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FAUSSER, verbe trans.
A.−
1. Vx. Fausser qqc.Manquer à (ses engagements). Fausser la foi donnée, une promesse. Le ciel m'a donné dans ma misère, un homme qui n'a jamais faussé sa parole (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 339).Je manquai la première séance [d'un procès] plutôt que de retarder ma visite à Auteuil (...). Ainsi de la seconde fois et des suivantes (...); il me semblait que je faussais un rendez-vous d'honneur (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 73).Il accompagna son récit de force malédictions sur la perfidie des femmes, sur la vanité des hommes (...) et sur les serments qu'on fausse (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 95).
Emploi pronom. passif. C'est là que les souvenirs se délient et que les sermens se faussent; les projets héroïques (...) s'oublient sous ces cieux d'où pleut l'amour (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 205).
En partic., usuel
Fausser (la) politesse à qqn. Manquer à la politesse en quittant quelqu'un sans prendre congé. Il ne me paraissait plus possible de fausser politesse à mes hôtes et de partir sans inventer quelque excuse (Gide, Isabelle,1911, p. 625).Ce qui est dur dans une évasion, si stricte soit la surveillance, ce n'est pas de fausser la politesse à ses gardiens (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 221).
Fausser compagnie. Quitter quelqu'un furtivement. Qui l'obligeait à les suivre? N'était-il pas libre de leur fausser compagnie? Le courage lui manquait (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1271).
2. Vx et rare. Fausser qqn.Manquer d'égards, de justice envers quelqu'un. Que vous ai-je fait que vous m'ayez si méchamment faussé? Je vous ai donné le vin, vous m'avez rendu la lie (Quinet, Ahasvérus,1833, 2ejournée, p. 174).
B.− Rendre faux quelque chose.
1. [Du point de vue de la vérité, de l'authenticité]
a) Domaine abstr.Déformer la vérité, l'exactitude de quelque chose. Synon. altérer, déformer, déguiser.Fausser le vrai, la réalité. J'ai faussé l'histoire quant à sa mort [de Hannon]. Il fut bien, il est vrai, crucifié par les mercenaires, mais en Sardaigne (Flaub., Corresp.,1862, p. 70).À la vérité éternelle, ils substituent chacun leur vérité nationale. Autant de peuples, autant de vérités, qui faussent et tordent la vérité (Barbusse, Feu,1916, p. 376).Bien plus, qui nous assure que notre mémoire ne fausse pas, ne romance pas les faits? (Arnoux, Zulma,1960, p. 10):
1. J'insinue ou j'appesantis, je charge ou je diminue, je gauchis ou je fausse. La vérité ne peut sortir de mes mains que comme une femme de sa toilette, peinte, fardée, rembourrée, rétrécie d'un côté, élargie d'un autre. Taine, Notes Paris,1867, p. 309.
En partic. [Le compl. désigne une manifestation de l'esprit] Commettre une erreur, interpréter faussement. Fausser un calcul, le sens d'un texte, d'un mot. Dans un calcul arithmétique, l'erreur d'un chiffre ou de mille fausse de même le résultat (Constant, Esprit conquête,1813, p. 226).C'est fausser la pensée de Beethoven, qu'en modifier la ponctuation et le groupement des périodes (Rolland, Beeth.,t. 2, 1937, p. 435):
2. Saint-Loup souffrit horriblement de cette brouille, mais c'est une manière de dire qui est trop simple, et fausse par là l'idée qu'on doit se faire de cette douleur. Proust, Guermantes 1,1920, p. 121.
b) Domaine concr.Falsifier. Fausser un document. Malheureux!... Qu'a-t-il fait? − Dans sa sombre misère il osa fausser un écu (Borel, Rhaps.,1831, p. 177).Gare à ceux d'entre vous qui fausseraient le vote! (Hugo, Année terr.,1872, p. 177).En vue de prouver l'innocence d'un individu qui vous a avoué être coupable, dénaturer les faits, fausser les textes (Montherl., Démon bien,1937, p. 1271)
2. [Du point de vue d'une norme, de la justesse, de la perfection]
a) Domaine abstr.Faire perdre à quelque chose son aspect, son caractère normal, naturel; la rendre contraire à ce qu'elle doit être. Synon. dénaturer.Je n'ai vu mon père irrité que lorsqu'on faussait la justice (L. Daudet, A. Daudet,1911, p. ix).Vous ne voyez pas clair? Eh! Qui vous aurait appris à voir clair? Toute l'éducation des filles est faussée (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1521).C'est la différence d'âge qui, révélée au fond d'un bel œil de velours, faussa nos rapports, gauchit notre lien amical [à Colette et à Marco] (Colette, Képi,1943, p. 60):
3. C'est un monde où toutes les valeurs sont faussées, où le respect de la personne n'a plus aucune place, où l'intérêt est l'unique mobile... Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 153.
En partic. [Le compl. désigne un attribut de la pers. ou une pers.] Fausser le caractère, la conscience, la nature, le goût de qqn. Synon. corrompre, gâter.Une âme dont rien n'avait faussé les sentiments (Balzac, Ferragus,1833, p. 127).L'exil déprime les caractères et fausse les intelligences (France, Révolte anges,1914, p. 144).Je ne voulais pas qu'une femme bigote faussât l'esprit de mes enfants (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 78):
4. J'ai tout fait d'abord pour ne pas me laisser encombrer, fausser, bref dénaturer par des influences fâcheuses. Barrès, Cahiers,t. 9, 1911-12, p. 70.
