatient pour se faire une place au soleil. M. Debesse, Adolescence,1942, p. 7.
Loc. subst.
Première jeunesse; prime, tendre, verte jeunesse (vieilli); extrême jeunesse (rare). Période qui va de la fin de l'enfance à l'adolescence ou qui suit l'adolescence. Dès sa plus tendre jeunesse, ses parents avaient fondé sur lui toutes leurs espérances (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 82).Dès ma prime jeunesse, j'ai recherché avec passion ce morose plaisir (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 225).En mon adolescence, à Paris; en ma verte jeunesse, au régiment (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 119).
Seconde jeunesse. Période allant de l'adolescence à l'âge mûr. Le baron d'Estrigaud?... Un homme usé! un homme de la seconde jeunesse! dont la première a été si peu exemplaire! (Augier, Lions,1870, p. 199).Ce choc l'atteignait après de longues attentes, vers la fin de sa seconde jeunesse et tout près de l'âge mûr (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 72).
Ne plus être de (la) première jeunesse. Être assez avancé dans l'âge mûr. Qu'elle ne fût plus de la première jeunesse était de peu d'importance aux yeux d'un gendre qui n'aimait pas les femmes (Proust, Fugit.,1922, p. 684).
La jeunesse n'a qu'un temps, la jeunesse a fait son temps. Aimons et chantons encore : La jeunesse n'a qu'un temps (Murger, Nuits hiver,1861, p. 47):
2. À trente ans, c'est déjà fini, on s'arrange (...). La jeunesse a fait son temps, on va rendre de petites visites à cette morte [la jeunesse], on la trouve touchante, heureuse, auréolée du pathétique halo des illusions perdues... Nizan, Conspir.,1938, p. 21.
En partic.
[En fonction de déterm.] Amitié, amour, maladie, souvenir de jeunesse. Une œuvre de jeunesse (un peu entachée de romantisme) (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 182).Je le vois, mon joli oncle, − car il avait gardé sa beauté de jeunesse, − je le vois assis dans la ruelle (Goncourt, Journal,1888, p. 848).
[Avec un compl. prép. de ou un adj. spécifiant l'activité qui a marqué cette période] Jeunesse d'étudiant. L'auteur, (...) lui-même dans son premier âge chasseur (...) paraît modifié par son livre même. Il oscille (...) entre ses premières habitudes de jeunesse meurtrière, et son sentiment nouveau (Michelet, Oiseau,1856, p. xliv).Bourneville qu'un ancien ressentiment, en sa jeunesse de carabin, à l'endroit d'une sœur de Saint-Vincent-de-Paul anime contre les sœurs de tous les ordres (Goncourt, Journal,1886, p. 527).
P. méton. Période de temps correspondant à la jeunesse de quelqu'un. Les plus modernes [des meubles] remontent à la jeunesse de Louis XV (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 56).Elle redoutait les rues populeuses, si changées depuis sa jeunesse (Chardonne, Épithal.,1921, p. 29).
[En fonction de déterm.] Par suite des démolitions et des reconstructions, le Paris de sa jeunesse, ce Paris qu'il a religieusement emporté dans sa mémoire, est à cette heure un Paris d'autrefois (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 535).
SYNT. Dans ma, sa jeunesse; au temps, du temps de ma, sa jeunesse; en pleine jeunesse; avoir une jeunesse déréglée, difficile, dorée, heureuse, malheureuse, modèle, oisive, sérieuse, studieuse, turbulente; pleurer sur sa jeunesse; regretter sa jeunesse; les belles années de la jeunesse.
2. [Correspond à jeune I A 1 a α] Fait d'être jeune, d'être peu avancé en âge. Le vieillard (...) monta chez ce célèbre légiste, qui, malgré sa jeunesse, passait pour être une des plus fortes têtes du Palais (Balzac, Chabert,1832, p. 27).Simonin (...) était grand, serein et élevé; en dépit de sa jeunesse, le front déjà chauve (Jouve, Scène capit.,1935, p. 90).
