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* Dans l'article "FLAMBER,, verbe."
FLAMBER, verbe.
I.− Emploi intrans.
A.− Qqc. flambe
1. Brûler, se consumer avec des flammes, en produisant de la lumière. Allumette, bois, bûche qui flambe; incendie qui flambe. Les tisons de son foyer [de Gobseck], toujours enterrés dans un talus de cendres, y fumaient sans flamber (Balzac, Gobseck,1830, p. 383).Un tourbillon de feu s'élança dans le grenier, perça le toit de paille (...) et toute la chaumière flamba (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Mère sauvage, 1884, p. 237):
1. Un feu clair flambait dans la cheminée, jetant de larges clartés jaunes qui dansaient au plafond et sur les murs. La pièce était ainsi éclairée d'une lueur vive et vacillante; la lampe, posée sur une table, pâlissait au milieu de cette lueur. Zola, T. Raquin,1867, p. 133.
En partic. L'alcool flambe. Brûler de sorte que le degré d'alcool se trouve atténué. L'électricité s'éteignit, le punch flambait (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 16).
Rem. La docum. atteste essentiellement la constr. faire flamber de l'alcool. Faire flamber le cognac, le rhum. Il ferait flamber tout à l'heure l'eau-de-vie dans son café (France, Bonnard, 1881, p. 395).
2. P. ext.
a) Produire une lumière éclatante, jeter une vive lueur, briller. Nos yeux se fermaient à l'éblouissement du soleil qui flambait sur les flots et chatoyait sur le sable (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 260).Aucune aube ne blanchissait dans le ciel mort, les hauts fourneaux seuls flambaient, ainsi que les fours à coke, ensanglantant les ténèbres (Zola, Germinal,1885, p. 1142).Au loin les fenêtres à petits carreaux flambèrent une à une (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 75).
b) Être brûlant. La rue flambait, Mathieu eut l'impression de traverser un brasier (Sartre, Âge de raison,1945, p. 79):
2. Au-delà des tuiles blêmes de lumière, la Castille couverte de moissons flambait avec ses fleurs roussies jusqu'à l'horizon blanc. Garcia, possédé par toute cette réverbération, près de vomir d'éblouissement et de chaleur, découvrit le cimetière... Malraux, Espoir,1937, p. 540.
P. anal. [Le suj. désigne une partie du corps] Être le siège d'une sensation de brûlure. D'horribles douleurs : mal soignées et exaspérées par les prétentaines que j'avais courues, mes entrailles flambaient (Huysmans, Soir. Médan,Sac au dos, 1880, p. 142).Philippe reprit le verre et le porta à ses lèvres d'un geste négligent : son gosier flambait, ses yeux mouillaient, il but d'un seul trait (Sartre, Sursis,1945, p. 139).
3. Au fig. [Le suj. désigne un affect] Se manifester avec éclat. Un regain d'énergie, qui flambait une heure, et s'éteignait au premier souffle (Martin du G., Devenir,1909, p. 83).Mon désir, que n'avait pas épuisé ma nuit avec Gina, et qui venait de flamber un instant, retomba lentement (Abellio, Pacifiques,1946, p. 333):
3. Et comme il était arrivé tant de fois déjà, ce terrible vide intérieur de l'angoisse céda brusquement. L'instinct de la vie revint, si puissant, si impérieux, qu'il crut le sentir flamber dans ses veines, que ses lèvres desséchées, tout à coup humides, s'ouvrirent pour en savourer le goût. Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 957.
B.− Qqc./qqn flambe de
1. Qqc. flambe de
a) [Le suj. désigne un objet, le compl. prép. une lumière ou une couleur] Synon. chatoyer, miroiter.Ciel qui flambe d'éclairs. Un de ces grands soirs d'été, tout flambant de couleurs (Flaub., Corresp.,1847, p. 31).La chaise vernie flambait de soleil (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 34).Jamais les chasubles (...) n'avaient flambé d'un tel resplendissement de soie et d'or (Zola, Rêve,1888, p. 69).
