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FRÔLER, verbe trans.
A.− Toucher légèrement au passage. Synon. effleurer.
1. [Le suj. désigne une pers.] Lui, pour ne pas la frôler, se rangea contre le talus (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 203).En déposant la lampe sur la table, je pris soin de frôler légèrement le bras de Monsieur (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 34):
... tâtonnant autour de moi, je touchai un petit corps ramassé comme jadis dans le sommeil, et je frôlai des cheveux, et je passai la main sur une figure que je connaissais... Schwob, Monelle,1894, p. 134.
[P. méton.] Un pas furtif, et si léger qu'il semblait à peine frôler les marches de l'escalier (Theuriet,Mais. deux barbeaux,1879,p. 140).... Lorsque ses mules d'or frôlent les dalles grises? (Moréas, Syrtes,1884, p. 23).Ses lèvres frôlèrent les petites mains (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 346).
Emploi pronom. réciproque. Tout le monde trottine sur son baudet. On crie, on se range, on se frôle les uns les autres, on passe (Flaub., Corresp.,1849, p. 131).François lui passait l'objet demandé, leurs mains se frôlaient maladroitement (Radiguet, Bal,1923, p. 130).
2. [Le suj. désigne un inanimé concr. doué de mouvement]
a) [Le mouvement s'inscrit dans l'instant] La balle lui frôla les cheveux (Ac.).En tombant [l'épée] frôla le bon seigneur de si près que sa houppelande en fut coupée (Flaub., St Julien l'Hospitalier,1877, p. 100).
b) [Le mouvement s'inscrit dans la durée] Un large balcon prolongeait notre chambre; des branches le frôlaient (Gide, Immor.,1902, p. 406).
Emploi pronom. réciproque. Les feuillages mouvants se frôlent doucement (Noailles, Cœur innombr.,1901, p. 33).
B.− P. ext. [Le suj. désigne une pers.] Longer de très près. Frôler un précipice. Synon. raser.Ils gagnèrent la falaise, et cinq minutes après la frôlèrent pour éviter une grande flaque d'eau (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 90).Pourquoi cette manie de frôler les boutiques? (Frapié, Maternelle,1904, p. 242).Il se fit tout petit, frôla les cloisons pour passer inaperçu (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 43).
C.− Au fig.
1. [Le suj. désigne une pers.; le compl. un événement tragique] Être exposé à, échapper de justesse à. Synon. friser.Vivre dans ce continuel émoi d'une guerre qui vous entoure, vous touche presque, frôler le danger (Goncourt, Journal,1870, p. 673).On frôle cent fois la mort, et c'est votre petit, à son premier risque, qui est tué (Montherl., Demain,1949, III, p. 743).
2. [Le suj. désigne un inanimé abstr.]
a) [Le compl. désigne une pers.] Effleurer l'esprit. Soudain une peur me frôla, une peur sinistre qui me glissa sur la peau comme le contact d'un monstre invisible (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Mis. hum., 1886, p. 651).Gilbert sentait que des idées voisines du crime le frôlaient (R. Bazin, Blé,1907, p. 301).
b) [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Être proche de. Ils n'auraient pas approuvé davantage ce niais fanatisme, qui, d'ailleurs, frôle l'hérésie (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 3, 1921, p. 521).Nous avons déjà ressenti de combien près les doctrines que nous analysions frôlaient la négation pure et simple de la mort (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 77).
REM. 1.
Frôler, subst. masc.synon. de frôlement (v. ce mot B). Mon nez sait tout... le frôler d'une herbe, l'ombre de la fumée le chatouillent jusqu'à l'éternuement (Colette, Dialog., bêtes,1905, p. 63).
2.
Frôlant, ante, part. prés. emploi adj.Synon. de frôleur.Cette démarche errante, frôlante, de somnambule (Gracq, Beau tén.,1945, p. 194).Au fig. Les préoccupations métaphysiques revinrent, mais frôlantes et allégées (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 345).
3.
Frôlé, ée, part. passé.a) Emploi adj. Que l'on frôle. Le fourmillement vague des nuits africaines, branches frôlées, pas de velours d'animaux rôdeurs (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 122).La figure humaine frôlée, dans la rue (Huysmans, À rebours,1884, p. 34).Au fig. [En parlant d'un événement fâcheux] Qui est évité de justesse. Une fièvre d'intrigues semi-vécues, de scandales frôlés (Mounier, Traité caract.,1946, p. 483).b) Emploi subst. fém. Synon. de frôlement (v. ce mot B).Au milieu des frôlées de badauds venus admirer là les cargaisons de vierges (Lorrain, Âmes automne,1898, p. 118).
4.
Frôlure, subst. fém.,rare. Synon. de frôlement (v. de mot B).Des petits cris de peur à la moindre frôlure, sur sa peau nue et rose, d'une branche de saule ou d'un vol d'insecte effaré (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 66).
Prononc. et Orth. : [fʀole], (il) frôle [fʀo:l]. Enq. : /fʀol, D/ (il) frôle. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694 : frosler, dep. 1718 : frôler. Étymol. et Hist. 1. 1458 frôller « frotter, rosser » (A. Gréban, Passion, éd. O. Jodogne, 19714); 2. 1679 frôler « toucher légèrement » (Molière, Bourgeois, II, 4). Prob. formé avec la désinence -er, sur la séquence consonantique f-r-l qui évoque le bruit léger d'un objet qui passe. Fréq. abs. littér. : 745. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 162, b) 1 110; xxes. : a) 1 737, b) 1 385. Bbg. Tilander (G.). Orig. et évolution sém. de frôler. Z. rom. Philol. 1951, t. 67, pp. 174-178.