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FACTICE, adj.
A.− Qui est fabriqué, produit par l'homme à l'imitation de choses naturelles. Synon. artificiel, faux; anton. réel, vrai.Les fleurs factices singeant les véritables fleurs (Huysmans, À rebours,1884, p. 118).On coule en pierre factice des façades entières que l'on ravale ensuite comme de la pierre naturelle (Arts et litt.,1935, p. 2010):
1. Les hommes de notre âge doivent, dans cette saison, se prescrire une nuit de convention pour dormir paisiblement, comme ils doivent se faire un jour factice en hiver pour favoriser le travail. J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 1, 1821, p. 65.
Spécialement
1. BIBLIOGR. Recueil factice. Recueil composé de pièces diverses, traitant généralement du même sujet et présentées sous la même reliure. Plusieurs manuscrits ou fragments de provenances et d'époques diverses ont été reliés ensemble pour constituer ce que l'on nomme aujourd'hui des recueils factices (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 1086).
2. COMM. Qui n'est qu'une reproduction de produits naturels ou fabriqués. Les boutiques vides et privées de lumière, les chocolats factices ou les boîtes vides dans les vitrines (Camus, Peste,1947, p. 1430).
B.− Au fig. Qui procède de l'habitude, de la volonté, de l'artifice, par opposition aux tendances naturelles; qui manque de naturel. Il avait fini par prendre l'existence factice qu'il se procurait au moyen de l'opium (...) pour sa vie « vraie, réelle » (Sue, Atar Gull,1831, p. 18):
2. J'ai côtoyé, frôlé sans cesse cette société que peint Colette et que je reconnais ici, factice, frelatée, hideuse, et contre laquelle, fort heureusement, un reste inconscient de puritanisme me mettait en garde. Gide, Journal,1936, p. 1245.
Besoin factice. Qui n'est pas d'une nécessité vitale. L'imitation de classe va assez loin pour que les classes inférieures ne sachent plus toujours distinguer les besoins et satisfactions factices, résultant de l'imitation, des besoins réels (Traité sociol.,1968, p. 379).
1. Spécialement
a) PHILOS. Idées factices. Idées qui résultent du travail de l'intelligence. Anton. idées adventices, innées.Il [Descartes] donne encore le nom d'idées non-seulement aux prétendues représentations des objets extérieurs, mais encore aux jugements, car ce sont ses idées factices (Broussais, Phrénol.,Leçon 1, 1836, p. 19).
b) DIDACT., vieilli. ,,Mot, terme factice. Mot, terme qui n'est pas reçu dans une langue, mais que l'on fait selon les règles de l'analogie. Ce mot là n'est pas en usage, c'est un mot factice`` (Ac. 1835, 1878).
2. [En parlant du comportement humain] Qui est simulé, qui n'est pas réellement éprouvé. Gaieté factice. Synon. feint, forcé, anton. naturel, sincère.Il faut se méfier de tout ce qui ressemble à de l'inspiration et qui n'est souvent que du parti pris et une exaltation factice que l'on s'est donnée volontairement et qui n'est pas venue d'elle-même (Flaub., Corresp.,1846, p. 420).Oh! là! là! maman! gémit Olivier en essuyant une larme factice (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 155).
En partic. [En parlant d'une œuvre d'art] Qui manque de vraisemblance, de naturel, de vérité. Rien qui ne soit voulu, arbitraire, forcé, et les moyens les plus épais sont mis en œuvre pour nous prendre aux tripes. Ce n'est plus humain, c'est « énorme », Hugo lui-même n'a rien imaginé de plus gigantesquement factice, de plus faux (Gide, Journal,1946, p. 303).
3. Emploi subst. à valeur de neutre. Ce qui est factice. Comme le factice pourtant se constitue d'après les règles, qu'il se moule sur un type, il est plus simple que le naturel, lequel varie suivant les individualités (Flaub., Corresp.,1852, p. 37).Après tout ce factice, son rire strident, enfin, sonna franc (Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p. 1314).
Rem. La docum. atteste facticement, adv. D'une manière factice. Synon. artificiellement. C'était affaiblir l'Europe centrale, lui créer facticement une sorte de maladie chronique (Hugo, Rhin, 1842, p. 458). Ce n'était pas facticement, par un artifice de fabrication humaine, qu'était traduite l'intention de festivité dans les fleurs, mais (...) c'était la nature qui, spontanément, l'avait exprimée (Proust, Swann, 1913, p. 140).
Prononc. et Orth. : [faktis]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Adj. 1534 factice « qui est fait artificiellement à l'imitation de la nature » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder [Des chevaulx factices de Gargantua], p. 83). B. Subst. 1. 1766 « id. (en parlant d'un corps, d'une substance) » (J. M. Papillon, Traité historique et pratique de la gravure sur bois, t. II, p. 68); 2. 1801 « ce qui a pour caractère d'être artificiel » (S. Mercier, Néol., t. 1, p. 254). Empr. au lat. impérial facticius « artificiel, imitatif ». A évincé l'a. fr. faitis, de formation pop. : fin du xes. faitis « fait, façonné » (Passion de Clermont, éd. D'Arco Silvio Avalle, p. 111, 268). On trouve les équivalents de facticius : fin xives. facticiz (Roques t. 2, 1938, no3798); xves. factif (in BN lat. 7679 ds Gdf.). Fréq. abs. littér. : 725. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 300, b) 809; xxes. : a) 982, b) 948. Bbg. Gohin 1903, p. 344.