B. − P. anal.
1.
a) Période pendant laquelle un animal, une plante n'a pas atteint son complet développement. Leurs dents [des Solipèdes] sont plus oblongues dans la jeunesse lorsqu'il y en a moins; avec l'âge elles se rapprochent de la figure carrée (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 168).Dans la jeunesse de la graine, lorsqu'elle était encore à l'état d'ovule, cette cavité du nucelle ne constituait qu'une dépression (Al. Brongniart, Graines foss.,1876, p. 18).
b) Période pendant laquelle quelque chose apparaît et commence à se développer. Synon. début; aube, matin.Le monde est devenu trop grand pour les conciles généraux, qui ne semblent faits que pour la jeunesse du christianisme (J. de Maistre, Pape,1819, p. 41).La confiance que les poètes placent dans leur génie particulier, les promesses d'éternité, qu'ils ont reçues dès la jeunesse du monde et du langage (Valéry, Variété[1], 1924, p. 104).
Être dans sa (première) jeunesse. Être à ses débuts. Comment pourrions-nous craindre que la mélopée grégorienne ait pu se perdre (...) alors surtout qu'elle était dans sa première jeunesse (Bénédictins, Paléogr. mus., t. 2, 1889, p. 16).
2. [Correspond à jeune I A 2] Caractère jeune de quelque chose, de ce qui n'existe que depuis peu de temps. Une mise en bouteilles précoce lui conserve [au vin de Sancerre] toute sa jeunesse et, quelques mois plus tard, les diverses qualités se sont fondues (Encyclop. pratique des vins du monde, Paris, Éd. Atlas, 1979, p. 202).
II. − [Désigne l'ensemble des traits traditionnellement ou socialement attribués aux jeunes gens]
A. −
1. Qualité d'une personnalité jeune, de la personnalité caractéristique de jeunes gens.
a) [Cette qualité correspond à une image soc. valorisée de la personnalité : vitalité et fraîcheur physique, dynamisme, enthousiasme et spontanéité dans l'action, vivacité intellectuelle] Ardeur, gaieté, vigueur et jeunesse; un air de jeunesse. Elle redevint fraîche; elle pétilla de santé, de joie et de jeunesse; je retrouvai mon cher lys embelli, mieux épanoui (Balzac, Lys,1836, p. 174).Je me cramponne à ma jeunesse qui s'en va, et cela ne laisse pas d'être convenablement ridicule (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 17).Paracelse (...) avait mis au point certain élixir à base d'or potable capable d'apporter une jeunesse éternelle (Caron, Hutin, Alchimistes,1959, p. 37).V. amoureux ex. 112 :
3. ... j'appartenais à cette race d'êtres dont on dit qu'ils n'ont pas de jeunesse : un adolescent morne, sans fraîcheur. Je glaçais les gens, par mon seul aspect. Plus j'en prenais conscience, plus je me raidissais. Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 32.
[Personnification] Peltier n'est plus là pour nous donner à dîner avec l'argent du Roi Christophe, et surtout la magicienne n'est plus là, la Jeunesse qui, par un sourire, change l'indigence en trésor, qui vous amène pour maîtresse sa sœur cadette, l'Espérance (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 32).
[Dans une expr. évoquant une quantité] Avoir beaucoup de jeunesse, être plein de jeunesse, déborder de jeunesse; trésor(s) de jeunesse. Cette femme a de l'âme et elle a l'air d'avoir une surabondance de jeunesse et de vie qu'elle prodigue avec un laisser-aller qui n'est pas sans charmes (Delécluze, Journal,1828, p. 489).Que dite-vous, femme? reprit Trenmor avec épouvante, avez-vous déjà épuisé tant de jeunesse et de sève (Sand, Lélia,1833, p. 243):
4. Emportée pour la première fois par une vague de jeunesse trop longtemps refrénée, l'amirauté prenait le mors aux dents. Gracq, Syrtes,1951, p. 140.
