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HÉRISSER, verbe trans.
A. − [Sans compl. locatif]
1. [Le suj. désigne l'agent; avec un compl. introd. par de désignant le moyen]
a) Garnir quelque chose d'objets saillants ou pointus. Hérisser un mur de tessons de bouteilles. Vauban avait hérissé cette ligne [depuis Tournay jusqu'à Bâle] de forteresses (Chateaubr., Congrès Vérone, t. 1, 1838, pp. 368-369).Le vieux Gardinois (...) hérissait le parc de clôtures baroques contre les maraudeurs (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 61) :
1. − Un instant j'ai eu l'idée de hérisser votre habitation d'aiguilles de marbre, comme le dôme de la cathédrale de Milan... Reybaud, J. Paturot,1842, p. 243.
[En constr. factitive] M. Thiers, pour sauver son système, a réduit la France à un espace de vingt lieues qu'il a fait hérisser de forteresses (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 527).
Emploi pronom. réfl., rare. Faire que sa surface soit couverte de choses dressées comme des piquants. Sous cette forme animée on la voit également [la matière] (...) se hérisser des dards du porc-épic, se couvrir de duvet, de poils, ou de plumes diversement colorées (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 74).
b) Garnir quelque chose d'éléments trop apparents et/ou choquants. Hérisser son style de pointes (Ac.). Notre magistrat aimait à hérisser sa conversation de pointes, d'équivoques et de propos gaillards (Nerval, Nouv. et fantais.,1855, p. 184).Ce qui distingue, en certaines matières à ma portée, le soi-disant érudit de l'amateur éclairé, c'est que le premier hérisse ses pages de notes et ses notes de signes bizarres (Sainte-Beuve, Cahiers,1869, p. 44).
2. [Le suj. désigne le moyen]
a) Se dresser à la surface de quelque chose à la manière de piquants. Les piquants qui hérissent la tige du rosier (Ac. 1835-1935). Les rochers qui hérissent le flanc d'une montagne (Ac. 1835-1935). Des brisants écailleux (...) hérissent la côte. (Nodier, Trilby,1822, p. 166).Les Dolomites hérissent une grande partie de la contrée (Michelet, Journal,1838, p. 279).Leur barbe de plusieurs jours hérissait leurs joues (Adam, Enfant Aust.,1902, p. 179).Les clochers noirs, les cheminées hérissaient le triste pays natal des Parisiens (Nizan, Conspir.,1938, p. 96).
b) Remplir de façon peu heureuse et même choquante. Mes efforts réitérés pour faire disparaître quelques-uns des articles qui hérissent les derniers vers de la 12estrophe ont été aussi infructueux (Hugo, Corresp.,1819, p. 304).
c) [Avec un compl. introd. par de désignant une partie du référent du sujet] Faire qu'une partie de soi-même se dresse à la surface de quelque chose à la manière de piquants. Je la vis, Sur la pente des rocs dont les arêtes nues Hérissaient les frimas de leurs pointes aiguës (Lamart., Jocelyn,1836, p. 655).Des ibex hérissaient le couvercle de leurs oreilles et de leurs cornes (Gautier, Rom. momie,1858, p. 318).Durs palais italiens hérissant de tours les villes (Faure, Espr. formes,1927, p. 273).
3. Emploi pronom. Se hérisser de qqc.
a) Se couvrir de choses dressées à la manière de piquants. Les rues se hérissent de barricades. Toute la surface de l'animal se hérisse de petits tubes charnus et béans (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 442).Les chantiers de l'île Louviers (...) se hérissent de combattants (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 284).Notre littoral se hérissa de canons (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 64).
b) Se remplir de choses que l'on présente comme peu heureuses ou choquantes. L'avenir se hérisse de problèmes. La table se hérissa de rires aigus ou graves (L. Daudet, Morticoles,1894, p. 301).La religion se fait fanatique, se hérisse de défenses, étouffe la découverte (Mounier, Traité caract.,1946, p. 738) :
2. Cette manœuvre, par l'afflux des forces alliées en Flandre, allait prendre une nouvelle ampleur, mais aussi elle allait, par l'entrée en ligne de forces allemandes nouvelles, se hérisser de nouvelles difficultés. Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 466.
B. − [Avec un compl. locatif]
1. [Le suj. désigne l'agent]
a) Faire se dresser quelque chose à la surface de quelque chose à la manière de piquants. De fortes bouffées de vent hérissaient tous les cheveux sur les têtes nues (Amiel, Journal,1866, p. 353).Le sifflement des balles hérissait le poil sur sa peau (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Avent. W. Schnaffs, 1883, p. 203).
b) [Le compl. désigne une partie du référent du suj. p. ell. du compl. locatif] Faire se dresser une partie de soi-même à la manière de piquants. Le chat hérisse ses poils. Le lion hérisse sa crinière quand il est irrité (Ac. 1835-1935). Les coursiers hérissant leur crinière à longs flots (Chénier, Bucoliques,1794, p. 71).Le corbeau, hérissant ses plumes, (...) Garda quelques instants un sinistre silence (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 274).Chaveriat hérissa sa courte moustache blanche (Colette, Képi,1943, p. 34).
Emploi pronom. réfl. Dresser ses poils, ses piquants, ses plumes. Le chat se hérisse; se hérisser de peur. Au milieu se hérissait la phalange, formée par des syntagmes ou carrés pleins, ayant seize hommes de chaque côté (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 166).À notre approche, il [un oiseau] (...) se hérissa et ouvrit largement ce bec qui formait tout son visage (A. France, Pt Pierre,1918, p. 172) :
3. Il semblera sans doute singulier que j'aie envisagé alors l'éventualité de ce malheur sans que ma chair se hérissât d'épouvante. Car la seule pensée de me trouver à la Jassine en présence du cadavre de Clodius aurait dû la soulever d'horreur. Bosco, Mas Théot.,1945, p. 104.
