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FRAIS2, subst. masc. plur.
A.− Dépenses de toutes sortes occasionnées par quelque chose.
1. Coût d'une opération, argent employé à quelque chose. Frais de nourriture, de logement, d'habillement, d'entretien, de chauffage, d'éclairage; frais élevés; causer, entraîner, occasionner des frais, de gros frais. Elle trouvait le moyen de rogner sur les petits frais infimes. Ainsi, elle supprima un tiers du lait, elle ne mit plus d'entremets sucré que le dimanche (Zola, Dr Pascal,1893, p. 180).Elle se chargeait de me procurer un cheval très doux. (Naturellement tous les frais lui incomberaient) (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 124):
Cette somme se trouvait grevée de beaucoup de frais notables : frais de succession, frais d'étude, et, surtout, frais de recherches réclamés par les agences péruviennes. L'ensemble de ces débours s'élevait − j'ai conservé toutes ces affreuses paperasses − au chiffre effarant de sept mille trois cent quinze francs. Duhamel, Le Notaire Havre,1933, p. 233.
SYNT. Frais d'abonnement, d'administration; de déplacement, d'équipement, d'exploitation, d'impression, d'inscription, d'installation, de loyer, de main-d'œuvre, de maladie, d'hospitalisation, de maternité, d'accouchement, d'optique, de pharmacie, de voyage, de transport, de publicité, de réparation, de séjour, de vente, de personnel, de manutention; frais chirurgicaux, dentaires, pharmaceutiques; frais funéraires, de dernière maladie; allocation pour frais de garde; facturation, montant, note de frais; répartition recouvrement, remboursement des frais; participation aux frais; avancer, augmenter, couvrir, diminuer, engager, épargner, éviter, imputer, payer, réduire, rembourser, supporter des frais; fournir, pourvoir, subvenir, participer aux frais; dédommager, indemniser des frais; reculer devant les frais.
Faux frais. (Menues) dépenses, généralement imprévues, s'ajoutant à la dépense principale. Sans compter les faux frais. Je vous montrerai le catalogue. Expédition et faux frais, mettons deux cent vingt, tout compris, mais payé comptant (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1042).Avec ce que m'a pris ta mère et les faux frais, il ne m'en reste pas lourd de cet argent (Anouilh, Sauv.,1938, II, p. 179).
Tous frais payés. Pour une rétribution nette, les dépenses occasionnées étant payées par ailleurs. Un jour, dans l'autre, ça te rapporterait dans les cent francs, tous frais payés (Giono, Baumugnes,1929, p. 23).Qu'est-ce que c'est que le prix Goethe? − Je n'en sais rien. On m'offre cinq mille dollars, tous frais payés (Green, Journal,1949, p. 243).
Rentrer dans ses frais. Être remboursé ou dédommagé de ses débours, sans bénéfice ni perte. Il va porter ses petits volumes à toutes les foires : il en a deux mille à placer. Il est sûr de rentrer dans ses frais (Renard, Journal,1902, p. 738).Et vous attendiez patiemment l'occasion de rentrer dans vos frais, vous pensiez : « Il ne coûte pas cher (...) » (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1489).
2. Somme allouée pour effectuer certaines dépenses reconnues nécessaires. Frais de représentation, de mission. Mais il n'a eu ni solde arriérée, ni frais de route, ni pension (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 88).
B.− Au fig. Effort considérable, notamment pour plaire. Frais d'amabilité, de coquetterie, d'éloquence (infra loc. se mettre en frais de). Il n'a pas fallu certes beaucoup de frais d'esprit et d'imagination pour enrichir le répertoire des extravagances humaines de cette ridicule et scandaleuse parade (Lamennais dsL'Avenir,1831, p. 287).
C.− Loc. diverses au propre et au fig.
1. Loc. adv.
À grands frais. En faisant de grandes dépenses et au fig. en se donnant beaucoup de peine. Florian fut élevé dans le château bâti à grands frais par son aïeul (France, Vie littér.,1888, p. 189).Vingt ou trente villes montent à grands frais des Universités, des Conservatoires, des Écoles de tous les arts (Larbaud, Journal,1934, p. 342).
À peu de frais. En dépensant peu, économiquement et au fig. sans grands efforts, facilement. Synon. à moindres frais.Le désir (...) de se créer, à peu de frais, une certaine réputation (Comte, Philos. posit.,t. 4, 1839-42, p. 1112).La vie était moins chère là que partout ailleurs, et l'on y pouvait soutenir son luxe à peu de frais (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 79).
