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JAMBE, subst. fém.
A. −
1. ANAT. Partie du membre inférieur chez l'homme, comprise entre le genou et le cou-de-pied, servant de soutien dans la station verticale et la locomotion, p. ext. le membre inférieur tout entier. Synon. pop. flûte, gambette, guibolle, quille; patte (fam.).Être court, haut sur jambes. La jambe est formée de deux os. L'un plus gros, appelé tibia; l'autre plus grêle (...) nommé le péroné (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 363).À la sortie, elle dut passer devant Henri : la jupe de sa robe lui battit les jambes. Elle n'osa pas le regarder (Reider, MlleVallantin,1862, p. 99).Nous demeurions là (...) dans le sable jusqu'au gras de la jambe (Claudel, Tête d'Or,1901, 3epart., p. 275):
1. ... le confrère ne se gêna pas pour rire dédaigneusement lorsqu'il découvrit cette jambe gangrenée jusqu'au genou. Puis, ayant déclaré net qu'il la fallait amputer, il s'en alla chez le pharmacien déblatérer contre les ânes qui avaient pu réduire un malheureux homme en un tel état. Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 19.
Arg. Jambes de coq. Jambes maigres (France 1907). Synon. mollets de coq.
a) [Le membre inférieur en tant qu'organe articulé] Jambe en extension; allonger, écarter, fléchir, laisser pendre, plier, tendre la/les jambe(s); tomber les jambes en l'air. S'il s'asseyait, et allongeait les jambes, elle le déchaussait (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 44).Les jambes pendantes, il s'asseyait contre elle (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 620).Il regardait ses jambes pliées aux genoux et posées en biais, collées à la haute pierre (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 157):
2. ... Saint-Loup prenait amicalement la main de n'importe quel bourgeois qu'on lui présentait (...) et en causant avec lui (sans cesser de croiser et de décroiser les jambes, se renversant en arrière, dans une attitude débraillée, le pied dans la main) l'appelait « mon cher ». Proust, Guermantes 1,1920, p. 130.
Locutions
Jambe de çà, jambe de là. À califourchon. Mlle[Rose] était bâtie comme un garçon, montait à cheval jambe deça, jambe delà, galopant comme un démon (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 302).
(Avoir) les jambes en compas. (Avoir) les jambes écartées. Ouvrant les jambes en compas forcé et faisant des pas de six pieds (Gautier, Fracasse,1863, p. 113).
DANSE. (Faire des) ronds de jambes. (Faire un) mouvement arqué des jambes en les fléchissant. Dans les quadrilles, quand il faisait le cavalier seul, il osait des entrechats et des ronds de jambe comme les danseurs de la ville (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 84).
Au fig. Être obséquieux (envers quelqu'un), faire des manières. Synon. faire des courbettes.On cherche les petits coins tranquilles, on se cache pour bien embrasser, on ne fait pas ça avec des flonflons et des ronds de jambe (Giono, Baumugnes,1929, p. 197).
b) [Le membre inférieur en tant que soutien du corps] Assuré, bien campé, d'aplomb, solide sur ses jambes; jambe amputée, cassée, malade, molle; les jambes flageolent, fléchissent, tremblent; préférer ça à une jambe cassée. Il était campé sur ses jambes presque torses comme sur une base inébranlable (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 92).Elle ne put se lever du siège où elle était assise, et sentit que ses jambes refusaient de la porter (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 564).Quand je traversais le pont, il s'est foutu dans mes jambes, il m'a bien flanqué par terre (Montherl., Songe,1922, p. 125):
3. Son dos s'était voûté, ses jambes le soutenaient à peine, molles comme celles d'un homme qui va avoir la grippe. Toute sa vie se perdait, et il était complètement épuisé. Montherl., Bestiaires,1926, p. 562.
Expr. et loc.
SPORTS. Jeu de jambes. Aisance des jambes chez l'athlète qui lui permet de rester en bonne position. Jeu de jambes d'un boxeur (Lar. Lang. fr.).Le tennis étant fondamentalement un jeu d'instinct, les discussions sur le jeu de jambes prennent souvent une tournure trop complexe (A. Asheds Tennis de France,juill. 1980, no327, p. 147).