Rem. La docum. atteste la constr. correspondante qqc. flambe dans. Sa chevelure, libre et nue, flambait dans un dernier rayon de soleil (Zola, M. Férat, 1868, p. 14). Le bariolage des étalages, l'or des bijoutiers, les cristaux des confiseurs, les soies claires des modistes, flambaient, (...) dans le coup de lumière crue des réflecteurs (Zola, Nana, 1880, p. 1259).
b) [Le suj. (qqc. 1) désigne les yeux, le visage; le compl. prép. (qqc. 2) désigne un affect] Yeux qui flambent d'ardeur, de colère, de désir, de haine; visage qui flambe de colère. Synon. étinceler, flamboyer.Aux premiers mots qu'il [d'Argenton] lut de la lettre d'Indret, ses yeux flambèrent d'une espèce de triomphe méchant (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 75).[Philippe] sortait de ces combats, l'air hâve et exténué, mais les yeux qui flambaient de fièvre et de génie (Rolland, Âme ench.,t. 2, 1925, p. 262):
4. Tout le monde regarda Méhoul que les paroles de Finoche avaient transformé. La taille cambrée, il tournait le dos au feu; son visage flambait d'une joie violente. Aymé, Rue sans nom,1930, p. 32.
Rem. La constr. qqc. 1 flambe de qqc. 2 correspond à la constr. qqc. 2 flambe dans qqc. 1. Des yeux où flambe le vice. Il s'embrasait... le désir flambait dans ses prunelles (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 84).
[Avec effacement du compl. prép.] Prunelles qui flambent férocement. Le marquis De Bruyères tout rouge de satisfaction et dont les yeux pétillants de désir flambaient comme des escarboucles (Gautier, Fracasse,1863, p. 210).Tout à coup un paquet de sang lui monta au visage. Ses yeux flambèrent (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 30).Ses pupilles noires, aussi dénuées d'expression que celles d'un chat, flambaient avec une phosphorescence animale (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 452).
Rem. On relève une seule attest. de le visage flambe. Elle se tourna vers Mathieu et l'interpella avec feu : (...) elle marcha sur lui, son visage flambait (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 149).
2. Qqn flambe de.[Le compl. prép. désigne un affect] Être vivement animé de. Leurs yeux s'allumaient de la passion du gain, tout le magasin autour d'eux alignait également des chiffres et flambait d'une même fièvre (Zola, Bonh. dames,1883, p. 500).Irène Chaulieu flambe d'entrain, grisée par sa première escarmouche (Colette, Ingénue libert.,1909, p. 169).L'air absent des foules qui vont flamber de colère (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 290).
[Avec effacement du compl. prép.] Être animé d'une vive ardeur, de sentiments violents. Elle flambait, elle était une emballée de Jésus (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 242).Ma joie sainte renaissait, j'attendais l'instant de foudre où je flamberais jusqu'à l'os (Sartre, Mots,1964, p. 160):
5. C'était un de ces jeunes Juifs, brûlés d'intelligence et d'ardeur généreuse, qui souffrent du dur milieu qui les entoure, qui se sont donné pour tâche de relever leur race, et, par leur race, le monde, qui se dévorent eux-mêmes, qui se consument de toutes parts et flambent, en quelques heures, comme une torche de résine. Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 1004.
C.− Arg. des joueurs. Qqn flambe.Jouer gros jeu. J'vais au Raspail pour flamber. − Ah! tu vas pour flamber. Mais à quoi qu'vous jouez là-dedans? (Simonin, Bazin, Voilà taxi!1935, p. 175).Ils [les Nord-Africains de l'hôtel] flambaient aux dominos, se saoulaient la poire (Le Breton, Rififi,1953, p. 146).
II.− Emploi trans. Qqn flambe qqc.
A.− Passer à la flamme. Les grands vaisseaux couchés sur le flanc et qu'on flambait avec des broussailles pour les débarrasser des herbes de la mer (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 50).
En partic.
