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GRIEF2, subst. masc.
A. − Vieilli. Dommage, préjudice matériel ou moral que l'on subit. De semblables dévastations eurent lieu au passage des austrasiens sur la frontière septentrionale du royaume de Gonthramn, et (...) ce grief, qu'il ressentit vivement, amena de la mésintelligence entre lui et Sighebert (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 34).L'offense secrète qui empoisonne lentement la vie de deux êtres et qu'aucun juge présidant une affaire de divorce ne veut reconnaître (...) il lui faut des griefs caractérisés, des sévices graves (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 320).
[Plus fréq. dans l'expr. redresser un/des grief(s), le redressement des griefs] Le moyen de redresser un grief qui peut toujours naître doit aussi toujours être prêt (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv.,1868, p. 226) :
1. ... les amis de la Réforme ont essayé de l'expliquer par le seul besoin de réformer en effet les abus existant dans l'église; ils l'ont présentée comme un redressement des griefs religieux, comme une tentative conçue et exécutée dans le seul dessein de reconstituer une église pure, l'église primitive. Guizot, Hist civilisation,1828, Leçon 12, p. 17.
B. − Motif, sujet de plainte (contre quelqu'un ou quelque chose). Synon. doléance, récrimination, reproche.Je me fis de longs reproches. Quels griefs réels avais-je? Certes, il n'y avait pas d'intimité entre mon mari et Solange Villier puisqu'ils ne s'étaient pas vus depuis longtemps (Maurois, Climats,1928, p. 198).Là même où le juge élu échappe au grief de partialité, il n'échappe pas à celui d'une incompétence souvent redoutable (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 161) :
2. « À Ostende », expliquait Mmede Battaincourt, toute à ses griefs contre la paresse de sa fille, « figurez-vous qu'on avait organisé des cours de danse, le matin, au casino. J'ai voulu l'y faire aller. Après chaque danse, mademoiselle s'affalait sur les banquettes, pleurnichait, faisait l'intéressante! » Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1079.
Gén. au plur. Plaintes, doléances.
[Précédé d'un verbe appartenant au parad. de dire] Exposer, formuler ses griefs. Ce dernier, dont la langue épaisse s'embarrassait dans les injures, répéta à plus de vingt reprises les mêmes griefs (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 119).Mais déjà, le frère et la sœur discutaient de leurs affaires, énuméraient leurs griefs réciproques (Sartre, Mots,1964, p. 68).
[Précédé d'un verbe appartenant au parad. de penser] Christophe, oubliant ses griefs, se mit à causer. À la fin, il se rappela pourquoi il s'était mis à la fenêtre (Rolland, J.-Chr., Maison, 1910, p. 963) :
3. Il n'est qu'un homme perdu dans la nuit de son cœur, bafoué par tout ce qu'il a respecté, à la recherche de son amour perdu et de sa jeunesse morte. Alors il abandonne tout, il se terre dans ses soucis ménagers, il rumine ses anciens griefs,plaide en lui-même contre tous ses ennemis réels et imaginaires... Brasillach, Corneille,1938, p. 176.
Locutions
Faire grief de qqc. à qqn. Lui en tenir rigueur, lui en faire le reproche. Il est intéressant de noter pourtant qu'on me fit moins grief de mes excès nocturnes que de mes provocations de langage (Camus, Chute,1956, p. 1528).Ma sœur ne m'idolâtrait plus sans réserve, mon père me trouvait laide et m'en faisait grief, ma mère se méfiait de l'obscur changement qu'elle devinait en moi (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 113) :
4. Mais que répondrons-nous à M. Pierre Hamp qui fait grief à Racine de ne point parler des métiers et, sinon de tout ignorer du sort des aiguilleurs, des cheminots et des chefs de gare, du moins de « rejeter le travail hors de l'art littéraire »? Mauriac, Journal,1937, p. 157.
Rem. Faire grief est une expr. récente qui n'est signalée ds Ac. qu'à partir de 1932, et n'apparaît chez les aut. qu'au début du xxesiècle.
Tenir, imputer qqc. à grief (littér.). Reprocher quelque chose, tenir rigueur de quelque chose. Le vulgaire croit l'écrivain méchant, et il le croit à tort, car dans un ridicule l'artiste voit une belle généralité, il ne l'impute pas plus à grief à la personne observée que le chirurgien ne la mésestimerait d'être affectée d'un trouble assez fréquent de la circulation (Proust, Temps retr.,1922, p. 901).Mais de cela je n'ai pu que souffrir, sans jamais tenir à grief le fait que l'habile construction de son esprit dût exclure tout ce dont je faisais ma raison d'être et ma vie (Gide, Journal,1931, p. 1034).
C. − DROIT
1. Au plur. ,,Écritures que l'on fait pour montrer en quoi on a été lésé par un jugement dont on est appelant`` (Ac. 1932). Donner des griefs, réponse à griefs, griefs d'appel. Pareille bonne fortune a été acquise avec moins d'effort au petit royaume de Belgique, que l'Europe (...) a fini par admettre à plaider ses griefs et à reconquérir son existence (A. de Broglie, Diplom. et dr. nouv.,1868, p. 73).
2. Actes faisant grief. ,,Dans la terminologie du recours pour excès de pouvoir, actes administratifs de nature à produire par eux-mêmes des effets juridiques`` (d'apr. Jur. 1974). Lorsque le dommage a pour cause une faute (agissements matériels, actes faisant grief, refus par l'administration de prendre une décision qu'elle est tenue de prendre, etc.) la responsabilité de l'administration sanctionne son manquement à satisfaire ses obligations (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 185).
Prononc. et Orth. : [gʀi(j)εf]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1269-78 « mal, peine » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13341); 2. 1549 « motif de plainte » (Est.). Soit déverbal de grever*, soit substantivation de grief1*. Fréq. abs. littér. : 611. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 607, b) 730; xxes. : a) 770, b) 1 225. Bbg. Quesnel (R.), Dasilva (V.). Grievance : grief ou réclamation? Meta. 1970, t. 15, pp. 164-165.