[Constr. avec un compl. de ou un adj. spécifiant un aspect de la personnalité] Jeunesse d'âme, de corps. Je vous aime pour votre candeur, (...) pour cette grande jeunesse morale dont vous êtes si impatient de vous dépouiller (Sand, Lélia,1833, p. 28).Ce sur quoi je compte, c'est sur une jeunesse de cœur qui me permettra d'aimer pendant vingt ans une femme qui en aurait trente-six (Balzac, Lettres Étr., t. 1, 1837, p. 440).Je parle de son rayonnement, de sa générosité d'esprit, de sa jeunesse d'esprit (Barrès, Cahiers, t. 11, 1914, p. 87).
Rare. [Le compl. est au plur.] Ce n'est pas naïf, ces idées, ces explosions, cette jeunesse d'illusions (Goncourt, Journal,1864, p. 102).Il me faut toute ma jeunesse d'enthousiasmes et toute ma naïveté à l'égard des méchants hommes, pour descendre ainsi vers eux (Gide, Corresp. [avec Valéry], 1891, p. 61).
[Cette qualité en tant qu'elle marque un trait physique, un comportement, une œuvre intellectuelle ou artistique] Mettre de la jeunesse, un accent de jeunesse dans qqc. Un souffle de jeunesse circule [dans les Poèmes de Sully-Prudhomme] sous la précoce maturité d'une science précise et d'une forme souvent parfaite (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 33).Il avait les yeux brillants, de la jeunesse dans la voix et dans les gestes (Bourget, Disciple,1889, p. 228):
5. Et devant ce visage où d'habitude, un air de douceur et d'ironie mettait une perpétuelle jeunesse et qui soudain abandonné, un filet de salive rejoignant les lèvres entrouvertes, laissait voir son usure et sa vieillesse, Rieux sentit sa gorge se serrer. Camus, Peste,1947, p. 1373.
Locutions
Seconde, nouvelle jeunesse. État psychologique d'une personne d'âge mûr qui retrouve le comportement, les qualités d'une personne jeune. Une seconde jeunesse, plus rigoureuse et plus fébrile que la première, faisait palpiter mon sein avec une violence inconnue (Sand, Lélia,1833, p. 184).Paris l'avait repris aux moelles, violemment; (...) c'était une seconde jeunesse, un enthousiasme et une ambition à désirer tout voir, tout faire, tout conquérir (Zola, Œuvre,1886, p. 222).
N'avoir pas eu de jeunesse. N'avoir pas connu les plaisirs ou l'insouciance qui sont censés être le propre de la jeunesse. Je me méfie de ces hommes qui n'ont jamais eu de jeunesse et qui ne risquent pas une enjambée dans l'existence, sans y réfléchir quelques années (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 120).On était (...) devenu homme sans avoir eu de jeunesse, (...) pour la cinquième fois, on ne serait point à la maison, au coin du feu, à Noël... (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 13).
Retrouver, rendre à qqn la, sa jeunesse. Je retrouvai ma jeunesse. Je la retrouvai si bien, que je devins éperdument amoureux d'une jeune dame des environs (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 177).Je vous rendrai la jeunesse, le rayon doré de vingt ans, l'espoir et la gaieté, le rire (Michelet, Journal,1857, p. 363).
SYNT. a) Le charme, l'éclat, la fleur de la jeunesse; l'effervescence, l'exaltation, la ferveur, le feu, les feux, la fièvre, la force, la fougue de la jeunesse. b) Être brillant, rayonnant, resplendissant de jeunesse; être enivré de jeunesse. c) Jeunesse brillante, éclatante, fraîche; jeunesse bouillante, enthousiaste, fougueuse, forte, irrépressible, impétueuse; belle jeunesse. d) Consumer, dépenser, gâcher, gaspiller, perdre, sacrifier sa jeunesse; la jeunesse s'enfuit, s'envole, se fane, est anéantie, engloutie, enterrée, morte, passée.
