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ESTROPIER, verbe trans.
A.− [Le suj. désigne une pers., une chose; le compl. désigne une pers. ou une partie du corps]
1. Fréq. au passif. Priver (quelqu'un) de l'usage normal d'un, de plusieurs de ses membres en le blessant ou en le mutilant. (Quasi-)synon. écloper, mutiler; (fam.) esquinter.Il a été gravement, cruellement estropié. Un supplice qui, au lieu d'estropier le corps, mutile l'âme et tue la raison (Goncourt, Journal,1862, p. 1149).On sait l'histoire de ce chirurgien qui estropiait les passants par le soupirait de sa cave, afin d'avoir des pratiques (Feuillet, Sibylle,1863, p. 5).
P. métaph. Ceux que n'avait pas estropiés le brodequin des règlements [du collège] se mettaient à chercher leur voie (Barrès, Renan,Toute licence sauf contre l'amour, 1892p. 195).L'étroitesse des intérêts dans une petite ville estropie, chère madame, littéralement estropie les âmes (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 52).
Se faire estropier.La guerre (...) débarrasse le pays des gens querelleurs, en leur permettant d'aller se faire estropier hors des frontières (Zola, Contes Ninon,1864, p. 229).
Emploi pronom. réfl. Se blesser de telle manière qu'on est privé de l'usage normal d'un, de plusieurs de ses membres. On peut s'estropier en montant l'escalier. Prends-y garde (Hugo, Ruy Blas,1838, IV, 3, p. 424).Le chemin est mauvais. Mes chevaux vont s'estropier (Claudel, Tête d'Or,1890, 1repart., p. 44).
2. P. anal., rare. [Le compl. désigne un inanimé concr.] Abîmer, endommager. Sans jamais les estropier Il traversait le rond des pipes (Banville, Odes funamb.,1859, p. 286).
B.− Au fig. [Le compl. désigne une œuvre d'art ou de l'esprit] Altérer le sens, gâter la beauté. (Quasi-)synon. massacrer, mutiler.Aurait-il été juste en voyant (...) estropier le rôle d'Oreste, de s'écrier : « Le chef-d'œuvre de Racine est une pauvreté »! (Stendhal, Notes dilett.,1823, p. 289).La musique est infailliblement estropiée (Stravinsky, Chron. vie,1931, p. 19).
En partic., fam. [Le compl. désigne un élément ling., une langue] Déformer (en prononçant ou écrivant). Synon. écorcher.Il nous arrive parfois d'estropier les mots dont la forme et le sens nous sont peu familiers (Saussure, Ling. gén.,1916, p. 238).Estropier l'orthographe des noms (Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 131):
... j'ai eu de vos nouvelles indirectement, dimanche dernier, par le général anglais (dont je ne sais pas le nom, d'autant plus que ma cuisinière l'a estropié en me l'annonçant : le nom, et pas le général)... Flaub., Corresp.,1878, p. 142.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Estropiement, subst. masc. [Correspondant au sens B] Les internes riaient de l'estropiement du nom de l'actrice (Goncourt, Journal, 1885, p. 519). b) Estropiaison, subst. fém., hapax région. [Correspondant au sens A] Elles [les eaux lustrales] guérissent (...) les plaies, paralysies et autres estropiaisons (Sand, Prom. autour vill., 1860, p. 165).
Prononc. et Orth. : [εstʀ ɔpje]. Enq. : /estʀopi/ (il) estropie. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1529 « priver de l'usage d'un membre, par blessure ou maladie » (J. et R. Parmentier, Disc. de la navigation ds DG : Couper les jarrets des vaches qui demeurent la estropiees); 1585 au fig. (N. du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. II, p. 274 : ce sot en cramoisi, estropié de cerveau). Empr. à l'ital. stroppiare « priver de l'usage d'un membre », attesté dep. le xives. (Storie Pistolesi ds Tomm.-Bell.), forme pop. issu p. métathèse de storpiare (1300-13, Dante, Enfer, au part. passé, d'apr. Cor., s.v. estropear), prob. issu d'un lat. vulg. *exturpiare qui, comme disturpiare (attesté ds les Notes Tironiennes, v. TLL), serait dér. de turpis « laid, difforme » (v. FEW t. 13, 2, p. 433a; Devoto; C.C. Rice, Romance etymologies and other studies, Chapel Hill, 1946, p. 44). Fréq. abs. littér. : 65. Bbg. Hope 1971, p. 39. − Rice (C.C.). Romance etymologies and other studies. Chapel Hill, 1946, p. 44. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 413-414.