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ENDURCIR, verbe trans.
A.− Domaine du toucher,vx, rare. Durcir progressivement, rendre physiquement plus résistant, plus solide. (Quasi-)synon. durcir; anton. amollir, assouplir, attendrir.[Les contrées] où une carapace calcaire, une croûte latéritique (...) ont endurci et stérilisé la surface (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 13).
[En partic. l'obj. désigne la peau, les muscles, les tissus] Rendre plus épais, plus rugueux, plus racorni. La peau noircie par le soleil et endurcie par les intempéries de l'air (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 95).Ces ampoules qui finalement endurcissent les tissus (Audiberti, Quoat,1946, 2etabl., p. 66).
Emploi pronom. à sens passif. Tout le tissu graisseux et cellulaire s'empâte; quelquefois même il s'endurcit au point de gêner toutes les fonctions (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 56).
B.− Domaine de la sensibilité physique et/ou morale.Rendre plus endurant à la fatigue, au mal, à une épreuve morale. Synon. aguerrir, fortifier, tremper.Essaie plutôt, si tu peux, d'endurcir ta patience et ton courage. Habitue-toi à subir convenablement ce qui est nécessaire (Taine, Notes Paris,1867, p. 267).Le nomadisme endurcit le corps par l'adaptation constante qu'il réclame (Mounier, Traité caract.,1946, p. 82):
1. Bien qu'ils eussent un tempérament solide, Pécuchet voulait comme un Spartiate les endurcir encore, les accoutumer à la faim, à la soif, aux intempéries, et même qu'ils portassent des chaussures trouées afin de prévenir les rhumes. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 152.
Endurcir + compl. d'obj. dir. + compl. prép.
Endurcir qqn à qqc.C'est dans ton intérêt que nous te battrons, afin de t'endurcir aux coups (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 108).Plutarque dit (...) qu'il faut endurcir son âme à la douleur et son estomac à la faim (Dumas père, Reine Margot,1847, I, 6, p. 14).
Emploi passif. On sait qu'il n'avait plus de souliers, mais ses pieds nus étaient endurcis aux rochers (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 351).Endurci aux rigueurs canadiennes (H. Bazin, Vipère,1948, p. 98).
Endurcir qqn contre qqc. (plus rare).Comme ces peuples barbares qui plongeoient leurs enfans dans les fleuves, pour les endurcir contre les fatigues de la vie (Chateaubr., Génie,t. 1, 1803, p. 187).
Emploi pronom. réfl.
En emploi abs. Ils [les enfants spartiates] couchent sur un tas de roseaux (...) un futur soldat doit s'endurcir (Taine, Philos. art.,t. 2, 1865, p. 186):
2. ... il partait de nuit, il faisait nuit quand il rentrait, mais l'habitude est vite prise. On sent moins la chaleur, on souffre moins du froid. (...) Aimé, avec le temps, s'était plutôt fortifié. Il s'était hâlé, bruni au soleil, et endurci sous les averses. Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 25.
S'endurcir à qqc.Il (...) semblait (...) d'une faible complexion; mais (...) à l'épreuve des grandes fatigues dans les Alpes, (...) [il] s'y était endurci (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 1072).
S'endurcir contre qqc. (vx).Quand les peuples du nord bravent les inconvénients de leur climat, ils s'endurcissent singulièrement contre tous les genres de maux (Staël, Allemagne,t. 1, 1810, p. 53).Il se retrempoit (...) dans ses malheurs passés, pour s'endurcir contre son malheur présent (Chateaubr., Natchez,1826, p. 429).
C.− Domaine de l'affectivité ou du comportement moral et spirituel
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou un attribut de la pers., tel que le cœur, l'âme] Rendre progressivement moins accessible ou inaccessible à des sentiments humains (sympathie, bienveillance, bonté, tendresse, douceur, pitié, etc.). (Quasi-)synon. dessécher, fermer, racornir, refroidir; anton. adoucir, attendrir, émouvoir, toucher.Assez bon pour que le mal dont il souffre n'endurcisse pas son cœur contre ceux qui le lui causent (Cottin, C. d'Albe,1799, p. 188):
3. Peut-être (...), si je lui parle, se laissera-t-il fléchir. Il est bon, il est tendre. Si la politique ne l'avait pas endurci, s'il n'avait pas subi l'influence des Jacobins, il n'aurait point eu de ces sévérités qui m'effraient... France, Les Dieux ont soif,1912, p. 226.
P. anal. [L'obj. désigne un animal] Ses épreuves cruelles n'endurcissent pas son cœur; elle [l'alouette] reste bonne autant que gaie, sociable et confiante (Michelet, Oiseau,1856, p. 199).
Emploi abs. Les plaisirs épars qui endurcissent, (...) Les poursuites mondaines qui dissipent et dessèchent (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 141).
Emploi pronom.