Avoir des jambes molles, des jambes de/en coton, en pâté de foie (fam.). Se sentir faible. Allant d'une étrange démarche, mal articulée, mal équilibrée, hésitante et difficile dans sa progression, le poids du corps mal réparti, déjeté, les jambes en coton, faible comme une chèvre malade (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 317).
Ne plus (pouvoir se) tenir sur ses jambes. Même sens. Eugénie (...) put à peine se tenir sur ses jambes quand elle fut dans sa chambre (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 123).
Au fig.
Casser, couper les jambes; couper bras et jambes à qqn. Enlever sa force, son courage à quelqu'un. Ces émotions me coupent les jambes, asseyons-nous (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 106).
N'avoir plus de jambes, avoir les jambes coupées. Se trouver sans force. Je n'ai plus de jambes, je crains de me trouver mal devant la loge du portier (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 54).Il faut vous croire sincère, j'en ai les jambes coupées (Bernanos, Joie,1929, p. 618).
Rompre bras et jambes (vx). ,,Rouer de coups`` (Rob.).
Les jambes me rentrent dans le corps. Je suis épuisé à force de marcher. Putois, regardant la pendule. − Trois heures moins vingt (...). On ne se couchera pas cette nuit. J'ai les jambes qui me rentrent dans le corps (Zola, Bouton de rose,1884, I, 1, p. 224).
c) [(Partie du) membre inférieur en tant qu'organe de la marche] Marchant mal et comme avec des jambes tortes (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 323).Ne quittez pas cette table, je vous le défends! Ne bougez bras ni jambes, je vous dis! Fixe! (Claudel, Pain dur,1918, II, 3, p. 451):
4. ... il nous fallut attaquer à plein jarret une route assez raide (...). Je me souviens encore du clair de lune qu'il faisait cette nuit-là, et du plaisir physique que nous eûmes à nous dégourdir les jambes après douze heures d'immobilité... Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 56.
Locutions
À toutes jambes (loc. adv.). Très vite. Aller, courir, filer à toutes jambes. Quand je sens le premier toucher de ces rayons froids, qui recroquevillent l'espérance, alors à toutes jambes je fuis (Alain, Propos,1930, p. 952).
Avoir encore, retrouver ses jambes de vingt ans. Pouvoir marcher facilement malgré l'âge. Anton. ne plus avoir de jambes.Il respirait sans oppression, et il avait des jambes de vingt ans. Il marchait allégrement, sans prendre garde aux pierres (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 561).
Avoir de bonnes jambes. Pouvoir marcher rapidement et pendant longtemps. Cela ne nous empêche pas de faire chaque jour (...) une grande marche de deux heures, avec Arthur. Ils ont de bonnes jambes l'un et l'autre (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 693).
Donner des jambes (à qqn). Faire marcher, courir quelqu'un. Synon. donner des ailes.La peur donne des jambes (Rob.).
Jouer des jambes (arg.). ,,S'enfuir`` (Hautel t. 2 1972). − Commandant, dit Bruidoux, amenant par le collet le fils du garde-chasse, le petit singe ne voulait-il pas jouer des jambes...? (Feuillet, Bellah,1850, p. 91).
Prendre ses jambes à son cou*.
Avoir des kilomètres dans les jambes (fam.). Avoir beaucoup marché. P. anal. Mais si tu avais treize ans de tournées, comme moi, dans les jambes, tu ne serais pas si fière! (Colette, Music-hall,1913, p. 106).En avoir plein les jambes. ,,Être fatigué après une longue marche`` (Lar. Lang. fr.).
Tirer, traîner la jambe. Marcher avec difficulté. Ils se hâtent, en débandade, tête basse, épuisés, tirant la jambe, inquiets d'être à la traîne (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 756).
N'aller que d'une/sur une jambe (au fig.). Péricliter. Et si l'une des deux familles [d'esprits] existait seule, la critique n'irait évidemment que sur une jambe (Thibaudet, Réflex. crit.,1936, p. 148).
Faire la belle jambe. Mettre ses jambes en valeur dans sa manière de marcher; parader. Voilà le tonton Amédée faisant la belle jambe, riant, tournant (Pourrat, Gaspard,1930, p. 115).