b) [Cette qualité correspond à une image morale défavorable : inexpérience et manque de maturité dans l'action, légèreté morale et intellectuelle] Naïveté, inexpérience et jeunesse; jeunesse crédule, folle, irréfléchie, imprudente; faire preuve de jeunesse. Au milieu du plus noir chagrin, le désespoir, la jeunesse et le hasard me firent commettre une action qui décida de mon sort (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 77).Louis-Xavier de Ricard, fondateur et rédacteur en chef d'une revue positiviste, morte de la jeunesse des rédacteurs et de la police impériale (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 262).La jeunesse est une manière de se tromper qui se change assez vite en une manière de ne plus même pouvoir se tromper (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 106):
6. Dans toute la longueur du Télémaque, Joanny n'aimait bien que deux passages : la description des sages Crétois au livre V, et ce passage-là, où Télémaque, avec l'emportement même et l'exagération de la jeunesse, maudit la jeunesse. (...) il y voyait une peinture de ce qu'était la jeunesse des autres. Ces fureurs, « ce temps de folie et de fièvre ardente »... Larbaud, F. Marquez,1911, p. 182.
Il faut que jeunesse se passe. [S'emploie pour excuser de façon ironique ou condescendante les écarts de conduite d'une pers. jeune] − Faut bien que jeunesse se passe. Et je devine qu'elle excuse, qu'elle admire, mon anémie dont les causes folâtres ne lui échappent pas (Frapié, Maternelle,1904, p. 29).
P. méton., vieilli, le plus souvent au plur. Acte manifestant l'irréflexion, la légèreté d'une personne jeune. Synon. frasque, fredaine.Faire des jeunesses. C'était la maman Muffat qui lui avait donné cette belle éducation : tous les jours à confesse, pas d'escapades, pas de jeunesse d'aucune sorte (Zola, Nana,1880, p. 1149):
7. Le comte de Saxe (...) a bien voulu (...) essayer un traité sur l'Art de la guerre par manière d'amusement, et ce sont ses jeunesses à lui, (...) c'est un pêle-mêle d'ébauches, de boutades et de réflexions, tantôt hasardées, tantôt judicieuses... Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 46.
SYNT. Écart, égarement, erreur, étourderie, excès, faute, folie, frasque, illusion, péché de jeunesse.
2. [Correspond à jeune I B 1] Caractère jeune de qqc. (trait physique, psychol., œuvre intellectuelle ou artistique).
a) [Le caractère renvoie à l'image revalorisée de la jeunesse] La vie serait donc l'objet premier du peintre. Et l'on oserait même dire (...) que c'est le bonheur qui anime toutes les célèbres peintures, ou bien la jeunesse des passions, même chez le tyran, l'avare ou le mélancolique (Alain, Beaux-arts,1920, p. 259).Une telle jeunesse des traits, une expression − excusez-moi − presque enfantine (Bernanos, Crime,1935, p. 790):
8. Ils [les grands artistes anglais] ont des tableaux magnifiques, mais qui ne présenteront pas cette éternelle jeunesse des vrais chefs-d'œuvre, exempts (...) d'enflure et d'efforts. Delacroix, Journal,1860, p. 263.
b) [Le caractère renvoie à l'image défavorable de la jeunesse] Un livre écrit au début de notre carrière et qui, en dépit de sa jeunesse, de ses inexpériences, de ses défauts, a fait parmi les bouquins de l'heure présente quelques petits (Goncourt, Journal,1888, p. 849).
B. − P. anal., littér. [Jeunesse connote l'image valorisée de la jeunesse : nouveauté, fraîcheur, plaisir] Il y avait dans l'air je ne sais quel épanouissement plus actif de sève nouvelle et de jeunesse (Fromentin, Dominique,1863, p. 50).La vie montait avec des lueurs d'aube, magnifique de jeunesse et de foi en elle-même, prodigue de promesses fécondes sur la fleur épanouie (Vogüé, Morts,1899, p. 436):
9. Parce qu'une rose a un suave parfum, faut-il mépriser son feuillage dentelé et épais d'un si beau vert, ses pétales d'une couleur si fraîche et si tendre, humide de rosée, de fraîcheur et de jeunesse? Karr, Sous tilleuls,1832, p. 260.
