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GHETTO, subst. masc.
A. − [Dans certaines villes d'Europe, du Moy. Âge au xixes., et à l'époque moderne sous le régime nazi, principalement en Europe orientale] Quartier où les Juifs étaient tenus de résider, isolés du reste de la population et étroitement surveillés. Le ghetto de Venise. Figurez-vous l'effet que produit sur le voyageur [à Amsterdam] une sorte de ghetto boueux, pouilleux, lépreux, une Babylone d'immondices, une Ninive d'ordures et de trognons (Du Camp, Hollande,1859, p. 120) :
C'est dans le courant de 1943 que le IIIeReich entreprit la « liquidation finale » des quartiers juifs de toute la Pologne, fit naître l'insurrection du ghetto de Varsovie, celui de Bialystok (...) les sursauts désespérés des camps de la mort de Treblinka, de Sobidor, de Lwow. L'Insurrection du Ghetto de Varsovie, présentée par M. Borwick, Paris, Julliard, 1966, p. 7.
P. ext. Quartier d'une ville habité essentiellement par une population juive. Pour le chrétien que trouble la chose juive, un ghetto est toujours plein d'énigmes. Celui de Paris est enjolivé d'enseignes ravissantes, de réclames pour pensions yddisch de Deauville, d'affiches relatives à quelque théâtre juif (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 105).
P. anal. Quartier où vit une minorité ethnique ou religieuse quelconque, isolée volontairement ou par force du reste de la population. Il y a là [autour de la rue de Lappe] comme une espèce de ghetto auvergnat, où les enfants du Cantal trafiquent paisiblement sur leurs vieilles ferrailles (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 114).Le jazz vocal s'échappe en torrents flamboyants des ghettos noirs de l'Amérique de la violence (L'Express,16 juin 1969ds Gilb. 1971).
B. − Au fig. Milieu ou groupe (social, politique, intellectuel, etc.) qui se trouve dans un état d'isolement volontaire ou imposé par rapport à l'ensemble; situation d'isolement de ce groupe. Thorez et Duclos, tant qu'ils tiendront le parti, braqueront contre lui (...) tous ceux qui, dans la gauche française, ne renonceront jamais à l'indépendance nationale et à la liberté de l'esprit, et comme du vivant de Staline, la classe ouvrière demeurera confinée dans son ghetto (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 277).Des usines sont encore des ghettos où meurt l'âme des hommes (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 165).
Prononc. et Orth. : [gεto] ou [geto]. Pour la prononc. avec [ε] on a [t] ds Pt Rob. et Lar. Lang. fr., mais [tt] ds Littré, Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968. Ds Ac. 1932. Au plur. des ghettos. Étymol. et Hist. 1536 guetto [à propos de Venise] (D. Possot, Tresample & abondante description de la terre saincte, E i vo, d'apr. R. Arveiller ds Fr. mod. t. 42, pp. 276-277); 1690 ghetto ([Misson], Nouveau voy. d'Italie, p. 189 ds Boulan, p. 33). Mot ital. d'orig. vénitienne attesté dep. av. 1536 (Sanudo ds Batt.) qui désigna d'abord une petite île de Venise où l'on obligea les Juifs à résider à partir de 1516; l'île tire son nom de ghet(t)o « fonderie pour bombardes » (dér. de l'a. ital. ghet(t)are « jeter »), cette industrie ayant existé là au xives. (v. Prati, et Hope, pp. 287-288), plutôt que de l'hébreu ghēt « lettre de divorce » (gghette « ghetto », attesté dans des textes judéo-romains récents, pourrait être une adaptation du mot ital. : v. FEW t. 20, pp. 25-26). Fréq. abs. littér. : 83. Bbg. Giacomelli (R.). Ghetto. Archivum romanicum. 1932, t. 16, pp. 556-563; 1933, t. 17, pp. 415-420; 1935, t. 19, pp. 443-450. - Meier (H.). Getto. Arch. St. n. Spr. 1972, t. 209, pp. 1-8. - Pamart (P.), Riverain (J.). Mots dans le vent. Vie Lang. 1969, pp. 527-528. - Quem. DDL t. 3, 13. - Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 538.