Faire jambe de bois (arg.) ,,Se donner des forces pour la marche en buvant`` (France 1907).
Tirer dans les jambes de qqn (fig.). ,,Nuire à quelqu'un`` (Lar. Lang. fr.).
d) Loc. fig., fam.
Jouer, traiter qqn par dessous/par dessus la jambe. Traiter quelqu'un avec désinvolture. Eh! bien, sachez que madame Evangélista, son notaire et sa fille nous jouaient par-dessous la jambe, et sont plus qu'adroits. Tudieu, quel jeu serré! (Balzac, Contrat mar.,1835, p. 267).Faire qqc. par-dessous la jambe. Faire quelque chose sans application. Bourniche joua par-dessous la jambe les trois premières mesures de la célèbre romance (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 59).
Faire (une) belle jambe (à qqn). Ne servir de rien. Cela fera belle jambe à l'infanterie!... Les pauvres! Ce n'est pas cela qu'ils me demandent (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 40).La belle jambe! (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 274).Rendre la jambe mieux faite. Même sens. Il ne meurt pas le moindre Académicien et quand même il en mourrait je n'en aurais pas la jambe mieux faite (Mérimée, Lettres Grasset,1843, p. 133).
Avoir, rencontrer qqn (toujours) dans ses jambes. Être importuné par la présence constante de quelqu'un. Elle s'irritait peu à peu de le rencontrer sans cesse dans ses jambes, oisif, ne sachant que faire de son corps (Zola, Ventre Paris,1873, p. 661).Être dans les jambes de qqn. Gêner quelqu'un dans son déplacement.
Tenir la jambe à qqn. Retenir quelqu'un en lui imposant un discours plus ou moins ennuyeux. Il se souvient d'un avoué à qui il tint la jambe pour un litige d'ordre littéraire (Montherl., Démon bien,1937, p. 1280).
[Pour exprimer l'ennui] La jambe! Assez. Jacqueline qui se développait, comme on dit, de jour en jour, regarda sa mère en clignant des yeux, et répondit simplement [à une observation] : − Ah! non; la jambe (Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 55).
Être jambe. Être ennuyeux. Synon. casse-pied.− Micheline n'est pas là ce soir? − Non, elle a vidé le vieux Schaum. Elle le trouve trop jambe (Morand, Rococo,1933, p. 64).
Jeter un chat aux jambes de qqn. Susciter des embarras à quelqu'un. (Rob.; Lar. Lang. fr.).
e) Loc., à connotation érotique
Jambe (du milieu). ,,Sexe masculin`` (Guir. Litt. érot. 1978).
Populaire
Avoir la jambe légère, lever la jambe [Le suj. désigne gén. une femme] ,,Être de mœurs légères`` (Lar. Lang. fr.).
Faire une partie de jambe(s) en l'air. Faire l'amour. Elles se marrent bien, en ce moment, les Parisiennes. Ha! elles font des parties de jambe en l'air (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 133).
2. MÉDECINE
Jambe de bois. Appareil en bois qui remplace une jambe amputée. Dans la minute où ils se parlaient d'amour on entendit le seigneur de qui la jambe de bois résonnait dans les couloirs (Barrès, Cahiers, t. 4, 1905, p. 84).
Loc. fig. Cataplasme*, cautère* sur une jambe de bois.
Jambe articulée, artificielle. Appareil orthopédique articulé permettant de marcher. On trouvait chez lui côte à côte (...) des livres, des lampes à saindoux, un litre de Pernod, une jambe articulée pour infirme (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 169).Mon père était l'inventeur d'une jambe artificielle perfectionnée (Prévert, Paroles,1946, p. 32).
3. P. méton. Jambe d'une culotte, d'un pantalon. Chacune des deux parties d'un vêtement qui couvrent les jambes. Retrousser ses jambes de pantalon :
5. Wazemmes achève de se rhabiller, dans le sale petit vestibule, tout plein d'une odeur de chair moite. Il a mis ses bretelles à l'envers. Il ne retrouve pas l'une de ses chaussettes. Il finit par la découvrir dans une jambe de son caleçon. Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 236.
