Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ENJAMBER, verbe.
A.− Emploi trans. Enjamber qqc.
1. Passer par dessus un obstacle en étendant la jambe. Le misérable était assis, couché plutôt sur les marches. Il barrait complètement le passage (...). J'ai d'abord pensé l'enjamber, tout simplement, et passer outre (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 100):
1. Arrivé en haut, j'ai trouvé l'escalier obstrué par une barrière à pointes de fer; j'ai appelé, personne n'a répondu; sur quoi j'ai pris le parti d'enjamber la barrière. L'obstacle franchi, j'étais sur la plate-forme du Pfarrthurm. Hugo, Le Rhin,1842, p. 260.
Emploi abs. Il ne faut qu'enjamber pour passer ce ruisseau (Ac.1835-1932).
En partic. ,,Faire de grands pas en marchant. Voyez comme il enjambe!`` (Ac. 1798-1932).
P. anal. [En parlant d'une chose] Prendre appui de part et d'autre d'un obstacle, d'un espace. Sur un pont, qui enjambe d'une seule arche le Bahar-Youssef, s'élève une petite mosquée lézardée par le temps (Du Camp, Nil,1854, p. 97).Les fossés broussailleux que les ronciers enjambent de leur voûte (Genevoix, Raboliot,1925, p. 288).
2. Traverser un espace délimité; aller d'un côté à un autre. Le marché aux poissons, dont je ne vous dirais rien s'il n'était enjambé et parcouru à toute heure par de tranquilles cicognes (Du Camp, Hollande,1859, p. 31).Il y a, en face de Hauteville-House, un petit family-hotel créé exprès pour moi (...) vous n'auriez que la rue à enjamber pour venir, matin et soir, prendre place à notre table de famille dont vous êtes (Hugo, Corresp.,1872, p. 321).
Au fig. Passer rapidement, sans transition d'un domaine à un autre; franchir d'un bond (les années). Quant aux auteurs latins, nous n'avions garde de les lire ailleurs que dans les textes expurgés par le jésuite Jouvency; encore enjambions-nous bien des passages que ce pudique jésuite avait crus sans danger (Toepffer.Nouv. Génev.,1839, p. 71).Cette affreuse échelle qui a tant d'échelons, qui va du vol domestique à l'assassinat... lui... l'avait enjambée en vingt-quatre heures (Hugo, Choses vues,1885, p. 163):
2. Ces créatures n'ont ni enfance ni adolescence. A quinze ans, elles en paraissaient douze, a seize ans, elles en paraissaient vingt. Aujourd'hui petites filles, demain femmes. On dirait qu'elles enjambent la vie, pour avoir fini plus vite. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1826, p. 889.
B.− Emploi intrans.
1. Enjamber sur.Faire une avancée sur. Synon. empiéter, se prolonger sur.Cette poutre enjambe sur le mur du voisin (Ac.1798-1932).
Au fig., rare. Enjamber dans.Faire un pas, mettre un pied dans. Aussitôt qu'un du cénacle le pouvait, il enjambait dans une académie et devenait plus académique que les autres (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 717).
2. VERSIF. Enjamber sur
a) [Le suj. désigne un vers] Déborder, du point de vue du sens, sur le vers suivant. Un vers enjambe sur le vers suivant (Ac.1798-1932).
b) [Le suj. désigne un écrivain] Ne pas faire coïncider l'unité de syntaxe et l'unité de vers, mais prolonger la phrase ou la proposition par un ou plusieurs vers. Une fois ou deux, M. Delavigne s'est permis de ne point clore la pensée avec les rimes correspondantes, et d'enjamber par le sens sur de nouvelles rimes, au grand désappointement de l'oreille (Sainte-Beuve, Portr. contemp.,t. 5, 1846-69, p. 479).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃ ʒ ɑ ̃be], (j')enjambe [ɑ ̃ ʒ ɑ ̃:b]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiiies. « franchir un obstacle » (J. de Boves, De Barat et de Haimet, éd. Montaiglon et Raynaud, IV, 107, 414); 2. ca 1382 enjamber sur « empiéter sur » (J. Cuvelier, Du Guesclin, 20962 ds Littré); 3. 1660-68 terme de versif. (Boileau, Art Poétique, p. 1 d'apr. DG). Dér. de jambe*; préf. en-*; dés. -er; 1erquart xiiies. bien engambez « solide sur ses jambes » (Renclus de Molliens, Charité, 101 8 ds T.-L.), dér. de jambe*, préf. en-*, suff. *. Fréq. abs. littér. : 411. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 183, b) 816; xxes. : a) 960, b) 573.