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GABELLE, subst. fém.
HISTOIRE
A. − Impôt indirect, prélevé notamment sur des articles de la production industrielle ou agricole, des denrées de luxe. Gabelle sur les draps, le vin, les épices. Gabelle du blé (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 3, 1821-24, p. 233).
En partic. Impôt indirect, très impopulaire, prélevé sur le sel, monopole d'État sous l'Ancien Régime. La plupart des impôts, spécialement la gabelle et la taille, ont des conséquences désastreuses pour le cultivateur (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p. 289).
SYNT. Gabelle réelle ou volontaire, gabelle personnelle; pays de grande ou de petite gabelle. Provinces exemptes de gabelle (cf. Lep., 1948).
Frauder la gabelle. Se soustraire par contrebande (faux saunage) à l'impôt sur le sel; p. ext. frauder pour ne pas payer quelque autre droit (Ac. 1798-1878).
P. ext. Taxe. Le fisc, dont l'esprit est de dénaturer les meilleures choses, a fait du passeport un moyen d'espionnage et une gabelle. N'est-ce pas vendre le droit de marcher et de circuler? (Proudhon, Propriété,1840, p. 194).
B. − P. méton.
1. Au sing. ou au plur. Administration chargée de percevoir cet impôt sur le sel. Fermier des gabelles; officiers, employés de la gabelle :
Sous ce doux sire dévot, les fourches craquent de pendus, les billots pourrissent de sang, les prisons crèvent comme des ventres trop pleins. Ce roi a une main qui prend et une main qui pend. C'est le procureur de dame Gabelle... Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 529.
2. Grenier public où l'État entreposait le sel pour le faire sécher avant de le vendre. Aller à la gabelle (Ac.). [Il] grimpa dans l'étal de l'ancienne gabelle, d'où l'on parlait au peuple (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 299).
3. Rare. Le sel entreposé dans les greniers de la gabelle. Les murailles, infiltrées et encore transsudantes de la gabelle emmagasinée pendant des siècles (E. de Goncourt, Élisa,1877, p. 48).
REM. 1.
Gabelage, subst. masc.a) ,,Espace de temps que le sel doit demeurer dans le grenier avant que d'être mis en vente`` (cf. Ac. 1835, 1878). b) ,,Certaine marque que les commis des greniers mettent parmi le sel, pour reconnaître si le sel est sel de grenier ou sel de faux-saunage`` (cf. Ac. 1835, 1878).
2.
Gabeler, verbe trans.,,Faire sécher (du sel) dans les greniers de la gabelle pendant un temps convenable`` (cf. Ac. 1835, 1878).
3.
Gabeleur, subst. masc.,,Homme employé dans la gabelle`` (cf. Ac. 1835, 1878) chargé de percevoir la gabelle et de surveiller la contrebande du sel. Synon. péj. gabelou*.Que signifient ces hommes supérieurs que fait un roi par lettres-patentes, comme il fait un gabeleur et un regrattier? (Tillier, Oncle Benjamin,1843, p. 38).
Prononc. et Orth. : [gabεl]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1267 gabele « impôt sur certaines denrées » (Note sur une ambassade de St Louis à Charles d'Anjou ds E. Berger, Layettes du Trésor des Chartes, t. 4, p. 226); 1331 « grenier public où l'on faisait sécher le sel » (Statutum Philippi Regis ds Du Cange, s.v. gablum); 1342 « impôt sur le sel » (Specul. Histor. ms. lib. 11, cap. 71, ibid.). Empr. à l'ital.gabella « impôt » (dep. 1remoitié xives., Marco Polo volgar. ds Batt., mais déjà gabella, 1129, lat. médiév. de Sicile ds Du Cange, loc. cit.; l'ital. dial. cabella est à l'orig. des formes a. fr. cabelle citées par M. Höfler ds Z. rom. Philol. t. 83, p. 59, à propos de la Cour d'Anjou), lui-même empr. à l'ar. qabāla « id. ». Fréq. abs. littér. : 62. Bbg. Gohin 1903, p. 237 (s.v. gabellage). - Hope 1971, p. 40.