Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
GOBER, verbe trans.
A. − [Le suj. désigne une pers. ou un animal] Avaler prestement en aspirant et généralement sans mâcher. Gober un œuf, une huître. Il tira de sa poche un minuscule étui de nacre, et goba deux pastilles, coup sur coup (Bernanos, Imposture,1927, p. 386).
Au fig. Gober les mouches. Rêvasser, perdre son temps. Son destin fut débattu dans la voiture, tandis qu'il gobait les mouches auprès du cocher (About, Nez notaire,1862, p. 185).
P. ext., fam. [Le compl. d'obj. dir. désigne un aliment solide] Manger goulûment, rapidement, en mâchant à peine. Et il goba fort agréablement sa mouillette beurrée (Balzac, E. Grandet,1834, p. 102).Un seul d'entre eux resta dans son arbre et continua de gober des fruits [des cerises] sans se soucier de la présence de l'évêque (Billy, Introïbo,1939, p. 48).
B. − P. anal., pop.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose néfaste] Synon. écoper.
a) [Le compl. d'obj. dir. désigne un fait, un procès] Tu te cachais derrière elles, quand elles ont gobé du plomb à ta place! (Zola, Germinal,1885, p. 1519).
b) [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr.] On y gobe [dans les marais] des fièvres et la colique (Flaub., Corresp.,1849, p. 124).J'avais justement gobé une retenue! (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 191).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Attraper, capturer. La Cigogne (le Palais-de-Justice) finit par nous gober (Balzac, Splend. et mis., 1847, p. 544).
Être gobé.Être capturé. Sans vous j'étais gobé! ajouta Gavroche (Hugo, Misér., t. 2, p. 372).
C. − Au fig., pop. et fam. [Le suj. désigne une pers.]
1. Croire sans discernement tout ce qui se dit. La petite Besse (...) était d'une simplicité incroyable, elle aurait gobé n'importe quoi (Genevoix, Mains vides,1928, p. 136) :
− Il peut arriver à tout le monde de se tromper, Mademoiselle Claudine! et je fais mes excuses de mon inadvertance à MlleSergent. Mais celle-ci, remise de sa secousse, sent bien que nous ne gobons pas l'explication... Colette, Cl. école,1900, p. 139.
Gober le morceau, l'hameçon. Accorder du crédit à un mensonge, à un leurre. Goulard a gobé l'hameçon : mais qu'avez-vous mis dessus? car il est fin (Balzac, Faiseur,1850, p. 211).Vous aviez bien besoin de concevoir l'idée profonde de me marier... Enfin ce plat de votre façon est cuit à présent, et c'est moi qui suis obligé de gober le morceau (Fabre, Roi Ramire,1884, p. 236).
P. ell., vx.
Le gober. Il l'a gobé tout d'même le particulier (Rougemont, La Dot du savetier, Quoy, 1822, p. 26).
[Peut-être p. ell. de pilule] La gober. Ah! mon Dieu! mon Dieu! comme ils la gobent, la gobent-ils... vont-ils, vont-ils... (Merle, Brazier, Les Originaux au café, Barba, 1818, p. 36 ds Quem. DDL t. 15).
Vieilli. Être gobé. Être berné, abusé. S'il m'avait donné des valeurs mauvaises, je serais gobé comme un niais (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 225).
2. Estimer, apprécier quelqu'un. Combien je vous goberais de venir soit au bureau, soit dans une salle, me prendre (Verlaine, Corresp., t. 2, 1886, p. 53).Mais y a qu'elle qui gobe les Jésuites à la maison (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 301).
Ne pas gober qqn. Ne pas souffrir, ne pas supporter quelqu'un. Vous savez, ils ne vous gobent pas! (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 490).
Emploi pronom. à sens réfl. Avoir une haute opinion de soi-même, être plein de suffisance, de fatuité. En v'là de l'orgueil!... (...) Parbleu! « Attachée » à l'École Normale, ça frime, on se gobe... (Frapié, Maternelle,1904, p. 200).
REM. 1.
Gobant, ante, part. prés. employéa) Comme adj., pop. Séduisant. Dans le peuple, on ne se marie pas par intérêt, mais par amour, on prend une femme parce qu'elle vous botte; qu'elle est gobante (La Petite lune,1878-79, no30, p. 3).b) Comme subst. masc. Au fig. Trompeur. Vous vous placez toujours au point de vue du gobant; moi je me place au point de vue du gobé (Pommier, Athéisme,1857, p. 69).
2.
Gobé, ée, part. passé employé comme subst. masc.Trompé. (cf. Id., ibid.).
Prononc. et Orth. : [gɔbe], (il) gobe [gɔb]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1549 « dévorer » (Est.); 2. av. 1679 « croire sans examen » (Cardinal de Retz, Œuvres, éd. Feillet, Gourdault, Chantelauze, t. 3, p. 211); 3. 1846 « aimer, affectionner » (L'Intérieur des prisons, p. 243). Dér. du gaul.* gobbo « bec, bouche » (v. gobet); dés. -er. Fréq. abs. littér. : 118. Bbg. Quem. DDL t. 5, 6, 15. - Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 151, 238; t. 2 1972 [1925], p. 162, 284.