2. Emploi pronom. [Le suj. désigne le moyen]
a) Se dresser quelque part à la manière de piquants. Deux ou trois fois je sentis tous les poils de mes bras se hérisser sur moi, croyant reconnaître le capitaine (Stendhal, Souv. égotisme,1832, p. 71).Un jardin (...) orné de quatre vases où se hérissaient des cactus (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 246) :
4. Il y a là de petites places solitaires, où se hérisse un orme dépouillé, en haut d'un vieil escalier de pierre... Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 80.
[Le suj. désigne qqc. qu'on présente comme peu heureux ou choquant] Se dresser. Ces difficultés qui se hérissent devant les jeunes filles (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1836, p. 15).
b) [Sans compl. locatif]
Se dresser à la manière de piquants. Cet oiseau est irrité, les plumes de son cou se hérissent (Ac. 1835-1935). Dame Pluche est pâle de terreur; ses faux cheveux tentent de se hérisser (Musset, On ne badine pas,1834, III, 4, p. 63).Les moustaches noires se hérissaient comme d'étonnement et d'effort (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 151).Les entailles laissées par le pic se hérissent en écailles éblouissantes (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1581).
[Avec un compl. désignant une partie du référent du suj.] Dresser une partie de soi-même à la manière de piquants. Les chaumes hérissaient des brins de vermeil luisant (Zola, Terre,1887, p. 252).De frêles graminées, hérissant leurs épis barbus, pareils à des épis d'orge (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 288).
C. −
1. Provoquer une réaction de défense et/ou de rejet devant quelque chose ou quelqu'un. Cette situation me hérisse. Je lis le Nègre du Narcisse en songeant à vous. Mais cette traduction d'H. me hérisse (Gide, Corresp. [avec Claudel], 1910, p. 128).
[Avec un compl. introd. par contre] L'instinct qui hérissait souvent le soldat contre le « journal d'académiciens et de généraux », c'était l'instinct même de la France (Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 223).
2. Emploi pronom. réfl. Avoir devant quelqu'un ou quelque chose une réaction de défense et/ou de rejet. Son amour-propre se hérisse. Il se hérisse à tout propos (Ac. 1935). Madame Grandjean haussa légèrement les épaules... Alors, je me hérissai : − Ben oui... Qu'est-ce que j'lui dirais? (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 295).Une extraordinaire antipathie divisait les deux normaliens (...). Chaque fois qu'ils passaient l'un près de l'autre, ils se hérissaient, prêts à cogner ou à mordre (Magnane, Bête à concours,1941, p. 286).Si je t'entends bien, se hérissa le prophète bigle, je devrais tolérer le vice! (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 768).
[Avec un compl. introd. par contre] Se hérisser contre un projet. On dirait que l'intelligence humaine les inquiète, et ils se hérissent contre elle (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 323).C'est Jésus (...) qui tombe sur le tapis de boue de nos âmes, en nous suppliant, du moins, de ne pas trop nous hérisser contre lui (Bloy, Journal,1895, p. 188) :
5. Se croyant en possession d'un système très orthodoxe, mais nouveau, et contre lequel se hérisseraient fatalement les autres écoles catholiques, il insinue ses idées plutôt qu'il ne les expose. Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 424.
Prononc. et Orth. : [eʀise] init. asp., (il) hérisse [eʀis]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 intrans. « se hérisser » (G. Gaimar, Hist. des anglais, éd. A. Bell, 784 : Tute la char l'en heriçot); ca 1160 pronom. « dresser ses poils (en parlant d'un animal) » (Eneas, 2590 ds T.-L.); ca 1165 trans. « dresser (les poils, les plumes, les écailles) » (B. de Sainte-Maure, Troie, 1919, ibid.); 1595 pronom. « (en parlant des cheveux, des poils) se dresser » (Montaigne, Essais, I, 21, éd. A. Thibaudet, p. 129); 2. p. ext. a) fin xiies. hericé part. passé « garni de choses aiguës, pointues » (D. Piramus, Vie de Saint Edmond, 2558 ds T.-L.); 1558 pronom. « se garnir de choses aiguës, pointues » (Du Bellay, Antiquités de Rome, XXX, 3, éd. H. Chamard, t. 2, p. 27); b) 1585 intrans. « se dresser » (Garnier, Antigone, 534 ds IGLF); 1674 trans. « (en parlant d'objets pointus) se dresser à la surface de quelque chose » (Boileau, Epîtres, III, 67, éd. A. Cahen, p. 24); 1794 pronom. « se dresser » (Chénier, Élégies, p. 220 : un amas [de sommets] se hérisse); c) 1752 maçonn. (Trév. Suppl.); 3. fin xiies. pronom. « s'opposer, se révolter » (Chevalerie Vivien, éd. A. L. Terracher, 143, var.); av. 1755 trans. « indisposer, irriter » (Saint-Simon, Mémoires, éd. A. de Boislisle, t. 23, p. 147); 4. 1586 part. passé fig. « pourvu de choses rébarbatives, difficiles » (Le Loyer, Livre des Spectres, 2epartie, p. 1). D'un b. lat. *ericiare, dér. du rad. de erīcius (hérisson*). Cf. lat. médiév. iriciatus au ixes. ds GGL V, 542, 30 : Hirsutus iriciatus. H initial prob. d'orig. expressive. Fréq. abs. littér. : 345. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 437, b) 785; xxes. : a) 550, b) 339.