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GARE2, interj.
A. − Emploi abs.
1. [Emplois en discours pour signifier à qqn qu'il doit se ranger, se préserver d'un danger immédiat] Synon. attention!
a) [En discours dir.] Gare devant! Gare dessous! L'Étudiant. − Citoyens, venez ici; on méconnaît vos droits, on insulte le peuple. Un grand tumulte. Les Soldats. − Gare! Retirez-vous (Musset, Lorenzaccio,1834, V, 6, p. 267).
b) [En discours rapporté] Une chaise de poste, passant rapidement près d'elle et de Luizzi, les força de s'écarter aux cris de gare! (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 171).Les uns criaient : « On voit la légion qui avance » et d'autres : « Gare, v'là les boches qui attaquent » (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 201) :
1. La voiture s'ébranlait en bas, emportant MmeVanières et sa fille, et entre elles Anna sans connaissance. En même temps, des cris éclatèrent : − « Gare! Gare! » C'était Wallner exténué, hors d'haleine, qui avait failli tomber sous les pieds du cheval. Reider, MlleVallantin,1862, p. 194.
2. Loc. Sans dire/crier gare. Sans prévenir. Synon. à l'improviste.Il est arrivé sans crier gare (Ac. 1932). Milon, sans dire gare, tombe sur lui, le chasse à coups de pied, de poings et le poursuit dehors (Courier, Pamphlets pol.,1823, p. 179).Alors, que faire? − La tuer tout simplement et sans crier gare (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 223).Enfin c'était là un nouveau ménage et il allait comme il pouvait, quand l'absente se mit soudain à revenir sans crier gare (Léautaud, In memor.,1905, p. 202).
B. − [Avec compl., pour signifier à qqn qu'il faut se préserver d'un événement, d'une attitude ou d'une situation future]
1. Gare + subst. (vieilli)
a) [Le compl. désigne ce qui constitue la menace] Synon. usuel gare à.Gare l'eau! Gare la bombe! (Ac. 1835-1932). Gare le bâton (Ac. 1798-1878). Soirée chez Lady Jersey. Gare la rougeole! (Constant, Journaux,1816, p. 467).Gare le coup de fusil! Il réfléchit un peu; puis, avec le doigt, il osa frapper contre la vitre : pas de réponse (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 215).J'espère que j'aurai une lettre d'elle demain. Sans cela, gare l'humeur! (Barb. D'Aurev., Memor. 1,1836, p. 31).
b) [Le compl. désigne ce qui est menacé] Synon. usuel gare à.Gare vos oreilles! Gare les yeux! (...) Il [Tartarin] arrivait dans la région des neiges (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 51).Ainsi tu me volais mes bœufs! − Gare ma peau! (Hugo, Toute la lyre,1885, t. 1, p. 57).
2. Gare + que(vx) [Le compl. désigne ce qui constitue la menace] Synon. attention que.Jusqu'à présent il a résisté mais gare qu'il ne cède (Ac.1835-1932) :
2. − Un avoué de Paris, dit Courtois, vous avez donc des affaires à Paris? − Non, dit Ève. − Vous y avez un frère, dit Courtois en souriant. − Gare que ce ne soit à cause de la succession du père Séchard, dit Cachan. Il a fait des affaires véreuses, le bonhomme!... Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 317.
3. Gare à + subst./pron.
a) [Le compl. désigne ce qui constitue la menace] Synon. usuel attention à.Si vous faites cela gare aux conséquences (Ac. 1932).
Rem. Le compl. est toujours un subst. dans cet emploi.
b) [Le compl. désigne ce qui est menacé] Gare à vos pieds. Mais un jour, jour qui arrivera avant peu, le peuple recommencera la troisième révolution; gare aux têtes (Flaub., Corresp.,1835, p. 22).
Usuel. [S'emploie pour signifier qu'on menace la personne à laquelle réfère le subst. ou le pron.] Gare à ta figure. − Compadre! Garde ta sollicitude pour ton compte : Juanito, combien de fois t'ai-je enterré; gare à toi, cobarde! (Borel, Champavert,1833, p. 51).− C'est le délégué cantonal! Vous avez été nommée à la place de sa protégée; il vient voir comment c'est arrivé. Il est furieux. Gare à vous. − Comment, gare à moi? (Frapié, Maternelle,1904, p. 25).
[P. ell. du compl.] Il faut me taire. On veut réimprimer l'article du 19 mars. Gare! (Constant, Journaux,1815, p. 439).Alors l'autre lui cria plus fort : − Conscrit, veux-tu bien venir, ou gare! (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813,1864, p. 82).
Prononc. et Orth. : [ga:ʀ] ou [gɑ:ʀ]. [ɑ] ds DG, Barbeau-Rodhe 1930; [a] ds Passy 1914, Dub., Pt Rob. et Lar. Lang. fr.; [ɑ] ou [a] ds Warn. 1968. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 guar « prends garde! » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 8057); b) 1552 guare « id. » (Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, 20, 67); 2. a) xves. sans dire gaire « sans avertir » (Chansons du 15es., éd. G. Paris, VII, 3); b) ca 1500 sans dire gare (Ph. de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette et G. Durville, I, 14). Forme abrégée pour l'impér. garde! (v. garder), a été rattachée par étymol. pop. à garer* (v. FEW t. 17, p. 534a et 538, note 3). Fréq. abs. littér. : 173. Bbg. Quem. DDL t. 5, 15.