B. − ANAT. ANIMALE
1. ZOOL. Chacun des membres qui soutiennent le corps des quadrupèdes. Synon. patte.Soit qu'il se contentât d'appuyer, à pied, de la voix, une couple de bassets à jambes torses (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 594).
En partic. Partie du membre postérieur du cheval, compris entre le fémur et l'astragale, et p. ext. membre antérieur. Ménuel attacha ensemble les deux jambes de devant de son cheval (Stendhal, L. Leuven, t. 1, 1835, p. 154).Des chevaux de race pure, aux formes élégantes et nobles, aux jambes fines, aux jarrets nerveux (Gautier, Rom. momie,1858, p. 222).Il trottait déjà par le quartier (...) grimpait, comme à des mâts de cocagne, aux jambes nerveuses des juments (Courteline, Train 8 h 47,1888, 1repart., p. 56).
Loc. [En parlant d'un cheval fatigué] Chercher sa cinquième jambe. ,,S'appuyer sur la bride`` (Lar. Lang. fr.).
− Domaine de la bouch.Jambe de bœuf, de porc (Chaud. 1970). Synon. jarret.
ART CULIN. Jambe de bois. ,,Potage obtenu en faisant cuire un morceau non désossé de jambe de bœuf`` (Ac. Gastr. 1962).
2. ENTOMOL. Tibia des insectes et dernier article des pattes chez les divers articulés. Les autres ordres d'insectes sont, à peu près, conformés de la même manière que les coléoptères. Les muscles de la jambe sont situés dans l'intérieur de la cuisse (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 459).
3. ORNITH. Tibia et tarse. Les oiseaux à longs pieds tiennent leur jambe étendue sur le tarse (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805p. 480).
4. VÉN. ,,Espace compris entre le talon et les os chez les cervidés, entre le talon et les gardes chez le sanglier`` (Vén. 1974).
C. − TECHNOL. [P. anal. de forme, de fonction]
1. Jambes d'un compas. ,,Branches du compas; règles mobiles d'un compas de proportion`` (Ac.).
2. Spécialement
AVIAT. Jambe de train d'atterrissage. ,,Support reliant la roue de l'atterrisseur à la cellule de l'avion`` (Quillet 1965). Les jambes [du train d'atterrissage de l'avion] doivent toujours affecter une forme carénée (Guillemin, Constr., calcul et essai avions,1929, p. 186).
BÂT. Pilier de pierre inséré dans un mur pour le fortifier (d'apr. Adeline, Lex. termes art, 1884).
Jambe boutisse*.
Jambe étrière*.
Jambe sous poutre*.
CHARPENT. Jambe de force. ,,Pièce transversale d'une ferme la raidissant`` (Adeline, loc. cit.).
P. anal., AUTOMOB. Lorsqu'on a affaire à des châssis de puissance élevée, il est impossible de faire participer le ressort à l'effort de tension qui résulte de la propulsion, et on a été ainsi amené à disposer des tendeurs ou plutôt des jambes de force, puisque ce sont des organes qui travaillent à la compression (Périsse, Automob.,1907, p. 286).
MAR. Jambe de chien. Nœud employé pour raccourcir une manœuvre sans la couper. Le nœud de jambe de chien s'obtient en pliant un cordage sur lui-même et en le fixant par deux boucles (Galopin, Lang. mar.,1925, p. 31).
PÊCHE. Jambe d'une maille. ,,Fil qui forme un des côtés de la maille d'un filet`` (Baudr. Pêches 1827).
REM. 1.
Croc-en-jambe, subst. masc.V. croc.
2.
Jambe de Dieu, subst. fém.,arg. Jambe atteinte d'ulcères incurables (cf. Esn. 1966). [Employé comme juron, hapax chez Jarry]. Cornebleu, jambedieu, tête de vache! Nous allons périr, car nous mourons de soif et sommes fatigués (Jarry, Ubu,1895, p. 70).
3.
Mi-jambe (à), loc. adv.Jusqu'au milieu de la jambe. L'eau lui venait à mi-jambe (Ac.1878-1935).
4.
Jambelet, subst. masc.,,Bijou que l'on porte à la jambe et qui correspond au bracelet`` (Rob.).
Prononc. et Orth. : [ʒ ɑ ̃:b]. Att. ds Ac. dep. 1694.
