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ENFIÉVRER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. Rare. Rendre fiévreux. Mon vaccin prend férocement et m'enfièvre (Gide, Journal,1914, p. 476).
2. Au fig., usuel.
a) [Le compl. d'obj. désigne une pers., un groupe de pers.] Mettre dans un état d'agitation fébrile, d'intense excitation psychique. Synon. agiter, enflammer, exciter.La haute beauté, la douceur, les souvenirs qu'évoquait Donna Marie l'enfiévraient [Antoine] sensuellement (Noailles, Domination,1905, p. 240).Si les conseils et l'exemple d'une sœur intransigeante doivent un jour l'enfiévrer, la conduire à des outrances fâcheuses, on peut être sûr que cette âme, foncièrement sainte, reprendra bientôt son équilibre (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 212):
1. Quelquefois (...) je parlais avec éloquence à mon père de la chose que je voulais acheter; sans m'en douter, je l'enfiévrais (je lui donnais un peu de ma passion) et alors (...) il me donnait tout ce qu'il fallait. Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 1, 1836, p. 231.
b) [Le compl. désigne une partie du corps] Mettre dans un état semblable à l'état fébrile. Le sommeil du palais, le calme de la nuit, le silence de la place enfiévraient son pouls, agitaient son esprit, rendant sa rêverie prolixe et son imagination osseuse (Péladan, Vice supr.,1884, p. 8).
c) [Le compl. d'obj. désigne un sentiment, une sensation] Rendre fébrile, plus fébrile. Ils goûtaient alors une joie aiguë, qu'enfiévrait le sentiment que cette trève durerait peu (Arland, Ordre,1929, p. 385).
B.− Emploi pronom.
1. [Le suj. désigne une pers., un groupe de pers.] Se mettre dans un état d'excitation, d'agitation, d'exaltation. Synon. s'exalter, s'exciter, se passionner.L'Allemand, lui, s'irritait et s'enfiévrait, rageait de perdre ainsi sans comprendre pourquoi (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 173).L'Occident, dans ses grandes créations, ne se borne pas à retracer sa vie quotidienne. Il se propose sans arrêt de grandes images qui l'enfièvrent et se jette à leur poursuite (Camus, Homme rév.,1951, p. 320).
[Avec un compl. prép. de indiquant la cause] Ceux-là sont des enfants qui, s'enfiévrant de l'œuvre déjà accomplie, croient qu'il leur suffirait maintenant d'un décret, d'un « fiat lux » prolétarien pour faire surgir d'emblée le monde socialiste (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 148).
2. [Le suj. désigne une sensation, un sentiment] Devenir fébrile, plus fébrile :
2. En s'affirmant, ils [les sentiments collectifs] s'exaltent, s'enfièvrent, atteignent un degré de violence qui se traduit par la violence correspondante des gestes qui les expriment. Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie relig.,1912, p. 582.
3. [Le suj. désigne une activité hum.] Devenir plus actif, plus hâtif. Les préparatifs de défense s'enfiévraient d'heure en heure (Zola, Débâcle,1892, p. 569).
Rem. On rencontre ds la docum. qq. attest. du part. prés. enfiévrant, ante, employé comme adj. Comme elle était jolie, enfiévrante! Ses désirs (...) se réveillaient devant cette enfant singulière, si fraîche, irritante et inexplicable (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 506).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃fjevʀe], (j')enfièvre [ɑ ̃fjε:vʀ ̥]. Passy 1914 admet [ɑ ̃fjεvʀe] (sur fièvre) et [ɑ ̃fjevʀe] qui résulte de l'harmonis. vocalique. Ds Ac. 1932. Conjug. Change [e] fermé du rad. en [ε] ouvert devant syllabe muette sauf au fut. et au cond. j'enfiévrerai(s). Étymol. et Hist. 1588 « rendre fiévreux » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre 3, chap. 12, p. 1176). Dér. de fièvre*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 107. Bbg. Quem. 2es. t. 1 1970.