Flamber une volaille, un cochon. Passer à la flamme pour brûler les duvets, les poils. Tu vides, tu flambes, tu trousses ton faisan (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 113).Flamber le porc jusqu'à ce que les onglons se détachent (Pourrat, Gaspard,1930, p. 39).
Rem. On relève flamber qqc. [Le compl. désigne ce qui brûle] au sens de « faire brûler ». L'odeur qui remplit les cuisines quand on flambe les duvets d'un poulet (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 563).
Flamber un instrument chirurgical (ou un objet assimilé). Passer à la flamme pour stériliser. Il (...) prit une seringue à injection, alluma une lampe à alcool, flamba l'aiguille (Bourget, Sens mort,1915, p. 77):
6. Il tira de sa poche un canif, dont une lame très effilée ne formait plus qu'une sorte de court poinçon, la flamba sur une allumette et, à travers la poche de sa culotte, d'un coup, se l'enfonça dans la cuisse. Gide, Caves,1914, p. 720.
Flamber le canon d'une arme à feu. Faire partir une amorce pour sécher l'intérieur du canon avant de mettre la charge. Je flambai mon fusil, je le rechargeai (Dumas père, Chasse au chastre,1850, I, 1, p. 183).On vient de brûler la graisse intérieure des canons, de flamber les tubes (Arnoux, Roy. ombres,1954, p. 46).
B.− Spéc. Flamber un mets. Arroser de lard fondu, arroser d'alcool qu'on fait brûler. (Faire) flamber des crêpes. J'ai perçu le côté animal qu'il y a en vous, à votre façon de fixer la flamme quand on nous fait flamber une omelette au rhum (Montherl., Démon bien,1937, p. 1326).V. flamboir, infra.
C.− Au fig., fam. Flamber un bien matériel. Dépenser, dilapider follement. Il a flambé sa fortune en peu de temps (Littré).Supra I C.
REM. 1.
Flambeur, subst. masc.a) Technol. Appareil utilisé pour procéder au flambage. Flambeur à acétylène. On a imaginé de construire des flambeurs pour décortiquer les souches de vignes et détruire les parasites qui se trouvent cachés sous les écorces (Brunet, Matér. vitic.,1909, p. 354).b) Arg. Joueur (plus particulièrement qui joue gros jeu). J'essayai de lui parler [au conducteur] des courses. Car tous les chauffeurs sont des flambeurs (Trignol, Pantruche,1946, p. 159).C'étaient des flambeurs, des mordus. Ils ne lèveraient pas l'ancre avant d'avoir paumé ou affuré quelques centaines de sacs (Le Breton, Rififi,1953, p. 13).
2.
Flamboir, subst. masc.Ustensile servant à verser de la graisse sur une pièce de viande, une volaille pour la flamber. Un gros homme (...) armé d'un long flamboir rougi au feu, laissait tomber des gouttes de graisse enflammée sur un énorme gigot (Fabre, Barnabé,1875, p. 363).
Prononc. et Orth. : [flɑ ̃be]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 intrans. « briller, étinceler (d'un métal) » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 12431); 2. fin xiiies. [date du ms.] « brûler » (Gaimar, Hist. des Anglais, éd. Bell, 5356); 3. ca 1393 trans. « passer quelque chose à la flamme » (Ménagier, t. 2, p. 181 ds T.-L.); 4. 1676 trans. « ruiner au jeu » (Mmede Sévigné, Lettre no542, éd. M. Monmerqué, t. 4, p. 465). Dér. de flambe*; dés. -er; a remplacé l'anc. verbe flammer (début xiiies. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 914. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 387, b) 1 666; xxes. : a) 2 487, b) 1 165. Bbg. Arveiller (R.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, p. 228. − Catach (N.), Mettas (O.). Encore qq. trouvailles ds Nicot. R. Ling. rom. 1972, t. 36, pp. 367-368. − Quem. DDL t. 2, 13. − Remacle (P.). Rem. sur l'étymol. du fr. flamber. In : Rapp. annuel. B. de la Commission royale de topon. et dialectol. 1974, t. 48, p. 16.