À frais communs (dr. et cour.). En partageant les dépenses, chacun sa part et au fig. en unissant les efforts. C'est un pique-nique; nous frétons la voiture à frais communs (...) c'est une affaire de vingt-cinq francs pour nous deux (Augier, Lionnes,1858, IV, p. 17).Rouges, blancs, bleus, le lapidèrent à frais communs. Ce fut un tutto d'ironies, d'attaques, de méchancetés (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 123).
À moitié frais (vx). En partageant les frais par moitié. Les deux grandeurs de la monarchie capétienne s'en allèrent côte à côte la rejoindre, à moitié frais, dans une benne mérovingienne (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 619).
Sur (de) nouveaux frais (au fig.). En reprenant (une affaire) depuis le début; derechef, de nouveau. Son enthousiasme avait des répits, des jours de diète ou de viande creuse de journaliste. Il lui fallait s'efforcer ensuite, et repartir sur de nouveaux frais (Barrès, Renan,1888, p. 6).Tu connais des heures où un pauvre désir de sagesse te soulève. Tu voudrais recommencer sur nouveaux frais. Au collège, tu avais déjà ce goût des plans de vie (Mauriac, Écrits intimes,Du côté Proust, 1947, p. 165).
2. Loc. prép.
Aux frais de. Pour le compte de, la dépense étant payée par et au fig. sur le compte de. Aux frais de la commune, de l'État, de la princesse*. Une vaste église a été tout récemment édifiée en l'honneur de Notre-Dame des Ardents et de la « Sainte Chandelle », aux frais de pieux particuliers (Verlaine, Œuvres posth.,Souv. et fantais., t. 1, 1896, p. 227).Un dîner mondain dans toute son horreur. On s'est diverti aux frais des absents (...) tous tarés, toutes salies! (Renard, Œil clair,1910,p. 180).
3. Loc. verb.
Se mettre en frais. Faire des dépenses inhabituelles et considérables dans une occasion donnée; au fig. faire des efforts particuliers, notamment pour plaire. Cependant la maison de l'Estorade s'était mise en frais (...) pour ce dîner, qui nous a été servi dans une vieille argenterie noire et bosselée (Balzac, Mém. jeunes mariées,1842, p. 179).Vous ne cessez pas d'être étourdissant. Vous le serez, hein? Je suis content que vous veniez. Vous vous mettrez en frais, dites, vous nous amuserez, vous (Renard, Monsieur Vernet,1904, I, 8, p. 231).
P. ell., rare. Cet affreux homme se fait aimable à tous, surtout en frais pour ceux qu'il connaît le moins (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 8).
Se mettre en frais de + subst. Se mettre en frais d'amabilité, d'éloquence. Quand on se met une fois en frais d'idéal, il est plus simple de ne pas s'arrêter à mi-chemin dans ses souhaits d'ambition (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 1, 1851, p. 68).Si, la première fois, elle s'était mise en frais de sourires pour le recevoir, c'était par une coquetterie instinctive de petite fille (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 186).
Péj. [À la forme impér. et négative] S'efforcer en pure perte (de faire quelque chose). Eh, monsieur, ne vous mettez pas en si grands frais de sensibilité (L.-B. Picard, Charlatans,t. 8, 1821, p. 491).Ne vous mettez pas en frais de phrases polies (...) pour moi, je ne parle pas ou je suis sincère (Stendhal, Rom. et nouv.,t. 2, 1842, p. 277).
Faire des frais (pour qqn). Faire des dépenses inhabituelles; au fig. déployer des efforts d'amabilité, de charme, de politesse, etc. Je m'habille, je me fais belle (...) et tout à coup je m'aperçois que j'ai fait des frais pour les cygnes, les canards (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 56).Sa cousine, très gracieuse, se fouettait pour « faire des frais », voulant montrer qu'elle était sincèrement ravie (Gyp, Pas jalouse,1893, p. 113).
Faire ses frais. Synon. de rentrer dans ses frais; au fig. être récompensé de ses peines.Non [je ne suis pas « volé »] − répondit le brigand en déployant à son tour un paquet de foulards [volés par lui], j'ai fait mes frais (Sue, Myst. Paris,t. 6, 1843, p. 43).Il faut que je m'amuse un peu avant de prendre congé! Je veux faire mes frais (Balzac, Marâtre,1848, III, 9, p. 104).
