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GOSIER, subst. masc.
A. −
1. Cavité intérieure du cou à partir de l'arrière-bouche. Synon. gorge, arrière-gorge (cf. gorge I B).Sa saveur est d'abord huileuse et aromatique, et ensuite piquante et irritante au gosier (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 111).Il avait une envie de filer qui lui fit jeter d'un coup le reste du madère dans son gosier (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 154) :
1. ... on facilite les nausées et le vomissement, qui souvent accompagnent le frisson, non par des boissons, mais en chatouillant le gosier avec une plume. Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 7.
ANAT. Isthme du gosier. Région des voies digestives limitée par la base de la langue, le voile du palais avec ses piliers. La bouche est une cavité située au-dessous des fosses nasales communiquant en avant avec l'extérieur par l'orifice buccal et en arrière avec la cavité pharyngée par l'isthme du gosier (Quillet Méd.1965, p. 175).
Rem. Gosier n'est plus employé dans la terminologie anat. que dans cette expression.
P. anal. [Chez l'animal] Personne comme elle (...) n'ouvrait le gosier d'une poule avec une paire de ciseaux (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1520).V. gonfler ex. de Gide, Journal, 1943, p. 243.
P. méton. [P. allus. à Rabelais, Gargantua, VII] Grand gosier. Gros mangeur et/ou gros buveur. À dix-sept ans, il dut assister à un festin donné par son père à tous les grands gosiers du royaume (Zola, Contes Ninon,1864, p. 14).
2. En partic.
a) Siège de sensations d'ordre alimentaire ou gustatif.
(Avoir) le gosier sec, brûlant. Éprouver une forte sensation de soif. Il avait bien soif... Sa langue était sèche et rude, son gosier brûlant (Sue, Atar Gull,1831, p. 19).Le besoin de boire quelque chose commençait à turlupiner tout le monde, et on se le disait, le gosier sec (Hennique, Soir. Médan, Affaire gd 7, 1880, p. 245).
Avoir le gosier en pente (fam.). Aimer boire (des boissons alcoolisées). Synon. pop. avoir la dalle en pente.Hommes batailleurs et altérés qui ont le gosier en pente et ne crachent pas sur l'aramon et la purée d'absinthe verte (Arnoux, Zulma,1960, p. 14).
Avoir le gosier pavé, ferré (fam., vieilli). Manger ou boire extrêmement chaud, faire un grand usage d'épices ou de liqueurs fortes (d'apr. Ac.).
(Boire, manger) à plein gosier. (Boire, manger) goulûment. Il plaît à un grossier glouton d'avaler à plein gosier ce qui doit être pris à petites gorgées (Renan, Drames philos., Eau jouvence, 1881, V, 2, p. 503).
b) Siège, organe de la voix. Elles parlent avec des contractions de gosier, qui parfois étranglent leurs paroles (Goncourt, Journal,1878, p. 1253).Le chant naïf n'exigeait, outre les dispositions d'oreille et de gosier, que l'application, le sérieux et la pureté (Alain, Beaux-arts,1920, p. 122) :
2. Comme il [l'homme] tirait de son gosier des sons variés, il imagina de désigner par une inflexion de voix particulière chacun des objets qui frappaient son esprit. A. France, Révolte anges,1914, p. 202.
P. anal. Gosier d'un rossignol. De son gosier de cuivre, le grand coq fauve Alexandre jeta un cri (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1310).
P. méton.
α) Vieilli. (Avoir) un beau gosier, un gosier flexible, harmonieux. Synon. voix.Delille : C'est un rossignol qui chante bien. Il a un gosier bien brillant (Chênedollé, Journal,1811, p. 66).
β) Rare. Chanteur. Le plaisir d'entendre chanter de la musique italienne par des gosiers italiens (Stendhal, Notes dilett.,1823, p. 307).
Locutions
(Chanter, crier, parler, rire) à plein gosier. (Chanter, crier, parler, rire) à tue-tête, sans retenue. Chantant notre chant de marche de Noël à plein gosier va-comme-je-te-pousse (Claudel, Corona Benignitatis,1915, p. 457) :
3. Même le plus souvent, ils n'avaient point de haine, ni la moindre passion; ils parlaient de choses indifférentes, en criant à plein gosier, pour le plaisir de crier, comme c'est la joie du peuple. Mais Christophe, qui ne comprenait pas leur conversation, entendait seulement leurs éclats de voix, il voyait leurs traits crispés, et il pensait avec angoisse : « Comme il a l'air méchant! Ils se haïssent, sûrement. Comme il roule les yeux! Comme il ouvre la bouche!... » Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 24.
MUS. Coup de gosier. Émission de voix liée. Il se mit à miauler un couplet de seguidille, en andalou, avec des portements de voix si bizarres, des coups de gosier si étranges, des notes de tête si impossibles qu'on eût dit la sérénade de Raminagrobis sous la gouttière de la chatte blanche (Gautier, Fracasse,1863, p. 121).Le port de voix doit être exécuté par un coup de gosier moelleux, très lié et sans saccade (Rougnon1935, p. 91).
c) Synon. de gorge (v. ce mot I B 2 γ).Le dégoût lui souleva le cœur, et le lui crispa si bien, qu'elle eut le gosier serré à ne pouvoir parler (Balzac, Cous. Bette,1847, p. 289).Le chagrin (...) me serrait le gosier tout d'un coup (Aymé, Rue sans nom,1930, p. 203).
B. − P. anal. Tuyau de l'orgue par lequel le vent passe du soufflet dans le porte-vent. Les soufflets cunéiformes [des orgues du 18esiècle] correspondaient aux porte-vent par des caisses en bois, appelées gosiers (Schmitt, Simon, Guédon, Nouv. manuel organiste,1905, p. 76).
REM.
Gosiller, verbe.En emploi intrans. J'ai ouï le rossignol gosiller dans les bois (Coulabin, Dict. loc. pop. Rennes,1891).En emploi trans. La même machinerie (...) les gosille [des chansons] ailleurs, sur les tables de bridge de la plaine Monceau ou sur les genoux des mondaines des avenues balayées (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 133).
Prononc. et Orth. : [gozje]. Demi-longueur du [o] ds Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xiiies. josier (Chace dou cerf, 362 ds T.-L.); 2. ca 1393 gosier (Ménagier, II, 228, ibid.). Du b. lat. geusiae « gosier », d'orig. gauloise (v. Dottin, p. 259), suff. -ier*, sous l'infl. de gésier*. Le passage de j à g s'explique soit par une forme intermédiaire *gousia (EWFS2) ou gausia (dont il serait le représentant normanno-picard, cf. Brüch ds Z. rom. Philol. t. 52, p. 347 et FEW t. 4, p. 128b), soit par l'infl. de guttur, v. gorge (cf. Brüch ds Z. rom. Philol. t. 38, p. 692). Fréq. abs. littér. : 441. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 468, b) 1 047; xxes. : a) 692, b) 497. Bbg. Barb. Misc. 1 1925-28, p. 20 - Quem. DDL t. 3; t. 2 (s.v. gosiller). - Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 398; t. 2 1972 [1925], p. 228.