Devenir dur ou plus dur, moins humain, dans ses sentiments, dans son comportement. Le cœur de la malheureuse fillette (...) avait donc résorbé silencieusement ses peines, sans avoir jamais pu se barricader ni s'endurcir (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 31):
4. Mais, après ces longues alertes, il semblait que le cœur de chacun se fût endurci et tous marchaient ou vivaient à côté des plaintes comme si elles avaient été le langage naturel des hommes. Camus, La Peste,1947, p. 1308.
S'endurcir dans + subst. abstr.S'enferrer dans (une façon de penser ou d'agir), s'opiniâtrer dans, s'obstiner (à vivre) dans, sans en éprouver de remords. S'endurcir dans le mal, dans le crime. Loin d'être rentré dans le giron de l'« absolutisme », je me suis endurci dans ma faute constitutionnelle (Chateaubr., Essai Révol.,t. 1, 1797, p. XXXIX).Il s'y endurcit [dans l'action indépendante] d'autant plus, avec l'opiniâtreté du superbe qui ne consent point à s'infliger un démenti ni à s'avouer même secrètement son tort (Blondel, Action,1893, p. 364).
Rem. 1. La forme passive (être) endurci dans (le mal, le crime) a le même sens. La noirceur d'âme d'un scélérat endurci dans le crime (Marat, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p. 285). Tu es un stoïcien, non pas endurci, entêté, obstiné dans son point de vue; mais un stoïcien d'instinct (Amiel, Journal, 1866, p. 252). 2. On rencontre ds la docum. une constr. avec un compl. circ. où dans signifie « parmi ». On s'endurcit dans la société des gens durs et froids (Delacroix, Journal, 1853, p. 39).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé abstr.] Rendre plus dur, plus sec. Anton. adoucir.Dès lors, elle eut une fermeté sereine, mais que l'habitude n'endurcit point (Goncourt, Sœur Philom.,1861, p. 136).
D.− RELIG. JUDÉO-CHRÉT.
1. [Le suj. désigne Dieu] Abandonner à lui-même, par une épreuve, l'homme ou le peuple qui s'est séparé de Dieu, qui refuse de se convertir, de s'ouvrir à la Grâce. Dieu endurcit le cœur des pécheurs; Dieu avait endurci le cœur de Pharaon (Ac.1798-1932).[P. réf. à l'Exode, passim, à Isaïe 6/9 et à saint Paul, Romains 9/18] Dieu fait miséricorde à qui il veut, il endurcit qui il veut. C'est par cette ignorance, par ces ténèbres qu'il [Israël] fut le peuple élu. Ainsi peut-on comprendre la parole d'Isaïe : « J'ai endurci leur cœur pour qu'ils n'entendent pas ma parole » (Weil, Pesanteur,1943, p. 168):
5. Le pire, c'est la perfidie avec laquelle ce dieu envoie son prophète pour aveugler les hommes, afin d'avoir une raison pour les faire souffrir. « Va, endurcis le cœur de ce peuple, bouche ses yeux et ses oreilles, de peur qu'il ne comprenne, qu'il ne se convertisse et ne recouvre la santé. (...) » Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 998.
Emploi passif. Je pense à l'apostrophe d'Isaïe encore, au rebelle : « Sachant que tu es endurci, et que ton col est une barre de fer, et que tu as un front d'airain... » (Durry, Nerval,1956, p. 179).
Emploi abs. Quand Dieu endurcit, il n'est pas source mais juge du péché (Théol. bibl.1970, s.v. endurcissement).
2. [Le suj. désigne le pécheur] Fermer au repentir, à l'action de la Grâce. L'épreuve n'est pas toujours une bénédiction. Il y a des âmes qu'elle endurcit (Monod, Sermons,1911, p. 240).
Emploi pronom. Perdre progressivement le sens de Dieu, l'aptitude du discernement spirituel, se fermer à l'action de la grâce.
[Avec ell. du pronom] Ne laissez pas endurcir votre cœur; car au-dessus du malheur d'être coupable, il y a encore le malheur de ne pas se repentir (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 189).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃dyʀsi:ʀ], (j')endurcis [ɑ ̃dyʀsi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Début xiies. intrans. « devenir dur (ici en parlant de l'herbe qui sèche) » (Psautier Oxford, 89, 6 ds T.-L.); 1579 [éd.] trans. « rendre plus dur (ici un métal par la trempe) » (Paré, Œuvres, éd. Malgaigne, livre 9, chap. 16, p. 182); 1559 « rendre plus endurant aux épreuves physiques » (Amyot, Philop., 21 ds Littré); 2. ca 1170 trans. « rendre insensible » (Rois, éd. E. R. Curtius, livre 1, VI, 6 : Purquei endurcissez vos quers ...?). Dér. de durcir*; préf. en-*. Fréq. abs. littér. : 105.