Faire les frais. Fournir à la dépense; au fig. être récompensé de ses peines (cf. supra faire des frais).
Faire les frais de (qqc.)
[Le suj. est une pers. physique ou collective, plus rarement une chose] Payer la dépense. Il y a des régions où les chasses sont si coûteuses que le propriétaire, même s'il est riche, n'en peut faire seul les frais (France, Anneau améth.,1899, p. 133).
Au fig. Être la victime, la dupe. Si la France (...) était destinée par l'Allemagne à faire les frais d'un conflit anglo-allemand (...) elle se soulèverait (...) contre cet attentat (Jaurès, Paix menacée,1914, p. 230).
[Le suj. est une chose] Constituer la matière, l'essence de. Mademoiselle de Verneuil achevait un repas dont le beurre, le pain et le laitage firent tous les frais (Balzac, Chouans,1829, p. 273).Ce n'est plus [Malagar] une propriété comme il y en a des milliers d'autres, mais une symphonie écrite pour moi seul dont ma vie fait les frais (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 107).
Faire les frais de la conversation
[Le suj. est une pers.] Être celui qui (seul ou plus que les autres) entretient la conversation. Caroline ne dit plus rien et ne tourne pas les yeux de mon côté. L'oncle fait seul les frais de la conversation (Kock, Cocu,1831, p. 301).La tante Joséphine n'était pas loquace, et Marguerite et Geneviève étaient timides. Ce fut l'Abbé qui fit tous les frais de la conversation (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 138).
[Le suj. est une pers./chose] Constituer le thème principal ou unique de la conversation. La conversation continua. La Comédie pastorale en fit d'abord tous les frais (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 262).Les événements de France faisaient les frais de la conversation, et on discutait à perte de vue sur les conséquences de l'émeute qui avait éclaté le matin même à Paris (Benoit, Atlant.,1919, p. 206).
En être pour ses frais. Ne rien gagner par rapport à la dépense faite. Mais mes trois places de coupé?... j'en serai donc pour mes frais? (Labiche, Deux papas,1845, 14, p. 458).
Au fig. S'être mis inutilement en peine, être déçu. Je lui fais croire que j'ai mal aux yeux (...) Malheureusement, le truc commence à s'user. La dernière fois (...) j'ai vu le moment où j'allais en être pour mes frais (Courteline, Ronds de cuir,Lunettes, 1891, p. 173).
Arrêter les frais. Cesser les dépenses d'une affaire sans avenir et au fig., fam. cesser de se donner de la peine pour rien. Le plus sûr est d'arrêter les frais et risques, et de laisser faire aux gens de cœur (Claudel, Pain dur,1918, II, 3, p. 451).J'écris au milieu de hurlements sans nom, avec du piano au fond, et une auto monstrueuse dans la rue pète et grogne. Donc tout ceci ne compte pas. Et je vais arrêter les frais (Valéry, Lettres à qq.-uns,1945, p. 86).
Payez les frais de (la guerre). Assumer les frais d'une action. Au fig. J'ai préféré payer les frais de la guerre que de faire croire à l'ennemi que je n'avais pas le courage d'entrer en campagne (Balzac, Corresp.,1822, p. 151).
Au fig. Subir les conséquences fâcheuses de quelque chose. Synon. fig. payer les pots cassés, être le dindon de la farce.Lui seul payait les frais de la grève. Il sentait bien qu'on buvait à son désastre (Zola, Germinal,1885, p. 1523).
D.− Domaines spécialisés
1. ÉCON., COMPTAB., COMM. Frais d'une entreprise. Dépenses concernant une entreprise (création, fonctionnement, production). Le Royaume-Uni (...) participe comme la France à la troisième [entreprise] (...) dont l'objet est de subvenir aux frais de fonctionnement d'un réacteur norvégien expérimental à eau lourde bouillante (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 135).
Frais d'établissement. Dépenses occasionnées par la création d'une entreprise. Les bénéfices s'il s'en présente, après amortissement des frais d'établissement et des « faux frais » ou de la perte, seront versés à un fonds de réserve (Gide, Corresp.[avec Claudel], 1911, p. 162).Les frais d'établissement comportent : les documents de travail (...) les fiches, les fichiers, les dossiers, les classeurs, le matériel (...) et le local nécessaire (Bernaténé, Comment concevoir docum.,1964, p. 25).