Prononc. et Orth. : A. 1. a) Ca 1100 « patte des animaux » (Roland, éd. J. Bédier, 1491 : li destriers... Piez ad colpez e les gambes a plates); b) α) ca 1150 « membre inférieur de l'homme en son entier » (Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 379); β) 1312 « partie de chacun des membres inférieurs de l'homme qui s'étend du genou au pied » (Vœux du Paon, éd. R. L. Graeme Ritchie, t. 4, 7851 : l'os de la jambe destre brisa outréement); γ) 1665 [éd.] « aptitude pour marcher, courir » (Guez de Balzac, Œuvres, t. 1, p. 44); c) 1564 jambe de bois « pièce de bois adaptée au moignon d'un amputé » (Paré, Œuvres complètes, XVII, 12, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 620); 2. a) α) 1640 cela me fait la jambe belle « cela ne me sert de gueres » (Oudin Curiositez); 1842 faire une belle jambe à quelqu'un (Sue, Myst. Paris, t. 1, p. 25); β) 1670 cela lui rend la jambe bien mieux faite (Molière, Bourgeois gentilhomme, III, 3; cf. Ac. 1694 : ,,On dit par ironie qu'une chose rend la jambe bien faite à quelqu'un, pour dire qu'elle ne lui sert de rien``; b) α) 1671 jouer qqn par dessous la jambe (Molière, Fourberies de Scapin, I, 2) ; β) 1829 traiter par dessous la jambe (Béranger, Chans., t. 1, p. 239); γ) 1844 faire qqc. par dessus la jambe (Vidocq, Vrais myst. Paris, t. 3, p. 347); c) prendre les jambes à son cou α) 1690 « se résoudre à partir pour quelque voyage » (Fur.); β) 1740 « partir aussi vite que l'on peut » (Trév.); d) 1901 tenir la jambe à quelqu'un (Bruant, p. 260); 3. 1879 jambe du pantalon (Zola, Nana in Le Voltaire 12 nov., p. 1, col. 6 ds Quem. DDL t. 16). B. 1. a) 1321 « chacun des deux poteaux qui soutiennent le linteau d'une porte » (Richard, Une petite nièce de Saint Louis, Mahaut, p. 400 : les gambes del huys dudit portal); b) 1609 charpent. jambe de force (Mallevouëe, Actes de Sully, p. 128); c) 1676 [éd.] jambe sous poutre (Félibien, 621); d) 1827 jambe d'une maille (Baudr. supra); 2. 1564 jambes d'un compas (Paré, Œuvres complètes, VIII, 20, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 59). Du b. lat. gamba « paturon du cheval (et gén. des quadrupèdes) » (aussi camba, d'où les différentes formes prov., cat., fr.-prov. et rhétorom.; cf. FEW t. 2, 1, p. 111a-b), empr. comme terme vétér. au gr. κ α μ π η ́ « articulation du pied du cheval ». Ce mot, pop. à l'orig., a évincé le subst. class. crus « jambe », la lang. vulg. empruntant volontiers, pour plus d'expressivité, au domaine animal. Dans le domaine ibér., crus a également été remplacé par perna qui, à l'époque class., signifiait « gigot, jambon » (cf. esp. pierna « jambe »; port. perna « id. »). Cf. G. Rohlfs, Romanische Sprachgeographie, p. 93-94, § 66 et p. 276 et W. von Wartburg et S. Ullmann, Problèmes et méthodes de la ling., p. 175. Le fait de montrer une belle jambe et de prendre une démarche avantageuse a donné lieu à l'expr. faire une belle jambe. Jouer qqn par-dessous la jambe vient prob. d'une allusion aux joueurs de paume ou de boules qui, pour montrer leur supériorité, lançaient la balle ou la boule en la faisant passer par-dessous leur jambe. L'expr. tenir la jambe à qqn est une métaph. correspondant à « retenir par la jambe » et qui s'emploie dans le cont. d'une conversation interminable. Cf. Rey-Chantr. Expr., s.v. jambe. Fréq. abs. littér. : 7 551. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 069, b) 11 741; xxes. : a) 15 302, b) 11 439. Bbg. Quem. DDL t. 6, 15, 16, 19. - Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 194.