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GRIMPER, verbe
I. − Emploi intrans.
A. − [Le suj. désigne l'agent]
1. Monter en s'agrippant des pieds et éventuellement des mains.
a) [Le suj. est une pers.] Il pensait (...) appeler Brotteaux, pour épargner à une femme élégante de grimper par une échelle de meunier (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 86) :
1. J'avais déjà perdu mes souliers et, comme mes compagnons, à force de tomber dans les bourbiers, de me mettre à l'eau jusqu'à la ceinture et de grimper à quatre pattes sur des berges abruptes, j'étais couvert de fange et tellement mouillé que je grelottais. Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 212.
SYNT. Grimper en haut d'un arbre, à une muraille, au mât de cocagne, au faîte des branches, au treillage; grimper de branche en branche; grimper sur un toit, sur une couchette; grimper à l'échelle.
ATHLÉTISME. Grimper à la corde, à la barre fixe, p. ell. grimper. Là étaient installés des cordes, un trapèze, des barres, un portique. Et quoique (...) mon plus grand plaisir fût de courir, de sauter, de grimper, de faire quelque violent exercice, j'avais la gymnastique en horreur (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 87).
Emploi subst. masc. Le grimper à la corde, p. ell. le grimper. Exercices de grimper :
2. ... les grimpers réels : à l'aide des bras et des jambes, à la perche, puis à un poteau (...) à des arbres de diamètre de plus en plus gros à l'aide des bras et des genoux; les grimpers à la corde avec les bras et les jambes, puis avec les bras seuls, à deux, puis à une corde. R. Vuillemin, Éduc. phys.,1941, p. 47.
Arg., vulg. Grimper sur une femme, grimper dessus. « Tu fais l'amour à l'italienne? » « Si », qu'elle me répond. « (...) mais quand je veux grimper dessus, elle veut y aller comme d'habitude. Ah! mais non! c'est l'italienne qu'est convenu... » (Malraux, Espoir,1937, p. 546).
Au fig. [P. réf. à une hiérarchie d'ordre soc. ou autre] Avancer, parvenir. C'est curieux, les gens des deux sexes sortis de la domesticité de ma famille et en peu d'années grimpés à de grandes fortunes ou à des positions en vue! (Goncourt, Journal,1891, p. 140).Beaucoup d'anarchistes sont entrés dans le mouvement syndical (...) dévorés du besoin de grimper dans les classes supérieures et ayant déjà l'esprit capitaliste alors qu'ils sont encore pauvres (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 90) :
3. ... si j'avais la chance de grimper au plus haut degré de l'échelle de l'évolution, je vous demanderais compte de toutes les victimes de la vie et de l'histoire. Je ne veux pas du bonheur, même gratuit, si je ne suis pas tranquille pour tous mes frères de sang. Camus, Homme rév.,1951, p. 191.
b) [Le suj. est un animal] Il apprenait à voir de près les choses (...) comment l'écureuil grimpe aux écorces lisses (grâce à ses griffes recourbées) (Ramuz, A. Pache,1911, p. 28).On a vu des Indous mordus par un scorpion. Leur premier geste est de prendre une pioche et de l'écraser, mais le scorpion a grimpé sur une branche de la pioche (Barrès, Cahiers, t. 13, 1921, p. 161).
P. métaph. [Le suj. est un inanimé] Gagner rapidement, envahir :
4. Il n'y avait plus que cette grande ombre qui a été sur nous, puis on l'a vue courir en arrière de nous grimpant aux pentes avec une grande vitesse... Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 62.
c) [Le suj. est un végét.] Croître verticalement en s'accrochant aux corps voisins. Plante qui grimpe (cf. grimpant). Cette vigne a grimpé jusqu'au premier étage (Ac. 1835-1932). Cette chambre était celle qu'habitait le père de Dantès (...) qui s'occupait, monté sur une chaise, à palissader, d'une main tremblante, quelques capucines, mêlées de clématites, qui montaient en grimpant le long du treillage de sa fenêtre (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 15).
d) P. anal. [En parlant d'une voix, d'un son] Passer progressivement du grave à l'aigu en suivant l'échelle des notes. Grimper du grave à l'aigu. Et voici que dans les voix qui grimpaient un peu fausses, mais généreuses, sans ménager les poumons : Non, non! Plus de combats! La guerre est-une-bou-che-ri-e... Lanberdesc reconnut un timbre déjà connu (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 107).Brusquement, les cris reprirent de plus belle, inhumains. C'étaient des sons énormes et graves qui grimpaient jusqu'à l'aigu (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 189).