[Correspond à jeune I B 2] On l'enduisait [le phare de Calais], chaque année, au beau temps, de couleur fraîche. La jeunesse de sa teinte accusait la noirceur des autres édifices dominant la ville (Hamp, Champagne,1909, p. 204).V. jeune ex. 16. Caractère nouveau, récent de quelque chose.La jeunesse de la journée persistait sous le soleil de dix heures, grâce à une brise active qui venait du golfe (Colette, Naiss. jour,1928, p. 39):
10. Seul l'adjectif immaculé peut rendre la fraîcheur de l'air, la limpidité de l'eau, la jeunesse de ces verdures où il n'y a pas une poussière et la mollesse de ces paysages un peu sobres. Mollesse? Grâce, douceur, virilité pourtant et ce mot humilitas. Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 87.
Perdre, retrouver, rendre à qqc. sa jeunesse. Les costumes luxueux (...) semblaient avoir perdu toute leur jeunesse (...). Les rubans flottaient mous, sans éclat, les traînes sur les trottoirs ondulaient avec un froufrou mélancolique et fatigué (H. Céard, Soir. Médan, Saignée, 1880, p. 196).Il rendait leur jeunesse aux vieilles formules. Il dépatinait les poncifs. Il décapait les lieux communs (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 26).
Rem. Rare. Une jeunesse + (subst. plur.). [Avec un sens quantitatif] Toute une jeunesse de frêles tiges et de feuilles délicates s'épanouissait, montait, retombait en pluie (Zola, Doc. littér., Cap. Burle, 1883, p. 227).
III. − [Désigne une ou des personne(s)]
A. − Au sing., coll. Synon. les jeunes.Les écrivains (...), au moyen de ces plats ouvrages, cherchent à corrompre une jeunesse qui n'est, hélas! que trop disposée aux erreurs des sens (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 411).La jeunesse est généreuse, sensible, brave... et les vieillards la disent prodigue, inconsidérée, téméraire (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 178).
[Avec un compl. prép. de ou un adj. spécifiant une activité, un groupe socio-culturel] La jeunesse actuelle, d'aujourd'hui, de maintenant. Il faut aujourd'hui chercher, avant tout, à donner à la jeunesse médicale l'esprit expérimental (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 187).Une partie de la jeunesse de gauche le relègue au rang des vieilles lunes (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 25).La rue, envahie par une jeunesse bruyante (Camus, Peste,1947, p. 1263).
Jeunesse dorée*.
En partic.
Les jeunes gens de sexe masculin. Notre armée c'est notre jeunesse en armes (Bernanos, Enf. humil.,1948, p. 67).
Les enfants et les adolescents. La jeunesse des écoles; livres pour la jeunesse; éduquer, former, instruire la jeunesse. La naissance des mouvements de jeunesse et de grand air traduit une réaction (...) contre l'individualisme urbain (Mounier, Traité caract.,1946, p. 128).P. méton. Services administratifs consacrés aux sports, aux problèmes de la jeunesse. Haut Commissariat à la Jeunesse et aux Sports. Les sports, les loisirs, la jeunesse ont tour à tour été rattachés à ce département [du Ministère de l'Éducation Nationale] (Encyclop. éduc.1960, p. 27).
Expr. proverbiales
Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait... Si les jeunes avaient l'expérience des vieux et si les vieux avaient la force des jeunes... La vieillesse sait et ne peut pas; la jeunesse peut et ne sait pas (Chénedollé, Journal,1833, p. 161).
Les voyages forment* la jeunesse (v. former B ii a).
