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* Dans l'article "JASER,, verbe intrans."
JASER, verbe intrans.
A. − [Le suj. désigne un oiseau] Émettre une succession de petits cris. Ce tendre oiseau qui jase ignore l'oiseleur (Hugo, Rayons ombres,1840, p. 1038).Je commençai à entendre les oiseaux qui chantent peu, mais parlent, comme les hirondelles, jasant du beau temps, de la chasse, de nourriture rare ou commune (Michelet, Oiseau,1856, p. liii).
En partic. [En parlant du geai, de la pie] Émettre son cri. Synon. jacasser.Expr., p. anal. Jaser comme une pie, comme une pie borgne. Il jasait, en ce moment-là, comme une pie borgne (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 209).
B. − P. anal.
1. Qqn jase.[Le suj. désigne une pers.]
a) Synon. de babiller.Elle disait des riens, d'un parler puéril, Comme un enfant qui jase (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 297).
b) Parler abondamment, parfois pour le plaisir de parler. Synon. fam. babiller, caqueter.Tout le monde babille ou jase au hasard (Lemercier, Pinto,1800, II, 6, p. 54).[Ils] se mirent à jaser avec une joie débordante et en une minute transfigurèrent l'atmosphère de la salle à manger (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 128):
1. Après la causerie, Mérimée, Sautelet, Ampère et moi nous avons été dîner aux Frères Provençaux. Quoique nous ayons été assez sobres, nous avons trouvé moyen de rester jusqu'à 9 heures du soir à table. La conversation était fort agréablement établie. On a jasé fort longuement. Nous nous sommes beaucoup amusés, et cependant il me serait impossible de rapporter ce que nous avons dit. Delécluze, Journal,1826, p. 296.
Jaser avec (qqn).Il sentit qu'il aimait ces enfants, qu'il se plaisait à jaser avec eux (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 143).
[Avec un compl. prép. désignant ce qui est exprimé] Le soir, auprès de la cheminée, ils jasent sur ce qu'ils ont vu dans leur promenade (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 170).
Fam. [P. ell. de la prép.] Nous jasâmes santé, médecine et Pauline (Michelet, Journal,1820, p. 119).Mad. Prugnières analyse avec moi quelques visages et nous jasons pédagogie, modes, musique, etc. (Amiel, Journal,1866, p. 155).
Emploi trans., rare. Ce qu'un oiseau chante, un enfant le jase (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 104).Au part. passé. Un bruit dans la Cité Circule, jasé, récité Par la dent unique des vieilles Comme par la bouche vermeille Des fillettes au rire fin (Mallarmé, Vers de circonst.,1898, p. 182).
Région. (Canada). Bavarder. Victoria ne remit plus les pieds chez ses parents, elle se contenta de les recevoir quand ils venaient jaser en attendant la grand'messe (Marcel Trudel, Vézine,1946, p. 61 ds D. Rogers, Dict. de la lang. québécoise rurale, Montréal, V.L.B., 1977).
Emploi trans. Raconter. Venez me voir, je vous jaserai cela (Canada1930).
Arg., vx. ,,Prier`` (Delvau 1883, France 1907, Esn. 1966).
c) Péjoratif
Parler plus qu'il ne faudrait, révéler un secret. Tu feras bien, ma petite, de jaser un peu en route et de me dire la vérité (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 252).Chut! vous voudriez me faire jaser, compère; mais je suis discret comme la tombe (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 144).Mais cette fille, c'est un tombeau. D'ailleurs, nous la tenons... Elle ne jasera pas (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 207).
Jaser sur (qqc.).Ces messieurs, qui m'ont fait trop jaser sur la politique (Maine de Biran, Journal,1816, p. 201).
Arg. Parler trop, dénoncer (d'apr. Delvau 1883; Car. Argot 1977).
Parler beaucoup et de manière désobligeante. Vous pourrez dire à ses camarades − parce que cela va faire jaser beaucoup − qu'il est parti réconcilié (Montherl., Ville dont prince,1951, III, 6, p. 919).Les travaux effectués dans diverses églises donnaient à jaser (Caron, Hutin, Alchimistes,1959, p. 14):
2. C'était un professeur au collège de Saint-Pierre qui avait épousé la fille du sénateur Bélignat. Cette union avait fait jaser : elle le savait. On s'était demandé, on se demandait encore, comment ce garçon, d'allure distinguée, avait pu épouser cette femme rabougrie, ce laideron boiteux (...). D'ordinaire, on jugeait, en ville, ce mariage avec sévérité. Daniel-Rops, Mort,1934, p. 147.
[Avec un compl. prép. désignant ce qui est exprimé, ce(lui) qui est critiqué, commenté] On commençait même à jaser à son sujet, et on la plaisantait sur l'amoureux qu'elle devait avoir (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 30).On pourrait jaser de nous deux... tant que je ne suis pas seule avec toi, mon mari n'a rien à dire, j'ai un bon prétexte pour rester ici... tu comprends? (Zola, Bête hum.,1890, p. 240).Quant à M. Rabastens, on a jasé en ville sur ses visites et ses leçons de chant, à ce qu'il paraît, ah! Dieu! notre sale pays de cancans! (Colette, Cl. école,1900, p. 246).
2. Littér. Qqc. jase.[Le suj. désigne un inanimé concr.] Produire un bruit léger et continu. Les arbres du chemin jasaient tout bas et tressaillaient au dernier vent du soir avant de s'assoupir (Hugo, Rhin,1842, p. 37).Les sources vives qui font gazouiller les ruisseaux, et jaser à petit bruit les fontaines (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 392).
REM. 1.
Jasant, -ante, adj.,rare. Qui jase. Il y eut, à travers le silence, l'éclat d'une petite voix jasante (Genevoix, Raboliot,1925, p. 340).P. anal. La belle et claire eau courante, trépidante, jasante, qui semble vous tenir compagnie (Pourrat, Gaspard,1922, p. 123).Emploi subst. fém., arg. ,,Prière`` (Delvau 1883, France 1907, Riv.-Car. 1969).
2.
Jasement, subst. masc.,rare. Action de jaser. Synon. jaserie.Un ravin au creux duquel nous entendions comme un jasement d'eau courante (Fabre, Norine,1889, p. 24).
3.
Jasiller, verbe intrans.,rare. Synon. babiller.Parmi des bergers et des vaches, le petit Estève jasillant (E. de Guérin, Journal,1840, p. 225).
Prononc. et Orth. : [ʒ ɑze], [-a-], (il) jase [ʒ ɑ:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Début xvies. gaser en parlant d'un oiseau (Frère Phillebert ds Recueil de farces et moralités, éd. Leroux de Lincy et Fr. Michel, IV, p. 13 : Qu'il sache gaser comme un gay); 1538 jaser « bavarder, babiller, badiner » (Est. d'apr. FEW t. 4, p. 72b); 1678 « parler indiscrètement » (Hauteroche, Nobles de province, II, 3, éd. 1772). Prob. issu d'un rad. onomat. gas- par l'intermédiaire de formes normanno-pic. gaser (cf. supra; v. aussi gazouiller). Fréq. abs. littér. : 286. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 577, b) 713; xxes. : a) 331, b) 140. Bbg. Nigra (C.). Note etimologiche e lexicali. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 642. - Sain. Arg. 1972 [1907], p. 124; Sources t. 2 1972 [1925], p. 46. - Thurneysen 1884, p. 103.