2. P. ext.
a) [Impliquant l'idée de difficulté, de fatigue probable] Monter. Il y a bien à grimper pour arriver chez vous (Ac.1835-1932).C'était l'entrée des tours. Longtemps ils grimpèrent dans les ténèbres d'un escalier en pas de vis (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 46).
b) [Impliquant l'idée de difficulté] Grimper sur un chameau, un dromadaire :
5.... il met les poings sur les hanches, baisse le nez et se tortille en grimpant sur sa bourrique. Dans l'intérieur du Caire (...) tout le monde trottine sur son baudet. Flaub., Corresp.,1849, p. 131.
Grimper sur une bicyclette. Enfourcher avec plus ou moins d'aisance une bicyclette. Les femmes, statues puritaines, sortent de leur gaine (où elles ne rentreront plus), et vont jusqu'à grimper derrière les messieurs sur un monstre nouveau : le tandem (Morand, New-York,1930, p. 117).
c) [Impliquant l'idée de rapidité] Grimper à vive allure, en un tournemain; grimper dans un omnibus, un taxi, un train. À l'autre bout de la voie (...) une autre lanterne répétait le signal. Le mécanicien répondit. Les essieux doucement tournèrent. Grimpant sur un marchepied, le chef salua M. Ramblenne (Hamp, Marée fr.,1908, p. 42).Le chemin de fer n'était pas encore construit. Il fallait alors prendre place dans une de ces invraisemblables diligences qui (...) achèvent leur carrière sur quelque piste d'Afrique (...), on grimpait dans cette patache déjà bondée d'indigènes (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 5).
P. anal. S'élever rapidement, aller en augmentant. La fièvre grimpe; les prix grimpent. De loin, il voit qu'on se groupe autour de Carlotta. La banque doit grimper. Le jeu le prend, il ne pense plus qu'à lui-même (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 401).
d) Se dresser. Sur la muraille montent des colonnettes qui grimpent droites comme des troncs de palmier (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 394).
P. anal. Grimper (sur ses ergots). Se mettre en colère. Moi je suis ainsi, prêt à grimper sur une parole, comme Astolphe sur son hippogriffe (Balzac, Corresp.,1832, p. 80).
Faire grimper.Faire enrager. Synon. faire monter à l'échelle.Tu vas trop loin, Thérèse, permets-moi de te le dire; même en plaisantant et pour me faire grimper, tu ne dois pas toucher à la famille (Mauriac, T. Desqueyroux,1927, p. 203).
B. − [Le suj. désigne le support de l'action, princ. un chemin, une route] Monter en pente raide, suivre une pente ascendante. Je n'aime point l'alpinisme, mais explique ça comme tu peux, tout sentier qui grimpe m'aspire, et je monte comme l'eau descend (Gide, Journal,1923, p. 758).Ces maisons à façades étroites, où tout a été combiné pour éviter les pertes de surface, où les escaliers grimpent dans l'angle extérieur de deux murs (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 156) :
6. On trouve cependant cinq ou six platanes à l'entrée de la ville. Ils forment une place exiguë à quoi s'amorce le raidillon qui grimpe en lacets jusqu'aux dernières terrasses. T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 85.
II. − Emploi trans.
A. − [Le suj. désigne l'agent, l'obj. désigne le support de l'action] Les coureurs grimpent la côte. Les coureurs gravissent, escaladent la côte. Grimper le coteau, les étages, le mur, le talus; grimper une rampe. J'étais comme un homme qui, ayant grimpé d'un trait une pente vertigineuse, ouvre les yeux, s'arrête ébloui, hors d'état de monter ou de descendre (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1161).