B. − Au sing. ou au plur., pop. Jeune fille, jeune femme. J'aimais ce gros homme en sabots qui se hâtait pour vendre aux phtysiques [sic] jeunesses la consolation du tiède lait d'ânesses (Cros, Coffret santal,1873, p. 118).Le soir, dîne le jeune ménage Gautier. La petite femme, une jeunesse ratatinée et vieillotte (Goncourt, Journal,1874, p. 1005).L'héritière des Pandolfini, la plus belle jeunesse de Milan (Jouve, Paulina,1925, p. 89):
11. Une paire de nichons splendides cette négresse, bien élevée par les sœurs du Gabon. Non seulement cette jeunesse parlait le français en zézayant, mais elle savait encore présenter la quinine dans la confiture et vous traquer les puces « chiques »... Céline, Voyage,1932, p. 196.
En partic., pop.
Garçon, jeune homme. Ce morveux m'a glacé jusqu'aux os. Une jeunesse pareille, qui a perdu à ce point le respect, cela fait frémir (France, Pt Pierre,1918, p. 85).
Au plur. Jeunes gens des deux sexes. La place (...) de jeunesses qui cherchaient à « se louer ». Les jeunes gens en quête d'une place de charretier avaient leur fouet pendu au cou; (...) les filles tenaient une rose à la main (R. Bazin, Blé,1907, p. 44).
C. − En partic. [Sert à former le nom de divers mouvements de jeunesse] Chantiers* de jeunesse.
Au sing. Il est membre de la Jeunesse antisémite de Rouen, membre de la vieillesse antijuive de Louviers, membre encore d'une infinité de groupes et de sous-groupes (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 120).La jeunesse ouvrière catholique. Cette organisation est connue abréviativement sous le nom de JOC (Becquet, Organ. loisirs travaill.,1939, p. 211).
Au plur. Les Jeunesses Musicales; les Jeunesses Communistes, Hitlériennes. Il s'était contenté des Jeunesses Patriotes, bien qu'elles lui eussent paru infiniment moins relevées que l'Action française (Nizan, Conspir.,1938, p. 113).
Prononc. et Orth. : [ʒ œnεs] et [ʒø-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Temps de la vie 1. 1155 juenvlesce « période de la vie humaine s'étendant de l'enfance à l'âge mûr » (Wace, Brut, 5685 ds T.-L.); 1578 p. anal. en parlant de végétaux (Ronsard, 2eLivre des Amours, II, Mort de Marie, Sonnet, 2, éd. P. Laumonier, t. 17, p. 125); 2. 1155 « état d'une personne jeune; qualité, caractère propres à une telle personne » (Wace, op. cit., 1696, ibid.); 1588 « cette qualité conservée jusqu'à la vieillesse » (Montaigne, Essais, II, III, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 327); 3. ca 1250 « action accomplie par un jeune homme » (Doon de Mayence, 181 ds T.-L.); 2emoitié xives. péj. (Chevalier de Latour Landry, 75, ibid. : ses pechiez et ses jeunesses); 4. 3etiers xiiies. joneche « inexpérience » (Adam de la Halle, Jeu-parti, éd. A. Lȧngfors, t. 2, CXIV, 36). B. Personnes jeunes 1. 1377 jonesce empl. coll. « les jeunes » (Miracles de N.-D., éd. G. Paris et U. Robert, XXXIV, 48, t. 6, p. 82); 2. av. 1605 fam. « jeune fille, jeune femme » (Vauquelin de la Fresnaye ds FEW t. 5, p. 93 b); 1668 (Racine, Les Plaideurs, III, 4). Dér. de jeune*; suff. -esse* (-itia); d'apr. FEW t. 5, p. 95, note 9, le mot, à l'emploi B 2 serait à l'origin. un fém. en -esse* (< -issa) de jeune, considéré par la suite comme une individualisation de l'emploi coll. B 1. Fréq. abs. littér. : 8 371. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 171, b) 11 987; xxes. : a) 11 535, b) 11 001. Bbg. Gohin 1903, p. 320. - Maulnier (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 130-132. - Quem. DDL t. 2. - Staaf (E.). Qq. rem. sur le passage d'eu atone à u en fr. In : [Mél. Wahlund (C.)]. Mâcon, 1896, p. 249.