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GRISAILLE, subst. fém.
A. − BEAUX-ARTS.
1. Peinture monochrome en camaïeu gris, utilisant des différences de nuances pour marquer les ombres, donnant ainsi l'illusion du relief et de la sculpture, et qui s'emploie ordinairement dans les frises et soubassements des édifices. Ces grisailles imitent très bien le bas-relief (Ac.) :
Sur les murs, des grisailles dévorées par l'humidité semblaient avoir voulu simuler le relief d'une architecture richement ornée, avec les ressources du clair-obscur et de la perspective. On y devinait encore une suite d'Hercules terminés en gaine supportant une corniche à modillons d'où partait, en s'arrondissant, un berceau de feuillages festonnés de pampres... Gautier, Fracasse,1863, p. 5.
2. P. ext.
a) Tableau, esquisse monochrome. Synon. clair-obscur.On cite des cas où la distinction des couleurs paraissait être entièrement abolie, et où les images des corps éclairés continuaient d'être perçues à la manière des figures d'une estampe ou d'une peinture en grisaille (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 151).Sur une grisaille savoureuse, il revenait avec des glacis, de lentes accumulations où la hampe du pinceau incrustait ensuite des traits; on ne peut définir ses tons (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 150).
b) Vitrail de couleur grise donnant un effet de modelé. Les vitraux coloriés soumettent l'architecture, vaincus eux-mêmes par la grisaille (Michelet, Journal,1831, p. 81).Les murs verdis [de la petite chapelle] se perçaient de quatre étroits vitraux en grisaille (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 189).
B. − P. anal. Teinte, couleur tirant sur le gris. L'horreur des anciens imprimeurs japonais pour la couleur criarde et (...) leur tendance à imprimer presque en grisaille (Goncourt, Journal,1892, p. 188).La grisaille de la poussière, en été (Jouve, Paulina,1925, p. 221).
Adj. Des yeux vert grisaille (Estaunié, Empreinte,1896, p. 82).
En partic. Temps gris, brumeux. La grisaille de Londres (Morand, Londres,1933, p. 123).Le temps commença à changer le 24, qui est le jour de la Saint-Jean. La grisaille se dissipa après une pluie fine qui était tombée le matin (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 137).
C. − Au fig. Absence de relief, d'intérêt, de personnalité; atmosphère morale où règne la monotonie, l'ennui. La grisaille de la vie quotidienne. Toute la grisaille de la semaine était oubliée (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 167).Pour moi, je m'enivre de ma grisaille, de ma fermentation de personnage effacé, toujours à l'arrière-plan, à ne considérer que l'apparence (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 173).Il s'est juré de s'élever au-dessus des grisailles de la médiocrité (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 117).
Adj. Une de ces heures d'or qui se détachent encore après vingt-quatre ans, lumineuses comme au premier jour, sur le fond grisaille de la vie (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 181).
− Domaine littéraire.Style monotone, qu'aucun trait ne relève. Quant à la partie purement littéraire, au style [de l'Histoire de Jules César], j'avoue ne pas goûter cette allure solennelle, un peu pesante, cette nudité de la phrase, cette grisaille effacée (Zola, Mes haines,1866, p. 193).C'est dommage de voir une pièce (...) si lestement partie, sombrer, au deuxième tableau, dans une pareille grisaille! (Levinson, Visages danse,1933, p. 124).
D. − Emplois spéc.
1. BOT. Nom vulgaire du peuplier blanc ou gris. Synon. grisard. (Ds Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, DG).
2. ART CAPILL. ,,Mélange de cheveux blancs et de cheveux bruns dont on fait des perruques`` (Ac.; ds Besch., Littré). Perruque en grisaille.
3. TEXTILE
a) Tissu de laine fait avec des chaînes de coton chiné. Une grisaille laine et coton à neuf sous (Zola, Bonh. dames,1883, p. 617).
b) Étoffe mélangée de noir et de blanc ou à petits careaux noirs et blancs. Les couleurs des toiles peuvent être violentes. Mais c'est une gamme très sobre qu'on trouve en tissu de ville. Beaucoup de grisailles, allant des bleutés aux tons sables (Jardins des modes,1951, p. 32).
Prononc. : [gʀizɑ:j]. Étymol. et Hist. 1. 1625 B.-A. (N.-C. Fabri de Peiresc, Lettres, éd. J.-Ph. Tamizey de Larroque, VI, 173); 2. 1865, p. anal. la grisaille de la brume (Taine, Philos. art, t. 1, p. 273); 3. 1884, fig. (Péladan, Vice supr., p. 55). Dér. de gris* (sens 1 et 2); suff. -aille*. Fréq. abs. littér. : 111. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1977, t. 41, pp. 228-229. - Pauli 1921, p. 89.