Arg., vulg. Grimper une femme. ,,Posséder une femme`` (Car. Argot 1977). C'te poule-là je l'ai grimpée (Sandry-Carr.1963) :
7. Elle lui prit le poignet et le serra de toutes ses forces : − Si vous restez ici, vous savez ce qui vous arrivera? Les Allemands déporteront tous les hommes valides. − Bien sûr! Et ils couperont les mains de votre gnard et ils vous grimperont, s'ils en ont le courage. Sartre, Mort ds âme,1949, p. 18.
Se faire grimper par. La vieille qui voulait un môme! Faut que je lui écrive de se faire grimper par le voisin (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 290).
Au fig. Gravir (les échelons de la hiérarchie). C'était pas brillant pas brillant mais que faire? S'engager à dix-huit ans pour devenir capitaine dans l'armée hollandaise? Grimper avec rapidité les échelons de la bureaucratie d'usine pour en (...) devenir presto directeur? (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 142).
B. − [Le suj. désigne le support de l'action] Escalader. On voyait la rue, du côté où elle grimpait la butte (Vialar, Bête de chasse,1952, p. 32).
REM. 1.
Grimpe, subst. fém.Synon. région. de escalade.Depuis le temps que je gambade dans la montagne, pour la grimpe, je sais de quoi il retourne (H. Spade, La Grimpe, Paris, éd. France-Empire, 1974, p. 107).
2.
Grimpement, subst. masc.Action de grimper. La main en sang de quelque grimpement, Vous accouriez! − Alors, jouant à la maman, Je disais (...). « Qu'est-ce que c'est encor que cette égratignure? » (Rostand, Cyrano,1898, II, 6, p. 77).Les grimpements de ce cadavre [de ce cavalier famélique et désespéré] pour se rasseoir en selle durèrent un quart d'heure (D'Esparbès, Demi-soldes,1899, p. 234).
3.
Grimperie, subst. fém.Action de grimper. Émile enjamba donc de nouveau son mur, ne se doutant pas, dans sa chevalerie, du côté comique de ces perpétuelles grimperies, qui rendaient son existence d'amoureux plus laborieuse que celle d'un mousse (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 29).
Prononc. et Orth. : [gʀ ε ̃pe], (il) grimpe [gʀ ε ̃:p]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. 1495-96 « monter en s'aidant des mains et des pieds » (Jean de Vignay, Miroir historial, vol. 5, chapitre 76, ff. CCXI ro); 2. 1538 « monter le long de corps voisins (p. ex. du lierre) » (Est. : hederae sequaces, Qui s'estendent et grimpent en mont les murailles); 3. 1680 « monter péniblement sur un lieu élevé, d'accès difficile » (Mmede Sévigné, Lettre du 5 juin ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 958. B. Trans. 1. 1609 « escalader, gravir » (Régnier, Satires, XII, éd. G. Raibaud, p. 158); 2. 1669 « s'élever par ses efforts (dans l'échelle sociale) » (Bossuet, Reine d'Angleterre ds Littré). C. Subst. 1. a) 1805 grimper « action de monter en s'aidant des mains et des pieds » (Cuvier, Anat. comp., t. 2, p. 493); b) 1902 athl. (Démeny, Les bases scientifiques de l'éducation physique, p. 200 ds Quem. DDL t. 20); 2. 1811 grimpée « montée d'une côte » (Stendhal, Journal, p. 143); 3. 1876 grimpant « pantalon » (Huysmans, Marthe, p. 168). Prob. forme nasalisée de gripper « grimper » (début xives. ds T.-L.), d'apr. ramper* auquel il est sémantiquement apparenté. L'hyp. d'un étymon germ. *Krimpan « s'accrocher, se contracter, se froncer » est à écarter à cause de la date tardive de l'apparition de grimper (cf. Z. fr. Spr. Lit. t. 62, p. 369). Fréq. abs. littér. : 1 262. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 926, b) 1 991; xxes. : a) 2 352, b) 2 093. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 319. - Quem. DDL t. 10. - Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 294. - Warland (J.). À propos du fr. grimper... In : [Mél. Haust (J.)]. Liège, 1939, pp. 413-420.