Frais de fabrication. Dépenses occasionnées par la fabrication, variables selon la quantité de production. [Le gouvernement] dans ce cas, (...) bénéficie des frais de fabrication au moment où il conclut le marché (Say, Écon. pol.,1832, p. 254).
Frais de production. Dépenses occasionnées par la production. Synon. prix de revient.C'étaient les frais de production qui réglaient la valeur des produits (...) jamais les produits ne sont vendus d'une manière suivie à un prix inférieur à leurs frais de production (Say, Écon. pol.,1832p. 322).
Frais généraux. Dépenses occasionnées par le fonctionnement d'une entreprise et qui s'ajoutent aux frais de production. Il employa toute la semaine à chercher deux chevaux (...) et à faire imputer son équipage sur les frais généraux du journal (Balzac, Fille Ève,1839, p. 146).Le coût de subsistance du travail salarié est une partie des frais généraux ou coûts fixes de la nation (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 343).
Frais fixes, de période. Dépenses insensibles aux variations économiques, sans rapport direct avec la production réelle. [Le] « prix de revient » dont la réduction peut être obtenue en étalant les frais fixes sur une production ou des ventes accrues et de meilleure qualité (L'Univers écon. et soc.,1960, p. 4407).Ces bureaux furent rapidement réorganisés, de façon à alléger les frais fixes de personnel et de locaux (Jocard, Tour. et action État,1966, p. 238).
Frais variables. Dépenses qui dépendent de la production. La partie du prix de vente qui dépasse le montant global des frais variables et fixes constitue le bénéfice (Villemer, Organ. industr.,1947, p. 175).Frais (...) variables (frais de cueillette, de conditionnement et de stockage liés au volume de la récolte) (Boulay, Arboric. et prod. fruit.,1961, p. 115).
Frais directs. Dépenses qui concernent une commande de marchandises. Assurer, en sus des frais directs de manutention et de répartition de la marchandise, le bénéfice à dix ou douze pour cent du grand capital commercial (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 127).Les frais directs à montant inconnu. Cas de la fourniture de force motrice, de gaz ou d'eau, à un atelier muni d'un compteur particulier (Villemer, Organ. industr.,1947p. 202).
Frais indirects. Dépenses qui concernent l'ensemble des commandes. Quand j'aurais évalué les pertes, les infidélités, l'ouvrage mal fait, les frais indirects, je suis persuadé que je trouverais ma toile très-chère (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 119).
2. DR. Coût d'un acte juridique ou d'une formalité légale. Frais de justice, de douane, d'enregistrement, de procédure, de vente, d'un procès, d'un jugement; frais et loyaux coûts; être condamné aux frais et dépens; frais de timbre, de recouvrement; premier avertissement sans frais; net de frais et d'imposition. La broutille, cette foule de petits actes qui surchargent les mémoires de frais et consomment du papier timbré (Balzac,Illus. perdues,1843,p. 582).28 janvier. − Sommation avec frais du percepteur. Ça me change des Bulletins de la Grande Armée (Bloy, Journal,1903, p. 147).
Prononc. et Orth. : [fʀ ε]. Ds Ac. dep. 1694. On lie l's au plur. Homon. frai1, frai2, frais1, fraie, formes de frayer, fret. Étymol. et Hist. 1. 1260 frais au plur. « dépenses » (E. Boileau, Métiers, 214 ds T.-L.); 2. dr. a) 1549 « dépenses pour la passation d'un acte et pour tout ce qui doit en résulter » (Est. : fraiz et loyaulx cousts); b) 1585 « dépenses occasionnées par l'accomplissement d'un acte judiciaire ou d'une formalité prescrite par la loi » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 316). Plur. de l'a. fr. fret, frait proprement « dommage qu'on cause en rompant quelque chose » (1266, Escrit Andriu de le Vourc ds Gdf. Compl.); d'où « dépense destinée à le réparer » (ca 1276. A. de La Halle, Jeu d'Adam, 481 ds T.-L.), par l'intermédiaire de la loc. paier le fret proprement « payer le bris, le dégât » (1216, G. Le Clerc, Fergus, 108, 4, ibid.). Du lat. pop. fractum « frais, dépense » (xiiies. ds Nierm.), neutre subst. du lat. class. fractus « brisé, morcelé », part. passé adjectivé de frangere « briser, rompre ». Fréq. abs. littér. : 2 282. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 722, b) 3 556; xxes. : a) 3 018, b) 2 807.