Emploi pronom. passif. À ce métier [de critique] l'esprit se fausse, l'intelligence perd sa lucidité rectiligne (Balzac, Muse départ.,1844, p. 214).
Spécialement
Fausser une note, une chanson. La chanter, la jouer faux. Un aveugle au coin d'une borne (...) Sur son flageolet (...) joue un ancien vaudeville Qu'il fausse imperturbablement (Gautier, Émaux,1852, p. 65).
Emploi intrans. ou pronom. passif. Devenir faux. La note finale de chaque phrase (...) monte d'un quart de ton en faussant systématiquement (Sand, Mare au diable,1846, p. 19).Il [maintient] l'éternelle harmonie, écoutant d'une oreille et de l'autre, afin qu'aucune note ne se fausse (Claudel, Repos 7ejour,1901, III, p. 857).
P. méton. Fausser une voix, un instrument. Les rendre incapables d'exécuter des sons justes. Mais votre Érard, faussé par l'humide atmosphère, Appelle en sons douteux les soins de l'accordeur (Murger, Nuits hiver,1861, p. 122).Quand sa fille exécutait (...) quelqu'une de ses courses olympiques qui faussaient tous les pianos du voisinage (Feuillet, J. de Trécœur,1872, p. 8).Rends-moi ma fiancée, misérable! vociférait Tarzan, torturant ses cordes vocales faussées par la mue (H. Bazin, Lui,1950, p. 6).
P. ext. Ôter le caractère naturel. Une voix faussée par l'effort (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 935).
b) Domaine concr.Faire perdre (à un objet) sa forme normale; empêcher son fonctionnement. Synon. tordre, courber, bossuer.Fausser une épée, une cuirasse; fausser les ressorts d'une montre, les rouages d'une machine, un mécanisme. Ils frappaient sur mon dos comme sur une enclume! Heureusement mes gens sont venus, sans quoi ces vilains me faussaient mon armure (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 127).Des militants ouvriers (...) venaient, de quelques coups de lime, fausser la pièce patiemment élaborée (Malraux, Espoir,1937, p. 779):
5. La cheminée [de la locomotive], dans la violence du choc, était entrée en terre; à l'endroit où il avait porté, le châssis s'était rompu, faussant les deux longerons... Zola, Bête hum.,1890, p. 225.
Emploi pronom. passif. Pierre a tellement forcé sur son volant que la direction s'est faussée (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 236).
[En parlant d'un organe] Déformer, tordre. Au retour de chacune de ses longues habituelles promenades [à cheval] une expression de triomphante méchanceté faussait tous les muscles de sa face (Baudel., Hist. extr.,1856, p. 328).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois intrans. de fausser. Ne pas se comporter, ne pas fonctionner d'une manière normale. Tout homme (...) doit se créer sans doute un caractère par l'éducation; mais il faut qu'il en pose les bases sur celui que lui a donné la nature; autrement (...) ce pourrait n'être plus qu'un instrument qui fausserait sans cesse (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 273). Un arbre qu'il abattait pour faire le feu a faussé en tombant, et ce sont des sauvages qui l'ont trouvé (...) assommé (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 51). Loué soit Dieu, qui m'a permis de me surprendre misérable et ridicule (...) : c'est toi, c'est toi qui m'as vu fausser! Mais cette profonde chute me relance vers en haut (Montherl., Maître Sant., 1947, III, 5, p. 652).
REM.
Faussé, ée, part. passé en emploi adj.a) [Correspond à fausser A] Tant de paroles données et faussées (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 601).b) [Correspond à fausser B 2] Casque, épée faussé(e); serrure faussée; cou faussé. C'étaient des laboureurs (...), pliés en deux sur le dos de leurs sillons. Ils relevaient tant bien que mal leurs reins faussés (Fromentin, Dominique,1863, p. 23).Esprit puéril et faussé, (...) tout ce qui sentait la machine, le théâtre et l'extraordinaire lui paraissait la marque qu'on était nourri dans un air de grandeur et de luxe (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 119).Ces toiles aux rapports [de couleurs] faussés mais encore admirables (Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 136).
Prononc. et Orth. : [fose], (il) fausse [fo:s]. Ds Ac. dep. 1694. Homon. fossé. Étymol. et Hist. Ca 1100 « déclarer qu'une affirmation est fausse, démentir » (Roland, éd. J. Bédier, 3844); 1155 « provoquer une altération, endommager » li halbercs falsa (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 10076) ca 1135 falser a « faire preuve de duplicité, manquer à sa parole envers quelqu'un » (Cour. Louis, 1763 ds T.-L.); av. 1565 fausser compagnie (Tourneb., Les contents, 2, 2 ds Gdf. Compl.). Du b. lat. falsare (de falsus) « falsifier, altérer ». Fréq. abs. littér. Fausser : 381. Faussé : 252. Fréq. rel. littér. Fausser : xixes. : a) 362, b) 253; xxes. : a) 572, b) 824. Faussé : xixes. : a) 219, b) 254; xxes. : a) 395, b) 510. Bbg. Quem. DDL t. 1.